scénario planté entre ses doigts. le papier maculé d'innombrables écrits sera trituré, torturé, déchiré. contre son grès. jolies remontrances et réprimandes d'autrui. jalousie guère dissimulée. corps féminins juchés à son encontre, pointant du doigt ses agissements, son comportement, ses habitudes et son faciès sera injustement heurté. en son esprit, tourments tortueux. injustice néanmoins, acceptée. d'un hochement de tête positif, accepter de déléguer ce rôle qui était sien. ses talents semblent dérisoires, inintéressants (en ces dires, d'autrui). un rôle secondaire lui sera alors, assigné. de mince augure, se réfugier au sein des vestiaires. de son casier entrouvert, discerner son précédent costume. d'un coup d'œil, le costume sera aisément inscrit en l'idée de n'être que de simples morceaux de tissus. découpé, déchiré. son dur labeur fut jeté à la corbeille des déchets. il ne lui serait guère utile, à présent. se contenter des vulgaires costumes usés, utilisés à d'innombrables reprises et odorants. son sort, ainsi était-il nommé.

rassemblant ses effets personnels, d'une simple gestuelle prendre la poudre d'escampette et rejoindre les extérieurs du théâtre afin de respirer une large bouffée d'air frais. situation complexe et difficile face à laquelle elle se retrouvait plantée. coincée entre ses désirs, son égoïsme et autrui. que diable, aurait-elle pu faire ? seule, contre toutes. l'être humain est mystérieux. l'être féminin est perfide et manipulateur.

“ oh. „ légère onomatopée lorsqu'enfin, son asile se présentait à son encontre. d'une gestuelle qui se souhaitait accueillante et amicale, l'inciter à la remarquer. car, c'est ce qu'elle souhaitait : être remarquée, encouragée, aimée. un ami, une présence qui se souhaitait précieuse à son esprit, son cœur. rareté de ce monde. “ je suis si contente de te voir. „ contre le grès de son ami, l'emporter au creux de ses bras. une accolade, un sentiment de sécurité, ne serait-ce qu'un court instant.

L’esprit complètement embrumé, Jung Su déambulait sans but sur le campus. Il venait tout juste de sortir de la bibliothèque, lieu qu’il avait occupé pendant environ trois heures. Trois heures durant lesquels il avait fait toutes les cherches possibles et imaginables. Dans un premier temps il s’était concentré sur le droit. Aucun avocat n’avait été capable de lui donner une piste pour récupérer la garde de sa fille alors pourquoi ne chercher par lui-même ? Le désespoir a certainement fini par le rendre bien bête, comment pouvait-il croire que tout cela était aussi simple ? Mais il ne s’est pas découragé. Il a cherché les textes de lois couvrant son « cas », essayé de comprendre ce qui se présentaient sous ses yeux. Il a bien essayé de les décrypter, d’aller chercher les définitions, de faire le lien entre tel point et tel point … Mais rien n’y faisait. Il avait cette sensation étrange d’avoir découvert un manuscrit ancien écrit dans une langue qu’il ne connait pas. Alors il enchaînait les bouquins frénétiquement, espérant finalement tomber sur celui qui lui conviendrai : Celui avec des mots clairs et simples, sans références à d’autres textes et pendant qu’on y est, avec des images pour lui faciliter la tâche. Mais aucun ne lui convenait. Et puis sans qu’il n’y prête attention, son esprit a migré. Sûrement guidé par le désespoir de son inconscient, il s’est mis à entamer un livre qui n’avait rien à voir avec les autres. « Le meurtre parfait existe-t-il ? » Se rendant finalement compte de l’objet de sa lecture, il a finalement rangé ses affaires et a décidé d’aller prendre l’air.

Ce n’est qu’en apercevant Sun Mi qu’il réalisa soudainement que ses pas l’avaient mené jusqu’au théâtre, un peu comme si sa présence avait soudainement balayé le brouillard de son esprit et qu’il reprenait conscience. Il sourit et s’approcha d’elle, passant un bras autour de son corps si délicat pour la saluer. « Moi aussi je suis content de te voir. » Après cette légère accolade, il se détacha d’elle. Scrutant rapidement mon visage, il semblait deviner que pour elle aussi, cette journée n’était pas la meilleure qui soit. « Comment ça va ? » Demanda-t-il tout de même. Parce que même si Jung Su savait deviner aisément les émotions des gens, ce n’est pas pour autant que tous voulaient les partager avec lui et il comprenait parfaitement cela.

son asile. un brin d'espoir, en ce faciès masculin. auprès de lui, se sentir apaisée. auprès de lui, se sentir aimée. auprès de lui, se sentir forte. contre le grès d'autrui, proches. d'un accolade amicale et ces gestuelles qui se souhaitaient affectives ; un sentiment égoïste s'offre le loisir de tourmenter l'esprit de la demoiselle. est-ce une habitude ? est-elle unique, à son égard ? mérite t-elle, de telles attentions ? contre son grès, une moue se présente en son faciès. embêtée. de sa chevelure délicatement ébouriffée, un soupir longuet et des gestuelles qui tentaient d'exprimer la situation précédemment rencontrée. des comportements enfantins et égoïstes. étrange sensation d'impuissance. “ je suis une grande actrice, je devrais être en mesure de te sourire, te mentir, mais. j'en suis incapable. „ à ces mots, quelconques morceaux de tissus seront extirpés de son sac. le tout, agrémenté d'une paperasse déchirée et d'un rôle gribouillé. “ je dois être un effrayant personnage pour subir un tel sort, n'est-ce pas ? „ d'un ricanement qui se souhaitait rassurant, elle sombre. de son corps, rejoignant les marches usées et emplis de saletés. de son visage, rejoignant les paumes de ses mains. “ je devrais arrêter de croire à ma bonne étoile. „ conclusion hâtive, son étoile n'a jamais été de bonne augure (au contraire).

des objets précédemment extirpés de son sac, une boule sera réalisée et jetée au loin de sa personne. cela ne lui servirait aucunement à l'avenir, ni même, dans un instant proche. c'était terminé, ses rêveries de gloire, d'être sous les feux de projecteurs. à nouveau, un rôle secondaire. déléguée à rejoindre l'ombre d'autrui en de quelconques phrasés. ridicule. “ j'abandonne. c'est terminé. „ terminé, de croire à ces futilités. terminé, de s'aventurer à agir au-delà de ses véritables capacités. terminé, point final.

Rien n’échappait à Jung Su, jamais. A croire qu’il s’agissait d’un mode par défaut, il analyse tout le monde et tout le temps, ses proches tout comme ceux qu’il ne croisera qu’une seule fois dans sa vie, sans même s’en rendre compte. Une sorte d’instinct de survie ? Une prédisposition à la manipulation ? Il n’en a pas la moindre idée et finalement peu importe. Aussi loin qu’il s’en souvienne il a toujours été comme ça et n’a jamais cherché à utiliser cela contre le gré des autres. Alors il ne fut même pas étonné lorsque son amie lui fit part de son incapacité de lui mentir, se contentant de sourire doucement. Il la regardait sortir quelque chose. Sur le moment, il ne comprit pas réellement ce que c’était et pour cause, tout était complètement en pièces mais étant donné qu’elle sortait du théâtre il pouvait deviner que cela était lié à son cursus. « Qui a fait ça ? » Il haussait légèrement un sourcil en posant la question, la suivant du regard tandis qu’elle s’avançait vers les marches. Le jeune homme la savait malheureusement enviée par d’autres. Jusque là il comprenait. Là par contre où cela bloquée c’est dans la gestion de cette émotion par les femmes. C’est vrai, Jung Su aussi connaissait ce sentiment. Il n'y avait qu’à voir le nombre de mannequin qui se trouvait sur le campus pour se douter qu’il n’était absolument pas serein à l’idée de se mettre torse nu à côté d’eux … Pourtant, ce n’est pas pour autant qu’il allait les saboter ou avait la volonté de les rabaisser plus bas que terre. La jalousie féminine, il n’y comprenait absolument rien, pourtant Dieu sait qu’entre les Real Housewives et la vie de Rin, il avait matière à y réfléchir …

« Qu’est-ce que tu racontes ? » Lança-t-il en fronçant les sourcils après l’avoir entendue exprimer sa volonté de baisser les bras. « Alors quoi, tu as fait tout ça pour rien ? Tu vas leur donner raison ? » Non. Pour lui qui est de nature à foncer, l’abandon n’est jamais une option. Il vint s’asseoir à côté d’elle avant de poursuivre. « Je sais que tu es contrariée, énervée et triste mais c’est justement là qu’il faut t’accrocher. Tu dois prendre toutes ces émotions pour la transformer en force pour pouvoir passer au-dessus de tout ça. La vie donne trop de coups pour qu’on ne lui en rende pas. » Jung Su espérait la réconforter, lui donner de nouveau l’envie de se battre pour ses rêves. Il n’était pas le meilleur et certainement pas un grand orateur pour faire ce genre de choses, mais il faisait du mieux qu’il pouvait. « Je ne te dis pas que c’est facile pour autant mais ça serait dommage de t’arrêter si près du but tu ne trouves pas ? » Souvent, le jeune homme venait à se dire qu’elle était bien trop pure et douce pour ce monde. Mais ce n’est pas elle qui est « défaillante », c’est le monde qui l’est. « En tout cas, je suis persuadé qu’un jour je regarderai la foule s’agglutiner sur ta voiture lorsque tu en sortiras pour défiler sur un tapis rouge mais est-ce que toi, tu crois en toi comme moi je crois en toi ? »