journey to the past

feat. @jang na rae ☾

✎ Les yeux d'Elizaveta se posent partout et nul part à la fois, un éclat brillant à l'intérieur de ses pupilles alors qu'elle ne retient pas le sourire naissant sur son visage. C'était un peu une décision sur un coup de tête, une façon de marquer la fin de l'année scolaire et ce prochain début qui arrivait bientôt, cette envie, ce besoin dans un sens de revenir ici. Ses parents lui manquaient, cela faisait un moment que cette idée lui trottait dans la tête, alors quand la jeune femme l'avait mentionné à Narae, et que le plan de partir plusieurs jours en Russie s'était formé entre les deux amies d'enfance, Veta avait senti l'excitation naître en elle. Bien que son passé ici ne fut pas rempli que de bons souvenirs, et ce manque qu'elle avait si souvent ressenti plus jeune ne s'était comblé que lorsqu'elle avait quitté le pays pour retrouver ses racines en Corée, la jeune femme restait profondément attachée à sa vie, à sa famille, ses parents adoptifs étaient tout pour elle. Alors en venant ici, cela serait l'occasion d'aller les voir, l'étudiante était certaine en plus qu'ils seraient ravis de revoir Narae, elle avait grandi depuis la dernière fois qu'ils avaient vu la jeune femme. Arrivées quelques heures plus tôt, elles avaient installées leurs affaires dans l'hôtel où elles passeraient la nuit avant de prendre le premier train pour la ville où résidait les parents de Veta, la jeune femme étira ses bras au dessus de sa tête, comme pour chasser la fatigue de son corps après le vol. « Il est encore tôt, tu veux aller quelque part, te balader et on se fait un restaurant avant de dormir ? » Saint-Pétersbourg regorgeait de coins où se promener et manger, malgré le froid hivernal, heureusement elle avait les couches de vêtements pour aller avec la température sinon clairement elle finirait en glaçon avant la fin de leur séjour. « J'ai tellement hâte de les revoir. » Elle murmure, une étincelle traversant de nouveau ses iris sombres.

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ootd ✎ Depuis son retour en Corée du Sud, Narae n’avait plus eu l’occasion de voyager, bien trop occupée par ses études, son travail en tant qu’interne et surtout celui de gestion de l’hôpital. Ça lui manquait, de bouger dans d’autres pays, ça lui permettait de se sentir vivante et surtout de quitter le sol coréen rempli de mauvais souvenirs. Alors quand au cours d’une conversation Elizaveta avait parlé de son envie de revoir la Russie et ses parents, elle avait sauté sur l’occasion. Elle avait toujours considéré la jeune femme comme une sœur, et ses parents adoptifs comme les siens aussi. Ils avaient été, après tout, ce qui se rapprochait le plus d’une famille pour Narae durant sa jeunesse, et ça avait été une bénédiction pour elle de les trouver afin d’éviter de retourner dans son pays natal durant les vacances scolaires – trop nombreuses pour les jeunes enfants à son goût. Elle avait eu aussi l’occasion d’y passer une année entière au moment de sa prépa médecine en Russie, et c’était sûrement l’endroit où elle se sentait le mieux après les Etats-Unis. Alors évidemment, elle n’avait pas vu les parents d’Elizaveta depuis plusieurs années, et elle était tout aussi impatiente que la jeune femme d’y retourner, n’ayant, cependant, pas les mêmes souvenirs positifs du pays. Les jeunes femmes avaient déposé leurs affaires à l’hotel où elles passeraient la nuit en attendant de prendre le train le lendemain, et cette fatigue d’après vol rendait Narae plus énergique qu’elle ne l’aurait cru. Elle s’offrait enfin des vacances bien méritées, surtout avec l’année scolaire qui l’attendait. Autant l’année précédente elle avait assister à des cours qu’elle connaissait déjà, ayant eu du mal à trouver une équivalence à son cursus de médecine américain en Corée du Sud, mais l’année qui allait suivre allait être pleine de découvertes, ou d’approfondissements. “On peut aller se promener et manger, si tu veux. J’ai envie de pelmeni depuis qu’on a parlé de venir ici.” fit-elle en riant. Narae rajusta son manteau, bien contente d’être en Russie aussi parce qu’elle s’est toujours sentie à sa place ici avec le fort tempérament des femmes et le style indéniables des russes auquel elle faisait honneur. Heureusement qu’elle n’était pas frileuse et habituée aux basses températures du pays, même si, sur le moment, ça faisait drôle. Elle passa affectueusement sa main dans le dos de son amie. “Je suis sûre qu’ils sont aussi impatient que toi. Dans quelques heures, tu les retrouveras.” fit-elle avec un sourire. “Aller, viens, j’aimerais bien revoir l’église Saint Sauveur ça fait tellement longtemps.” La jeune femme comptait bien jouer les touristes et profiter à cent pourcent de leur passage.

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✎ Il y avait un moment qu'elle n'avait plus remis les pieds sur le sol russe, depuis son arrivée en Corée pour ses études, les voyages de Elizaveta pour voir sa famille étaient peu nombreux, par rapport au nombre de fois où elle avait fait l'inverse, venir ici pour découvrir ses origines. Elle s'en voulait, un peu, au fond parce qu'elle savait que ses parents adoptifs aimeraient la voir plus souvent, ils avaient beau s'appeler régulièrement, que ce soit en vocal ou bien en conversation vidéo, par messages mais ce n'était pas la même chose que de savoir qu'elle était là, à leurs côtés, qu'ils avaient juste à traverser le couloir pour pouvoir la voir, lui parler. Elle comptait bien profiter de ces instants précieux avec eux maintenant qu'elle était de retour, même pour quelques jours, de plus elle en était certaine, le fait que Narae soit avec elle allait ajouter à leur bonheur, ils étaient attachés à la jeune femme comme si Veta et elle avaient été des soeurs. La jeune femme leur faisait la surprise, elle ne leur avait pas dit qu'elle n'était pas seule. Certains rentraient au pays avec un fiancé ou un copain, Veta elle préférait leur ramener celle qui faisait partie de la famille, même si elles ne partageaient pas le même sang. Un sourire qui traverse son visage, elle avait déjà l'eau à la bouche à l'idée de retrouver des plats typiques d'ici, et encore plus de pouvoir goûter à nouveau à la cuisine de sa mère. « On fait ça alors, je dois avouer que je rêve d'une bonne solianka. » Elle sentirait presque son ventre gargouiller, adressant un clin d'oeil à son amie, le geste affectueux de cette dernière lui réchauffant le coeur même si l'impatience de revoir ses parents se mêlait à quelque chose de nouveau, un peu de stress. Et si ils trouvaient qu'elle avait changé ? « Je suis aussi un peu anxieuse, et si ils me trouvaient différente ? » Plusieurs mois s'étaient écoulés, plus d'un an même, depuis la dernière fois qu'elle était venue ici. Secouant la tête pour chasser les idées noires, elle se tourne vers Narae en attrapant son sac, veste qu'elle enfile rapidement. « Allons-y alors, le soleil ne va pas rester là où il est encore longtemps. » C'était le moment pour en profiter au maximum du peu de temps qu'elles allaient passer ici.

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ootd ✎ La famille d’Elizaveta avait été plus qu’une famille d’accueil pour l’étudiante, mais une famille au sens propre et le plus simple qu’il soit. De ses parents ou de sa prétendue grand-mère censée s’occuper d’elle durant son enfance, elle n’avait jamais connu l’amour d’une famille, et c’était ce qu’ils avaient pu lui apporter, peu importait si elle était réellement leur fille. Au début elle avait eu du mal à s’habituer au fait qu’elle était devenue inévitablement une grande sœur, et que la différence d’âge entre les deux jeunes femmes avait fait que l’une des deux avait été plus ravie que l’autre de cette cohabitation. Mais c’était toujours mieux que retourner à Séoul, alors Narae s’y était fait, et au final, elle n’avait pu se détacher d’Elizaveta, la traitant comme une petite sœur. Alors elle était contente de faire ce voyage avec elle, de retourner dans l’un des pays qui avait marqué sa vie et de revoir ceux qui avaient été ses parents d’adoption. La preuve que des gens bien existaient dans ce monde. “Oooh, j’avais oublié ça. La cuisine russe m’avait manqué. J’espère qu’on va avoir bien froid dehors pour savourer encore plus les plats.” Même si manifestement, Narae n’était pas du genre à avoir froid, du moins c’était ce que prouvaient ses vêtements. Elle ne comprenait pas le sentiment que la baekje ressentait, simplement parce qu’elle n’avait jamais eu ce lien avec ses parents, et la seule chose similaire qu’elle avait pu connaître était le stress de rencontrer les Jang, sa famille biologique. Alors évidemment, entre les deux-trois photos d’elle bébé qu’ils avaient pu voir grâce à son père et la jeune femme maintenant, c’était sûr qu’elle avait changé. “Evidemment qu’ils te trouveront changé, mais le changement n’est pas forcément une mauvaise chose. Ils peuvent te trouver plus épanouie, et plus mature.” Elle passa sa main dans ses cheveux, la regardant affectueusement. Dans tout les cas elle savait qu’ils seraient heureux de la revoir. A son tour, Narae attrapa ses affaires et les jeunes femmes quittèrent leur hôtel pour se balader dans les rues russes. “Au fait Veta... Puisqu’on parle de famille...” L’étudiante en médecine avait été occupée ces derniers temps qu’elle n’avait pas parlé de sa rencontre avec sa famille paternelle à son amie. Jusqu’à présent, elle s’était toujours crue orpheline. “J’ai fait la rencontre il y a quelques mois de ma famille paternelle. Mon père m’avait caché leur existence parce qu’il avait coupé les ponts avec eux. Et j’ai aussi appris que la femme que je pensais être ma grand-mère à l’époque était une usurpatrice.” Le choc avait été difficile à encaisser pour Narae, surtout de découvrir qu’elle avait passé du temps en présence d’une parfaite inconnue, profitant de la méconnaissance de Narae au sujet des Jang pour tenter d’obtenir un important héritage.

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✎ Elizaveta était presque en train de compter les heures, les minutes, peut-être même les secondes si elle le voulait bien, entre le moment où elles venaient de déposer leurs affaires dans l'hôtel et celui où elle pourrait enfin serrer ses parents dans ses bras. Cela ne serait pas avant plusieurs heures, pas avant demain même, elles avaient encore un court trajet en train pour rejoindre la ville où elle avait grandi, retrouver son quartier et le cocon familial, elle était impatiente autant qu'elle avait peur. Allaient-ils trouver qu'elle avait changé depuis le temps qu'ils ne s'étaient pas vu en chair et en os ? Ce n'était pas pareil par téléphone ou par ordinateur, la jeune femme ne cessait de tourner la question dans son esprit sans parvenir à faire taire cette petite voix qui la faisait douter. Néanmoins, cette voix se retrouvait en compétition avec son estomac qui après toutes ces heures de vol commençait à se manifester, et une fois que les deux amies décidèrent qu'une sortie au restaurant et une balade ça leur ferait le plus grand bien, Veta prépara rapidement un petit sac en y mettant l'essentiel, pas besoin de sortir son gros sac de voyage pour aller manger dehors. « C'est un peu bizarre comme fil de pensées, mais je vois totalement ce que tu veux dire, j'approuve. » La jeune brunette lâche dans un rire, remettant en place des mèches de cheveux derrière son épaule, ça pourrait être bizarre effectivement de souhaiter avoir froid pour mieux profiter des plats, mais elles avaient l'habitude des températures russes, ce n'était pas grand chose quand on avait connu les hivers ici. Tournant son visage vers son amie d'enfance, elle ne répond pas tout de suite, laissant les mots de Narae s'ancrer en elle, faire leur petit tour et apaiser les craintes de l'étudiante. « Tu sais toujours quoi dire pour que j'aille mieux, Narae. » Elle souffle, sa voix quelque peu étranglée, Veta ne montrait pas toujours ses émotions, encore moins quand elle était touchée, mais avec Narae elle n'avait pas peur de se montrer fragile, elle était comme une soeur à ses yeux, elles ne partageaient pas le même sang mais c'était tout comme aux yeux d'Elizaveta. Quand Narae reprend la parole, la russe l'écoute en silence, ses yeux s'écarquillant à mesure qu'elle racontait son histoire, son coeur se serrant pour elle aussi, pourquoi les histoires de famille étaient si compliquées ? « Narae, je sais pas quoi dire. » Est-ce qu'il y avait vraiment quelque chose à dire dans cette situation ? « C'est juste... Je suis désolée. » Qu'elle traverse ça, elle devait être perdue. « Tu... Ce sont des gens biens ? » Ou étaient-ils comme cette femme qui s'était faite passée pour sa grand-mère, c'était horrible...

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ootd ✎ Narae se mit à rire légèrement, se disant aussi qu'effectivement, c’était étrange de penser ainsi. Mais au moins les bons plats chauds leur permettraient de se réchauffer, et ça sera d’autant plus agréable à savourer. Le pays avait manqué à Narae comme si elle y avait toujours vécu. Elle y avait passé une petite partie de son enfance, ce n’était rien à côté d’Elizaveta, mais pourtant elle ne pouvait pas s’empêcher de se sentir chez elle. C’était à cet endroit qu’elle avait connu ce qu’elle pouvait le plus qualifier de famille et ça, ça n’avait pas de prix pour elle. L’année entière aussi où elle y avait vécu pour sa prépa de médecine lui avait semblé une semaine tant elle avait eu l’impression d’avoir sa place chez les Pavlov. Et avoir vu Veta grandir, et devenir une jeune femme, même si elle ne sera jamais réellement sa sœur, ça la rendait fière. Mais ça, elle avait plus de mal à le dire. Elles n’étaient pas liées par le sang mais pourtant chacune avait du mal à exprimer ses émotions. En revanche, Narae pouvait la réconforter au sujet de ses parents, et d’une certaine manière, lui dire ce qu’elle pensait aussi. Evidemment que depuis tout ce temps la jeune femme avait changé. Parce qu’elle était devenue une femme et qu’aux yeux de ses parents elle restera leur bébé. L’adoption avait peut-être même rendu ce lien familial plus fort que si elle avait été leur fille biologique, parce qu’ils l’ont choisi, ils ont choisi de l’aimer. Mais une fois encore, elle ne savait comment le dire. “C’est normal, c’est un peu mon rôle.” fit-elle en souriant. Les jeunes femmes quittèrent l’hôtel et Narae eut soudain un air plus préoccupé, se demandant si elle devait raconter à Veta ce qui lui était arrivé récemment. Puis elle se lança, après tout, elle était comme sa famille et devait le savoir. Elle fit un résumé court, mais c’était seulement à titre informatif. Elle était forte et indépendante, elle avait réussi à l’encaisser depuis longtemps. Elle avait du mal à trouver sa place chez les Jang, mais il l’avait accueilli comme si elle avait toujours été là. “Oh, ne t’inquiète pas, il n’y a rien à dire. Je n’étais pas à une tragédie près, et sans ça je ne t’aurais jamais rencontré.” Si Narae n’avait pas vécu avec cette vieille femme qui faisait de sa vie un enfer, elle n’aurait jamais voulu partir à l’autre bout du monde et n’aurait pas rencontré la baekje. Et puis avec la tragédie de ses parents... Difficile de faire pire. “Ils sont vraiment adorables. A part tes parents, je n’avais jamais rencontré des gens aussi gentils qu’eux. Ils agissent avec moi comme si j’avais toujours été là. Et tu ne connais pas la meilleure : mon cousin est l’acteur Jang Yunho.” Mais Narae ignorait à quel point ces deux-là se connaissaient bien.

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✎ Grandir en sachant qu'elle avait été adopté, ça n'avait pas été vraiment facile pour Elizaveta, même si elle était immensément reconnaissante de la chance qu'elle avait eu d'avoir ses parents. Ils n'étaient pas du même sang, mais ils l'avaient choisie, ils avaient voulu d'elle alors même que sa propre mère biologique l'avait abandonnée à la naissance. Comme si elle n'était rien. Et bien que la russe ignorait toute l'histoire, ce qui avait poussé cette femme à la laisser derrière ainsi, elle ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir, qu'une part d'elle souhaitait la retrouver pour lui dire tout le mal qu'elle lui avait fait, tout ce qu'elle avait sur le coeur, mais c'était partagé avec l'envie de connaître cette famille, ce bout qui lui manquait. Les recherches pour retrouver sa famille biologique l'avaient conduite jusqu'en Corée mais même des années après, ce n'était pas aussi simple de retrouver quelqu'un qui ne voulait pas que son enfant puisse le faire. Son dossier était maigre, bien trop par rapport à d'autres, et elle perdait espoir Veta. Elle courrait après un fantôme, peut-être devrait-elle arrêter ? Peut-être devait-elle tourner la page ? Arrêter de courir derrière un mirage et profiter de ce qu'elle avait. « Oui, la grande soeur que je n'ai jamais eu. » Parce qu'au fond n'était-ce pas ça le plus important ? Les liens qu'elle avait ici et maintenant ?  Quittant l'hôtel pour aller se poser quelque part pour manger, la jeune femme ne peut cacher sa surprise face à l'histoire de Narae, ses yeux s'écarquillant et son coeur sombrant dans sa poitrine pour elle, toute cette histoire... C'était fou. « On aurait pu se trouver sans elle, je crois en notre bonne étoile. » Le destin aurait pu leur donner un coup de pouce, même sans cette femme, elle n'aurait pas eu à vivre tout ça. « C'est une bonne chose alors, » elle murmure, regardant devant elle pendant un long moment, son amie méritait de trouver le bonheur avec une bonne famille. Et si le commentaire sur ses parents la fit sourire, elle s'arrêta soudainement en plein milieu de leur marche quand elle entend Narae prononcer un prénom familier. « Oh, Jang Yunho, vraiment ? » Le monde était petit, il fallait l'avouer.

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ootd ✎ Finalement, de la russe à la coréenne, leur histoire familiale était loin d’être un conte de fée. Le monde avait fait qu’elles avaient trouvé un refuge au même endroit finalement, Elizaveta en étant adoptée, Narae en l’ayant eu comme famille d’accueil. Le plus triste là-dedans, c’est que malgré tout, elle ne s’était jamais sentie réellement chez elle nulle part. Elle avait vagabondé de pays en pays, d’école en école, afin d’avoir l’éducation la plus parfaite possible, afin d’être digne de quelque chose en ce monde, de mériter de vivre. Parce que dès son enfance son père l’avait souillé, ne lui faisant comprendre qu’elle n’était qu’une poupée de cire entre ses mains perverses, au même titre que sa mère qui avait été réduite à un corps bien qu’elle fut une femme extrêmement intelligente ; comme son père d’ailleurs, mais aucun des deux n’avait utilisé cet esprit à bon escient. La future neurochirurgienne aurait pu se laisser abattre par cette fatalité, mais elle avait préféré faire de ses traumatismes une force qui lui permettait de réussir tout ce qu’elle entreprenait. La seule chose qui lui faisait défaut, c’était les relations sociales, mais la silla y travaillait, elle ne perdait pas espoir. “Bonne étoile... Elle fait mal son travail, tu ne trouves pas ? fit la jeune femme en riant. Dison qu’elles auraient pu avoir plus de chance dans leur vie. Mais ça lui faisait du bien de se confier à Veta, et après tout, la jeune femme était de sa famille, elle avait droit de le savoir. Et même si elle ne croyait pas en la chance, ou toutes ces choses qui ne pouvaient pas être prouvée scientifiquement – bien qu’elle était persuadée que le monde d’Harry Potter existait – la baekje n’avait peut-être pas tort, parce que finalement, Narae avait fini par retrouver sa vraie famille. “Je suis sûre que toi aussi, tu réussiras à les retrouver.” Même si la plus âgée n’avait pas cherché, elle savait que la russe était venue en Corée du Sud pour trouver sa mère, et elle désespérait pour elle qu’elle n’y parvienne pas. Mais peut-être que ce n’était pas plus mal et que la vérité serait difficile à affronter ? Soudain, Elizaveta s’arrêta, et quelques pas après, la silla se retourna. Peut-être qu’elle ne la croyait pas que son cousin était un acteur, mais elle n’était pas du genre à mentir, ni à faire ce genre d’humour, d’autant plus que jusqu’à sa rencontre, elle ne le connaissait pas. Veta n’avait pas la tête non plus d’une personne choquée parce qu’elle était une grande fan, et l’intuition infaillible de Narae lui disait que la jeune femme semblait connaître plus personnellement le garçon. “Tu le connais ? Enfin, en dehors de son métier.” Ils étaient tous à Yonsei après tout, peut-être étaient-ils des amis.