un vague signe de la main au coach de l’équipe de natation avant que mon chemin ne rejoigne définitivement celui de la sortie. pour moi, c’est une matinée dans l’eau qui ressemble à une autre à la yonsei. la lanière de mon sac de sport glissait presque de mon épaule carrée de nageur lorsque je franchissais les portes du complexe aquatique. il n’était pas encore midi, mais j’avais déjà faim. il faut dire que le chlore, ça creuse. et que j’adore manger… plus que ce que je devrais peut-être ? déterminé à me prendre le dernier sandwich à la supérette du coin, je marchais rapidement à travers le campus, sous le soleil printanier qui réchauffait mes cheveux humides. je n’avais pas pris la peine de me coiffer, et j’avais deux épis qui se battait littéralement en duel. certains élèves que je croisais au détour d’un sentier me le firent remarquer en gloussant. « je sais que je suis le mec le plus canon, pas la peine d’en rajouter. » ai-je fanfaronné avec un clin d’œil bien mielleux, trop grossier pour être repris dans les meilleurs drama à l’eau de rose. t’as révisé pour le contrôle de chimie de cet aprem ? oups. peut-être pas. j’affiche une expression désemparée et me gratte les cheveux, rendant la multiplication de mes épis bien effective. puis je finis par hausser les épaules, affichant un énorme sourire jusqu’aux oreilles. « j’espère pas devenir chimiste, de toute manière. » certains se mirent à rire devant ma remarque idiote, tandis que d’autres lâchèrent des profonds soupirs. yah !! elias, espèce d’imbécile !! dégages !! les conséquences d’une étudiante en médecine (qui ne pouvait plus me supporter enfin, ça, c’est ce qu’elle dit mais je suis convaincu du contraire) à laquelle je venais de planter mon bonnet de bain trempé dans la nuque. la voilà qui sort de ses gonds, et moi, profondément plongé dans mes bêtises habituelles, je ne remarque pas que je cours dans tous les sens pour lui échapper et que mon buste finit par percuter celui d’une autre silhouette masculine. « outch, je me souvenais pas qu’il y avait un mur à cet endroit… » je feins une expression débile tandis que mon regard se relève vers l’intéressé. « seo joon ? » ai-je dit d’une manière un peu surprise. pas que ça ne me fasse pas plaisir de le voir mais… je ne suis pas certain de la dernière fois où je l’ai vu. et au vu de sa tête, il n’a pas l’air dans son assiette. comme un bon gros boulet, je me réveille de ma contemplation ébahie et lui assène une bonne tape maladroite dans le dos. « bah alors mon pote ? che cazzo fai ? je t’ai même pas vu à l’entraînement ce matin. c’est pas en séchant que tu finiras par dépasser ton capitaine ! » je fanfaronnais pour qu’il esquisse un sourire mais, je suis loin d’être l’idiot du village que tout le monde prétend que je suis. je sais que ça ne va pas. mais à première vue, impossible de savoir d’où ça provi- « ah. » je n’avais pas besoin de réfléchir plus en suivant son regard perdu derrière moi. la silhouette de sae hee, ma meilleure amie, venait de disparaître à l’angle d’un bâtiment de droit. je sais que ces deux-là se tournent autour mais j’aimerais bien savoir s’il a enfin sauté le pas… ou s’il a besoin d’un petit coup de pouce de cupidon, autrement dit moi-même. cupidon qui préfère s’occuper des autres plutôt que de son histoire d’amour à lui d’ailleurs, ça, c’est beaucoup trop compliqué. je marque un temps de silence, avant de m’agiter dans tous les sens, l’observant sous tous les angles possibles. « un problème en amour ? cupidon est là pour lancer sa flèche… paw. » me suis-je exclamé en mimant un archer visant son cœur. eh bah, on est pas sortis de l'auberge.