Outfit ⊹ Après une matinée enfermée à la bibliothèque, tu réalises que la rédaction de cet article risque de te prendre plus de temps que prévu. Il y a suffisamment de ressources documentaires, mais tout est éparpillé. Et, comme tu t'en doutais, la fiabilité est très discutable. Les sources primaires sont tendancieuses des deux côtés. Les données sont donc certainement manipulés ; quand elles ne sont pas tout simplement inventées. Pour ne rien arranger, la plupart des sources secondaires manquent de finesse. Il faut que tu tries tout ça. En même temps, avec un sujet tel que les mouvements populaires en Corée depuis le 1er mars 1919...
Il te faudrait l'aide d'un assistant. Est-ce que M. Cheo pourrait t'en prêter un ? Ce serait l'idéal ! Tu lui as déjà rendu plusieurs services, ce serait incorrect de te refuser celui-ci. C'est décidé, tu lui demanderas cet après-midi. En attendant, c'est l'heure du déjeuner. Où est-ce que tu vas manger aujourd'hui ?
Le temps de tes réflexions, l'éclatant soleil de mai a laissé place à une averse digne d'un mois de septembre. Les grosses billes chargées d'eau s'écrasent depuis le ciel. Tu es juste en dessous. Vite, il faut se mettre à l'abri ! Tu te précipites vers le bâtiment le plus proche. Abritée sous le débord de toit, tu constates les dégâts sur tes vêtements. Un râle s'échappe alors des profondeurs de ton être. Un Rrrh qui peine à se dérouler et s'éteint dans un soupir. Tu lèves les yeux au ciel, fusillant l'infini du regard. Ton application météo n'avait pas anticipé cette averse. Elle annonçait un beau soleil toute la journée et un faible niveau de pollution de l'air. Tu lui faisais confiance, tu n'as pas pris ni ton parapluie ni ton masque. Voilà ce qu'on récolte à trop se fier à la technologie. Tant pis pour le restaurant...

@Lee Seo Joon

D’un air absent, je rangeais mes affaires, trainant le pas avant d’enfin quitter l’amphithéâtre sur lequel je jetais un dernier regard. Bientôt, la nostalgie serait de mise, moins d’un an… quelques mois qui défileraient à une vitesse affolante avant que je ne quitte le campus. J’y avais passé tellement de temps, de nuits blanches à la bibliothèque, de soirées à réviser, de marathon entre deux cours… que de ne plus y remettre les pieds me paraissait impossible. Un peu moins d’une année et tout serait terminé. Mais à cette pensée, plus que la tristesse, ce fut un sourire qui éclairait mon visage. Le soulagement, le bonheur qui se profilait enfin à l’horizon en dépit des nuages noirs qui menaçaient de tout faire voler en éclat. J’avais décidé d’ignorer, je voulais reléguer mon passé au statut de simple souvenir… mais en étais-je seulement capable ?

Le sourire toujours fermement accroché aux lèvres, j’arpentais le couloir bondé de monde, la foule des étudiants qui pressait le pas en direction de leur prochaine occupation, mais sans m’en soucier une seule seconde je poursuivais mon ascension l’esprit léger. Même le ciel menaçant ne paraissait avoir aucune incidence sur mon humeur. Et pour cause : mon subconscient rejouait encore et toujours la même scène. Un rêve plus qu’un souvenir, je ressentais encore la douceur de ses pulpeuses sur les miennes, la chaleur de son souffle sur ma peau… j’en rougissais presque comme un idiot tant je mourrais d’envie de revivre ces moments. Mais, perdu dans mes pensées, je ne fis pas attention où mes pas me menaient, et ne relevais les yeux que lorsque je percutais quelqu’un. « Désol… Noona ? » Gêné, je ne pus néanmoins retenir la moue qui fendait davantage mon visage face à ma grande sœur de cœur. « Est-ce que ça va ? » L’air contrarié, j’espérais qu’elle n’avait pas eu vent de ma décision spontanée sans que je n’ai eu la chance de lui en toucher un mot. « Ça fait longtemps que l’on n’a pas été manger un morceau ensemble ? Qu’est-ce que tu en penses ? » Les émotions exacerbées que je ne parvenais à contrôler, j’espérais en revanche avoir un peu de temps avant de lui parler de celle qui faisait chavirer mon cœur… parce que je savais, que si je lui avouais, il faudrait que je lui narre mon histoire dans son entièreté…

@Yi Ga Eul

Outfit ⊹ Cette averse malvenue avait finalement du bon. Elle t'a suffisamment ralentie pour que ta route croise celle de Seojoon. Ou plutôt pour que sa route s'arrête sur ton obstacle. Il a tellement la tête dans les études qu'il ne regarde plus où il va. C'est ton interprétation. C'aurait été un autre étudiant, tu aurais pu penser qu'il se laissait distraire par une fille, ou qu'il avait trop bu la veille... Mais Seojoon certainement pas. Tu as tendance à le placer sur un piédestal le petit frère. Futur médecin, bienveillant, appliqué, poli : il n'a pour toi que des qualités. D'autant plus maintenant que vous vous voyez si peu. A croire que le temps et la distance efface tous ses défauts. En revanche, Il a toujours le même sourire. Son invitation ravit ton coeur et ton estomac. Tu acceptes avec plaisir. La pluie continuant, vous vous décidez pour le food corner du grand hall. Un ensemble de stands regroupant les gastronomies du monde entier. Chacun se sert selon ses goûts mais tout le monde mange ensemble grâce aux tables partagées. La chaîne hi-fi diffuse de la K-pop en permanence et des écriteaux aux messages positifs décors les murs. "Vie pour n'avoir aucun regret au crépuscule" ou "Souris et le ciel te le rendra", ce genre de choses. Tout pour plaire aux étudiants qui s'y ruent à la pause déjeuner.    

Tu ne peux t'empêcher de lever les yeux du menus pour l'observer. C'est pareil à chaque fois que tu le revois. Tu as besoin de le regarder longuement pour t'assurer qu'il va bien. Tu remarques rapidement qu'il se retient de quelque chose. Comme petit sous le parasol alors qu'il hésitait à s'approcher de l'océan. « Ça fait vraiment trop longtemps qu'on a pas manger ensemble. Tu as maigris, non ? Je sais que la dernière année est stressante mais tu ne dois pas négliger tes repas. » Ça t'ennuie un peu de ne plus connaître tous ses secrets, mais en même temps, tu ne voudrais pas qu'il connaisse les tiens non plus. Vous n'êtes plus des enfants, vous avez besoin de votre vie privée. Cela dit, ça ne fera pas de mal de lui rappeler qu'il peut toujours compter sur toi. « Est-ce que tu te souviens du jour où tu t'es fait rejeter pour la première fois ? On avait crier contre le ventilateur comme des idiots. »

@Lee Seo Joon