@An Ryu Jin
Il n’y avait plus aucun étudiant dans la bibliothèque, seul Sun Ho était installé à son bureau à terminer quelques tâches sur son ordinateur ; l’heure de la fermeture approchait et, aujourd’hui plus qu’un autre jour, il avait vraiment hâte de pouvoir s’en aller puis rentrer. Sans être capable de l’expliquer, il se sentait quelque peu fébrile, fatigué et il avait mal à la tête depuis une bonne trentaine de minutes, probablement qu’il avait un peu trop forcer ces derniers jours et qu’il avait besoin de repos. C’était vrai que les jours qui avaient précédé s’étaient avérés quelques peu intenses, il n’avait pas su où donner la tête et même trouver le sommeil avait été compliqué. Ses nuits étaient plus courtes qu’à l’accoutumé donc certainement que cela se ressentait un peu plus en ce jour, et justement parce que Sun Ho n’était plus du genre à négliger sa santé, il avait hâte de rentrer pour pouvoir enfin se reposer. La journée elle-même avait été longue et alors que son regard s’était perdu un instant sur l’heure qu’affichait son écran, ravi de constater qu’il ne lui restait plus qu’une petite dizaine de minutes, son excitation était redescendue aussitôt à l’entente de l’arrivée d’une nouvelle personne. Vraiment, il n’était pas du genre à chipoter, il était même le premier à rester longtemps après la fermeture parfois, car il avait du travail à fini, car il restait discuter avec certains habitués, car il était plongé dans un bouquin qu’il venait de commencer, mais pour ce soir, il aurait réellement voulu pouvoir rentrer à l’heure.

Son front calé contre sa main, les yeux rivés sur son ordinateur, il n’avait pas prêté attention à la personne qui s’était aventurée dans la bibliothèque, se disant qu’avec un peu de chance celle-ci ne resterait pas longtemps ; peut-être avait-elle seulement oublié quelque chose. Mais non, c’était vers son bureau que la demoiselle s’était aventurée, et à peine avait-il relevé le regard qu’il l’avait reconnu aussitôt. Ryu Jin. Il ne savait pas quel drôle de hasard sa vie se plaisait à lui jouer cependant il avait l’impression de la croiser souvent ces derniers temps. Certes, leurs échanges étaient toujours brefs, souvent plein d’amertume, néanmoins si on lui laissait le choix, il aurait voulu pouvoir l’éviter autant que possible. « Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? » L’avait-il alors interrogé en se forçant à prendre une position plus correcte, tandis qu’il luttait contre ce mal de crâne qui semblait s’accroître en intensité. Et après avoir reçu cette immense liste donnée par son ex-petite amie, il l’avait automatiquement regardé avec les pupilles écarquillées. « Tu es sérieuse ? » Elle souhaitait réellement qu’il lui donne tout ça maintenant ? Etait-ce une blague ? Sûrement. En temps normal, Sun Ho n’aurait pas rechigné, il aurait accepté la demande avec un sourire puis se serait exécuté. Mais pas ce soir, parce que ce soir il était fatigué et qu’il détestait cette idée de se sentir mal ; cela ne lui laissait jamais vraiment de bons pressentiments.

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Ryu Jin regarda l’heure sur sa montre, un soupir franchissant la barrière de ses lèvres. Elle devait attendre encore un peu avant d’aller à la bibliothèque. Elle avait prévu de se pointer au dernier moment avec sa liste, interminable, de livres. Parce qu’elle savait très bien qu’elle y trouverait Sun Ho. Et la professeure était bien décidée à l’emmerder. Est-ce que c’était un comportement complètement puéril ? Oui et elle s’en fichait bien. C’était tout ce qu’il méritait. Pour tout le mal qu’il lui avait fait, c’était amplement mérité et encore, aux yeux de la jeune femme, ce n’était pas assez. Elle allait simplement l’empêcher de partir à l’heure, elle allait le retenir un peu. Ce n’était pas grand-chose, non plus. Quand il ne resta que quinze minutes avant la fermeture, la fille An se décida à se lever. Récupérant son sac et sa précieuse liste, elle se dirigea vers la bibliothèque.

Les lieux étaient silencieux, comme toujours. C’était agréable, vraiment appréciable après la journée de cours qu’elle avait donnés. Le bruit incessant des étudiants, des doigts tapant sur les claviers ou des crayons sur les feuilles… Son quotidien, maintenant. Si au début, elle avait des migraines en rentrant, c’était moins fréquent maintenant. Ryu Jin s’avança jusqu’au bureau de Sun Ho, posa son regard sur lui et attendit qu’il relève la tête pour la remarquer. « J’aimerais ces livres. » Dit-elle en lui tendant sa liste. « S’il te plaît. » Ajouta-t-elle, léger sourire aux coins des lèvres, satisfaite de sa réaction. Bien évidemment qu’elle était sérieuse. Elle voulait tout ces livres et elle les aurait. Après tout, la bibliothèque n’était pas encore fermée, elle pouvait bien lui faire une telle demande. Et même si elle ne le pouvait pas, Ryu Jin se le permettait. Elle se le permettait pour toute la souffrance qu’elle avait vécue par sa faute. « Très sérieuse, oui. » Répondit-elle. « Ça pose un problème ? » Demanda-t-elle, se penchant légèrement pour regarder de nouveau sa liste. « Elle n’est pas très longue. Ça devrait aller vite, non ? J'en ai vraiment besoin pour mes cours. » Ajouta-t-elle, sachant pertinemment que ça lui prendrait du temps parce qu’elle avait vraiment mis beaucoup de livres. Mais, elle en avait réellement besoin, en fin de compte. Ça allait lui être utile pour ses cours, même si certains pouvaient attendre. Cependant, elle ne souhaitait pas rendre la tâche facile à son ex petit-ami. Alors, bien évidemment, elle avait mis tous les livres dont elle aurait besoin très prochainement et ceux dont elle aurait besoin dans plusieurs mois. Oups.

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Evidemment qu’elle était sérieuse, et lui dans tout ça, il ne pouvait même pas répliquer. Parce qu’il savait mieux que quiconque ô combien c’était mérité, que face à elle, il n’avait aucun droit de se plaindre. Ryu Jin ne connaissait rien de la vérité, elle ne pouvait pas deviner s’il ne la lui disait pas, donc à ses yeux, il restait cet homme détestable qui l’avait trompé. Certes, là n’était pas la question aujourd’hui néanmoins Sun Ho était sur qu’elle y prenait du plaisir à lui donner ça maintenant. Ce n’était juste pas le moment, il s’en fichait des heures supplémentaires, il était simplement épuisé. « Non, aucun. » Il avait préféré ne pas soulever puisque, peu importait les raisons de son ex-petite amie, ça n’empêchait pas qu’il était encore censé travailler, la bibliothèque n’étant pas officiellement fermée. Hors, malgré tout, le jeune homme ne pouvait guère se retenir de se masser légèrement la tempe, les douleurs ne semblant pas vouloir s’estomper. Avant de faire quoi que ce soit, il avait tout d’abord vérifié sur son ordinateur si tout était disponible, ce qui lui avait également pris pas mal de temps. « Je vais te chercher ça. » Les minutes s’écoulaient lentement et l’état du bibliothécaire ne paraissait pas s’arranger, ce qui l’inquiétait toujours. Il ne le disait jamais à ses proches cependant c’était vrai également qu’il était souvent le premier à se tracasser dés qu’il avait un peu mal à la tête. Ce n’était jamais rien de grave néanmoins c’était plus fort que lui de s’en faire ; après tout ce qu’il avait traversé, il ne désirait aucunement revivre ce qu’il avait déjà vécu. Et ce soir, il le sentait, il ne s’agissait pas que d’une petite migraine parce qu’il était fatigué, que la douleur ressentie refusait de se dissiper et que peu à peu, le monde autour de lui avait l’air de tourner.

Exceptionnellement, le garçon avait pris sur lui tandis qu’il récupérait les livres dans les rayons avant de tous les ramener au bureau. S’il n’en avait rien dit, lui-même s’était demandé comment Ryu Jin allait pouvoir transporter tout ça, hors cela n’était plus de ses affaires à présent. S’installant de plus bel sur sa chaise, il s’était emparé des bouquins un par un, afin de les rentrer dans son logiciel, sauf que même sa vision se troublait, et ça devenait compliqué pour lui de se concentrer. « Tu ne veux pas revenir plus tard ? » L’avait-il questionné calmement, égarant brièvement ses iris en sa direction « Je ne me sens pas bien là. J’aimerais rentrer. » Peut-être aurait-il mieux fait de ne pas préciser ces derniers mots, cela pouvait donner l’impression qu’il négligeait son travail et qu’il ne souhaitait pas faire d’heures supplémentaires. Sauf qu’il ne jouait pas la comédie et qu’il avait réellement besoin de repos, probablement même de voir son médecin.

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Ryu Jin agissait puérilement. Elle avait fait exprès de donner une longue liste interminable à Sun Ho, elle avait fait exprès de venir 15 minutes avant la fermeture. Parce qu’elle savait qu’il allait devoir dépasser sur son temps de travail, qu’il allait devoir rester un peu plus longtemps à cause d’elle. Et c’était bien fait. Elle avait la sensation d’agir comme une adolescente mais la professeure s’en fichait. Il méritait tout ça. Vu le mal qu’il lui avait fait… Ce qu’elle lui faisait subir ce soir n’était franchement rien à côté. De la pacotille, du pipi de chat ! Et puis, c’était son travail, non ? Alors, elle lui demanda si ça lui posait un problème. Sa réponse ne se fit attendre et un sourire, victorieux, s’empara de ses lèvres. Il ne pouvait pas lui dire non. Il la connaissait assez pour savoir qu’elle pouvait lui taper un scandale en plein milieu de la bibliothèque. Les yeux rivés sur lui, elle fronça légèrement les sourcils en le voyant se masser la tempe. Elle ne s’en préoccupa pas plus que ça, se fichant bien qu’un mal de tête le prenne. C’était bien fait. « Bien. » Dit-elle simplement quand il se décida à aller, enfin, chercher ses livres. Ryu Jin patienta sagement, regardant la bibliothèque, ses doigts pianotant sur le bois du bureau. Elle s’impatientait et trouvait qu’il était bien long. La jeune femme soupira à plusieurs reprises, se maudissant presque de lui avoir donné une liste aussi longue. Elle n’avait pas pensé qu’il pouvait lui retourner sa gaminerie et prendre tout son temps. Elle n’allait pas poireauter ici des heures, tout de même ?! Sun Ho finit par revenir et la professeure ne masqua pas son agacement et son impatience. Elle était à deux doigts de lâcher un enfin mais se retint. L’ainée des An regarda son ex petit-ami faire, avec la lenteur d’une tortue. Bon sang. Elle avait envie de le secouer ! Pourquoi diable avait-elle fait ça, déjà ? Ah, oui, pour se venger de sa tromperie, sa trahison. « Revenir plus tard ? » Répéta-t-elle, abasourdie. Et la raison la fit écarquiller les yeux, outrée. « Moi aussi, j’aimerais bien rentrer. Avec mes livres. » Répliqua-t-elle sèchement, se moquant bien de son état. « Tu as quoi ? Un mal de tête ? Prends un cachet et bois de l’eau, ça passera. » Lança-t-elle, railleuse. Ah, les hommes… Un petit mal de tête et c’était la fin du monde… Pathétique.

@An Ryu Jin
Pourquoi maintenant ? Une question que le jeune homme ne pouvait s’empêcher de se poser alors que sa condition semblait faire des siennes et refuser de coopérer complètement. Il n’aimait pas paraître faible, il n’aimait pas se plaindre non plus, surtout quand il était censé travailler et que l’unique personne en sa présence était son ex-petite amie. Elle était la dernière personne qu’il souhaitait savoir au courant de son état parce que, si elle lui en voudrait sûrement toujours de lui avoir caché une chose aussi importante, elle culpabiliserait probablement également de n’avoir rien vu. Alors que rien n’était de sa faute, Sun Ho avait été le seul à prendre cette décision et, malgré tout, il ne la regrettait pas. Peut-être le regretterait-il plus tard cependant, en cet instant, non, il ne regrettait pas. Les souvenirs de cette époque étaient loin, oui, hors le concernant, c’était comme si tout s’était déroulé la veille. Il se rappelait distinctement l’état dans lequel il était, de comment il avait cru à plusieurs reprises qu’il ne s’en sortirait pas, et du temps qu’il avait fallu avant qu’il puisse récupérer un minimum de ses capacités. Il avait sa famille auprès de lui et c’était déjà trop… Parce que même leurs regards pleins d’inquiétude et de pitié, ils restaient figés dans son esprit, incapable de les oublier, bien qu’il ne les mentionnait jamais.

Pour Ryu Jin, le bibliothécaire avait tenté de prendre sur lui au maximum, allant chercher ce qu’elle lui demandait toutefois, c’était vrai également, il avait mis plus de temps qu’à l’accoutumé. La différence était que, au contraire de la demoiselle, il ne l’avait pas fait exprès. Pas même lorsqu’il était revenu puis peinait à voir clair sur son ordinateur, les douleurs au niveau de son crâne s’intensifiant de plus en plus. Il détestait ça et, oui, cela le tracassait fortement. La réaction de son ex-petite amie n’était pas surprenante, après le mal qu’il lui avait causé, il ne pouvait malheureusement pas s’attendre à un semblant d’empathie de sa part. Sauf que il ne plaisantait pas, il ne jouait pas la comédie non plus et dieu seul savait ô combien Sun Ho souhaiterait qu’il ne s’agisse que d’un simple mal de tête. « Déjà fait. » Il avait déjà pris un médicament avant qu’elle n’arrive l’embêter avec ses livres cependant ce dernier n’avait eu aucun effet. « Je ne rigole pas Ryu Jin, reviens plus tard, s’il te plaît. » Il la suppliait presque de ses petits yeux alors qu’en soit, il n’était même pas difficile de repérer la pâleur de sa figure. Et s’il n’avait pas donné plus de détails, c’était parce qu’il ne voulait pas révéler quoi que ce soit, cependant, au vu de la situation, il se rendait bien compte qu’il n’allait pas en avoir le choix. « Je vais fermer plus tôt. » Parce qu’il ne pouvait pas rester comme ça, qu’il devait se rendre à l’hôpital avant que sa condition ne s’aggrave. Puis, tandis qu’il avait rétorqué ses paroles, le jeune homme avait tenté de se lever cependant il avait vacillé, se retenant à l’aide de sa main contre son bureau pour ne pas s’écrouler. Bon sang. Ce n’était réellement pas le moment et il détestait ça.

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Ryujin n’avait aucune compassion pour son ex petit-ami. Il avait mal à la tête ? Tant pis pour lui. Ce n’était pas une raison pour rentrer plus tôt. Elle avait demandé des livres, elle voulait repartir avec et non les laisser là, sur un coin du bureau. La jeune femme n’était pas tendre, elle ne l’était plus. La tendresse avait disparu, laissant place à l’amertume et la haine. Car il était bien question de ça… La professeure détestait Sunho, du plus profond de son être. Il l’avait trompé, trahi, et son cœur s’en était retrouvé brisé et en mille morceaux. Elle avait mis du temps à se remettre de cette rupture car même si leur couple battait de l’aile, elle avait imaginé qu’avant que l’irréparable soit produit, ils discuteraient et tenteraient de réparer les choses entre eux. Mais elle s’était trompée… et se trompait encore, d’ailleurs. Ryujin n’était pas du tout au courant de la santé plus que fragile du jeune homme et ne se doutait pas une seule seconde que les signes qu’il montrait présentement le mèneraient à l’hôpital. « Eh bien, patiente maintenant. Moi, j’aimerai mes livres avant de partir. » Dit-elle, décidée à ne pas lâcher l’affaire. Elle repartirait coût que coût avec ce qu’elle avait demandé. « Et je ne rigole pas non plus, Sunho, je veux repartir avec mes livres. » Répliqua-t-elle, dardant son regard sur elle. Elle se moquait bien de son regard suppliant, elle se moquait bien de son état. Si auparavant, elle se serait inquiétée et aurait été aux petits soins pour lui, ce n’était plus le cas dorénavant. Même si, une petite pointe d’inquiétude montrait le bout de son nez face à la pâleur de son visage. « Pardon ?! » S’insurgea-t-elle quand il annonça fermer plus tôt. Elle le regarda se lever, ou plutôt, tenter de se lever. Il vacilla et instinctivement, elle chercha à le rattraper. Ryujin se ravisa bien vite, se frappant mentalement. « Wow, tu joues la comédie maintenant ? » Lança-t-elle, railleuse. « Allez, je te mets un 3/10 parce que j’y ai un peu cru. Il va falloir mieux faire pour que je te crois. » Ajouta-t-elle, croisant les bras. « J’attends toujours mes livres. » Insista-t-elle de nouveau, ne croyant pas une seconde – ou juste une microseconde – à ce petit vertige qu’il venait d’avoir.

@An Ryu Jin
Sun Ho ne plaisantait pas, il ne se sentait réellement pas bien et la pâleur de sa figure le démontrait probablement de plus en plus. Même s’il comprenait l’attitude de son ex-petite amie, la patience, il ne l’avait plus vraiment. Tant pis si elle ne le croyait pas, tant pis si elle continuait à lui tenir tête, lui ne pouvait plus rester là. Sa vision se troublait de plus en plus, et il ne parlait même pas de la douleur stridente qui semblait lui bouffer le crâne. Cela devenait insupportable, en plus des nausées qui le prenaient et cette sensation de vertige désagréable. Lui-même ignorait comment il faisait pour tenir debout au vu du comment son état semblait se dégrader petit à petit. Ryu Jin insistait pour avoir ses livres, et lui ne prit plus la peine de lui répondre, ajoutant même qu’il allait fermer plus tôt. Si elle n’était pas venue, il aurait fait pareil ; ce n’était pas contre elle, ce n’était pas une drôle de rébellion qu’il tentait de créer, il avait simplement d’autres priorités et c’était sa santé. Son médecin lui avait toujours dit de ne pas hésiter, au moindre doute, à la moindre sensation étrange, de se rendre à l’hôpital pour une consultation en urgence. Parce que survivre d’une tumeur cérébrale, c’était rare et que s’il avait eu beaucoup de chance, son espérance de vie, personne ne la connaissait… Encore moins lui.

Puis, il manqua de tomber, ne remarquant même pas le geste de la jeune femme pour le rattraper avant de se raviser. Lui était juste fatigué et l’entendre s’exclamer l’épuisait un peu plus. Pourquoi fallait-il qu’elle fasse preuve d’autant de mauvaise foi ? Alors, oui, elle croyait que Sun Ho l’avait trompé et, imaginons qu’il l’avait réellement fait, était-ce une raison valable pour être aussi bornée ? Même aux criminels, on leur accordait le bénéfice du doute, on leur donnait des droits mais lui n’en avait aucun, sous prétexte qu’il était allé voir ailleurs lorsqu’ils étaient ensemble ?! « Bon sang Ryu Jin, tu crois vraiment que j’ai que ça à faire de jouer la comédie ?! » Exténué, il l’était réellement… Si bien qu’il persistait à garder appui sur le bureau afin de se maintenir. « Attends tes livres si tu le souhaites, moi je m’en vais. » De plus bel, le garçon ne plaisantait pas. Après avoir coupé l’ordinateur, il attrapa sa veste puis contourna le bureau, sans lui accorder un regard. Il n’avait ni la force, ni l’envie de continuer à discuter ; tout ce en quoi il pouvait penser en cet instant était cette inquiétude qu’il éprouvait à cause de son état de santé. La peur au ventre, oui, il l’avait. Et si on lui apprenait que tout recommençait, que ses jours étaient de nouveau comptés puis qu’il devrait subir une énième opération ? Sun Ho faisait le fort, celui qui n’était pas touché par tout ça, néanmoins évidemment que ça le tracassait. Il ne voulait pas mourir… Il ne voulait déjà pas par le passé, il le souhaitait encore moins désormais. Faiblement, doucement, s’appuyant même parfois contre les étagères de la bibliothèque, il avançait vers la sortie ; chaque mètre lui paraissait interminable, même ses pas avaient l’air de devenir de plus en plus lourd. Pourquoi fallait-il que cela arrive maintenant ? Pourquoi n’arrivait-il pas à puiser dans ses retranchements pour s’en aller et ne pas avoir à se justifier auprès de Ryu Jin ? Il tenait tout juste debout, il faisait peine à voir et lorsqu’il manqua une nouvelle fois de vaciller, il s’appuya de plus bel contre le meuble à côté de lui, obligé de s’arrêter quelques instants pour tenter de se reprendre. Certains diraient qu’il s’agissait du destin, d’autres répondraient que c’était le karma.

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Ryujin était têtue. Et agissait comme une adolescente actuellement. Elle savait son comportement puéril mais elle ne pouvait pas pardonner à Sunho. Elle n’y arrivait pas. Alors, la jeune femme se montrait insupportable avec lui. Elle réclamait ses livres, coût que coût et se moquait éperdument de l’état de son ancien petit-ami. Enfin, pas totalement non plus, car quand il vacilla, la professeure eut le réflexe de le rattraper. Elle se ravisa cependant bien vite, espérant qu’il n’ait absolument pas vu son intention. Elle ne manqua pas l’occasion pour se montrer railleuse. A ses yeux, il jouait simplement la comédie. Ça ne pouvait qu’être ça, non ? Il allait forcément bien. Ryujin n’avait vraiment aucune idée de l’état du jeune homme et elle ne l’aidait aucunement à aller mieux. « Oui. » Répondit-elle en le regardant, sérieuse, avant de froncer les sourcils. Un soupir, agacé, s’échappa de ses lèvres. « Tu n’es pas sérieux là ? » Demanda-t-elle en le regardant prendre sa veste et contourner son bureau. « Yah ! Sunho ! Reviens ici ! » S’exclama-t-elle, restant prostrée devant le bureau. Elle attendait de pieds fermes qu’il revienne là. Mais il ne le fit pas, non. Il continuait d’avancer vers la sortie mais, sa façon de marcher, sa façon d’être… Ryujin commençait à réaliser qu’il ne jouait pas la comédie et elle se pinça les lèvres. Devrait-elle abandonner pour aujourd’hui ? ça l’agaçait fortement mais elle n’était pas non plus stupide et horrible à ce point-là. La jeune femme le regarda, une pointe de remord montrant le bout de son nez. Ça se voyait qu’il n’allait pas bien mais elle avait été aveuglée par sa haine envers lui. Idiote. La professeure se résolut à prendre la direction de la sortie, tout comme lui. Mais quand il vacilla de nouveau, s’appuyant contre le meuble, elle ne put qu’accélérer le pas pour le rejoindre et poser une main sur son avant-bras, l’inquiétude l’envahissant, balayant tous les sentiments négatifs qu’elle avait à son égard. « Tu veux de l’aide ? » Demanda-t-elle, prête à le soutenir si besoin pour le mener… jusqu’où, d’ailleurs ? Il n’était pas en état de conduire. « Je dois t’amener à l’hôpital ? » Ajouta-t-elle, ses yeux rivés sur lui.

@An Ryu Jin
Ce que pensait ou disait Ryujin, Sun Ho n’y prêtait plus attention. Il n’avait plus la force de lui tenir tête ni d’essayer de lui faire comprendre qu’il ne faisait vraiment pas la comédie. Contrairement à ce que son ex pensait, le jeune homme n’était pas aussi mesquin et surtout, il ne mettrait jamais son job en péril pour une relation qui remontait à plusieurs années en arrière. Il avait toujours été studieux et professionnel, il ne se permettrait pas de fermer la bibliothèque sous prétexte de ne pas vouloir servir une fille qu’il avait aimé mais dont l’histoire s’était mal terminée. Et plus les minutes s’écoulaient, plus il fatiguait, plus son corps lui paraissait terriblement lourd, plus l’angoisse grimpait dans tout son être. Les symptômes étaient les mêmes qu’à l’époque – tout du moins pour certains – et il refusait de passer à côté le moindre signe d’alerte. Autrefois, Sun Ho avait négligé sa santé, mettant ses violents maux de crânes sur la fatigue, sur son rythme de vie particulier et, à cause de son inconscience, il avait frôlé les portes de la mort. Il ne souhaitait pas vivre cela une nouvelle fois.

Le souffle lent, le visage de plus en plus pâle, il se retrouva obligé à marquer une pause, vacillant de plus bel avant de prendre appui sur l’un des meubles près de lui. Geste qui sembla enfin alerter son ex-petite amie – même si Sun Ho aurait préféré qu’elle continue de croire à une vulgaire comédie – et ses petits yeux s’égarèrent machinalement en sa direction. Pourquoi ? Non, cette question n’avait pas l’air de vouloir quitter son esprit alors qu’il la contemplait. Pourquoi fallait-il qu’une telle situation se passe en sa présence ? Etait-ce une punition pour lui avoir menti à l’époque ou bien, au contraire, était-ce un moyen de se diriger vers la rédemption ? Le bibliothécaire l’ignorait toutefois il souhaiterait pouvoir laisser Ryujin dans l’ignorance. « Pas besoin de t’inquiéter, ça va aller. » Lui rétorqua-t-il doucement. « Je vais prendre un taxi, ne t’embête pas. » S’il n’était pas contre une aide apportée pour l’accompagner jusqu’en bas de l’immeuble, il ne voulait pas qu’elle l’emmène à l’hôpital… Certes, avec sa personnalité, Sun Ho se doutait que la jeune femme ne se laisserait pas faire hors, pour une fois, il aimerait pouvoir se tromper.

@Kwon Sun Ho // ootd

Ryujin était aveuglée par la haine qu’elle portait à son ex petit-ami. Elle ne voulait pas voir qu’il allait réellement mal et qu’il ne faisait pas la comédie juste pour l’embêter. Non, entre les deux, c’était elle la plus puérile. Ce n’était pas le genre de Sunho de faire ça. Contrairement à elle qui avait fait exprès de venir le plus tard possible en lui donnant une liste longue comme le bras… En sa présence, et toujours blessée par leur histoire passée, la professeure agissait comme une véritable adolescente. Elle se sentit bien bête en le voyant vaciller, comprenant enfin qu’il ne faisait pas semblant. Il n’allait pas bien et c’était réel. La fille An l’avait rejoint rapidement, posant délicatement sa main sur son avant-bras, son regard inquiet trouvant le sien. Tous les sentiments négatifs à son égard avaient disparu, parce qu’elle ne pouvait pas effacer complètement l’amour qu’elle lui avait porté. La jeune femme fronça les sourcils quand il lui demanda de ne pas s’inquiéter. « Ne commence pas, Sunho. Tu me dis n’avoir qu’un mal de tête et tu vacilles de la sorte ? C’est plus que ça. » Dit-elle, ferme, comme si elle grondait un enfant qui tentait de lui cacher la vérité. « Un taxi ? » Répéta-t-elle, le fixant avant de soupirer bruyamment. « Non. Tu ne prendras pas un taxi. Je t’emmène à l’hôpital. Ça sera bien plus rapide. » Dit-elle en le fixant, sourcils froncés par l’inquiétude qui ne la quittait pas. Elle finit par prendre son bras, le soulevant pour le passer autour de ses épaules. « Appuie-toi sur moi… » Souffla-t-elle, tandis qu’elle passait son bras autour de la taille du bibliothécaire pour le soutenir. « Allons-y… » Dit-elle en le regardant avant de regarder devant eux, avançant lentement, au rythme de Sunho. Enfin, s'il le voulait bien...