Depuis le début de son internat, Jae Won se rendait moins à l’université et, le campus lui manquait parfois. Il y avait passé d’excellents moments et à chaque fois qu’il y retournait, différents souvenirs lui revenaient en mémoire. Il se rappelait aussi les fois où avait prétendu être heureux de rendre service alors qu’il rêvait de s’allonger dans son lit. Malheureusement, même à l’hôpital, il continuait d'aider sans se demander s’il en avait envie ou si c’était raisonnable vu ses journées chargées. Pour autant, il refusait rarement l’aide qu’on lui demandait et il répondait toujours présent. À tout moment, même en se promenant sur le campus, il risquait de se retrouver avec de nouvelles promesses mais, il restait heureux de croiser des visages qu’il voyait peu. Sociable, il s’arrêta même à plusieurs reprises pour échanger avec des personnes qu’il ne connaissait pas ou très peu, prenant plaisir à échanger. C’était aussi ce qui lui manquait, rencontrer des gens dans les couloirs et apprendre de ces personnes. A l’hôpital, il faisait d’incroyables rencontres mais il vivait aussi beaucoup de coup durs compte tenu de son activité.

Après avoir déposé les documents demandés par l’administration, Jae Won passa dans certains clubs pour retrouver des amis et passer du temps à parler de tout et de rien et à jouer au babyfoot. Il se sentit de nouveau étudiant car même s’il l’était toujours, il passait la plupart de son temps en activité à l’hôpital et en oubliait ce qui allait de pair avec la vie étudiante. Ça faisait du bien de décompresser ainsi.
Il salua ses amis et se perdit dans les bâtiments de l’université, pour le plaisir de se balader. Il était plus âgé que la majorité des personnes qu’il devait croiser mais ça n’avait pas d’importance, il se sentait bien. Perdu dans ses pensées, il ne vit pas la jeune femme à quelques mètres de lui qui venait de faire tomber ses crayons. Sifflotant une mélodie, déconnecté de la réalité, le drame arriva. N’ayant rien vu et souriant aux étudiants qu’il croisait sans regarder correctement devant lui, ses pieds se posèrent sur les crayons et il se retrouva rapidement les fesses sur le sol, n’ayant rien vu venir. Il avait senti le coup sur son coccyx mais seul un cri étouffé lui avait échappé et il se retrouva à fixer le plafond en se demandant comment son angle de vue avait pu tant changer. En restant immobile, allait-il se réveiller et se retrouver en train de marcher normalement dans les couloirs de son université ? Impossible, la douleur était réelle… « Pourquoi j’enchaine les chutes ces temps-ci ? » Il murmura, sonné.
Le karma s’acharnait-il sur lui ? Celui-ci n’était pas si mauvais en réalité, vu la dernière rencontre qu’il avait faite en se retrouvant parterre…

Passant ta main sur ta nuque, tu t'étiras mollement le bras, quittant la salle. Tu baillas discrètement, la bouche cachée par les phalanges, clignant rapidement des paupières pour faire disparaître cette humidité qui y naissait. Le cours avait été long – intéressant, certes – mais long. Tu avais appris beaucoup de choses, mais tu étais restée trop concentrée sur tes dessins. Tes yeux brûlaient un peu désormais et tu avais affreusement mal à la nuque. A cause de ta mauvaise posture, mais tu diras sans doute que c'était la chaise qui n'était pas confortable. Tu jetas un regard sur ta montre, t'arrêtant à une fenêtre pour observer le ciel. Tu regrettais ne pas pouvoir apercevoir la lune, maintenant. Elle qui te guidait à chaque pas. La journée tu semblais perdue sans elle. Désorientée. Comme si elle était la seule capable à te montrer le chemin. Toutes les lumières ne vaudraient jamais la sienne. Un soupir fin contre les lèvres, tu te fis discrète alors que tu continuais d'avancer dans le couloir, osant quelques regards sur tes camarades qui passaient. Mais on ne semblait pas te voir – et ça t'arrangeait. Ca t'arrangeait d'être invisible. Au moins on te laissait tranquille. Au moins on ne te faisait rien. Au moins tu n'avais pas mal. Ajustant la lanière de ton sac, que tu secouas faiblement, tu continuas ton avancée. Tu avais une idée en tête, une direction bien précise écrite dans tes pensées : le parc. Tu avais du temps, maintenant. Les cours étaient terminés. Tu voulais parfaire ton dessin à la lumière du jour et des couleurs de la nature. Le parc était l'endroit idéal, pas vrai ? Tu y repasseras plus tard, de toute façon. Quand il fera nuit et que la lune sera présente dans le ciel.

En attendant ce fut un air perplexe qui se forma sur ton visage à l'entente de ce son. Sans attendre, tu te tournas et la scène devant toi te fit ouvrir la bouche en silence. Que s'était-il passé ? Tu observas le jeune homme, sa posture et.. ces crayons qui traînaient au sol. Qui laissait traîner ça ici ? Tu ne les avais pas vus en passant, pourtant. Et étrangement ils ressemblaient... « Ce sont les miens », dis-tu dans un souffle court, presque horrifiée alors que tu avançais vers lui. « Je suis désolée, mon sac a dû rester ouvert et... ils sont tombés », expliquas-tu vaguement, le rouge aux joues. « Est-ce que ça va ? », tu te penchas un peu sur lui, la grimace au visage, avant de lui tendre la main. « Ca va aller pour se lever ? Je dois chercher... quelqu'un ? », tu jetas quelques regards : le couloir était désert, à présent. Evidemment. Comme si tout le monde avait quitté l'endroit au moment où il était tombé. « Je suis vraiment désolée », que tu insistas dans un air de plus en plus coupable. « Vraiment désolée... », tu baissas les épaules. « Vous êtes déjà tombé aujourd'hui ? »

Ce plafond n’avait rien de spécial et pourtant, Jae Won l’observa avec intérêt comme si celui-ci pouvait apporter les réponses aux questions existentielles lui passant par la tête. Questions pourtant inexistantes à cet instant, le vide ayant remplacé ses réflexions. Peut-être qu’en restant ainsi, il espérait effacer l’embarras et reprendre sa journée comme si de rien n’était. Il avait dû avoir l’air idiot en tombant de la sorte mais le mal était fait… son coccyx en hurlait la preuve.
Une voix féminine le tira de sa contemplation et ses yeux se posèrent alors sur une demoiselle. « Ce sont vos crayons » Il répéta, un sourire se dessinant au coin de ses lèvres. Elle n’avait rien vu venir non plus. « Ce n’est rien » Il ajouta, voyant la culpabilité apparaitre dans le regard de la demoiselle. « Tout va bien, juste une petite minute… » Il murmura, n’ayant pas envie de bouger et sentir son corps tout entier se plaindre : « Le sol est confortable » Absolument pas mais le fait de rester étrangement allongé par terre ne semblait pas le déranger. Si on l’avait vu tomber aussi bêtement, il n’y avait plus rien à sauver pour son image.

Il ne voyait pas simplement la culpabilité dans le regard de la jeune femme, il l’entendait aussi dans sa voix. Il l’observa une nouvelle fois, et décida de se relever sur ses coudes dans un premier temps. Il était préférable de remédier par étape, personne n’était présent alors il allait prendre son temps. Peut-être en faisait-il trop, il n’était pas si mal en point mais il était encore déstabilisé par cette chute. Ça n’arrivait pas que dans les films ce genre de scène comique ? « Ne vous en faites pas, ce n’est rien de grave. Ce sont des choses qui arrivent » Ils en étaient la preuve ? « C’était juste… inattendu ? ». Première fois de sa vie. « Alors non, pour aujourd’hui, c’est la première fois et la dernière j’espère » Un sourire accompagnait ses dires : « C’est juste que j’ai eu le droit à une rencontre similaire récemment » Similaire dans le sens digne d’un film. Dans le genre romance pour sa rencontre avec Chan Hee mais, il chassa cette pensée.

Délaissant ses coudes, il arriva à relever suffisamment son buste pour se retrouver assis devant les responsables de cette gênante situation. « J’espère qu’ils ne sont pas abimés » Il avait mis tout son poids sur ses pauvres crayons, pas sûr qu’ils en soient sortis indemnes. « Désolé… » Il s’excusa, gêné, alors qu’il essayait de les ramasser.
Toujours les fesses au sol.  

Tu n'étais pas tête en l'air, pourtant. Pas du genre à tout oublier n'importe où. Mais parfois, tu semblais préoccupée. Tu semblais ailleurs – comme aujourd'hui. Tu n'avais pas compris que tu avais mal fermé ton sac. Tu n'avais pas vu, non plus. Tu aurais dû regarder deux fois avant d'être sûre que tout était bon. La preuve était que non : le contenu de ton sac peignait soigneusement le sol, tes crayons surtout, et à cause d'eux, un étudiant était tombé. A cause de toi, il était tombé. Quelle idiote tu faisais. « Ce sont.. mes crayons.. », répétas-tu doucement, l'air coupable, une petite grimace au visage. Tu te voyais pas dire que non, ce n'était pas les tiens. Tu venais de dire qu'il s'agissait des tiens, en plus. Tu étais beaucoup de choses, Aeri, mais pas une menteuse – surtout pas une menteuse de qualité. Une petite grimace au visage, tu ne savais pas si tu devais croire ce qu'il disait. Il était quand même tombé à cause de tes crayons, et ça semblait être douloureux. Tu l'observas, sage et immobile, patientant. Tu clignas des paupières à ses mots, un air quelque peu perplexe collé au visage alors que tu le penchais faiblement sur le côté. « Vous avez besoin d'aide ? », demandas-tu doucement, timide mais aussi coupable, tendant ta main. C'était la moindre des choses après tout. Tu doutais que le sol soit réellement confortable, à dire vrai.

Gardant la main tendue, tu l'observais, les joues rougies de honte mais aussi de culpabilité. « Je suis pas certaine que ça arrive si souvent que ça.. », commentas-tu, le nez un brin plissé, peu convaincue. S'il disait ça pour te rassurer, c'était gentil d'essayer mais... « Plutôt, oui », confirmas-tu d'un petit mouvement du visage. « Ah bon ? Vous êtes tombé à cause de crayons ? », tu clignas des paupières, confuse, te demandant combien de fois il était tombé récemment. « Je vais espérer que ce sera la dernière, cette fois », dis-tu, gênée, honteuse, baissant un peu le regard et ta main, l'observant avant d'observer les crayons. « Oh. Ca... », tu soufflas un peu, les épaules basses. « Ce n'est pas grave, je pourrais en racheter », affirmas-tu, hochant un peu le visage. Même si c'était cher. « Oh non, c'est moi », que tu dis, venant t'accroupir pour rassembler tes affaires – enfin. « Le temps que vous n'avez rien de cassé, ce n'est pas grave s'ils le sont. Ils sont remplaçables », lui non. Tu bougeas un peu les épaules, rangeant les coupables dans ton sac. « Vraiment désolée pour tout ça. Je dois chercher quelqu'un ? », pour l'aider à se relever. Tu restas accroupie, l'observant, soucieuse. « Vous êtes sûr que ça va ? », demandas-tu avant de te pincer les lèvres. « Vous ne voulez pas vous lever ? », le questionnas-tu doucement dans une petite grimace. « Je peux vous aider », offris-tu, te redressant, tendant tes mains.

Il n’y avait plus de doute à avoir, les crayons sur lesquelles Jae Won avait glissé étaient ceux de la jeune femme. Le fait avait été affirmé à plusieurs reprises, il n’y avait donc aucun mystère. Les lèvres de Jae Won s’étirèrent légèrement en entendant la demoiselle se répéter, certainement déstabilisée par ce qui venait de se passer. Tout comme Jae Won, elle n’avait pas vu que ses crayons avaient glissé : la chute n’aurait pas pu être évitée. « J’ai peur de sentir tout mon corps craquer en me relevant » Il avoua avec un sourire taquin ; c’était visiblement plus agréable de rester dans l’ignorance et de se complaire dans cette position. Position fort peu confortable en réalité, il ne conseillerait pas ce sol pour y faire une sieste. « Bon j’avoue, c’est la première fois que ça m’arrive mais vu que ça m’est arrivé…. Ben ça arrive ? » Il s’était peut-être cogné la tête en tombant car il avait l’impression de s’emmêler les pinceaux en voulant rassurer la jeune femme. Il avait beau rester parterre, il allait bien. Vraiment. Il découvrait simplement le monde sous un autre angle. « Moi aussi » Il ria doucement, décidant de se relever un peu sans pour autant se remettre sur ses jambes. Une chose à la fois.

Ce nouvel angle sur son mode lui permit de réaliser qu’il n’avait pas été la seule victime de ce tragique accident : certains crayons n’avaient pas supporter son poids. « Si je ne me trompe pas, c’est assez cher… » Il n’y connaissait pas grand-chose mais ayant des amis étudiant dans les arts, il savait que le matériel revenait assez cher. « Je peux participer. Après tout, j’aurais dû regarder où je marchais » Certes, il n’aurait jamais imaginé trouver des crayons sur son passage mais s’il avait été moins dans la lune, peut-être aurait-il pu éviter sa chute. « Quand même… » Il ne pouvait pas s’empêcher de se sentir coupable, surtout en voyant un pauvre crayon qui n’avait aucune chance de se remettre. « Je suis étudiant en médecine et d’après mes connaissances, tout va bien ! » C’était le cas, il savait qu’il n’avait pas fait une chute dangereuse alors il n’était pas du tout préoccupé. Il avait eu mal au coccyx sur le coup mais ça allait déjà mieux, il avait simplement un manque de motivation. «Oui, je ferais mieux de me lever » Il avait compris que rester assis parterre devait sember bizarre. Surtout si comme il disait, il se portait bien. « Ne soyez pas inquiète si ça craque partout » Il expliqua alors qu’il prit les mains gentiment offertes par la demoiselle. « Je risque d’être un peu lourd, désolé » Et pas très dégourdi surtout mais il comptait forcer un maximum sur ses jambes et ne pas trop compter sur elle. Il aurait été dommage qu’elle se blesse en voulant l’aider.
Alors qu’il se trouvait enfin debout, Jae Won s’étira pour faire un état des lieux des dégâts. Il fit une légère grimace mais dans l’ensemble, tout allait bien. Comme s’il n’avait pas flirté avec le sol. « Je m’appelle Jae Won » Autant se présenter après une rencontre gênante marquante comme celle-ci.

Un faible « Oh » contre les lèvres, tu clignas des paupières avant de mimer un air coupable, désolé mais surtout horrifié. Etait-ce possible ? Qu'il se relève et que tout son corps craque ? Etait-ce mauvais signe ? T'étais pas en médecine, t'en savais rien – mais t'étais sûre que ce soit pas vraiment une bonne chose. Non ? Non. La chute avait été brutale, trop sans doute. Quelle idée de mal fermer son sac... Tout ça parce que tu étais stupide. Tu te mordis la lèvre, la culpabilité présente sur ta frimousse alors que tu le regardais, de plus en plus désolée. Tu mimas cependant l'incompréhension ensuite, penchant le visage sur le côté pour espérer comprendre mais.. tu ne comprenais pas. Tu fronças légèrement les sourcils, les lèvres pincées, l'air totalement perdu. Tu n'avais vraiment rien compris et tu savais pas quoi répondre. Que pouvais-tu répondre ? Que devais-tu répondre ? « C'est... euh un accident oui donc... ça arrive », marmonnas-tu, mal assurée et timide, les pommettes colorées. Tu retroussas un peu le nez, coupable, t'excusant en silence.

« Un petit peu », tu lui offris un léger sourire. C'était de ta faute de toute façon donc... tu ne pouvais t'en prendre qu'à toi-même. Le matériel artistique était généralement cher – tout comme tout autre matériel, en fait. Tu trouvais ça parfois exorbitant pour quelques crayons ou quelques feutres. Mais t'en avais absolument besoin, les professeurs ne jugeant toujours que pour une marque précise. Evidemment, la plus chère – c'était pas drôle sinon. Parfois tu te retenais de dépenser ton argent dans tes figurines pour te permettre de t'acheter de bons crayons. « Non non c'est ma faute, je suis désolée », tu aurais dû faire attention. Ce n'était pas à lui de le faire. Tu rassemblas les crayons, tentant d'en récupérer le maximum et le plus rapidement possible. « Je suis contente de le savoir alors », tu lui offris un sourire timide, rassurée mais tout de même inquiète. Il te le dirait s'il s'était fait pas mal, pas vrai ? « Il vaut mieux oui », assuras-tu doucement dans un léger sourire. « Pardon ?? », demandas-tu affolée, les yeux écarquillés. Tu agitas quelque peu les mains, pas réellement sûre d'être prête à tout entendre craquer ainsi. Tu lui pris les mains, prête à l'aider. « Pas de soucis », que tu dis, en tentant de l'aider, le regard fixé sur lui ensuite, les mains jointes. Tu clignas des paupières, avant de te courber poliment. « Aeri, enchantée », tu rougis quelque peu, détournant le regard. « Encore désolée pour... », tu désignas rapidement le sol. « Tout va bien, n'est-ce pas ? », tu relevas lentement les yeux vers lui, soucieuse. « Vous me le diriez pas vrai ? Si vous avez mal quelque part », tu te pinças les lèvres, l'observant en silence, avant de continuer à ramasser tes affaires. « Je devrais aller en racheter », dis-tu en regardant un crayon en très mauvais état. « J'espère qu'ils en ont encore. Les professeurs trouvent que ce sont les meilleurs. Je pense qu'ils sponsorisent la marque... Désolée je dis n'importe quoi », tu rougis furieusement, rangeant maladroitement les affaires dans ton sac. « Est-ce que je peux vous offrir quelque chose à boire au moins ? Pour m'excuser convenablement »

C’était tout à fait le genre de Jae Won de chercher à rassurer quelqu’un même si ladite personne avait commis une maladresse. Il n’avait pas besoin de la connaitre pour comprendre qu’elle s’en voulait et se sentait coupable alors que lui-même n’avait pas été attentif. Certes, il n’avait généralement pas besoin d’éviter des crayons sur son chemin mais ça pouvait arriver. La preuve, il était encore allongé, effrayé à l’idée de se lever. Il ne s’était pas fait mal mais il n’avait pas envie de vérifier les dégâts non plus, au cas où. Médecin ou pas, il avait la même réaction que tout le monde dans une telle situation. N’ayant pas peur du ridicule, ça ne le gênait pas de s’attarder ainsi. Pour autant, ça ne semblait pas rassurer la jeune femme… Il tenta de la rassurer mais il faisait pire. « Exactement » Il ne s’attarda pas plus sur la question, voyant qu’elle avait eu du mal à le suivre. Il avait du mal à se suivre aussi. « Plus de peur que de mal ! » Il ne s’était pas tapé la tête donc même s’il finissait avec des bleus, ce n’était pas méchant. Il exagérait parce que les circonstances avaient été surprenantes.

L’embarras était peu présent mais la culpabilité décida de s’installer lorsqu’il vit des crayons cassés à ses pieds. Il fronça des sourcils en réalisant les dégâts et se sentit mal pour la jeune femme, se doutant que le matériel qu’il avait écrasé était de qualité. Et donc cher. « Ce n’était pas voulu et j’aurais pu les éviter si j’avais regardé » Il était difficile de rester insensible face à ses pauvres crayons dont la durée de vie avait été écourté par ses grands pieds. Il soupira, l’aidant à récupérer les crayons autour de lui. Certains n’avaient eu aucune chance… « Est-ce que je dois comprendre qu’un régime s’impose ? » Il demanda avec humour lorsqu’il récupéra un crayon qui ne ressemblait plus vraiment à un crayon, justement. Il voulait détendre l’atmosphère, attestant qu’il allait bien. Il n'était malheureusement pas très doué vu les réactions qu'il obtenait. « Je plaisante » Enfin, il espérait parce qu'en soit, il ne pouvait pas prévoir si tout son corps allait craquer. Le plus important restait d'arriver à se lever, ce qui fut un succès grâce à l'aide la jeune femme. Il la remercia avant de se présenter. « Enchanté Aeri » Jae Won n'avait jamais aucun mal à parler avec des inconnus, encore moins quand la rencontre lui semblait amusante. Il savait rire d'une situation comme celle-ci. « Ce n'est rien » Il se portait bien, il sautilla même sur place pour confirmer que tout allait bien. En vérité, il sentit qu'il avait un peu mal mais ça n'était rien de méchant, juste un hématome qui allait décorer sa peau pendant quelques jours. « La chute était un peu impressionnante mais je suis bien tombé » Il n'avait pas envie qu'elle se sente encore plus mal pour lui alors qu'au final, il s’en sortait bien. « Je m'en sors mieux que votre crayon » Il se sentit vraiment mal pour elle en entendant la suite de sa phrase. « Désolé » Il s'excusa une nouvelle fois, coupable même si ça avait été involontaire. « Il doit être possible de commander s'ils n'ont pas de stock. Je ne suis pas un expert mais il y a des endroits sympas alors avec un peu de chance, ça ne devrait pas trop dur de trouver le même produit. Vous en avez besoin prochainement ? » Si elle étudiait l'art, ça devait être du matériel essentiel pour ses cours... « Oh ce n'est pas nécessaire voyons! » Il était hors de question qu'elle se sente obligé de lui offrir quoi que ce soit même s’il n’était pas contre se poser un petit instant : « Je comptais néanmoins m'arrêter acheter un truc à boire alors si c'est sur votre chemin, on peut y aller ensemble ? » Il proposa avec un sourire.

Le regard incertain, tu l'observais, peu convaincue – tu avais eu peur et mal pour lui alors que tu n'osais pas imaginer son ressenti. Tu clignas quelque peu des paupières, les lèvres pincées, coupable et désolée, plissant un peu le nez dans des excuses muettes. Ca avait dû faire mal et t'espérais vraiment qu'il ne se soit rien cassé. « Je n'aurais pas dû les faire tomber pour commencer », dis-tu doucement dans un air bougon, le regard vers les objets au sol. Ils étaient délicats en plus tu savais très bien que tu devais en prendre soin, il n'y pouvait rien si tu ne faisais pas attention. Tu vins alors récupérer les crayons, inspectant chacun d'eux au passage dans des gestes rapides. Tu pourras toujours les utiliser mais plutôt pour tes dessins personnels que ceux pour les cours. Ce sera plus pratique comme ça – tu iras chercher des nouveaux plus tard. « Hu ? », que tu lâchas, les pupilles se relevant vers lui dans une confusion presque trop bruyante. Tu levas les sourcils, perplexe, confuse, observant ensuite le crayon qui n'en était plus un mais qui en restait un quand même. Tu ne l'utiliseras plus que pour tes dessins personnels celui-ci. Enfin si tu pouvais encore... Peut-être un peu, rapidement, pour quelques traits de couleurs. Tu bougeas quelque peu la tête, encore un peu soucieuse, surtout en l'imaginant craquer de partout à cause de la chute. Ce serait catastrophique pas vrai ? Tu te courbas une nouvelle fois ensuite, le sourire léger, un peu désolée de le rencontrer ainsi. Ca aurait pu être autrement. Peut-être. Tu ne rencontrais pas grand monde sinon mais pour le principe tu aurais préféré que cela se passe dans des circonstances bien différentes. Tu le contemplas un instant, les lèvres pincées, l'air encore embêté. Mais s'il pouvait sautiller... cela voulait dire qu'il n'avait pas mal pas vrai ? « Tant mieux alors », tu gardas tes pupilles soucieuses vers lui avant de hocher la tête, l'esquisse fine. « C'est pas bien grave, ce n'est qu'un objet », et il valait mieux que lui soit cassé plutôt que Jae Won. Ca aurait été gênant sinon – et plutôt alarmant. « Je peux passer au magasin où je vais les chercher, et passer commande là-bas peut-être.. avec de la chance ils en ont encore en stock aussi. Et je les utilise pour les cours », tu clignas un peu des paupières avant de froncer les sourcils. « Mais maintenant je les utiliserais pour mes dessins personnels. J'en prendrais d'autres pour les cours en attendant », expliquas-tu brièvement, songeuse. « Tout de même », tu mimas une petite mine boudeuse, les sourcils faiblement froncés, embêtée. Tu étudias son visage un instant, étudiant la proposition au passage, le visage faiblement penché. Puis tu secouas la tête brièvement. « On peut faire ça », que tu acceptas. T'étais pas sûre que ce soit sur ton chemin mais c'était la moindre des choses. Tu t'assuras que plus rien ne traînait avant de partir vers la sortie, veillant à ce qu'il suive bien. « Vous comptiez vous arrêter dans quel café ? », lui demandas-tu en sortant du bâtiment. « Je pourrais passer au magasin en rentrant si ce n'est pas trop loin », songeas-tu, les lèvres pincées. « Il y a des boissons chaudes où vous vouliez aller ? », le questionnas-tu timidement, le sourire gêné.

Ce n’était pas tous les jours que Jae Won tenait une conversation en étant allongé sur le sol. Il ne semblait pas vouloir quitter l’inconfort de ce dit sol, comme pour éviter de constater les possibles dégâts même si en soit, il savait que tout allait bien. La chute avait été rapide, il avait entendu son corps rencontrer le par-terre solide mais il n’avait pas eu si mal. Il avait déjà oublié, s’amusant de cette situation inédite. Heureusement que le couloir n'était pas bondé même s’il n’était pas du genre à s’inquiéter pour si peu. « En même temps, ce n’était pas prévu. A part si en vérité, c’était une technique pour m’aborder ?»  Il plaisanta en faisant une mine choquée - « Il suffisait juste de m’interpeller, j’adore bavarder. Alors la prochaine fois, pas besoin de me faire tomber»  Il lui envoya un clin d'œil pour montrer qu’il plaisantait. Jae Won n’avait aucune difficulté à faire des blagues à quelqu’un qu’il ne connaissait pas.

Sa bonne humeur s’estompa en constatant que ses kilos avaient causé quelques dégâts. Il avait posé tout son poids sur ces pauvres crayons… certains avaient tiré leur révérence avant l’heure. Jae Won s’excusa, se sentant coupable même si ça avait été un accident.
Fatigué d’être au sol et voyant que ça ne rassurait pas la jeune femme, le doteur se leva et lui prouva que tout aller bien. Il était toujours en un seul morceau. « Les objets coûtent de l’argent…»  Et il se doutait que ça devait coûter son prix… « Où est ce magasin? Dans les parages ?»  Il pouvait peut-être l’aider en l’accompagnant. « J'ai l'impression que certains sont vraiment… utilisables ?»  Il y avait encore des morceaux sur le sol, les employés de ménage allaient se poser des questions. « Je m’en veux… c’est pour les cours. Il vous les faut rapidement ?»  Il espérait ne pas la mettre dans une situation pénible, sans certaine couleur à sa disposition.

Malgré la situation délicate des crayons cassés, Jae Won était amusé par cette surprenante rencontre. Il était le premier à aimer poursuivre les échanges agréables et c’était le cas. « Je comptais m’arrêter à un café qu'il y a pas loin de l’entrée principale du campus. C’est dans une petite ruelle mais l’endroit est très charmant, très… cosy?»  Il se sentait bien là-bas même s’il prenait surtout à emporter, manquant de temps. « Je peux venir avec vous!»  Il ajouta, ne voulant pas s’imposer mais se sentait coupable. « Bien sûr, il y a pas mal de choix et les boissons sont très bonnes. J’ai amené plusieurs amis et ils ont adoré aussi»  Il parlait avec légèreté, à l’aise. Être sociale était dans sa nature. « C’est ici! Vous connaissez?» Il lui montra l’endroit avant d'entrer à l'intérieur. Après lui avoir tenu la porte, il salua la patronne qui était en service. C’était un habitué. « Vous aimez les trucs mignons? » Il lui proposa un espace où se trouvait sur une chaise un gros nounours, c’était plutôt adorable. Il lui tendit la suite, lui faisant même quelques recommandations même si c’était un adepte de la caféine.