@Im Hayden
Les mains sur les hanches, tu inspiras longuement, prenant le temps d'observer la pièce dans laquelle tu te trouvais. Prenant le temps de voir ce que tu devais faire mais aussi l'emplacement de chaque objet. Généralement, tu tentais de ne pas tout bouger : question de logique mais aussi de respect. T'étais payé pour faire le ménage, pas changer toute la décoration. Remontant tes manches, tu inspiras une nouvelle fois, attrapant le premier produit et ton chiffon. Tu restas immobile quelques secondes, t'encourageant en silence et tu commenças.
En toute honnêteté, t'aurais jamais cru finir ainsi, en homme de mélange. Pas que tu ne respectais pas le métier ou quoi que ce soit. Chaque métier était important de toute façon. Mais juste que t'aurais cru devoir le faire pour pouvoir t'assurer une petite somme fin du mois. Tu t'en sortais bien, là n'était pas le souci. Mais tu avais peur que tout s'écroule comme tout s'était écroulé la première fois. Tu ne supporterais pas cela une seconde fois ; tu ne pourras pas te relever cette fois. Et encore, à bien regarder, on pouvait voir que tu rampais encore. T'étais jamais réellement debout. Tu t'en étais jamais réellement remis. Tes parents t'avaient tourné le dos – et tout le monde avait suivi. T'étais comme un mauvais présage. On t'évitait comme la peste. T'étais presque un démon – un monstre. Tu ne voulais plus que ça se reproduise. Tu ferais tout pour que ce ne soit pas le cas.

Nettoyant le premier meuble, tu pris soin de remettre chaque objet à sa place, t'émerveillant presque devant chacun d'eux. Ils étaient beaux et bien entretenus. Ils semblaient aussi valoir pas mal d'argent – et tu feras ton maximum pour ne rien casser. T'en revenais pas d'avoir pu entrer ici comme si c'était chez toi – t'avais même pas de chez toi. On t'avait donné les clés et t'étais planté sur le pas de la porte comme un abruti quand elle s'était ouverte. Porte que tu entendais s'ouvrir alors que tu avançais tranquillement dans ton ménage. Tu ne t'arrêtas pas pour autant, continuant de dépoussiérer, balayer, bouger pour tout ranger. Un coup d’œil en arrière tu vis le jeune homme dans la pièce – sursautant au passage, gardant précieusement la statuette que tu tenais contre ton torse pour éviter de la faire tomber alors que tes pommettes se teintaient de rouge. Tu clignas des paupières, penaud, gêné, l'air un peu perturbé, essayant un sourire.
T'étais pas suspect du tout, Kyu Min.

@Noh Kyu Min Le souffle au bord des lèvres, Hayden râlait pour la énième fois de la journée. Il n’avait personne sous le coude pour se plaindre de ses mésaventures et ça le dérangeait. Han devait être occupé car il n’avait pas eu de réponse à ses messages et la plupart de ses potes étaient en train de s’éclater sans lui… Hayden n’était pas dégourdi, il l’avait de nouveau découvert en étant refusé à l’entrée d’un événement sportif. Un rire amer lui échappa alors qu’il observait le billet sur lequel figurait la date de la veille… Comment avait-il pu se tromper de jour et ne pas l’avoir vu plus tôt ? Pourquoi lui avait-on fait confiance pour gérer une tâche aussi simple alors qu’il était connu pour ne rien savoir faire seul. Un nouveau filet d’air passa entre ses lèvres alors qu’il transforma son billet en boule pour le mettre au fond de sa poche : il ne voulait plus le voir et il ne voulait pas penser au bon moment que ses potes devaient passer sans lui. Il avait été impatient de voir ce match et au final, il allait devoir se contenter de le regarder sur écran au lieu de vivre l’expérience sur place… et en plus, il n’avait pas la possibilité de profiter de son mauvais billet puisqu’il avait manqué le match en question. Il n’avait même pas vu qu’il avait pris un billet pour voir d’autres équipes… Il avait acheté les places au réveil ou dans son sommeil ?

Ce fut en traînant les pieds dans le couloir de son étage qu’il se dirigea vers sa porte. Puisque ses potes étaient en train de regarder le match et qu’ils n’avaient pas cours, Hayden avait décidé de rentrer se poser (et déprimer) chez lui. Au moins, il pourrait ensuite se défouler sur sa console avec une partie en ligne. Son programme n’était pas très passionnant par rapport à ce qu’il avait prévu à la base mais au moins, il allait se changer les idées… Si console il avait toujours car une fois chez lui, Hayden eut la mauvaise surprise de se retrouver devant un “cambrioleur”…

Son sang ne fit qu’un tour, il sentit la chaleur quitter son visage alors qu’il réalisait avec effroi qu’il se trouvait devant un individu possiblement dangereux même si ce dernier n’avait ni l’air effrayant ni menaçant… Si Hayden avait été plus attentif, il aurait repéré le bout de tissu qu’il tenait dans sa main pour nettoyer mais, non, l’esprit fatigué et perturbé de Hayden avait monté un scénario très différent de la réalité : «What the fuck!» Il s’écria en faisant un pas en arrière et en observant autour de lui à la recherche d’une arme : il n’y avait rien à part son sac à dos qu’il récupéra et brandit en hauteur devant lui comme s’il s’agissait d’une arme redoutable : «Comment êtes-vous entré chez moi?» Il n’avait rien remarqué en arrivant mais il n’avait pas fait attention non plus, perdu dans ses pensées. «Je vais appeler la police » Ou devait-il d’abord l'assommer ? N’était-ce pas trop risqué ? Ne risquait-il pas d’avoir des ennuis même en cas de légitime défense ?
Au lieu de se montrer observateur, Hayden continua de se méprendre totalement, alors que tous les éléments étaient présents pour lui faire comprendre que c’était une méprise : «Dont bouge, je fais du karaté» Absolument pas.

@Im Hayden
Tu ne trouvais pas ça dégradant, de faire le ménage. Ce n'était pas quelque chose qui te dérangeait – tu le ne ferais sans doute pas sinon. Il était vrai que tu n'avais pas toujours envie, que parfois tu te sentais fatigué mais tu le faisais. Car c'était aussi une sorte de savoir vivre, non ? Puis si cela pouvait aider quelques personnes, en plus d'avoir un peu d'argent, autant lier les deux. Tu savais que certain.e.s n'avaient vraiment pas le temps, trop occupé.e.s par le travail ou d'autres activités plus importantes. Tu avais cette idée qu'il s'agissait souvent des plus riches qui ne le faisaient pas. Comme si le travail était ingrat, ou que leurs mains n'avaient pas le droit de toucher le produit. Peut-être une règle muette dont tu ignorais tout car tu ne faisais pas parti de cette catégorie de personnes. Tu n'allais pas te plaindre cependant car encore une fois, ça te faisait de l'argent. Tout le monde était gagnant, finalement. Une bonne façon de voir les choses, te disait-tu, tout en dépoussiérant tranquillement les objets et le meuble, prenant soin de ne rien casser. Ca devait avoir de la valeur et t'avais probablement pas assez de vies pour rembourser ne serait-ce qu'un objet de la pièce. Autant éviter la casse.

Le nez faiblement plissé, la frimousse s'étirant dans une grimace gênée, tu te courbas poliment face au jeune homme, un peu décontenancé par sa posture et sa réaction tout de même. « Que... », tu clignas des paupières, penaud, l'observant un instant sans rien dire avant que ton doigt ne montre la porte en silence. Oui, évidemment, t'étais pas passé par la fenêtre. « J'ai... les clés », expliquas-tu doucement, les pommettes rosies. « La police ? Pourquoi ? », les sourcils levés, tu mimas un air perdu. Pourquoi la police ? « Il s'est passé quelque chose ? », tu observas bêtement autour de toi avant de le regarder, de plus en plus perdu et gêné. Tu le fixas sans rien dire, gardant la statuette contre toi. « O-oh c'est... utile », commentas-tu doucement, embarrassé, ne sachant pas quoi dire. « Je fais du... ménage ? », tu agitas un peu ton torchon. T'étais un voleur sympa, tu nettoyais. « Oh oui je fais du ménage, pardon. Je suis pas... », tu baissas le regard vers la statuette, la posant rapidement comme si elle venait de te brûler. « Je vole pas. Je suis.. non. Je nettoie. C'est tout », tu montras encore une fois ton torchon comme s'il montrait toute ton innocence. « Vous... vous m'avez engagé. Pour... faire le ménage », articulas-tu lentement, ayant la totale impression de passer pour un abruti, les joues chauffant à nouveau. « Non ? », tu t'étais pas trompé quand même ? Non. T'auras pas réussi à entrer sinon.

@Noh Kyu Min L’adjectif observateur n’avait jamais été utilisé pour décrire Hayden et la situation dans laquelle il se trouvait n’allait pas changer la donne. Persuadé d’être face à un cambrioleur, il ne prit pas le recul nécessaire pour se rendre compte du ridicule de la situation. Quel cambrioleur prenait le temps de s’incliner pour saluer sa victime ? Hayden avait même répondu inconsciemment, avant de reprendre une position d’attaque. Plus ou moins, il donnait surtout l’impression de ne pas tenir sur ses jambes. « Les clés ? » Comment avait-il pu récupérer des clés ? L’inconnu lui avait répondu avec « désinvolture » comme si c’était évident et facile d’avoir l’accès à n’importe quel appartement. Hayden continuait de se méprendre, l’homme essayant juste de comprendre pourquoi on le menaçait : « Oui la police. Pour vous arrêter of course ! » A quel moment fallait-il expliquer à un voleur que ce n’était pas légal et qu’il risquait de se faire arrêter s’il était pris la main dans le sac ? Hayden commençait à se dire qu’il avait affaire à un débutant mais ça ne le rassurait pas pour autant. Il n’arrivait pas à lire dans son regard, à tout moment la situation pouvait dégénérer parce qu’il était imprévisible. Il semblait trop inoffensif… c’était déstabilisant pour l’Américain. « Ben oui » Il reprit une posture plus droite tout en baissant son sac. Il n’avait jamais été confronté à de telles circonstances mais il avait déjà vu des films et ça ne se passait pas aussi calmement…

« Pourquoi tu fais du ménage ? » La tête légèrement penchée sur le côté, Hayden commença à observer un peu plus attentivement l’individu qui s’était introduit chez lui. Ça n’avait pas de sens, pourquoi est-ce qu’il prenait le temps de nettoyer ? « C’est risqué, ça prend plus de time, no ? » Hayden n’avait pas prévu de s’interroger sur le processus de son cambrioleur mais ce dernier avait l’air aussi paumé que Hayden. « Tu ranges avant de voler ? » Son sac fut déposé sur le sol et il opta pour une posture de combat approximative. Il avait annoncé faire du karaté mais ce n’était pas le cas, il essayait simplement d’avoir l’air menaçant mais lui-même se trouvait ridicule. « Uh ? » Hayden abandonna son approche de défense pour regarder bêtement l’individu : « You don’t look like…. » Like what ? « Comme ma femme de ménage » Il n’y avait qu’elle qui venait faire son ménage alors pourquoi avait-elle autant changé ? Ça n’avait pas de sens : « Are you… » Il se rattrapa, luttant pour s’exprimer en coréen alors que l’anglais voulait naturellement sortir avec la pression : « Vous n’allez pas me tromper aussi facilement, j’ai pas embauché vous ! » Hayden n’en démordait pas, pour lui le jeune homme mentait pour s’en sortir même s’il était davantage équipé pour faire du ménage que pour voler…

@Im Hayden
T'allais pas mentir, si tu avais accepté ce travail, la rémunération en était principalement la raison. Car c'était la première fois qu'on te payait aussi bien pour nettoyer. D'habitude, les salaires n'étaient pas vraiment élevés, on ne gagnait pas beaucoup dans le ménage qu'on t'avait déjà dit, et il était vrai. Tu ne pouvais pas nier, nettoyer n'apportait rien. Mais ça apportait tout de même quelque chose alors tu ne disais pas non. T'en avais besoin, tu pouvais pas te permettre de refuser, pas vrai ? Alors ce boulot avait été une chance. Mieux que ça encore, un miracle sans doute ? Tu avais directement dit oui, ne cherchant même pas à savoir si ça prendrait la journée entière ou juste quelques heures. Ca te dérangeait pas de faire la poussière ou passer le balai. Ca te dérangeait pas non plus de passer la serpillière. Après tout, tu devras le faire chez toi aussi... le jour où tu auras un chez toi. Et l'appartement dans lequel tu étais te donnait envie d'avoir le même – le rêve n'était pas interdit et tu t'amusais à rêver. A t'imaginer dans un appartement similaire, plus tard. Dans lequel tu pourras inviter Seunghwan et tous tes ami.e.s. Tu voudrais pouvoir organiser de grands repas pour que tout le monde puisse venir. Ca te manquait cruellement, la chaleur d'un foyer de ce genre. En attendant, tu devais nettoyer... et éviter la police. « M'arrêter ?? », tu secouas le visage, affolé. « Je ne viens pas vous voler, je vous le promets », mais qu'était une promesse, finalement ? Il n'allait pas te croire sur paroles parce que t'avais une bonne bouille. Tu voulais pas passer par la case prison, tu le supporterais – et ça ferait tâche sur ton cv. Tu le fixas dans un air inquiet, les bras ramenés contre ton torse, le torchon entre tes mains.

« Parce que... je suis là pour ça ? », tentas-tu innocemment, levant bêtement le torchon. C'était une blague ? On t'avait fait venir pour te faire arrêter ? Tu comprenais plus rien. « Non, enfin... ça me dérange pas de nettoyer... », t'étais payé pour ça. Mais c'était pas vraiment la question. Tu clignas des paupières, penaud, totalement à côté de la plaque. « Quoi ? Non. Je ne vole pas. Je fais le ménage », et tu montras ton torchon une nouvelle fois, paniqué. « Je vole rien. Rien du tout. Et à personne », précisas-tu, le regard brillant, te retrouvant faussement accusé mais te sentant bien incapable de t'en sortir. A ses paroles, tu basculas le visage sur le côté. « Je parle pas très bien anglais... enfin je suis en cours de progression, plutôt », c'était mieux dit comme ça. Ca donnait moins l'impression que t'étais nul – mais vraiment, tu t'améliorais. Petit à petit. « Je suis un homme... de ménage », tu te pinças les lèvres, les pommettes rosies. Les sourcils haussés, surpris, tu semblais bien pâle d'un coup, levant encore ce pauvre torchon. « On m'a pourtant dit de venir ici aujourd'hui. Pour nettoyer. Pas voler. Nettoyer... Clean ? Cleaning ? », t'avais dit que tu t'améliorais, pas que t'avais le niveau d'un chef non plus... « J'avais la clé et... Vous êtes bien Im Hayden pas vrai ? », lui demandas-tu, fouillant rapidement dans tes poches, de plus en plus affolé. « Promis je ne vole pas. Je... fly not », t'étais encore plus nul sous la panique. Tu lui tendis ton téléphone, où figurait l'adresse, l'heure à laquelle tu devais arriver ainsi que la somme qui te sera donnée. « Je viens juste nettoyer », dis-tu, le regard de plus en plus humide, l'air de plus en plus inquiet. « J'ai rien dans mes poches », et tu sortis le tissu des poches pour le prouver, lui lançant un regard désespéré. « Je peux m'en aller si... si vous voulez pas que je reste ? », proposas-tu.

@Noh Kyu Min En aucun cas, Hayden n’aurait imaginé se retrouver dans une situation pareille. Comment aurait-il pu imaginer qu’il allait se retrouver face à un cambrioleur ? Il ne pensait pas cela possible, sa résidence était safe et il n’était pas possible d’entrer aussi facilement chez lui… S’il avait pris ne serait-ce que quelques secondes pour réfléchir, il aurait certainement compris que quelque chose clochait dans le scénario qu’il avait monté de toute pièce. Il aurait pu comprendre que le jeune homme en face de lui n’essayait pas d’effacer ses empreintes mais qu’il faisait la poussière. Il n’était pas là pour lui voler ses affaires mais pour ranger son appartement puisqu’il était payé pour cela. Au lieu de le menacer d’appeler la police, Hayden aurait ainsi pu le saluer normalement au lieu de l’effrayer aussi. Aucun des deux ne semblaient comprendre ce qu’il se passait, Hayden le premier qui continuait de menacer l’individu. « C’est dans votre mode opératoire ? » La tête légèrement sur le côté, Hayden se demandait à quel genre de voleur il avait affaire… Celui-ci ne semblait pas exercer depuis longtemps puisqu’il avait des habitudes étranges. Faire le ménage ? Ça ne rimait à rien, ça n’avait aucun sens ! « I don’t get it » Murmura l’Américain, la panique retombant pendant quelques instants. Le jeune homme continuait de dire qu’il était là pour faire le ménage et il avait -à priori – tout l’attirail pour. Peut-être qu’il disait vraiment la vérité mais Hayden n’avait pas tous les éléments alors, il se méfiait toujours. Il observa le jeune homme de haut en bas, à la recherche d’un signe pouvant lui révéler la vérité mais c’était impossible : il ne savait pas ce qu’il devait observer. « Tu viens pour prendre des cours d’anglais ? » C’était comme si Hayden ne faisait aucun effort même si sa posture de combat (?) n’était plus aussi affirmée, commençant doucement à comprendre qu’il n’était pas en danger. Même si l’inconnu était venu le cambrioler, Hayden devait avouer qu’il ne faisait pas peur et il se sentait davantage confiant.

Gardant ses distances, Hayden essaya de comprendre au lieu de continuer de le menacer. Tout semblait devenir plus clair mais, l’ingénieur ne comprenait toujours pas pourquoi un homme était venu faire le ménage chez lui. Habituellement, c’était une dame qu’il connaissait qui venait et pas un jeune de son âge.  « Ça se dit, homme de ménage ? » Ce n’était pas le cœur du sujet. « I mean… Pourquoi toi ? Pourquoi pas Madame Lee ? Et je comprends le coréen oh ! » Il souffla légèrement, ayant l’impression qu’on le prenait pour un idiot alors qu’il se comportait comme tel. C’était lui qui n’arrivait pas à aligner plusieurs mots en coréen sous la panique. Et même sans panique, il avait toujours la mauvaise habitude de glisser des mots en anglais dans ses phrases, épuisant la plupart de ses interlocuteurs. « Oui oui, je suis Im Hayden » Au moins, pas d’erreur sur l’appartement : « Ah vous avez eu le code d’entrée ?? » Tout s’expliquait, doucement mais surement. « Encore heureux mec, si tu te mets à fly, j’aurais de vraies raisons de paniquer » Et d’être jaloux surtout, il ria doucement avant de se reprendre : « Um… sorry » De nouveau dans une posture normale, Hayden se sentit bien bête. Il avait peut-être un poil exagéré dans son approche. S’il avait été plus calme, la situation n’aurait pas été aussi bizarre et inconfortable. « J’ai pas reconnu ton visage. Enfin… je pensais voir une dame, pas toi so… » Il essayait de se trouver des excuses, n’ayant pas pris le temps de réfléchir avant d’agir. « Tu peux rester et continuer… je… c’est ok » Il ne savait pas trop quoi dire, restant debout à observer l’homme de ménage sans bouger. « J’ai mal compris, désolé » Il ajouta une nouvelle fois, réellement mal à l’aise mais déjà impatient de raconter ça -à sa sauce- à ses amis.
Et peut-être devrait-il aussi glisser un pourboire au jeune homme.

@Im Hayden
« Qu'est-ce qui est dans mon mode opératoire ? », faire le ménage ? Ce serait... étrange. Cela dit t'étais sûr qu'en cherchant tu pourrais trouver un voleur qui en faisait de même. Ou peut-être pas. Un voleur qui rangeait avant de voler ? Qui nettoyait ? Tu ne voyais ça que dans les films, et encore. Ca sortait clairement de l'ordinaire, et il était vrai que tu n'étais pas comme tout le monde. Mais tu n'étais en aucun cas de ce genre-là. T'oserais pas voleur. Bien sûr, lui ne le savait pas. Il ne te connaissait pas et c'était tout à son honneur de douter mais cela devait bien se voir, non, que t'avais pas la tête d'un voleur ? Si c'était le cas tu songeras à corriger ton froncement de sourcils confus et ton air perdu qui indiquaient tout sauf que tu venais voler. « I don't get it pas non plus », ça voulait rien dire mais t'en savais rien et tu cherchais pas à savoir. T'avais peur de finir en prison – t'étais trop jeune. Tu ne pouvais pas te payer un avocat et probablement que celui qu'on te donnerait te ferait enfermé. Tu supporterais pas la prison. T'y survivrais pas. « Quoi ? Non. Je viens pour le ménage », mais tu commençais sérieusement à douter de la raison de ta présence ici. Etait-ce une blague ? On t'avait pas prévenu. T'avais signé pour faire le ménage, pas te faire accuser de vol !

« Je ne sais pas trop mais je le dis », murmuras-tu doucement, les pommettes colorées. Tu ne savais pas comment définir la chose sinon. Et puis ça expliquait bien ce que tu faisais : le ménage. Tu pouvais pas mieux expliquer ou dire les choses. « Parce que j'ai répondu à l'annonce ? Elle est peut-être absente ? Je sais pas, j'ai juste besoin d'argent donc je viens.. faire le ménage », tu savais plus combien de fois tu l'avais dit. Tu mimas un petit air coupable et de plus en plus gêné. Heureusement qu'il comprenait parce que t'étais vraiment nul en anglais. Tu supposais qu'il l'avait remarqué. « Je suis Noh Kyu Min », comme si ça allait aider. « Je suis venu faire le ménage », répétas-tu. Encore. Tu étais un disque rayé. « Oui on me l'a donné. Pour que je puisse... », tu agitas vaguement la main, désignant la pièce. Tu parlais de faire le ménage mais tu l'avais tant dit que ta bouche ne semblait plus vouloir former les syllabes. Tu l'observas un instant, clignant des paupières dans un air penaud. « Je suppose », parce que si tu te mettais à voler ce serait inquiétant. Mais t'étais pas voleur. Toujours pas. Tu ne comprenais pas pourquoi il riait mais tu optas pour rire aussi, discrètement, et un peu inquiet. Tu secouas un peu la tête, les lèvres pincées. En même temps, vous ne vous étiez jamais rencontrés, sinon tout ceci n'aurait pas eu lieu. « Je peux ? », que tu demandas encore. « Si ça vous gêne je peux m'en aller je veux pas... vous perturber », que tu articulas doucement. Tu hochas une nouvelle fois la tête. « Ce n'est pas grave, ça arrive », enfin pas souvent mais ça arrivait tu supposais. « Je vais... continuer », dis-tu lentement mais tu bougeais pas, les pupilles vers lui. Comme si t'avais peur qu'il te saute soudainement dessus et qu'il appelle la police. « Je vais continuer », tu faisais que tout répéter aujourd'hui. Tu te raclas un peu la gorge, intimidé, recommençant à ranger et nettoyer, les prunelles se tournant vers lui de temps en temps. Tu sursautas quelque peu quand un meuble rencontra ta hanche – et tu paniquas, jusqu'à en pâlir, quand une statuette ne semblait pas vouloir rester dans tes mains. « Tout va bien », assuras-tu, les mains levées, innocent. « Vous n'étiez pas au courant ? Que je devais venir aujourd'hui ? Ce n'était pas vous, l'annonce », que tu l'interrogeas encore, tentant de comprendre comment tout ceci avait pu arriver. « J'ai bien cru finir en prison... », soufflas-tu, la paume sur le cœur, encore retourné.

@Noh Kyu Min « Le… le ménage ? » Hayden s’était déjà imaginé dans une telle situation mais jamais il n’aurait envisagé être aussi déstabilisé face à l’attitude d’un voleur. Ses réactions n’avaient aucun sens mais sous l’adrénaline, Hayden ne prit pas la peine de réfléchir. Il se méfiait et il était hors de question qu’il se fasse avoir comme un bleu alors, il tenait tête. Ou plutôt, il empirait la situation et inquiétait le pauvre homme qui n’avait rien fait de mal. S’il avait pris le temps d’observer l’individu, Hayden aurait pu comprendre la raison de sa présence. Il savait qu’on venait régulièrement nettoyer chez lui alors ce n’était pas étonnant que quelqu’un soit présent mais habitué à croiser la même personne, Hayden ne fit pas le lien. « C’est quoi cette excuse de ménage ? » Hayden ne savait plus quoi penser, comprenant que quelque chose clochait…


Finalement, comme par miracle, tout sembla plus clair et il lui fut impossible d’accuser davantage le pauvre inconnu lui faisant face. Hayden quitta enfin sa position d'attaque même s’il était toujours confus face à cette situation. « Tu viens faire le ménage » Répéta bêtement Hayden, il avait compris. Il était temps… il avait fallu du temps pour que Hayden comprenne. Un génie. « Ok… Madame Lee doit être au courant mais j’ai pas eu l’info… je crois » Il n’allait pas accuser à tort sans prendre le temps de s’en assurer car tête en l’air qu’il était, il pouvait avoir manqué l’info… ou avoir oublié. « Vraiment, sorry dude » Il était gêné du comportement qu’il lui avait offert mais il s’en amusait aussi. « Je vais raconter ça à mes potes » Il ajouta, le rire accompagnant ses paroles. « Je serais généreux sur le pourboire pour m’excuser » C’était la moindre des choses pour s’excuser du traumatisme qu’il avait potentiellement causé. « Oh no no, c’est okay. Je vais m’occuper » Il avait déjà été à l’appartement en présence de Madame Lee alors ça n’était pas dérangeant. Même s’il n’osait pas se déplacer, la situation tellement rocambolesque qu’il ne savait plus se comporter normalement. Kyu Min semblait dans le même état, répétant qu’il allait reprendre mais continuant d’observer Hayden. Et même quand il arriva à se remettre au travail, il jeta plein de coups d’œil autour de lui, certainement perturbé par Hayden qui était toujours dans les parages. Pourquoi restait-il planté là ? Ce dernier sursauta quand Kyu Min manqua de faire tomber une babiole ; il lui offrit un sourire, peu inquiet pour sa décoration. « No worries » Facile à dire après tout cette histoire… « Non, je savais pas. Je pense que c’est la société ou Madame Lee pour être remplacée. I guess… » Il haussa les épaules, ne voyant pas d’autre raison. « J’suis vraiment désolé. J’ai été surpris alors mon instinct a… » Il fit un mouvement avec ses mains, ignorant comment décrire ce qu’il venait de se passer. « Pas besoin de passer par la case prison, I swear » Il s’esclaffa à cette pensée avant de lui proposer à boire et une petite pause par la même occasion, histoire de remettre de ses émotions. « J’ai du frais ou du chaud avec la machine à café. Des trucs à grignoter aussi » Il avait rempli les placards depuis qu’il était devenu papa et depuis qu’il était en couple.  « Promis c’est pas pour gagner du temps avant que la police arrive » Humour douteux mais Hayden s’amusait de cette folle histoire.

@Im Hayden
« Le ménage », tu secouas doucement la tête pour insister sur les mots et la vérité. T'étais là que pour ça et rien d'autre. Surtout qu'on ne t'aurait pas engagé pour voler quelqu'un. Ou quelque chose. T'aurais pas accepté. Ca ne se faisait pas et tu ne voulais pas avoir d'ennuis. Avec le propriétaire du lieu ou la police. « Ce n'est pas une excuse », marmonnas-tu, gêné et un peu boudeur. Ou alors t'avais pas du tout compris ta mission et c'était pas ça que tu devais faire... Pourtant non, t'étais sûr de toi : t'étais là pour le ménager. T'avais pas à douter ou à avoir peur tu n'avais rien à te reprocher. Pourtant... Pourtant t'avais peur. Peur d'avoir des soucis et de finir ta journée au poste. Comment pouvais-tu expliquer ? Est-ce que les messages échangés suffiraient à prouver ton innocence ? Probablement que non. C'était compliqué. « Je viens faire le ménage, oui », répétas-tu doucement, timidement, les pommettes rosies et l'air mal assuré alors que tu le regardais. « Elle le sait oui », tu hochas encore une fois la tête, les lèvres pincées, l'espoir brillant un peu dans les pupilles. Il comprenait bien que tu n'étais pas là pour le voler pas vrai ? Ca voulait dire que tu pouvais souffler, maintenant ? « Kyumin », t'étais pas Dude. Tu savais même pas qui c'était. Prénom peu commun cela dit, c'était facile à retenir. « Leur raconter ? Leur raconter quoi ? », demandas-tu, presque alarmé à nouveau. Certes, l'anecdote pouvait être drôle mais t'avais eu la peur de ta vie ! Enfin t'exagérais un peu mais c'était pas là. « D'accord... », tu restais tout de même perturbé. D'habitude on te regardait pas faire le ménage. Et tu regardais pas les gens en le faisant non plus. Mais tu voulais prouver la bonne personne que tu étais, t'assurant qu'il n'en doute plus de son côté. Veillant à ce qu'il ne fasse rien contre toi dans son coin. Tu ne pouvais pas lui en vouloir d'être passé à côté de l'information cela dit. Ca arrivait. Tu manquas de faire tomber une petite statuette, les émotions vibrant encore jusqu'au bout de tes doigts. « C'est juste un remplacement oui. Je ne serai pas là la prochaine fois. Sauf si je dois remplacer. Peut-être. Enfin je suppose », tu hochas encore une fois la tête, peu sûr de toi. Peut-être qu'il ne voudra plus que tu reviennes, aussi. « C'est pas grave. Ca arrive. Enfin... c'est normal », tu pouvais pas dire que ça t'arrivait aussi, t'avais pas d'appartement. Un souffle soulagé aux lèvres, tu sentis tes muscles se détendre, la paume sur le cœur alors que tu lui offrais un sourire embarrassé. « Je veux bien un petit café ? », osas-tu avec timidité. Histoire de te donner la force. « Hein ? La police arrive ? Pourquoi ? », les bras croisés tu le regardais dans un air interloqué. « Je viens pas... », tu désignas les objets d'un index tremblant. « Juste nettoyer », marmonnas-tu, implorant et peut-être un peu pâle avant que tu ne le contemples sans bouger de longues secondes. « C'était une blague ? », t'étais plus sûr de rien maintenant. « J'avais pas... okay », tu soufflas avant d'inspirer. « Désolé j'y étais pas vraiment », et tu sentais la chaleur grimper sur tes joues. « Je ne pensais pas que venir faire le ménage serait aussi risqué », admis-tu dans un rire léger. « Mais ça paye bien par rapport à d'autres alors... », les joues un peu gonflées, honteux, tu baissas la tête, les doigts se tortillant entre eux. « Madame Lee m'a expliqué que ce serait facile. Je pensais que le propriétaire était au courant », tu pensais que c'était le propriétaire qui avait accepté que tu viennes. Apparemment non. « Noh Kyumin, enchanté », tu te courbas poliment.