C'était une habitude, de venir là, de s'installer ici, de rester dans le coin. C'était une habitude, comme un secret entre la lune et toi, de se retrouver ici à chaque fois. C'était une habitude, de te retrouver à ses côtés durant quelques heures, de partager, d'échanger ou de simplement rester immobiles, imperturbables dans le silence des alentours. De petites discussions vous étiez arrivés à de plus grandes conversations, quelques pointes de mutisme apaisant les décorant. C'était une habitude apaisante, de te retrouver à ses côtés et de juste attendre. Attendre que le temps passe, que la lune tourne, que le monde change. Mais changera-t-il ? Tu étais sûre que non. Le monde était perfide, et il le restera. Les hommes avaient fait de cette terre un enfer. Le regard levé vers la lune tu avançais, comme perdu dans des songes lointain. Le chemin, tu le connaissais, tu ne le regardais même plus. Seule la lune, haute et brillante, semblait t'intéresser. Puis, enfin, tu baissas les yeux, clignant des paupières comme surprise par la pénombre, tu t'y enfonças jusqu'à arriver à ce banc sous ce lampadaire. Le coin des lèvres faiblement levé, tu fis un signe de la main pour le saluer. « Est-ce que je suis en retard ou tu es en avance ? », demandas-tu doucement. C'était une habitude, de le voir là. Et c'était étrange quand il ne l'était pas. Comme s'il manquait quelque chose au tableau pour qu'il soit parfait. « Tu vas bien ? », l'interrogeas-tu encore. « J'ai apporté ça », tu fouillas dans ton sac, sortant des gâteaux. « Je les ai faits cet après-midi, je ne garantis pas le goût par contre... », murmuras-tu lentement dans un air incertain, redressant le regard vers lui, lui offrant les gâteaux, une esquisse fine sur la bouche. « Il fait bon ce soir, on a de la chance. Hier soir il faisait un peu plus frais », mais tu serais venue par tout temps. « Ta journée s'est bien passée ? »

L'artiste qui sommeillait en toi en avait probablement besoin. Au mieux on pouvait voir cela comme de la méditation, un moment de plénitude où le calme enroulais vos corps pour vous laisser dans un état de réception, de création. La première fois, tu étais rentré rapidement, inspiré comme jamais, comprenant alors le silence qui vous avez entouré. Et puis l'inspiration s'était essoufflée restant simplement une ombre qui guidait ta main lorsque la page blanche pointait le. bout de son nez. Une bouffée d'air que tu prenais, les poumons s'imprégnant et gonflant d'un air si différent de celui d'en bas. Un souffle délicat qui laissait passer l'air filtré pour le relâcher, bientôt interrompu par ses paroles, la main qui venait tout de même répondre dans un signe vague. " Aucun des deux puisqu'il n'y a pas d'heure pour la réunion. " C'était là tout l'intérêt, laisser le stress des jours partir, venir nourrir le sol au lieu de vous clouer sur place. Le sourire doucement poussé pour laisser le coin de tes lèvres se relever, elle était celle qui complétait le tableau. Elle était la source qui semblait te donner un élan particulier. Telle une muse dont tu n'avouais pas les pouvoir tu la regardais. " Bien et toi? " Jamais trop longues, les phrases comme ta voix restaient basses dans une atmosphère particulière. L'expression surprise les yeux pétillant d'une curiosité touchée, tu regardais les gâteaux qui sortaient de son sac, presque ému qu'elle ait pensé à toi, à ton estomac. " Je suis sûr qu'ils sont très bons, c'est déjà très gentil d'en avoir ramené. "La main se tendait vers les offrandes avant que tu ne la recules semblant te souvenir de ce détail. "J'ai pris des boissons. " Du moins tu en avais acheté, partager ou ne pas partager voilà une idée toujours difficile. La bouteille à l'alpe Vera sortie tu lui tendis doucement. Un pas qu'elle ne comprenait peut pas mais qui signifiait beaucoup. C'est dans un échange que tu prenais alors un gâteau t'empressant de le goûter. " Hier j'ai eu du travail, les jours vont être plus froids il va falloir faire attention. " Le regard rivé sur la lune, il n'était pourtant pas question d'arrêter. "Ca été... j'ai beaucoup travaillé mais.. je n'arrive pas à finir.. c'est comme s'il manquait quelque chose. " Le regard se posant de nouveau sur elle c'est un petit temps que tu prenais pour comprendre, l'inspiration semblant revenir, progressivement. " Et toi? Ca a dû être long de faire les gâteaux.. ils sont très bons d'ailleurs. " Pouce en l'air comme témoin tu reprenais une bouchée les pieds se balançant doucement. " Tu as dessiné? " Un fil qui vous liait, un sujet que vous partagiez, un plaisir que tu gardais égoïstement.


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Te trouvait-il ennuyante, Hailian ? Agaçante, hideuse, sans intérêt ? Pensait-il ce que les autres avaient pensé ou n'avait-il aucune opinion sur toi ? Quelques fois, tu voudrais demander. Pouvoir être rassurée le temps de quelques heures pour avoir à nouveau peur ensuite et te laisser bercer par tes démons. Mais tu ne demandais jamais, préférant t'envelopper dans l'ignorance. A l'époque, tu aurais préféré tout ignorer aussi. Tu aurais voulu avoir la force de fermer les yeux et de ne rien entendre. Tu aurais voulu avoir l'intelligence de ne pas comprendre, de ne pas chercher, de ne pas faire attention. Mais tu n'avais fait rien de tout ça. Tu avais trop compris, trop écouté, et ça t'avait bouffé. Ca te bouffait toujours, au fond. Un fin sourire aux lèvres, tu bougeas le visage, de simples paroles contre les lèvres. « Tu as raison », pas d'heure, pas de promesses. Et pourtant c'était vide quand il n'était pas là. C'était étrange de ne pas le voir à tes côtés. Tu t'étais sans doute habituée trop vite à sa présence, et tu ne saurais dire si c'était une bonne ou une mauvaise chose. « Ca va », répondis-tu dans un léger mouvement d'épaules. Tu ne mentais et en même temps tu ne disais pas toute la vérité. Cependant en cet instant tu te sentais un peu plus apaisée. « C'est normal, me remercie pas », le coin des lèvres levé, ton regard pétilla doucement, tes joues chauffant discrètement. Un petit « Oh » étonné aux lèvres, tu émis un faible son amusé. « Tu n'étais pas obligé non plus », le sourire toujours présent, tu attrapas la bouteille en le remerciant, acceptant le présent tout en offrant en retour. Cet échange était-il une promesse ou réfléchissais-tu un peu trop ? « Ah oui ? Il faudra bien se couvrir alors », car tu viendrais tout de même. Peu importait le temps, tu serais là. Tu pouvais pas faire autrement. « Tu as travaillé sur quoi ? », demandas-tu, curieuse. Tu penchas un peu le visage ensuite. « Tu vas trouver ce qu'il manquait. Parfois c'est pas grand chose, ou alors ça revient plus tard », quelques jours de repos pour revenir dessus et ce qui manquait était trouvé et appliqué. « Une journée de cours, les devoirs, et les gâteaux. Et non ça allait. Ca paraît long mais ce n'est pas long », tu ris quelque peu, rougissant sous les compliments, le remerciant d'un sourire. « J'ai imaginé un tout nouveau paysage hier soir », tu restas immobile quelques secondes avant de fouiller dans ton sac, sortant ton carnet, tournant les pages pour arriver au dessin voulu. Tu lui montras timidement. « J'ai pas réussi à terminer cette moitié. Je sais pas trop pourquoi. Enfin... disons plutôt que je savais pas quoi mettre », un dragon ? Des arbres ? Un décor encore plus sombre ? Ou au contraire, quelque chose de plus joyeux ? T'avais pas trouvé – et ça se voyait, vu les quelques traits effacés qui semblaient encore être visibles. « Je pourrais peut-être mettre un lac. Pour y dessiner le reflet de la lune », et ton doigt traçait les ombres du reflet, schématisant brièvement l'idée qui venait. « T'en penses quoi ? Ce serait joli ? », l'interrogeas-tu, les pupilles se levant vers lui, l'observant en silence ensuite, le coin des lèvres se haussant faiblement.

Le passé dont personne ne parlait devenait un fardeau. Lourd parfois de conséquence il pouvait virer au cauchemar si découvert, si bien qu'on espérait que le monde le sache vite, afin d'oublier la peur de le voir découvert. Comme un enfant faisant une bêtise, avec une conscience trop grande, qui n'osait pas l'avouer, mais dont la culpabilité le rongeait petit à petit. C'était dur d'oublier le passé, les autres, ses erreurs. Les tiennes étaient ancrées en toi comme une leçon, qui pourtant n'avait pas changé ce désir hardent de conserver. Un fort sentiment de possession que tu tentais d'apaiser mais qui ne faisait que s'enflammer à chaque attachement. Aeri c'était sa présence. Ce banc ne pouvait pas accueillir quelqu'un d'autre. Ton remplacement sonnerait alors ton glas. Mais ce soir tout allait bien, sa présence réconfortante changeant l'atmosphère pour la rendre agréable. Même si tout était à demi-mot, jamais trop honnête, mais sans jamais mentir. On osait peu mais on profitait, tissant des liens qui dépassaient ce que vous imaginiez en partageant ce banc la toute première fois. " Ca me fait plaisir. " Un échange de bon procédé, sourire à la clé et partage d'un soir. La lune couvrait parfaitement les rougeurs installées sur tes joues, tandis que ton regard la quittait pour viser le sol, on ne peut plus gêné. Malgré le froid, elle voulait venir, préparant plutôt une solution qu'une hésitation. " Je ramènerai un plaid. " Bravant l'intempérie juste pour profiter un peu plus. " Je suis sur une illustration d'un jeu de carte. Je fais les plus grosses illu. " Un travail en soi, avec une passion commune qui vous reliait. Elle te comprenait, le désir de bien faire malgré la page blanche, le doute, le crayon dans les mains. Elle s'intéressait aussi. Rendant ta vie un peu plus palpitante, tout ça en nourrissant une créativité et une inspiration que tu n'arrivais pas à comprendre. "C'est que c'est une bonne journée alors.. Oh quel paysage ? " Curiosité piquée à vive tu cherchais à imaginer avec elle. La main attrapant doucement le carnet précieux tu observais le paysage avec une sorte de fantaisie, une envie de le voir fini, accroché en grand pour pouvoir t'y plonger. "Il est déjà très bien.. peut être que prendre du recul t'aiderait à trouver la suite.. ou tu mets une lune. " Le rire doux, c'est ton regard qui lui montrait le modèle, là juste devant vous. Avant qu'elle ne vienne exposée son idée, vous rapprochant physiquement sans même le voir, l'épaule frôlant la sienne. Chaque mouvement de ses doigts faisait naitre un paysage dans ta tête, imaginant clairement ce qu'il serait. C'est pour confirmer que tu levas le nez l'observant un instant." Se serait une très bonne idée. " Sourire doux elle avait trouvé, comment finir cette pièce, comment combler un trou, un manque. Rajouter du meilleur, sans trop en faire, sublimer ce que vous voyez déjà. "Tu vas le faire en grand? En couleur? " Il mériterait d'être vu, apprécié. Apaisant comme elle l'était, il trouvait sa place dans l'art avec une telle facilité que ça en était déconcertant. " J'ai hâte de voir d'autres dessins. "


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« C'est gentil », susurras-tu lentement, la frimousse contentée et les pommettes rosies, le regard s'illuminant doucement. « J'aurais dû y penser pour ce soir », songeas-tu, te mordant la lèvre dans un air embêté. Ca aurait été agréable, non ? De pouvoir observer la lune enroulés dans un plaid chaud et douillet. Ca aurait été un bon moment. Peut-être trop beau, trop bon. Mais t'en aurais savouré chaque seconde. Tout comme tu allais en savourer chaque seconde, même son plaid. Pour la prochaine fois, songeas-tu. Parce qu'il y aura une prochaine fois n'est-ce pas ? Tu espérais. C'était votre habitude, maintenant. Ton habitude. Cela faisait parti de ton planning, de venir ici. Et c'était étrange quand tu ne pouvais. C'était étrange quand il ne venait pas. « D'un jeu de cartes ? », tu clignas des paupières, le visage faiblement penché. « Jeu de cartes traditionnel ou... quelque chose de plus coloré ? », demandas-tu, intriguée et intéressée mais aussi curieuse. Tu tentais de comprendre. « Hmm on peut dire ça », murmuras-tu lentement dans un signe d'approbation du visage, le sourire discret. « Un paysage plutôt banal », tu ne lui trouvais rien de bien particulier. Et pour appuyer tes mots, tu lui montras le dit paysage mais aussi ta panne d'inspiration dans un coin qui était resté tristement blanc. « Tu trouves ? Je le trouve un peu... plat ? », tu plissas un peu le nez, honteuse mais aussi embêtée. « Tu fais comment pour trouver ce qui manquait sur tes travaux ? En prenant du recul », demandas-tu bêtement. Tu ne savais pas vraiment comment faire. En général tu oubliais le dessin durant quelques jours avant de te plonger dessus à nouveau. Mais ça ne marchait pas tout le temps. « La lune... », chuchotas-tu, songeuse mais aussi rêveuse. La lune était une valeur sûre d'après toi. Si belle, si ronde, si merveilleuse. Les pupilles se levant alors vers la lune que tu observas un instant, un sourire naissant sur ta bouche. L'idée n'était pas mauvaise, elle était même très bonne. « Ce sera une grande lune alors », plaisantas-tu dans un son amusé, léger, les prunelles retombant sur ton dessin. « C'est vrai ? Tu trouves ? », tu levas un peu les sourcils, surprise mais aussi satisfaite, le sourire grandissant quelque peu. « Le lac ? Ou le paysage complet ? Pour le moment je compte le laisser comme ça. Enfin de cette taille, et sans doute ajouter de la couleur. D'habitude j'en mets pas beaucoup mais je pense que ça rendrait bien avec le lac », surtout pour le jeu des ombres, pour le reflet. Ca pouvait être intéressant et presque féerique, non ? Le sourire timide, les pommettes se chauffant doucement, tu le remercias d'un signe de tête léger. « Ils sont pas vraiment exceptionnels.. mais ça me fait plaisir que t'aies envie de les voir. J'en ai d'autres si tu veux », tu désignas le carnet d'un signe du visage, intimidée tout de même de passer sous son regard connaisseur. Avec délicatesse, tu vins tourner quelques pages, lui montrant un autre paysage. Un peu plus fantastique celui-ci, un dragon s'étant posé dans un coin entre quelques arbres. La lune était encore une fois présente. « Et après ce sont quelques portraits », expliquas-tu, gênée, les joues rougies car il s'agissait de Boyeon que tu avais mise dans des situations héroïques. Elle était ton inspiration du moment pour ce genre de schémas.

Personne n'était à blâmer. Le temps différait et les ressentis n'étaient pas ce qui étaient le plus facile. Ce soir encore le temps vous le prouvait, rappelant à vos petites têtes qu'un plaid ne serait pas de trop. "La prochaine fois on sera préparés.  " Et toutes les autres fois. La preuve de l'évolution de cette relation aussi étrange que douce. Elle était apparu sous la lune pendant que tu te perdais, semblant croire à un moment de solitude. Elle était arrivée et tous ces moments étaient arrivés. Joyeux, silencieux ou juste doux, ils étaient devenu votre rituel. "Ah .. pardon un jeu de cartes mais sur ordinateur.  " Et pour lui décrire tu préférais lui montrer un similaire. Le projet n'étant pas fini tu ne pouvais lui montrer le vrai mais ses concurrents suffisaient à comprendre le concept. Puis se fut à ton tour d'observer son travail, cherchant alors ce qui lui manquait. Parfois il s'agissait d'un détail, quelque chose de simple ou bien de complexe, comme un sentiment. "Hm ça dépend. Sortir pour regarder ce que tu dessines en vrai. Regarder des films ou lire. Parfois dormir aide. Ou alors ... Il faut ressentir un peu plus. Dans ces cas là les gens qu'on aime sont les meilleurs alliés.  "Retrouver le sentiment qu'on voulait donner. C'était une quête bien difficile mais toujours remplie de leçons. Parfois même d'inspiration. "Va pour une grande lune alors.  "La tête dandinant dans une réponse silencieuse tu te rendais compte à quel point le reste comptait dans un dessin; Combien l'oeil de celui qui l'observait était important, à quel point les sentiments soulevés changeaient tout. " Bonne idée. Tu pourras en faire un autre plus grand encore quand celui ci sera fini. "Cela évitait de laisser des dizaines de dessins non finis comme tu en avais tant. " Ah ? Je peux ? "La main doucement levées dans une demande muette tu finis par observer chaque page, les lèvres étirées en remarquant son style, ce qui l'intéressait, l'esprit libre et créatif qu'elle avait. Venant aux portraits tu penchais un peu la tête remarquant les traits similaires. "Quelqu'un que tu connais ?  "Demandais tu en tapotant le dessin d'un des portraits. S'inspirer de ce qui nous entourait était toujours un bon moyen de progresser. Cependant tu peinais à comprendre pourquoi il ne semblait y avoir qu'une personne. " Ah ... je peux t'emprunter une page ?  " Fouillant dans le sac qui t'accompagnait tu en sortais une trousse fine mais remplie de matériel qui te suffisait. " Tu peux rester juste un instant ? "La main posée sur son épaule elle dirigea légèrement celle ci afin de tenir fortement le carnet qui n'était pas le tien. Cependant c'est avec quelques coups de crayon habiles que tu recouvrais une page. D'un blanc presque pur à un gris aux intensités différentes. Un moment de concentration où tes yeux ne faisaient qu'aller et venir, entre la page et son visage. Chaque détail passant sous ton oeil artistique, non sans atteindre l'innocence même de l'homme. Un peu de rouge aux joues tu lui rendis son carnet après de longues minutes, son portrait ainsi dépeint. "C'est intéressant de dessiner d'autres personnes aussi.  "Jaloux ? Ce n'était pas le sujet qui renvoyait à un professionnalisme déconcertant contrairement à tes joues rougies d'une gêne bien humaine.


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« La prochaine fois », que tu répétas doucement. Tu aimais cette idée de « prochaine fois ». Ce genre de promesses échangées que vous seuls sembliez pouvoir énoncer et tenir. Tu aimais ces instants partagés avec lui. Hochant le visage pour montrer que tu comprenais mieux, observant avec intérêt ce qu'il voulait bien te montrer et te partager avant de lui montrer le tien. « Ressentir un peu plus ? Comment ça ? », que tu lui demandas, curieuse et avec l'envie de bien faire. « Je m'inspire de manga parfois », admis-tu, un brin gênée, de peur que cela passe pour ridicule. « J'aime beaucoup la lune », articulas-tu dans un chuchotement, le regard grimpant timidement vers elle alors qu'un sourire venait soulever tes lèvres. Tu la trouvais réconfortante et reposante. « J'aimerais bien réaliser un grand dessin. J'aimerais pouvoir dessiner tout un paysage sur une grande toile, comme certains artistes », et laisser libre court à ton imagination, à ton envie de couleurs ou de créatures imaginaires. D'un signe de tête, tu lui signifias que oui, il pouvait. Tu lui jetais quelques regards, curieuse, avant de montrer tes portraits retravaillés de Boyeon. Tu te pinças un peu les lèvres, gênée. « Pas vraiment. Enfin... un peu », vous n'aviez discuté qu'une fois ou deux pour le moment. « Oui bien sûr », dis-tu sans hésiter, lui laissant liberté entre les doigts sur ton carnet. Tu clignas quelque peu des paupières, perplexe, mais restant tout de même immobile. Tu le regardais faire confuse, un peu gênée, te demandant bien pourquoi il semblait te dessiner. Les pupilles fixées sur lui, suivant chaque mouvement sans bouger, comme hypnotisée par les gestes. Puis tu baissas le regard vers ton carnet, les pommettes se colorant un peu plus alors que ton doigt effleurait à peine les traits de crayon. « C'est magnifique. Vraiment magnifique », tu parlais de son coup de crayon plus que tu ne parlais de ton visage sur la page. Il t'avait mise à ton avantage, rendant tes traits beaucoup plus jolis sur le papier qu'en réalité. « Je la dessine parce qu'elle ressemble à un personnage de manga. J'aime beaucoup la structure de son visage. Et son regard... j'ai l'impression qu'il peut exprimer des tas d'émotions », expliquas-tu doucement en désignant un portrait de Boyeon – qui n'était plus vraiment Boyeon mais plutôt une héroïne d'aventures, forte et intrépide. « J'aimerais un peu lui ressembler », car t'étais rien de tout ça : pas courageuse, pas forte... Tu tournas lentement les pages, le silence aux lèvres, avant d'attraper un crayon. Tu relevas les prunelles vers lui, l'observant un instant dans une demande muette. « Est-ce que je peux... », tu désignas la page blanche. « Je peux essayer de te dessiner ? », que tu lui demandas timidement. « Juste un portait. Je te transforme pas en personnage de manga, c'est promis », tu ris légèrement, un brin nerveuse tout de même. Il était parfait comme il était, pas besoin d'être transformé en quelqu'un d'autre. « Sauf si tu as envie »

Une promesse sous silence tu souriais simplement, gardant les yeux rivés vers ce qui se présentait devant vous. Rien ne semblait déranger ce rendez-vous presque quotidien. Il était agréable et devenait une vraie habitude, apaisant les coeurs après des journées éprouvantes. "Hm.. l’émotion que tu ressens sur le moment ou bien que tu as ressenti avec la personne que tu dessines, ça va t’aider à créer quelque chose de vivant. C’est pour ça que ressentir est important. " La vie était un long fleuve loin d’être tranquille. Toutes les émotions ressenties, jusqu’aux plus sombres devenaient essentielles pour l’art. " C’est bien aussi, j’ai beaucoup fait ça avant. " Maintenant tu t’étais un peu éloigné mais personne ne pouvait la juger. " Alors il faut la représenter. " Peu importe la manière. Elle pouvait bien en faire un personnage, ce qui comptait c’était comment elle le sentait. Les émotions ou sentiments que cela lui provoquait. "Tu peux le faire. " Rien n’était impossible mais tout demandait du temps. Passer d’un format traditionnel à un immense demandait de s’entraîner, mais tout était possible, le sourire en garant. Les pages tournant alors pour découvrir des portraits consistants tu osais cette question, bien que tu connaissais la réponse. Étrangement ce ne fut pas ce que tu imaginais, un détail que tu laissais de côté pour l’instant. La passion reprenant le dessus c’est tes doigts qui bougeaient sans y réfléchir, des gestes que tu ne cessais de répéter et pourtant toujours différents. Une nouvelle personne qui accaparait tes pensées, des lignes légères pour finir sur des traits plus confiants. " Je n’ai pas fait grand chose, le sujet y est pour beaucoup. "Ajoutais tu, le sourire toujours présent, soudainement amusé de la voir aimer autant. Les gens avaient tendance à penser que le talent et le travail mis noir sur blanc rendait leur visage beau, alors qu’il l’était bien avant. Trouver ce qu’on aimait, ce qui nous attirait chez cette autre personne, c’était un pas vers son propre style. " Pourquoi ? Il y a tellement de choses intéressantes sur ton visage que j’ai du mal à comprendre pourquoi ? Ce n’est pas parce que quelqu’un a quelque chose d’intéressant à dessiner qu’il est au-dessus. Essaie de te dessiner tu verras. " Le regard sur elle, tu tentais de lui faire changer de vision, de devenir ce regard bienveillant. Un changement qui se ferait plus tard, pour le moment tu vivais ce que tu faisais vivre aux autres. Une légère appréhension dans l’estomac tu hochais tout de même la tête. La peur de voir à quoi tu ressemblais dans ses yeux, de voir que tu étais le seul à apprécier autant ces sorties particulières. " Tu peux faire les deux. J’aime bien transformer les gens en héros fantastiques alors.. ça changera. " Il serait faux de dire que tu n’avais jamais pris ton visage pour t’inspirer, mais la façon dont elle te voyait avait un impact si grand, qu’il te rendait fébrile. Pourtant tu restais là, sage et immobile, lui laissant le loisir de dessiner. Pendant ce temps tu l’observais simplement, le palpitant battant plus fort qu' accoutumé. " C’est intéressant ? De me dessiner ? " La voix plus basse tu te rapprochais légèrement, curieux de ce qu’elle pourrait penser.

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Tu ne saurais dire ce que tu ressentais en dessinant à chaque fois, mais tu feras attention la prochaine fois, tentant de calquer tes sentiments dans chaque trait de crayon. « Je suppose qu'on démarre tous un peu par là », plaisantas-tu dans une petite esquisse, bougeant vaguement les épaules. Tu hochas le visage à ses mots suivants, le sourire léger. Tu adorais dessiner la lune et tu pensais alors pouvoir la mettre partout. Parfois ça ne rendait pas bien avec le dessin alors tu essayais de la caler dans un coin, plus discrètement ou même sur un habit. Une sorte de motif qu'on ne remarquerait pas mais que toi, tu savais désigner sans hésiter. Ca te rassurait de la savoir quelque part, la lune. C'était étrange ? Peut-être. « J'espère », soufflas-tu simplement, espérant vraiment pouvoir y arriver un jour. En attendant tu devais attendre qu'il finisse de te dessiner et c'était plutôt gênant d'avoir son attention ainsi. A ses mots tu mimas un air gêné, les joues chauffant rapidement alors que tu détournais les pupilles. « C'est gentil », dis-tu simplement, embarrassée, émue aussi. Tu ne pouvais pas croire en de tels mots quand tu ne pouvais apercevoir la beauté sur ton visage. Pourtant sur son dessin, tu pouvais la voir. Dans chaque trait, chaque ombre, elle était présente. « Comme quoi ? », le questionnas-tu bêtement. Ton visage était quelconque. « Je pourrais jamais me dessiner, ça ne ressemblera à rien », comme toi, voulais-tu ajouter. Tu ne pouvais pas te voir autrement alors l'idée de te dessiner était étrange, même lointaine. « Les deux ? Vraiment ? », tu relevas le regard vers lui, le sourire aux lèvres, l'inspiration illuminant tes pupilles. « Merci », que tu dis, promettant silencieusement de ne pas rater. Et tu pris ton crayon, traçant, dessinant, tes yeux le contemplant, détaillant chaque trait de son visage, de son expression. Et tu posais sur le papier la façon que tu avais de le voir. « Beaucoup », répondis-tu, le coin des lèvres levé alors que tu le regardais, avant de te concentrer sur ton dessin. « Tu as un joli visage, des traits prononcés mais légers en même temps. C'est agréable à dessiner », que tu expliquais, lui jetant quelques regards, la main s'activant. « Ca te plaît pour le moment ? » tu tournas un peu mieux le carnet vers lui. « Je sais déjà comment faire le second dessin. Est-ce que tu connais Jujutsu Kaisen ? », l'interrogeas-tu, le visage faiblement penché, les pommettes rosies de peur de le décevoir avec ton dessin actuel, le prochain ou l'idée du prochain – ou même tout à la fois. « Hésite pas à me dire si.. si tu n'aimes pas », prononças-tu d'une petite voix, l'assurance perdue, lui montrant plus clairement son visage qui trônait sur la page après quelques minutes encore.

Le sourire preqsue gêné tu avouais sans le dire. Finalement, le point de départ était pour beaucoup, semblable. L’obsession de la lune tu la comprenais, tu l’admirais également, cherchant toi-même quelque chose qui te définirait. Quelque chose qui te rappelle que c’était toi le créateur, sans pour autant enlever à l'œuvre que tu faisais pour un autre. Tu cherchais depuis des années en vain. Peut-être que tu finirais par le trouver. Tu y croyais, en la voyant rêver ainsi. Elle pouvait le faire, petit, grand ou moyen format, tout était possible. Mais il ne fallait pas se décourager en cours de route. C’était un défi qu'elle pouvait réaliser. Une sorte de thérapie. La concentration au maximum, le sourire léger, le compliment facile, tu lui montrais ce que tu voyais. La désillusion dans ses pupilles ne croyant aucun de tes mots. " Ton nez. " Répondis tu aussi vite qu’elle t’avait posé la question. " La rondeur ici contraste parfaitement avec l’arrête plus droite. Les yeux et leur forme. Tu as aussi des pommettes qui ressortent sans trop casser l’arrondi du visage. " Détaillant comme tu l’avais fait tant de fois sur des mannequins pour les comprendre, tu t’étais sûrement perdu dans des explications inintéressantes. " C’est parce que tu ne t’aimes pas.. C’est d’ailleurs pour ça qu’il faut se dessiner. " Rien ne l’y obligeait, mais elle pouvait essayer, tenter de se voir autrement, se dissocier. Mais avant, elle prendrait son temps pour te dessiner toi, les joues rougissant légèrement de ce regard qui t’analysait et te scrutait. Les compliments faisaient accentués cette couleur pourpre sur ton visage, le rire léger s’échappant tandis que tu jouais avec tes propres doigts. Le regard gêné, tu finis par observer le croquis souriant doucement. "C’est très beau oui ! " L’esprit perdu un instant, c’est dans ta mémoire que tu puisais pour finalement secouer la tête affirmativement. Ce n’était pas ce que tu connaissais le plus mais tu avais vu beaucoup de choses dessus. En tant que dessinateur tu avais également vu toutes les trend dessus. Sa vision t’important tu avais hâte de voir la suite. Et le dessin fini tu fis sourire d’autant plus, les pouces levés tu prenais le temps de l’admirer un peu plus. " C’est comme ça que tu me vois ? Ohhh je suis flatté. " Peut-être que le dessin, une fois qu’on savait l’observait, parlait bien plus que les mots. Quelque chose de doux s’en dégageait, contrastant avec ta personnalité si détestée. La beauté dedans te frappait et te laissait espérer l’impensable. "J’ai hâte de voir le second ! " Sa vision était bien plus importante que la tienne, que ces yeux qui s‘observaient dans le miroir chaque matin. " La prochaine fois, on pourrait aller boire un café .. en journée. Tu en penses quoi ? "


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