@Yeo Rin  
Tu ne savais pas du tout ce que tu faisais ici. Vraiment pas. Plus le temps passait et moins tu comprenais, lâchant des sourires gênés et crispés tandis que tes paumes venaient frotter le tissu de ton pantalon dans un geste timide. C'était de plus en plus embarrassant, et vraiment, tu ne comprenais pas. Tu ne comprenais pas la logique de Rin. Pourquoi faire tout ça, pourquoi te faire venir ici ? T'étais clairement pas à ta place. Tu ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Tu laissais à peine des sujets de conversation, et tu voyais bien que la demoiselle face à toi s'ennuyait. Toi tu paniquais plus que tu t'ennuyais. Elle était charmante, la jeune femme. Elle avait un beau visage, et une belle voix. Elle avait une personnalité intéressante, aussi. Mais elle était loin, très loin, d'être ton style. Le cœur s'emballait mais pas pour les raisons que l'on pourrait croire. Tout comme tes joues rougies qui étaient le témoin de ta timidité et de ta gêne. Les pupilles vagabondaient de gauche à droite, espérant trouver quelque chose – ou quelqu'un, pour venir te sauver. Le silence régnait à présent, depuis trop longtemps sans doute, tes lèvres pressées l'une contre l'autre alors que ton regard refusait de croiser le sien. Tu voulais fuir, ayant déjà fixé le chemin jusqu'à la porte à plusieurs reprises. Tu pourrais parcourir ces quelques mètres en quelques secondes – si tout se passait bien. Cependant ce n'était pas ton genre d'abandonner les gens de cette façon. Et en plus de ça, t'étais tellement angoissé et embarrassé qu'il t'était impossible de bouger. T'étais immobile, en plus d'être silencieux, maintenant. C'était de pire en pire... Tu devais trouver un moyen d'écourter cette soirée ou tu allais y laisser beaucoup de plumes. Gêné, timide, stressé, tu l'étais clairement. Mais tu étais aussi apeuré que ton secret soit découvert aussi bêtement.
On ne pouvait pas le découvrir ainsi cependant, pas vrai ? Tu te raclas quelque peu la gorge, inspirant longuement pour... finalement ne rien dire. Le silence, c'était bien le silence. Même s'il était trop pesant pour être naturel et agréable. Un regard suppliant vers ta droite, et tu prias toutes les forces de la terre pour qu'on vienne te sauver.

 @Noh Kyu Min  
Comme à son habitude, Rin était en retard. Enfin, en soit, ce n’était pas elle qui était en rendez-vous, pour une fois, mais elle se devait d’être présente pour s’assurer du bon déroulement des opérations. Elle avait manigancé quelque chose, comme à son habitude, et avait décidé de jouer les Cupidon au détriment de certains. Mais en même temps, elle n’avait tellement pas eu le cœur à dire à Kyu Min qu’elle n’était pas amoureuse de lui qu’elle avait dû trouver un stratagème mais ne pas lui briser le cœur. En vérité, il n’avait jamais manifesté clairement un intérêt pour elle, mais elle sentait ces choses-là, et il était beaucoup trop gentil pour qu’elle lui envoie Yeong Hun lui casser la figure. De toute façon, Yeong Hun était aussi trop gentil pour faire une telle chose. Peut-être que dans d’autres circonstances elle aurait songé à le voir autrement que comme un ami. Un coup de foudre dans un métro, c’était peu commun, non ? Mais cette fois-ci la foudre avait frappé qu’une personne. Alors elle s’était dit que si elle lui envoyait une copie conforme d’elle en moins bien, peut-être qu’elle réussirait à ravir deux cœurs célibataires. Ce n’était pas compliqué, toutes les filles de son cursus étaient similaires, même si Rin s’estimait un peu moins superficielle – un peu, et que les jeunes femmes voulaient désespérément ressembler à la baekje telle une série américaine pour ado, simplement parce qu’elle était jolie, avait les meilleures, travaillait en collaboration avec Dior et avait un merveilleux petit ami. Mais bon, elle ne pouvait pas leur en vouloir. En tout cas elle avait arrangé un rendez-vous entre l’une de ces filles et Kyu Min, celle qui manquait le moins d’esprit de toutes – elle tenait quand même un minimum au garçon - et connaissant la timidité du garçon et le caractère plus extraverti de sa semi-amie, elle se devait d’être présente, en renfort. Elle arriva sur le lieu de rendez-vous et s’installa à une table juste à côté d’eux, la jeune femme dos à elle mais Kyu Min pouvant avoir un visuel sur elle. Elle était déguisée tel un agent de FBI – c’est-à-dire des lunettes de soleil et une casquette, elle n’avait pas investi dans l’oreillette, mais dieu merci les portables existaient. Elle fit un petit signe discret à Kyu Min en lui désignant son portable, pour lui faire comprendre qu’elle allait communiquer avec lui. “T’inquiète pas, je suis là. Dis-lui que tu trouves qu’elle s’habille bien, et parle du fait que tu as du mal avec la mode.” Elle avait remarqué que vestimentairement ce n’était pas ça pour l’étudiant, et il se trouvait en face d’une étudiante en stylisme, quoi de mieux pour amener la discussion ?

 @Yeo Rin  
Tu commençais presque à te demander si Rin te voulait du mal, en fait. Pas qu'elle semble spécialement méchante ou tortionnaire mais... t'arrivais pas à comprendre. T'arrivais pas à comprendre cette situation, peu importait comment tu la tournais dans ton esprit. Peu importait le nombre de questions qui s'élevaient dans tes pensées, t'y arrivais pas. Pourquoi ? Comment ? Pourquoi voulait-elle te faire rencontrer quelqu'un à ce point ? Tu connaissais du monde qui était du même genre, à vouloir caser ami.e.s et famille sous-prétexte que c'était là leur grand rôle mais... toi ? Pourquoi toi ? Et pourquoi Rin ? Et pourquoi cette étudiante ? T'avais du mal à saisir le sens des choses, et encore plus de mal à en comprendre la logique. Tu ne savais pas quoi dire, pas quoi faire. Elle devait perdre du temps à cause de toi, t'étais sûr qu'elle avait plus important à faire que de regarder un type être un peu trop timide. T'étais sûr qu'elle avait des ami.e.s à voir ou des devoirs à faire – tout sauf être obligée de rester là, avec toi. Clignant des paupières, tu fixas Rin un instant, avant d'attraper ton téléphone pour y lire le message. Tu clignas encore une fois des paupières, redressant un regard incertain vers ta camarade un peu plus loin – tu fis un peu la moue, parce que tu comprenais pas cette désapprobation de tes tenues. Ils étaient beaux, tes pulls. Les épaules basses, tu inspiras, les lèvres s'ouvrant. « Tu t'habilles très bien. J'ai du mal avec la mode », c'était presque robotique mais... au moins tu disais quelque chose. Au moins tu la faisais sourire. Est-ce que Rin était contente ? Tu lui lanças un regard, comme un chiot qui attendait un mot généreux de sa maîtresse. Tu écoutas l'étudiante parler de la mode (un sujet qui ne te passionnait pas vraiment et qui te perdait un peu), pianotait discrètement sur ton téléphone, posé sur tes cuisses. « Je comprends pas grand chose à ce qu'elle dit », admis-tu, le rouge aux joues. « C'est qui Louis ? », t'avais clairement loupé un truc, les prunelles passant du téléphone en espérant y lire la réponse à Rin pour revenir vers la jeune femme. C'était qui ce Louis ? « Je crois qu'elle a un petit-ami. Est-ce que je le connais ? C'est pour ça que tu l'as invité ? Et que tu m'as invité ? », t'avais rien compris.

 @Noh Kyu Min  
La jeune femme s’en voulait un peu d’avoir laissé son ami seul, livré à lui-même durant ce qui avait dû paraitre de longues minutes à ses yeux. Elle voyait bien que la conversation était au point mort, ils avaient dû échanger des banalités puis se rendre compte qu’ils n’avaient tout simplement rien en commun. Après, la différence n’empêchait pas de belles relations de naître, mais il fallait croire que sans son aide, telle une marraine la bonne fée, une romance n’était pas prête à voir le jour. Il fallait dire que son amie était très superficielle et elle ne lui trouvait pas beaucoup de qualités, son genre de garçon était plutôt les sportifs - voilà pourquoi elle enviait tant Rin, et manifestement ce n’était pas le profil de Kyu Min. Ca semblait horrible de vouloir caser une connaissance pour laquelle elle n’avait pas grande estime avec un ami, mais la baekje avait pensé que l’étudiante de son cursus deviendrait plus intéressante en sortant avec un gentil garçon, et que Kyu Min se détendrait un peu. Elle lui avait donc trouvé une copie bas de gamme d’elle-même, puisqu’elle pressentait qu’elle l’intéressait un peu trop. Elle ne pouvait pas lui en vouloir mais tout de même. Après le message de conseils qu’elle lui avait envoyé, elle entendit vaguement ses mots, et une discussion - à sens unique - démarra. Mais est-ce que c’était grave ? Elle savait que Yeong Hun l’écoutait toujours mais ne répondait pas tout le temps quand elle parlait pendant des heures. Rin lui fit un signe de victoire comme approbation, avant de regarder son téléphone, fronçant les yeux à la suite de messages. Qu’il ne comprenne rien, ce n’était pas tellement étonnant, mais comment ça elle avait déjà un petit-ami ? L’étudiante avait-elle accepté un rendez-vous arrangé alors qu’elle sortait déjà avec quelqu’un ? Rin était déjà prête à se lever pour aller faire une scène, trouvant ignoble de risquer de blesser les sentiments de quelqu’un avant qu’elle ne relise les messages de Kyu Min et que l’information monta au cerveau. Elle tapa la paume de sa main contre son front, complètement désespérée. “Tu écoutes au moins ? C’est Louis VUITTON, une marque de haute couture.” Cet enfant avait tellement à apprendre, peut-être que ce n’était pas la meilleure idée de choisir une fille de son cursus. Un autre sujet s’imposait, au moins pour que Kyu Min puisse plus communiquer. “Dis-lui que tu es doué en cuisine, et que tu pourrais même l’inviter chez toi à l’occasion pour lui faire un bon repas.” Elle n’était pas sûre que l’idée qu’une fille vienne chez lui le mette plus à l’aise, mais au moins ça montrait qu’il était gentleman. En revanche, elle ne pourrait pas se cacher dans un placard pour l’aider. Mais est-ce que seulement à la fin de ce rendez-vous ils échangeront leurs numéros ?

 @Yeo Rin  
Tu voulais rentrer. Tu voulais t'en aller, et fuir. Tu voulais retourner au dortoir et te mettre en boule sous la couette et ne plus sortir avant au moins trois jours. T'avais l'impression de te ridiculiser – et t'avais du mal à comprendre les actions de Rin. C'était gentil, dans le fond, tu t'en doutais mais t'avais presque peur que ce soit pour la blague. Même si elle ne semblait pas méchante à ce point non plus, surtout que tu n'avais rien fait de mal. Ou bien ? Peut-être que si, et t'en avais pas conscience. Tu savais toujours pas quoi faire de tes dix doigts, ni de ta bouche, préférant la garder fermée plutôt que de l'ouvrir pour rien dire. Tu voulais simplement que Rin vienne te sauver, au lieu de ça, elle te disait de quoi parler. Ce que tu faisais, parce que t'étais sage et docile mais tu ne compris rien à la suite des paroles de la jeune femme : t'étais totalement largué. Tu hochais le visage ou souriais de temps en temps mais sans grandes convictions. Et plutôt que d'envoyer un regard désespéré à Rin tu lui demandas de l'aide directement par téléphone cette fois. Tu clignas des paupières, lisant chaque mot inscrit sur ton écran. C'était qui ? Un élève ? « C'est quoi le rapport avec la marque ?? », t'étais juste... perdu. Et peut-être que Rin aurait dû te faire un cours sur les marques avant de te lancer dans ce rendez-vous. Tu relis le message, encore et encore, un faible son d'illumination roulant dans ta gorge. « C'est le nom de la marque ? Pas le prénom d'un monsieur ? », tu te pinças les lèvres ensuite. Pourquoi tu devrais lui dire ça ? Et t'avais pas de chez toi. « Je peux pas l'inviter au dortoir, ça se fait pas... ? », tu lanças un regard confus vers Rin. « Est-ce que... hm. Tu sais cuisiner ? », lanças-tu le sujet avec maladresse. « J'aime bien cuisiner », susurras-tu, de plus en plus honteux. La conversation déviant sur la cuisine, tu savais un peu gérer le sujet. Tu expliquas que tu prenais des cours, parlant soudainement avec la frimousse éclairée, le nom de Woo Sik t'échappant ainsi que celui du restaurant, que tu conseillais sans hésitation. La discussion retomba quelque peu à plat ensuite cependant. « Elle a pas l'air d'apprécier le concept du restaurant... Il est vraiment bien en plus... Tu devrais y passer un de ces jours je suis sûr que tu aimeras. Les plats sont bons et le personnel est vraiment gentil », tu levas les prunelles vers Rin dans un sourire timide. Et non, tu l'invitais pas à sortir, la demande était innocente. « Pourquoi tu viens pas à table avec nous ? », t'avais pas compris le principe du rendez-vous à deux, apparemment.