pourquoi les autres enfants ils peuvent avoir tout ce qu'ils veulent et pas moi ? cette question, suji se souvient l'avoir posée un nombre incalculable de fois au fil des années, sans pour autant avoir de réelles réponses derrière, ses parents souhaitaient la protéger de leurs problèmes financiers... sans se rendre compte que petit à petit leur fille adorée était mise de côté, critiquée, moquée par cette différence par rapport à d'autres enfants. oh leur situation n'était pas pire que certains, mais les enfant peuvent être si cruels entre eux, un rien suffisait pour qu'ils décident que tel ou tel enfant ne puisse faire partie du groupe, de la bande. déjà petits, il y avait cette idée de clan, si tu n'étais pas comme eux, tu ne pouvais être avec eux. suji ne comprenait pas, gamine, pourquoi être différente était une mauvaise chose, quel était le problème avec avoir des vêtements vieillots par rapport à d'autres ? de ne pas pouvoir partir en vacances avec ses parents ailleurs que chez ses grands-parents ? de ne pas avoir les derniers jouets à la mode ?

l'enfant peut être d'une innocence pure comme un petit bourreau avant l'heure, sans comprendre (ou peut-être que si au final) à quel point ce qu'ils peuvent se dire entre eux, cela aura un impact à un moment donné dans la vie de celui qui est mis de côté. suji ne le comprenait pas à l'époque, mais bien trop rapidement, elle a su définir ses amis de ses ennemies. l'enfant peut être si cruel parfois.

pourtant suji, elle n'a jamais eu honte de ses parents, de sa famille, ils sont son univers, ils faisaient tout ce qui était en leur pouvoir pour qu'elle puisse avoir une enfant aussi normale que possible, elle ne l'a su que plus tard bien sûr quand elle eut l'âge de comprendre leur situation, et elle est fière d'eux. elle aime ses parents plus que tout au monde, et est fière d'être leur fille.

tw elle ne se souvient plus comment tout avait commencé, ou quand est-ce que que les choses avaient dérapé à ce point... ou peut-être que cela avait tellement été présent depuis des années que lorsque les gestes ont remplacé les mots, elle n'y a pas vu une grande différence ? non mais tu t'es regardée ? oui, elle connaissait son visage, depuis le début, il l'avait toujours accompagné alors pourquoi était-il devenu si hideux ? pourquoi cela ne suffisait plus de le lui dire ? pourquoi fallait-il lui montrer ? la forcer à regarder ce miroir sous les moqueries, sous les rires alors que les larmes roulaient sur ses joues. tu penses que quelqu'un voudra un jour de toi ? ne nous fait pas rire. pourtant n'était-ce pas ce que sa mère lui promettait le soir, quand elle tenait sa fille dans ses bras en pleurs, la berçant comme lorsqu'elle était bébé ? pourquoi ?

qu'avait-elle fait de mal ? était-elle si dure à aimer ?

tu es belle, suji, aussi belle qu'un ange. ses mots si précieux à ses oreilles, répétés inlassablement par sa mère, doigts caressant avec délicatesse ses cheveux, berceuse chantée du bout des lèvres pour l'endormir. elle voulait la croire, elle voulait y croire mais c'était si difficile. suji ne voulait pas inquiéter sa mère, elle masquait les blessures sous des excuses, encore et encore, comme si cela pouvait effacer le reste. comme si ça pouvait effacer la réalité. mais sa mère savait. quand suji pensait qu'elle ne l'entendait, quand elle pensait que sa mère avait le dos tourné, mais un parent sent ces choses-là. et le coeur de madame choi se brisait en entendant les peines de sa fille, des parents perdus qui voyaient cette fleur flétrir et s'affaiblir sans savoir comment l'aider, jiwon qui était là pour la relever quand la douleur était trop vive, trop grande.

et puis un jour, les critiques se transformèrent, la puberté avait fait son job apparemment. mais suji n'a jamais oublié que ceux qui la regardaient différemment maintenant étaient ses bourreaux, peu importait que certains cherchent son attention maintenant qu'elle était plus jolie selon eux. ironique n'est-ce pas ?

« tu devrais lui dire tu sais. » suji tourna la tête si violemment vers son amie qu'elle sentit son cou craquer. « dire quoi ? à qui ? » en voyant l'éclat amusé dans le regard de son amie, elle aurait dû se douter, savoir de qui elle parlait. kim yeongbin. étudiant en sciences politiques et quoi qu'elle en dise, le crush de suji pour son aîné était loin d'être un secret dans son cercle d'amies, mais jusqu'à présent chacune avait laissé suji vivre ce coup de coeur dans son coin... ça allait changer. apparemment garder ses sentiments pour elle n'était plus fun, les filles voulaient que les choses bougent avant que suji ne regrette de ne pas avoir tiré son coup, dixit ses amies.

tout avait commencé comme un conte de fées, ou presque, un drama serait plus juste probablement, et plus réel. un café renversé malencontreusement sur sa tenue de danse, il avait insisté pour qu'elle porte sa veste le temps qu'elle puisse se changer, l'accompagnant jusqu'à l'académie où elle pratique le ballet, mots échangés sur le chemin. suji était tombée sous son charme ce jour-là, et ses sentiments n'avaient jamais changés depuis.

le deal était simple, une lettre devait être écrite à son adresse, jiwon était chargée de lui donner le précieux mot ou du moins le déposer dans sa chambre étudiante, histoire d'empêcher la danseuse de changer d'avis et de déchirer le papier. en soi rien de bien compliqué non ? jiwon donnait à l'étudiant la lettre de suji où elle lui parlait des sentiments qu'elle éprouvait pour lui depuis deux ans et après il pouvait accepter ou non sa confession... pas de raison que quelque chose aille de travers, n'est-ce pas ?

k e y w o r d s ⁘ sincère, impulsive, passionnée, franche, ambitieuse, intrépide, sensible, revancharde, fidèle, compétitrice, extravertie, jalouse, affectueuse, entêtée. we r who we r