. “ au royaume des faux – culs : Papa & Maman sont rois , du haut de sa pseudo –tour d’ivoire yiseo pense : maman est considérée comme un bourreau et papa est absent à toute personnification. Faut dire que c’est son truc « ça» à papa : marqué absent. il est peu bavard avec yiseo, il est peu bavard avec tout le monde — il est « peu» tout court. Papa il boîte : elle sait jamais si c’est parce qu’il s'est fait enculer ˋ ou parce qu’il est bancal — soyons clair : c’est imagé / allégorique, papa a été formaté et il : marche droit, sourit hypocrite, regarde grave, il sait lancer des phrases toutes faites à tout – venant / des « épitaphes» comme aime les appeler yiseo, parce que ces phrases : elles sont mortes – nées , dès qu’elles traversent la barrière ˋ de la bouche elles s’appesantissent, leur effet se meurt au grès de sa langue tendue / roulée , souvent ˋ ça ne veut rien dire, ça comble un blanc pas forcément gênant, ça distrait les connes ça désespère les fausses ( les fausses connes )  ˋ on ne sait pas de qui ça vient, pour qui ça va ( les phrases merdiques de papa ), il a réussi à les adapter au contexte / à la discussion mais ce sont , toujours : des phrases pourries & gâtées de déception. En bref : papa n’a pas l’esprit paternel, il n’a pas d’esprit tout court : il a juste su engrosser ( ou pas )  la bonne conne ( une fausse ) et faire grimper sa société.

maman c’est pas mieux c'est pas pire non plus : parce qu’avec elle , au moins on évite les désillusions : c’est toujours la même chose — maquillée sous des airs de pédagogie elle tente de rendre yiseo caractérielle, mondaine et terrible. ça marche quelque peu : la gamine devient  relativement salope exclusive , relativement agressive , relativement impossible. En bref : maman est complice du vice, c’est peut – être : elle finalement la f a u c h e u s e. mais ça, c'est plus tard qu'elle a réalisé. à l'époque, avant que la lubricité et la lasciveté ; ait changé la blancheur du cygne fragile en la noirceur du corbeau nuisible, maman est l’incarnation d’un zeste d’agrume conjoint à sa pointe boisée — elle est la douceur, la protection. Prunelles joyeusement étirées et risette malicieuse, bambine ne veut que ses bras car papa n’est pas là ; on ne le connaît pratiquement pas. Le visage bouffi de cette femme berça son enfance ; petite perle de l’univers ; ses iris noirâtres leur promirent le monde à la première œillade. l’épaisse chevelure de jais de sa maternelle s’entremêlèrent régulièrement entre ses pattes maladroites de gamine d’ores et déjà en quête de ce que lui valut cette chance inouïe d’exécuter ses premières balades d’une pièce à une autre lors de ces premiers mois d’existence, dans un cocon aisé, f a u s s e m e n t aimant.

mais ce fut comme si elle avait discerné entre les traits crispés de cette bonne femme, que, tout allait très prochainement s’échouer sur le boulevard du déni ; d’où ses caresses innocemment assimilatrices contre les angles fermes de cette mâchoire articulée d’un ras-de-marée d’émotions.

yiseo — fleur tropicale dont l’éclosion se fit avec précocité.
pré-adolescente au charisme similaire à celle que l’on raya des photos de famille au fil des années ; elle demeura la seule figure féminine de la dynastie ; parcourant à son grand malheur les mêmes couloirs que sa procréatrice. yiseo, son palpitant préférait se reposer contre des toiles colorées; avant de s’emballer dûment au moindre cliquetis de la lentille de sa caméra. une artiste — elle le devint lorsque les gamines de son âge se plaisaient dans les niaiseries puériles dont elle ne se soucias pas. Par ce biais, l’enfant se laissa façonner entre les mains expertes de ceux qui voulurent assez tôt que qu'elle se  métamorphosas en ce diamant dont la rareté émanait de sa maturité d’esprit ; déjà bien endurcie par l’ambition irriguant le moindre de ses organes vitaux. son innocence se noya dans les méandres de l’acharnement infligé à son organisme en pleine mutation ; car sa poitrine ne se gonfla plus sous ses inspirations arrogantes — elle prit délibérément du volume au même titre que ces autres courbes insoupçonnées, lui offrant généreusement une multitude d’armes contre le raisonnable & la droiture.


guidée par ses passions, au détriment d’une autorité paternelle placée en m u t e— elles lui permirent bien assez tôt de combler le trou béant que connut sa misérable croissance sans cette madone / cette figure féminine aux côtés de laquelle elle aurait pu copier une infinité de tendances ; mais au lieu de cela, elle du se réinventer. au-delà de ce faciès dont quelques nuances ressemblaient à cet intrus — papa le remarqua dès lors que ses premières jupes courtes firent leur apparition, que son assurance lui tint tête, que sa créativité s’exprima pour sa part sur la pointe de ses mèches ébènes rapidement tournées au bordeaux — comme elle, autrefois ; ce fut auprès de cette jeunesse dorée, égocentrique, électrique, que le poupon qu'elle représentait absorba les moindres détritus sociaux ; débauche teintée d’expériences secrètes derrière les portes closes.


l’indépendance fit son e n t r é e en piste. elle lui parut bien crucialetant les courants par lesquelles elle se laissait emporter ne furent aucunement tendres avec elle ; la malmenant de part et d’autre de ce bassin orageux ; lui donnant le goût d’une « liberté » aux côtés d’un homme mature — qui plus est, celui que l’on identifia rapidement comme son mentor au conservatoire ; elle n’avait que dix-sept ans.

Ô qu'elle était belle dans ses bras ;
éternelle blessée, elle se reconstruisait sous la tendresse de celui qui la poussa volontairement dans la case abyssale de la relation toxique.



mais elle se taisait à chaque fois que cette m a i n menaçait de nouveau de lui tomber dessus ; violent fracas ; l’épiderme arc-en-ciel camouflé sous des couches de laine et ce divin sourire pleureur. la nourriture tournait dans les plats, maniée par ces baguettes métalliques sans qu'elle ne s'en nourrisse ne serait-ce qu’un peu — l'amincissant, ses côtes furent les premières crieuses quand ces poings robustes maltraitèrent l’amas de pleurs en quoi tu elle se transmuait durant ces vils passe-temps, yiseo. toutefois, elle s'en rendit rapidement compte : ses jérémiades dramatiques lui sonnèrent jouissives au creux de cette oreille ardemment attentive, jadis ; attisant les pulsions de ce bourreau qu'elle eu fini par fuir, le froissant comme si l’on soupira grossièrement les dernières notes d’un Bach avant de déguerpir. l’destin l'avait tuée — du moins  endoloris, lentement, puis finalement violemment. il lui avait promis mont & merveilles pour au final une histoire sans lendemain, au creux d’un lit devenu vide, un lit très très vide — laissant l’emprunte et l’odeur d’un corps disparu, laissant la mélodie d’un rire trop fort au réveil, ou d’une sourire doux et aimant comme emprunte. ton coeur se remettait petit à petit, petit à petit d’un homme violent qui n’était maintenant qu’un fantôme.