Ton regard se perd sur les nombreuses façades qui défilent autour de toi alors que tu déambules en plein centre-ville de Busan. Depuis combien de temps n’as-tu pas mis les pieds ici ? Bien trop longtemps à en croire l’expression un peu trop enthousiaste sur ton visage. Pourtant, fut un temps, toi et ta grande sœur aviez l’habitude de venir chaque année avec tes parents pour passer quelques jours de vacances et profiter de la famille de ta mère. Mais la vie étant ce qu’elle est et amenant avec elle son lot de responsabilités, aka le restaurant familiale et les études un peu trop prenantes, prendre des vacances n’était clairement plus dans vos priorités, ces dernières années. Et, tu dois bien l’avouer, tout ça avait fini par beaucoup te manquer. L’ambiance, les plages de sable blanc et même - plus surprenant encore venant de toi - les gens…

Alors, à la première occasion que tu as eue, tu t’es empressée d’attraper ton sac à main, filant tout droit vers la porte de votre airbnb et ignorant complètement ta mère alors que celle-ci te proposait que toute la famille vienne se promener avec toi. Non pas que cela te dérange de passer du temps avec eux mais cela fait plusieurs jours que vous êtes arrivés en villes et vous ne vous êtes pas quittés une seule fois. Et toi qui es un peu moins habituée à les avoir constamment dans les basques, depuis que tu es étudiante et que tu ne loges plus à la maison, cela devenait un tantinet compliqué pour ton mental de ne plus pouvoir faire un pas sans croiser un membre de ta famille. D'où ce besoin primordial d'aller arpenter seule les rues de la ville portuaire.

Enfin, seule, tout est relatif car on est samedi après-midi et les rues de Busan sont loin d'être désertes à cette heure là. Te faufilant d'ailleurs entre les nombreuses personnes qui circulent tout autour de toi, tu viens finalement t'arrêter devant une vitrine. Celle d'une boutique, dont l'une des paires de chaussures en exposition te fait de l'oeil. Toutefois, et alors que tu sembles en proie à quelques réflexions – as-tu réellement besoin de ces chaussures ? Sont-elles plus jolies en noires ou en blanches ? - une voix te tire de tes pensées. Une voix que tu pourrais reconnaître entre milles, tant elle t'est insupportable (gros lol), et tu te retournes aussitôt, la surprise se lisant parfaitement sur ton visage. « TOI ?! » Oui, lui. Ryeo Théo... « Je peux savoir ce que tu fiches ici ? Tu me suis ou quoi ?! » Allons Da Young. Arrête de croire que tu es le centre du monde...

Souhaitant rentabiliser chaque instant de son séjour, c’est l’alarme de son téléphone qui lui ordonne de quitter son lit sur le champ, ce matin. Vacances pourrait rimer avec repos dans une autre langue mais Ryeo Théo ne parle pas cette dernière. Il aime pouvoir se promener pendant des heures et s’offre même un footing matinal sur les plages de la magnifique Busan. Impossible de contempler d’un tel paysage dans la capitale sud-coréenne. C’est bien plus motivant de courir ici, même si les jambes sont un peu plus lourdes à la fin. Courir sur le sable n’est pas une promenade de santé, et pourtant, il lui reste encore de l’énergie. C’est en tout cas l’impression qu’il donne quand il traîne avec des vieux amis. Ils sont rares, ceux qui résident encore dans la ville, sachant que Théo n’a jamais eu l’occasion de se faire une grande bande d’amis sur Busan. Les métiers respectifs de ses parents ne leur permettaient pas forcément de rester longtemps quelque part. Les cours à domicile l’ont privé de créer des amitiés avec des jeunes de son âge, à l’époque. C’est peut-être pour cette raison qu’il avait préféré réserver un hôtel pour ne déranger personne. Et pourtant, d’autres ne se gênent pas pour l’interpeler. Des français, la plupart du temps. Ces derniers forment la majorité de son public sur internet. Par chance, ces derniers sautent sur l’occasion pour exprimer leur soutien à son égard. Si le sourire poli de Théo ne semble pas quitter sa mâchoire, il ne parvient pas, malgré tout, à être rassuré. Il compense donc tous ses efforts en achetant de la nourriture dans ces petits stands de street-food. La gourmandise ne devrait pas tarder à remplir son estomac. Il savoure son eomuk. Comment ne pas manger de poisson à Busan ? Il faudrait être fou pour ne pas en profiter.  

Continuant sa balade, désormais abandonné par ses amis qui ont d’autres chats à fouetter, il se perd dans les rues commerçantes et est dérangé par le vibreur de son téléphone. Un de ses amis français qui se sent coupable de l’avoir abandonné alors qu’ils n’ont pas l’occasion de se voir souvent. Pas de remords à avoir sachant qu’il ne veut pas laisser sa femme enceinte seule, à la maison, quand l’heureux évènement ne devrait plus trop tarder à arriver. Une réponse en français prononcé à la perfection, rendant presque le tout sexy quand son regard se pose finalement sur une silhouette. Il marque un temps d’arrêt tandis que son identité ne tarde pas être révélée. Un sourire amusé, sans surprise, se dessine sur ses lèvres alors qu’il finit par raccrocher. “ Je te suis ? “ Qu’est-ce qu’il ne faut pas attendre, franchement... “ Je te manque tellement que je suis devenu un mirage à tes yeux ? Ce n'est pas comme si on avait l'occasion de se voir souvent. “   A son plus grand regret, d'ailleurs. Il se rapproche d’elle simplement pour laisser le passage aux autres piétons. “ Mais il est vrai que j’ai vu ta dernière photo sur instagram. “ Mais parmi tous ses likes, la belle n’a sûrement pas remarqué le sien. Cette conclusion l’attriste énormément. “ J’ai même pensé à te contacter mais vu ton accueil... Je crains avoir bien fait. “ Et un soupir s’échappe de ses lèvres, boudeur. En réalité, une part de lui n’avait peut-être pas eu le courage de le faire. Pourquoi ? Dayoung aurait-elle été capable de se venger de son refus, lors de ce passage à l’infirmerie ?  

Ta bouche formant un « o » de surprise, c'est limite si tu ne te mettrais pas à cligner plusieurs fois des yeux pour être sûre que tu n'es pas en train de rêver. A croire que tu as vu un fantôme... Mais, en même temps, faut bien avouer qu'il y a de quoi être étonnée, et pour cause, Busan se trouvant à plus de 300 kilomètres de Seoul, tu ne pensais vraiment pas croiser quelqu'un de la Yonsei ici. Et encore moins Théo... Après tout, quelles étaient les chances pour que toi et le jeune homme passiez vos quelques jours de repos au même endroit, au même moment ? De l'ordre de 0,0000001 % certainement. Et, pourtant, vous voilà tous les deux réunis dans les rues de Busan... Chose tellement improbable, à vrai dire, qu'on serait presque tenté de croire que le Baekje te suit. Ce que celui-ci s'empresse bien évidemment de réfuter, et tu laisses alors échapper un rire quelque peu forcé à ses paroles. « Toi, me manquer ? Quelle idée saugrenue... » Vérité ou non ? Allez savoir... « Je t'ai pourtant déjà dit d'arrêter de prendre tes rêves pour la réalité, il me semble ?! » Moqueuse, tu croises tes bras sur ta poitrine, observant le jeune homme, et un fin sourire vient doucement prendre possession de tes lèvres quand celui-ci t'avoue avoir vu passer la dernière photo que tu as posté sur instagram. Photo que tu as prise pas plus tard qu'il y a quelques heures... Et là encore, c'est un sourire quelque peu narquois qui se dessine sur ton visage, alors que tu finis par demander sur ce ton faussement surpris : « Ah bon ?! Tu me suis sur instagram ?! Je ne savais pas... » Bien sûr que si, tu savais. Mais c'est bien plus drôle de faire croire au jeune homme que tu n'en as cure. D'ailleurs, tu te gardes bien d'avouer à ton tour que, même si tu n'as pas appuyer sur le bouton « follow » de son compte instagram, celui-ci figure certainement parmi les pseudos qui reviennent le plus quand on fait un tour du côté de tes recherches instagram. Sacré Da Young... « Donc, si je comprends bien, tu me suis sur instagram, tu regardes mes photos et tu penses même à me contacter après avoir appris qu'on se trouve dans la même ville ? » Ton pouce et ton index sous le menton, tu fais mine de réfléchir en regardant le ciel, puis ton regard se pose de nouveau sur le jeune homme. « Finalement, on dirait bien que celui qui manque le plus à l'autre, ce n'est pas toi... » Penchant doucement ta tête sur le côté, tu te mordilles légèrement la lèvre inférieure dans un geste à la fois taquin et - tu dois bien l'avouer - ravi... « M'enfin, je ne suis pas vraiment étonnée, pour être honnête. Je savais très bien qu'à force cela allait être de plus en plus difficile pour toi de te passer de moi... » Souriant de plus belle, tu remontes la lanière de ton sac à main sur ton épaule et tu t'approches légèrement du jeune homme. « Tu sais quoi ? Puisque ça te tient tant à cœur de passer du temps avec moi, je suis prête à t'accorder quelques heures. J'ai bien deux ou trois emplettes à faire avant... » Dont cette magnifique robe que tu avais rapidement aperçu, quelques jours auparavant, alors que vous vous promeniez avec le reste de ta famille. « Mais après ça, je n'ai rien de prévu ! » Finalement, peut-être que ce besoin d'être seule n'était qu'une excuse pour ne pas avoir tes parents et ta soeur dans les pattes...

Rien ne change. Ici ou à Séoul, la répartie de la jeune femme ne prend jamais de vacances. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres quand elle s’élance dans une piqûre de rappel. Aussitôt, Théo s’amuse à mettre sa main sur son cœur comme si elle venait de lui tirer dessus. Piètre acteur, le rendu est ridicule mais il s’en amuse. “ J’ai essayé Dayoung. Si je peux encore maîtriser ma raison, mon cœur est un adversaire bien plus redoutable. “ Est-ce qu’il s’y connaît en disquette ? Pas vraiment mais comme tout bon youtubeur ou toute personne de son âge, il s’aventure souvent sur des vidéos de courte durée. Les conneries s’enchaînent en même temps que son doigt défile sur son téléphone, pour en découvrir toujours plus, dans une totale addiction. Ce qui veut dire ? Théo est malheureusement victime de deux addictions : celle de passer son temps sur les réseaux sociaux et celle d’admirer les photos de Dayoung. Il ne s’en cache pas. Il ne comprend pas pourquoi il devrait ignorer ses publications si ce n’est pour suivre les règles du jeu, qui semble s’installer entre eux. Malheureusement pour le garçon, il a tendance à perdre souvent mais quand il y réfléchit un peu plus, il n’a pas l’impression d’être à la ramasse. C’est sa façon d’être, d’être honnête et d’essayer de la faire languir, comme le jour où il était parti à l’infirmerie. Mais, apparemment, il n’est pas le seul à avoir besoin d’une piqûre de rappel. Qu’importe, il assumera de vouloir passer du temps avec elle, d’autant plus que la ville semble lui correspondre. C’est toujours plus agréable de traîner pendant les vacances, au lieu de devoir chercher des groupes dans 36 000 bars pour faire plaisir aux copains d’une fraternité. Maintenant ? Les deux jouent en terrain connu pour Théo. Il pourrait lui faire découvrir certains endroits et la surprendre. “ Tu veux t’adresser au commissariat le plus proche, peut-être ? “ Il tourne la tête vers la droite puis vers la gauche, comme il cherchait la direction de ce dernier. Puis, un air inquiet s’affiche sur son visage. “ Mais j’ai peur. Tes charmes vont encore opérer et je ne suis pas certain que les flics respectent la loi eux non plus... Surtout si tu souris de cette façon. “ Il sourit à son tour. Difficile de ne pas l’apercevoir quand son regard fixe facilement la demoiselle. “ J’imagine que j’en suis à l’origine alors je pourrais vite devenir jaloux. “ Entreprenant ? L’air de Busan lui monte à la tête mais rien ne semble le décourager quand Dayoung s’approche de lui. “ Tu me laisses donc l’occasion de te kidnapper après ? “ Il échappe un petit rire. “ Bien. Je ne peux pas refuser un tel élan de générosité. Alors, dis-moi ce que je suis censé faire ? “ Terrible question à poser, surtout quand on se tient devant une boutique de vêtements. Et il profite de cette même proximité pour lui chuchoter quelques mots à l’oreille. “ Si ce n’est faire battre ton cœur encore un peu plus fort. “ Devrait-il changer le feed de son instagram ? Il relève ensuite la tête et s’éloigne d’elle pour jeter un coup d’oeil vers la vitrine. Les mains dans les poches, Théo contemple les tenues mises à l’honneur. “ Quelque chose te plaît, ici ? “ Il y a des jolies choses mais s’il apprécie le look de Dayoung, il n’est pas certain de connaître ses goûts par cœur. “ Je parle pas de moi. Mais des vêtements. “ Il est vraiment en forme, le petit ou plutôt le gros lourd.   

Face à la réaction du Baekje, tu ne peux t'empêcher de lever les yeux au ciel. Parce que, toi, tu en es persuadée : le jeune homme essaye vraiment de se donner un genre en jouant la carte de l'ironie et de l'exagération. Pourtant, tu serais prête à parier – à la limite de mettre ta main au feu – qu'il n'est pas totalement insensible à ton charme légendaire (oui, tu te jettes carrément des fleurs) et que le fait que tu lui mettes des stops constamment, lui rappelant sans cesse qu'il n'a aucune chance avec toi, ne doit pas forcément lui faire plaisir. Et c'est un peu le but, à vrai dire, de casser son délire. Quand bien même, tu dois avouer qu'il ne te laisse pas indifférente, lui aussi... D'ailleurs, quand tu apprends que le jeune homme « perd » un peu de son temps à admirer tes jolies photos sur Instagram, cela t'enchante bien plus que tu ne veux l'admettre et, inévitablement, ton ego s'en retrouve également un peu plus gonflé. Ce n'est pas grand chose, pourtant. Et, finalement, quand on y pense, des milliers d'autres personnes regardent aussi ce que tu postes sur le réseau social. Cela ne veut pour autant pas dire qu'ils sont tous en kiffe sur toi. Quoique, il t'est déjà arrivé de recevoir quelques dms de mecs qui te déclaraient leur flamme. Mais ça ne compte pas vraiment. Pas autant que lorsqu'il s'agit de Théo, en tout cas, et alors que le jeune homme continue de te brosser dans le sens du poil – tu sais très bien ce qu'il est en train de faire, et pourtant tu te laisses complètement prendre au jeu – ton sourire se fait plus grand encore, lorsqu'il se montre un peu plus entreprenant. « C'est vrai, tu as raison. C'est à cause de toi que je souris comme ça... » que tu finis alors par répondre, ce ton à la fois amusé et enjôleur dans la voix.  « Tu me fais beaucoup rire... » Et ne dit-on pas, femme qui rit, femme à moitié dans ton... Oula ! N'allons pas trop vite en besogne, quand même... Le jeune homme pourrait se faire des idées. Le voilà d'ailleurs qui pense à te « kidnapper » et tu ne peux t'empêcher de laisser échapper un rire, avant de répondre : « Me kidnapper ? Ce n'est pas vraiment un kidnapping, si j'accepte de te suivre... » Haussant ensuite les épaules, un énième sourire vient légèrement étirer le coin de tes lèvres quand Théo accepte de passer les prochaines heures avec toi – il ne sait définitivement pas dans quoi il s'embarque – mais alors que tu t'apprêtes à lui répondre, tu es de nouveau prise de court quand ce dernier vient te chuchoter à l'oreille. Comme lorsque vous étiez à l'infirmerie, la dernière fois... Cependant, si la première fois, la surprise avait été telle que tu en avais perdu l'usage de la parole pendant plusieurs longues secondes, cette fois-ci, tu ne lui feras pas ce plaisir là. « Je trouve que tu as un peu trop pris la confiance, ces derniers temps... » que tu t'exclames alors, comme si son comportement ne t'atteignait pas. Ce qui n'est pas tout à fait vrai, en réalité, car le jeune homme a vraiment réussi à faire battre ton cœur un peu plus fort. Mais, cette fois, tu as réussi à ne pas le montrer, et tandis que tu jettes toi aussi un regard vers la vitrine de la boutique, tu lèves une nouvelle fois les yeux au ciel à ses paroles, te contentant simplement de répondre un « Pas vraiment, non... » Adieu, jolies chaussures... Vous êtes magnifiques mais, vu votre prix, c'était vous ou la belle robe de la dernière fois. Et, bien évidemment, ton choix se porte sur la robe... Peut-être même que tu te laisseras tenter par deux robes, plutôt qu'une. « Mais j'ai une autre boutique en tête. Elle est à quelques minutes d'ici ! » Et sur ces mots, tu te mets en route, non sans ajouter sur ce ton légèrement espiègle : « Ça te laisse encore le temps de faire marche arrière, si tu le souhaites... » Avec tes sous-entendus, le pauvre risque de croire que tu vas le torturer. Et c'est peut-être le cas, qui sait ?! Toujours est-il qu'il finit quand même par te suivre et lorsque vous atteignez enfin la dite boutique, tu pousses la porte de cette dernière, te dirigeant aussitôt vers le rayon des robes pour récupérer ton Saint Graal. « Tu peux tenir mon sac, s'il te plaît ? Il faut que je l'essaye ! » que tu lances alors à Théo, n'attendant pas vraiment son aval pour lui planter ton sac à main dans les bras et t'enfermer dans l'une des cabines d'essayage. Puis, une fois revêtue de la robe, et après avoir passé plusieurs longues secondes à te regarder dans le miroir, te voilà de nouveau face au jeune homme. « Alors ? Tu en penses quoi ? » Puisqu'il est là, autant le faire bosser un peu, le monsieur...

Méconnaissable. Son discours est à des années-lumière de ses mœurs. Faire du rentre-dedans n’est pas si naturel pour le garçon, et même si la forme n’est pas digne des plus grands poètes, le fond est bien sincère. Bien sûr que la demoiselle lui a manqué ces derniers temps. Bien sûr qu’il la trouve jolie comme elle le sait pertinemment. Si les deux arrivaient à être sérieux pendant plus de cinq secondes, il pourrait passer aux aveux en la regardant droit dans les yeux. Mais comme d’habitude, ils passent leur temps à se chercher, sans jamais se trouver. La pilule est difficile à avaler. Le flirt demande beaucoup de rigueur, de patience et de concession. Car malgré leur déni, les deux étudiants flirtaient, non ? Si Dayoung avait encore le moindre doute à ce niveau, le français d’origine a intérêt de jouer cartes sur table avant qu’elle ne s’enfuie ailleurs. Il lui offre un sourire. Il ne peut pas s’empêcher d’être satisfait à l’idée qu’il puisse lui faire son petit effet, même si ce n’est que dans son imagination. Lee Dayoung avait un truc et Ryeo Théo avait un truc pour elle. “ Sauf si je suis rentré dans ta tête ? Tu as la sensation d’avoir eu le choix alors que ce n’était pas le cas ? “ Il devrait arrêter de regarder des vidéos sur les crimes et agressions en tout genre. Depuis, Théo a tendance à déraper facilement. D’ailleurs, quand il le réalise, il ne peut pas s’empêcher de grimacer. La blague va trop loin. Il devrait apprendre à dire stop au lieu de faire peur à la jeune femme ou de passer pour une personne dérangée.

Se concentrant ensuite sur la mission donnée par la belle, il regarde la devanture du magasin. Il attend son feu vert et a du mal à anticiper ses envies - si ce n’est celles qu’elle peut ressentir à son égard -. Il n’est pas dérangé par l’idée de faire du shopping mais il ne pense pas essayer des vêtements. Il doit se plier à ses ordres, non ? Avec cette chaleur, il s’en passe bien volontiers. Théo est du genre à vouloir profiter de l’air extérieur au lieu de s’enfermer dans un centre commercial. Les rues commerçantes sont un bon équilibre. “ Hm, je suis un grand garçon. Je pense pouvoir tenir le coup… “ Il se contente de la suivre et imagine qu’ils ne vont pas s’éterniser ici. La jeune femme se rue sur une robe. Elle semble moins contraignante que sa petite sœur, de prime abord. “ Tu fais souvent du shopping quand t’es en vacances ? “ Il récupère son sac à main, comme un parfait petit coréen qu’il n’est pas vraiment. Il ne sait pas pourquoi les hommes sont de tels canards dans ce pays… Mais dans l’immédiat, Ryeo Theo pourrait faire une parfaite imitation de Donald Duck. Il n’y a pas de mal à donner un petit coup de main et le jeu en vaut clairement la chandelle. Tentant de ne pas trop la dévisager - ou mater - dans cette robe qui fait honneur à sa silhouette, il fait preuve de sang-froid. C’est en tout cas ce qu’il croit. Non, cette séance shopping est bien différente de celle qu’il peut avoir avec sa petite soeur. Dammm girl. “ Elle est très jolie. “ La robe ou Dayoung ? Franchement, ce radin aurait pu employer le pluriel.  Il se rattrape. " T'es magnifique. “  Trop direct, trop honnête ? Il se prépare à se faire vanner. Tu cherches une robe pour une occasion spéciale ? “ Ou elle veut tuer chaque homme sur son passage au quotidien ? Et si c’est un événement, il a bien envie d’être invité, tiens ! “ Est-ce que tu te sens bien dedans ? Tu veux peut-être voir le rendu avec des talons ? “ Pour fantasmer sur ses belles gambettes ? Voyons, il ne réalise pas que Dayoung n’a pas un budget illimité.  
 

Tu aimes plaire, Da Young. Ce n'est un secret pour personne... Mais plus encore, tu apprécies le jeu de séduction qui peut en découler ensuite, lorsque les hommes ne se contentent pas juste de « regarder » et oses venir t'aborder. Surtout quand ils sont canons. Et, pour être honnête, tu mentirais si tu disais que ce n’est pas le cas du jeune homme qui te fait face. Tu l'as toujours pensé. Depuis ce premier jour, au bar, lorsqu'on vous avez confié la tâche de trouver un super groupe pour un festival qu'organisaient les Sango. Mais être canon, ça ne fait pas tout. Et des mecs canons, tu en as croisé bien d'autres avant lui. Pour autant, si jeu de séduction il y avait entre toi et eux, tu y coupais souvent rapidement court, bien trop vite lassée de ces beaux messieurs. Mais, avec Théo, ce n'est pas pareil ! Pour une raison que tu as encore du mal à expliquer, sa présence ne t'est pas encore désagréable, même plusieurs mois après votre première rencontre. Et pourtant, si l'on te posait la question, tu dirais certainement qu'il est loin d'être un bon dragueur. Ou, en tout cas, il est assez évident que le jeune homme ne fait pas ça souvent. D'ailleurs à la fois amusée mais aussi un peu décontenancée par son histoire de « manipulation mentale », tu laisses échapper un rire, tes bras toujours croisés sur ta poitrine, avant de demander sur un ton légèrement moqueur : « C'est ça, ta technique pour draguer les filles ?! » Et peut-être que finalement, c'est pour ça que tu n'es pas encore lassée de lui – le seras-tu un jour, d'ailleurs ? - Parce que tu ne sais jamais à quoi t'attendre réellement venant de lui... Qui sait ?!

Quoi qu'il en soit, c'est sans réellement attendre de réponse de sa part que tu te mets en route vers cette boutique que tu avais repéré, il y a de cela quelques jours, pas peu enchantée de savoir le jeune homme toujours décidé à te suivre, malgré tes « mises en garde ». Des mises en garde qui n'en sont pas vraiment, à vrai dire. Tu le taquines, simplement. Parce qu'à part devoir tenir ton sac pendant les essayages et te dire « ô combien tu es jolie avec ces vêtements sur le dos », tu n'as pas l'intention de trop le malmener. T'approchant d'ailleurs de lui, après avoir mis la main sur cette robe que tu convoitais tant, tu lui confies la garde de ton sac. « Ça dépend ce que tu entends par « souvent »... Mais, sinon, oui ! J'apprécie beaucoup faire du shopping quand je suis en vacances ! » Et sans plus tarder, tu files dans la cabine d'essayage pour revêtir cette merveille. Une véritable merveille, oui ! Et à en croire l'expression qui se dessine sur le visage de ton camarade lorsque tu ressors, il semblerait que ce dernier soit du même avis. Quand il prend la parole, tu ne peux d'ailleurs t'empêcher d'hausser les épaules, dans un geste soulignant l'évidence de ses propos. « Évidemment qu'elle est jolie. Je ne l'aurais pas essayée, sinon... » Cependant, tu es légèrement prise de court quand c'est finalement toi qu'il complimente. Pourtant, des compliments, tu en reçois beaucoup. Certainement tous les jours... Mais, encore une fois, de la bouche de Théo, ces derniers semblent ne pas sonner pareils. « Merci, je suppose ?! » Tu tentes de faire croire que cela ne t'atteint pas, que tu es habituée, priant intérieurement pour que le jeune homme n'ait rien remarqué de ce petit moment de trouble. Mais la vérité c'est que tu sens de nouveau ton cœur battre un peu plus vite et t'es alors obligée de lui tourner le dos, feignant de te regarder dans le miroir qui est à côté de toi, le temps de reprendre un peu tes esprits... « Hm... Pas forcément, non. Je la trouvais juste jolie... » Et, honnêtement, est-ce qu'il faut vraiment une raison pour acheter une robe ? Ton porte-monnaie répondrait certainement que oui. Mais toi, tu n'en as cure. Elle te plaît et tu en as les moyens alors pourquoi te priver ? Ajustant d'ailleurs légèrement la robe, tu relèves la tête à la question du jeune homme, croisant son regard à travers le miroir, avant de finalement te tourner de nouveau vers lui. « Tu as raison, je devrais peut-être essayer des talons avec ! » Aussitôt dit, tu te mets à la recherche de quelques talons qui traîneraient dans la boutique, jetant ton dévolu sur une paire d'escarpins noirs très simples que tu enfiles rapidement. Et si tu n'avais pas déjà suffisamment envie d'acheter cette robe, on peut dire que ton reflet dans le miroir aura terminé de te convaincre. « Je la prends ! » que tu t'exclames alors, le sourire aux lèvres. « Je vais juste jeter un autre coup d’œil, au cas où j'en trouve une seconde qui me plaît ! » Après tout, cette boutique qui t'a tapé dans l'oeil dès le premier jour semble proposer pas mal de jolies choses et ce serait bête de ne pas en profiter. Surtout que tu ne reviendras pas sur Busan avant un petit moment.

“ Parce que jouer au Mentalist, c’est une technique de drague ? “ Il joue l’innocent mais peut-être qu’une part de lui a voulu jouer les mecs mystérieux. La jeune femme n’est pas à ses premières convoitises, lui non plus d’ailleurs mais Théo a toujours préféré s’attarder sur les relations sérieuses. Les autres fois ? C’est souvent son faciès qui a fait tout le travail. Après tout, les histoires d’une nuit se jouent uniquement sur le physique et une petite once d’alchimie. Mais comment dire… Dayoung est une camarade d’université, une nana avec laquelle il passe beaucoup trop de son temps à flirter. Pas assez bien apparemment, mais suffisamment pour qu’elle ne décide pas de fuir. Tout est une question d’équilibre et cet équilibre menace de céder si Dayoung commence à porter son choix sur des robes… Qui font tourner la tête. Le garçon un peu naïf continue d’errer dans les rayons de la boutique sans objectif précis. Il n’a pas envie de devenir son styliste personnel, lui préférait se contenter de contempler ce qu’elle avait à lui offrir. Un peu pacha comme point de vue ? Il n’en sait trop rien. Ce n’est pas la première fois qu’il ne se retrouve pas déstabilisé par Dayoung, et espérons que ça ne soit pas la dernière non plus. Il tente alors d’apprendre ses occupations, se demandant pourquoi cette robe était devenue une nécessité absolue. Jusqu’au moment où elle se met à la porter… Petit bug dans le système, c’est une alerte Windows qui pop-up dans sa tête. Difficile de contenir ce petit sourire en coin mais au fond, il a tout intérêt à ne pas rester indifférent. Le contraire l’aurait vexé ? Faire part de ses attentions, sans que ça soit une mauvaise technique de drague. Théo est plutôt un garçon intelligent, c’est juste qu’elle ne lui laisse aucun répit. Il se met à pouffer de rire face à son excès de confiance. “ Oui, tu es une femme de goût, je sais. “ Lui aussi suppose qu’il a beaucoup de goût pour avoir le plaisir de voir ses yeux s’arrêter sur sa silhouette. Et finalement, il l’admet : il la trouve magnifique. Sans détour, juste l’envie de la complimenter. Il n’a pas le temps d’en profiter plus, de guetter sa réaction car elle lui tourne déjà le dos. Il retient un soupir. Tant mieux si elle n’a pas besoin d’être complimentée par un homme pour se sentir bien dans sa peau. Et tant pis pour lui ? A l’interroger ainsi sur son programme, on dirait que le garçon craint quelque chose. Il imagine qu’elle pourrait facilement une telle robe pour un rencard, par exemple.

… Ça lui donne une idée…

Mais ça serait sûrement mal venu vu leur passif ? Il n’en sait rien, et en même temps, ça le contrarie un peu qu’il se lance, juste parce qu’il a eu l’occasion de la voir avec une tenue qui la rend encore plus sexy. Rohlala, cet homme réfléchit trop. Dire qu’il était censé être intelligent. Peut-être qu’il l’était plus que la moyenne de ses compagnons de genre. Il faut dire que celle-ci doit être relativement basse. “ Même avec les talons, il te reste encore du chemin à faire. “ Pour atteindre sa taille ? Pour atteindre ses lèvres ? Il affiche un sourire amusé. “ Très bon choix. “ Dayoung se motive à chercher une deuxième robe. Il craint que cette histoire soit le début de la fin. Il décide de la rejoindre, se met à sa hauteur avant de chuchoter, amusé. “ Tu sais, tu n’as pas besoin de dévaliser tout le magasin. La première robe donne déjà le tournis. “ Puis, il marque une pause avant d’ajouter : “ Je connais une adresse si tu veux. Même si tu n’as pas besoin d’une occasion spécifique pour la porter, j’imagine que ça pourrait être plus sympa, non ? “