Début de vie désastreux pour le jeune Wang Do. Sa mère, il ne la connaîtra que durant ses deux premières années, avant que cette dernière ne perde la vie en mettant au monde son deuxième enfant : la petite soeur de Wang Do. Une bénédiction, puisque cette petite fille s’en est sortie en pleine santé, teintée d’une tragédie. Forcément, Wang Do ne conserve que très peu de réels souvenirs de sa mère, si ce n’est des photos.

Leur père, de son côté, s’est d’abord montré fort. Très boulversé par la disparition de sa femme, il a essayé de ne rien laisser paraitre auprès de ses enfants pour être sûr de pouvoir s’occuper d’eux en faisant son deuil de son côté. Chose qui ne marchera malheureusement pas réellement. Deux ans la tête sous l’eau à renflouer ses sentiments auront été de trop pour lui. Un réveil banal pour le petit enfant qu’était Wang Do du haut de ses quatres ans, et dans le salon ce n’est pas son père qu’il retrouve, mais la voisine, le visage teinté de tristesse. Leur père avait disparu dans la nuit, ne laissant qu’une stupide lettre à la voisine lui implorant de s’occuper de ses enfants.

Après quelques coups de fils à la police et aux services sociaux, Wang Do et sa soeur sont dans un premier temps placés en orphelinat, le temps que la police tente en  vain de retrouver la trace de leur père. Ce n’est qu’après quelques mois, et une enquête infructueuse, que Wang Do et sa soeur sont officiellement déclarés comme des enfants abandonnés et placés plus ou moins définitivement à l’orphelinat. Leur voisine, ne pouvant se permettre leur adoption, s’assurait tout de même de leur rendre visite régulièrement, prenant un peu un rôle de tante auprès de ces deux gosses.

Une nouvelle tragédie les frappa lorsqu’au bout de quelques années, un couple se mit en tête d’adopter sa petite soeur, brisant ainsi le duo. Ils voulaient un enfant, un seul. Une petite fille, pas un garçon. Il faut aussi dire que son cas n’aidait pas : sa soeur était le cliché de la fille parfaite, souriante, de bonne humeur. Elle était bien trop jeune pour assimiler l’abandon de leur père. De son côté, Wang Do était distant, renfermé sur lui-même. Un véritable contraste.

Un véritable coup de massue pour Wang Do qui se sentait comme un paria mais il se rassurait en se disant qu’au moins, un des deux auraient la chance d’avoir une famille. Une séparation douloureuse mais un moindre mal, puisqu’ils avaient tout de même obtenu l’autorisation de garder contact par lettres ou bien par téléphone.

Wang Do a passé les années suivantes sans véritablement d'embûches, la vie banale d’un orphelin dans un orphelinat. Il a connu les conséquences de sa situation avec quelques railleries à l’école parce qu’il n’avait pas de parents et qu’il n’était pas riche, mais il prenait sur lui-même. En réalité, il n’avait pas vraiment honte de sa situation. Il savait pertinemment que la personne à blâmer était son père, et non lui.

C’est durant son adolescence, qu’il a connu son premier grand amour : la boxe. Le personnel de l’orphelinat encourageait fortement les enfants à s’investir dans une activité extra-scolaire, que ce soit la musique, le dessin, le sport. Wang Do a opté pour la troisième option, lui. Il y trouvait là un moyen de se maintenir en bonne santé tout en pouvant se décharger de toute la frustration qu’il gardait en lui et la colère qu’il s’obstinait à emmagasiner. Il ne l’avouera jamais, mais il a très souvent imaginé son père à la place du punching-ball, oui.

Arrivé à la fin du lycée, avec des résultats suffisants pour se dégoter une petite bourse de part sa situation, son choix de cursus ne fut une surprise pour personne : la filière STAPS. Wang Do avait beau être relativement bon dans la plupart des matières, il s’imaginait très bien faire carrière dans ce milieu et ce choix s'imposait de lui-même. Quittant l’orphelinat pour la première fois, il y voyait là une renaissance, une page blanche pour écrire le prochain chapitre de sa vie, bien qu’il ne gardait aucun souvenir néfaste de cet orphelinat, bien au contraire. A défaut d’avoir eu une famille,  il avait eu plein d’amis et un personnel bienveillant. Sa soeur, quant à elle, avait finalement réussi à s’acclimater assez bien à sa nouvelle vie dans sa famille, sans oublier son frère bien évidemment. Après les lettres et les coups de fils, ils s’étaient mis à se voir très régulièrement en ville à l’adolescence, rattrapant le temps perdu comme il le pouvait après les cours.

Le choix du logement s’imposait également à lui, puisque la bourse suffisait simplement à payer sa scolarité et de quoi manger le midi. Il a donc déménagé dans l’un des dortoirs proposés, ne le changeant au final pas vraiment de son époque à l’orphelinat. Vivre avec des inconnus était sa norme à lui. Si sa première année d’étude, il l’a passé à s’investir à fond dans ses cours et dans la découverte de cette nouvelle liberté, il a très vite commencé à se chercher un travail pour se faire un peu d’argent de poche en plus. C’est au détour d’une rue commerçante qu’il a vu une annonce et qu’il est devenu livreur pour un restaurant de poulets. Un boulot simple : parcourir la ville en soirée armé d’un scooter pour remplir la panse des habitants de Séoul. Le reste de son temps, il le passait soit à la salle de boxe pour s'entraîner, soit à l’orphelinat pour faire du bénévolat et se montrer redevable envers le lieu qui, à l’inverse de son père, ne l’avait pas abandonné à son propre sort.

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