Ce sont les sensations qui l'attirent, l'univers tout entier qui fascine. Peu importe le nombre de visites, elle le jurerait de toute façon, qu'une année sans parc d'attraction c'est une année fade, une année d'une tristesse sans nom. « Je vais me prendre une glace, qui veut une glace ? » Personne. Il fait dix degrés. Personne n'a envie d'une glace. Ils la dévisagent de haut en bas avec un drôle de regard et puis il y a ceux qui ont le sourire au coin des lèvres, l'œil qui pétille et la perspicacité au bout de leurs doigts. « Peur ? Moi, peur ? Bien sûr que NON je n'ai pas peur. » Elle a un peu trop d'assurance dans la voix pour quelqu'un qui se défile. « J'ai juste TRES envie d'une glace alors je vais me la chercher, TOUTE SEULE et si par malchance la queue avance un peu trop vite... bah ce sera tant pis pour moi, franchement, ne m'attendez pas. » Elle s'en voudrait, ne ferait que les retarder, non vraiment partez sans elle, sans vous retourner… bla blaa blaaa. Elle s'extirpe, fait mine de savoir où aller, tout ça pour finir par traîner devant le panneau d'affichage du grand plan du parc. Et quand elle fait demi-tour, c'est là, à ce moment précis que la glace revient sur le tapis, qu'elle se venge (et peut-être tout ça pour rendre son histoire plus tard un peu plus crédible). « AH ! JE SUIS DESOLEE PARDON. » Règle numéro un : ne jamais cesser de s'excuser. Elle le fait si bien. La boule de glace étalée en plein milieu de son joli pull, elle le tient au bout de ses doigts pour le tenir éloigné du contact de sa peau et l'herbe lui est coupée sous le pied dans le flot interminable de ses excuses ; c'est qu'à force de râler, on n'entend plus qu'elle (la fille aux grands yeux juste devant elle, les yeux aussi grands que la bouche, Ruby ne peut s'empêcher de penser). « Euh... » Elle tente d'attirer son attention. « Ben, en fait, c'est un peu vous qui m'avez bousculée aussi. » Autrement dit, pas de quoi en faire toute une histoire, il n'y a pas mort d'homme et la plus embêtée, ce n'est pas forcément celle qui fait le plus de bruit. De ce constat, Ruby penche alors doucement la tête sur le côté, observant la foule autour d'elle et venant poser un regard nouveau sur l'inconnue. « Ah bon ? J'ai vu des petites coupes de fruits frais pas loin d'ici pourtant. Vous n'avez pas dû chercher bien longtemps ! » Des fraises, de l'ananas, de la pastèque. Tout ça, quoi ! « Et même des tornado potatoes. Avec de la ketchup c'est trop bon. » En tout connoîsseur qui se respecte. « Excusez-moi, vous n'auriez pas une serviette par hasard pour essuyer votre glace sur mon tee-shirt…? » Et elle offre un petit sourire gêné mais autrement adorable.