Kill this love

C’est le printemps depuis quelques semaines déjà, mais la météo était encore maussade. Le soleil fait enfin honneur de sa présence. Han est particulièrement de bonne humeur, bien que le contraire soit assez rare. D’un naturel plein d’optimisme, il voit plus facilement le bon côté des choses et il s’émerveille d’un rien. Entendre les oiseaux chanter le matin suffirait à lui faire démarrer la journée du bon pied. Cependant, Han a d’autres raisons de se réjouir. Fin mars, il a réussi à décrocher la médaille d’argent aux Championnats du monde de patinage artistique et ce n’est pas rien. Il est le premier patineur homme représentant la Corée du sud à réussir cet exploit. Évidemment, à peine de retour à la capitale, il a été sollicité de tous les côtés pour des interviews, faire une apparition lors d’émissions… C’est gratifiant de recevoir de la reconnaissance, mais il n’a jamais fournit tous ces efforts pour cela et la popularité, c’est encore quelque chose qu’il a du mal à gérer. Sa personnalité introvertie cri son besoin de liberté et de tranquillité à la fin de la journée, mais il n’oserait pas se plaindre, car grâce à cela les opportunités se multiplient. Seule ombre au tableau, il n’a pas pu passer beaucoup de temps avec Hayden ces dernières semaines...

Autre bonne nouvelle de ces dernières semaines, malgré son emploi du temps et quelques périodes de cours à distance pour qu’il puisse assurer ses compétitions, Han est venu à bout de son année scolaire, accédant ainsi à la classe supérieur. Il n’est pas peu fier, ses efforts n’auront pas été vains. Quant à la bonne nouvelle d’aujourd’hui, il fait beau, pour une fois il n’a pas d’entraînement, ni de shooting, ni de tournage. Il est libre de terminer son après-midi comme il l’entend. Han adore le patinage artistique, c’est plus qu’une passion pour lui, mais il apprécie toujours cette courte période plus tranquille lorsque la saison des compétitions se terminent. Il va devoir rapidement se remettre au travail pour préparer ses nouveaux programmes, participer aux quelques spectacles sur glace auxquels il a été invité, honorer ses contrats publicitaires, etc. Mais pour cet après-midi… C’est repos et liberté. Il sort de cours vers quatorze heure, il se dit qu’il pourrait en profiter pour s’installer dans un coin calme du campus pour dessiner, ça fait longtemps qu’il n’a pas pris de temps pour ses autres passions… Celle qui est devenue son métier prenant une place importante dans sa vie désormais.

Il a déjà un endroit en tête… Où il n’y a pas trop de passage. Han aime bien être tranquille pour dessiner, mais il aime bien quand il y a un peu de passage malgré tout, car les personnes qui l’entourent l’inspire. Son sac de cours sur le dos, il quitte l’un des bâtiments principaux du campus pour aller s’installer au soleil. Han est du genre à être facilement dans la lune et à ne pas faire attention à ce qui l’entoure, pourtant en passant près d’un banc, il remarque tout de suite Bomi. Il n’a pas eu beaucoup d’occasion de la voir dernièrement non plus. Un sourire se dessine sur ses lèvres et il change ses plans pour aller saluer la jeune femme.

- Bomi ! Ça fait longtemps !

Il est sincèrement heureux de la voir, mais il remarque rapidement que quelque chose ne va pas. Assez empathique, Han n’a pas de mal à percevoir l’émotionnel chez les personnes qui l’entourent, en particulier ses amis et Bomi en fait bien évidemment partie...
 

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En compagnie de sa meilleure amie, Bomi avait listé toutes les possibilités au monde sauf une. C’est comme quand on révise pour un examen, on fait l’impasse sur une seule leçon et elle finit comme étant le sujet principal du devoir. Malheureusement, pas de mauvaises notes pour l’étudiante mais un rejet de l’homme pour lequel elle éprouve ce petit quelque chose en plus, depuis plusieurs mois. Pourquoi n’y a-t-elle pas songé une seule seconde ? Ce n’est pas une question de prétention. La demoiselle pensait avoir mis toutes ses chances de son côté et que l’américain ressentait la même chose à son égard. Tout faux. En plus de ne pas avoir eu l’occasion de déclarer sa flamme correctement, la jeune femme regrette d’avoir ouvert son coeur. Elle doit à la fois se remettre d’une déception amoureuse et s’habituer à l’absence d’Hayden. C’est bien la première fois qu’elle se trouve dans une telle situation et elle est incapable de déterminer la meilleure marche à suivre. Parce que oui, si cette histoire révèle quelque chose, c’est que Hwang Bomi n’est pas douée pour concocter des plans. Pas de questions non plus d’interroger Chae Yi, car les deux partagent ce point en commun. Alors quoi faire ? Attendre ? Envoyer un sms la première ? Pourquoi pas se jeter d’un pont aussi ?

Soupir après soupir, elle imagine que les choses iront mieux si elle se fait toute petite. Pourtant, son ami lui manque mais elle a tout ruiné. Il ne sait plus où se mettre et elle n’est pas mieux de son côté. Attrapant une tablette de chocolat dans son sac, plus de la moitié a déjà été entamée. Manger ses émotions est certainement le pire à faire mais une part d’elle mérite de se réconforter comme elle peut. Ce qui est d’autant plus dommage, c’est que s’exposer au soleil quand on est en possession de chocolat, est plutôt foireux. Elle lâche un juron quand elle constate les dégâts mais finit par croquer un bout dedans. Par chance, le destin accepte de sauver ses mains. Celles-ci ne sont pas recouvertes de chocolat quand elle jette un coup d'œil sur son téléphone. Ça la démange, ça la démange avant d’entendre son prénom. Relevant la tête, la jeune femme a la gorge serrée. Un sourire se dessine malgré tout sur ses lèvres, ravie de voir son camarade. “ Oh Han ! “ Elle pourrait presque lui sauter au cou si elle était moins modérée. “ J’ai appris pour ta médaille. Félicitations ! “ Elle s’emballe. Peut-être que la bonne humeur de Han saura la contaminer. Qu’importe, elle est aussitôt envahie par la confusion. “ Je suis désolée… Je ne t’ai même pas envoyé de message. Mais je te promets que j’étais de tout coeur avec toi ! “ Elle lui offre un sourire, priant pour avoir le droit à un pardon.



 

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Han est ravi d’apercevoir son amie. S’il lui arrive d’être extrêmement timide, il est toujours bien plus avenant et chaleureux avec les personnes qu’il connaît. Ses proches on une aura réconfortante et rassurante. Il s’est souvent confié à Bomi, il ne peut que la considérer comme telle. Le rouge lui monte au joue. Han comprend immédiatement de quoi elle parle. Il a remporté la médaille d’argent aux championnats du monde quelques semaines plus tôt. Cet évènement a fait certains gros titres dans son pays natal et il a déjà été invité dans quelques émissions. Il est fier de ce qu’il a accompli, évidemment, mais toutes cette attention l’intimide. Il ne patine pas pour la gloire, plutôt par passion. Il commence à s’habituer à ce nouveau rythme de vie où les tournages et les shooting, s’invitent dans son quotidien en plus des entraînements et des compétitions. Ce qui ne l’empêche pas d’être souvent gêné.

- Merci, j’ai encore du mal à y croire.

C’est la première fois qu’il se classe aussi bien lors des championnats du monde et en plus de cela, il est le premier patineur homme dans la catégorie simple à avoir réussi cet exploit. Han est fier d’apporter autant d’attention vers les athlètes sud-coréens en patinage artistiques, car il n’est pas le seul à être doué.

- Ce n’est pas grave, ne t’en fais pas. Tu as le droit d’être occupée.

Han ne lui en tiendra jamais rigueur. Même lorsqu’Hayden, son propre petit-ami tête en l’air qu’il est, oubli de lui envoyer un message, il ne lui en veut pas. Han et rancune, ça ne va pas ensemble. Pourtant, parfois il devrait… Mais la gentillesse est autant une qualité, qu’un défaut chez lui.

- Tout va bien, tu avais l’air un peu triste ?

L’empathie du patineur est aussi une grande qualité. Par moment, il aimerait qu’il en soit autrement, car sa sensibilité le fait parfois pleurer pour un rien. Han se souvient encore de la réaction d’Hayden quand il lui a dit qu’il avait les larmes aux yeux à cause d’une vidéo de chatons qu’il a vu sur insta. Il n’y peut rien, ils étaient beaucoup trop mignons ! Il suffit que l’anxiété et la fatigue se mêlent à son hypersensibilité et le cocktail est explosif. Bomi semble avoir retrouvé le sourire depuis qu’elle a commencé à lui parler, mais il ne veut pas qu’elle se force. La jeune femme a souvent été là pour lui quand ça n’allait pas fort. Il n’est pas le plus doué pour donner des conseils, cela dit, il peut au moins être une oreille attentive si elle en ressent le besoin.

- Enfin, tu n’es pas obligée de m’en parler, mais… Tu as souvent été là pour moi, alors si tu as besoin… Je suis là aussi.

Le patineur lui adresse un léger sourire. C’est important pour lui d’être présent pour ses amis. Il a mal vécu le fait de ne pas pouvoir être aux cotés de Seok Won quand il en avait le plus besoin. Han s’entraînait au Canada à l’époque, il avait décidé de prendre ses distances avec Hayden et leur relation, ils avaient même rompu à l’époque. Enfin, l’histoire est longue, mais il n’était pas là pour son ami et il essaie de se rattraper comme il le peut, encore aujourd’hui.
 

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En dehors de sa déception amoureuse, Hwang Bomi doit faire face à quelque chose de plus douloureux : perdre un ami. Bien sûr, ce n’est pas encore officiel mais le silence de mort entre eux est inhabituel et ne présage rien de bon. La demoiselle s’en inquiète. Elle reste néanmoins incapable de faire le premier pas car, apparemment, se confier sème la zizanie. Elle ne voit pas comment elle pourrait s’adresser à lui avec un nouvel excès de confiance. Aujourd’hui, il est impossible de se sentir pousser des ailes, peut-être même qu’elle les a arrachés pour éviter de s’envoler vers un monde imaginaire. Malheureusement, son cœur brisé est bien ancré dans la réalité et les sucreries sont les seules capables de former un havre de paix autour d’elle. Celui-ci se voit notamment chahuté par l’arrivée inattendue d’un camarade : Lee Han. Elle s’étonne de voir le médaillé dans le coin. Il doit être très occupé et pourtant, il ne se fait pas prier pour s’approcher de l’étudiante et lui faire la conversation. Aussitôt, Bomi se rappelle qu’elle n’a même pas pensé à lui adresser ses félicitations. C’est un peu la honte. Si ma mère était au courant, elle se ferait tirer les oreilles sur le champ ! Elle met les pieds dans le plat, regrettant d’être aussi individualiste. Ça ne lui ressemble pas. “ J’imagine ! Après tous tes efforts, tu dois avoir l’impression de vivre un rêve éveillé ! “ dit-elle, emballée pour lui. La demoiselle lui offre un sourire tandis que le patineur ne manque pas de discernement. C’est aussi évident ? Elle baisse la tête, pensive. Bomi ne peut pas s’empêcher de se sentir ridicule. “ Je suis un peu préoccupée mais ça va. “ Elle croise finalement son regard et son petit air l’encourage à suivre ses intentions. “ Tu sais… Si j’ai voulu t’aider, c’était avec plaisir… Pas pour que tu te sentes redevable. “ Elle marmonne dans sa barbe. “ Enfin, pas que je veuille remettre ta générosité en question. Olala, j’arrête pas de m’enfoncer. “ Pas de panique à bord… “ En plus, c’est pas très intéressant. Tu devrais peut-être plutôt me raconter les coulisses d’un champion ! “


 

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Han ne se formalise pas du silence de Bomi. Il ne s’en est pas vexé non plus. Elle a le droit d’être occupée aussi, d’autant plus que ça n’a pas l’air d’aller fort… Il s’est peut-être passé quelque chose… Han ne se considère pas assez proche de la jeune femme pour insister, mais elle si souvent répondu présente pour le soutenir. Il ne pouvait pas passer son chemin en ignorant son regard vague et son air triste. Le patineur n’est pas doué pour donner des conseils, il console ses amis comme il peut… Il ne manque pas d’empathie, au contraire. Han est une vraie éponge. Souvent les émotions des autres le touche tellement qu’il ne parvient pas à trouver les bons mots. Bomi tente d’orienter la conversation vers la récente victoire du patineur sud-coréen. Il ne remarque rien dans un premier temps, Han est quelque peu naïf par moment.

- J’ai presque l’impression que c’est un rêve parfois et que ça n’est jamais arrivé…

Pourtant, son téléphone est encore plein à craquer de photos et de vidéos qui ont immortalisé ces précieux moments. La rediffusion de ses performances, ainsi que de la cérémonie de remise des médailles est aussi disponible. Tout atteste que cette médaille est bien réelle. Elle est encore sur son bureau d’ailleurs. Il la voit tous les jours. Il est revenu à Séoul il y a quelques temps déjà, mais il peine toujours à y croire. Il a tant rêvé d’un tel titre.

- Je ne disais pas ça parce que je me sentais redevable, mais… On est devenu amis maintenant, non ? Et les amis se soutiennent ?

Sa dernière question le fait sourire. Ils peuvent peut-être trouver un compromis.

- Je peux t’en parler si ça peut t’aider à te changer les idées…

Loin de lui l’idée de vouloir se vanter. Han n’a jamais eu ce trait de personnalité, il est même le contraire. Toujours discret, effacé et modeste. Sa timidité et son introversion font qu’il déteste avoir les regards braqués sur lui. Au début de sa carrière en compétition, ce n’était pas simple d’évoluer sur la glace face à tant de spectateur. Pire, face à des caméras qui immortalisent chacune de ses erreurs… Il a fait des progrès à force, il gère de mieux en mieux la pression. Du moins, aussi bien qu’il peut, Han reste un anxieux de nature.

- Mais si tu as envie de parler… Je suis là, il conclut avec un sourire timide. Tu veux que je te raconte quoi exactement ? Je ne sais pas par où commencer…
 

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Difficile d’avoir les pieds sur terre, après une telle réussite. Atteindre son rêve demande de nombreux efforts et maintenant que son objectif est accompli, que faire ? Elle ne doute pas de l’imagination de son camarade. Ce sentiment doit être étrange du fait de sa nouveauté et du bonheur qu’il entraîne. L’étudiante se met à sourire devant la moue du patineur. C’est sans compter sur ses arguments et le fait qu’il souligne la nature de leur lien. Bomi est un peu gênée. Elle ne veut pas l’inquiéter mais elle ne veut pas le rembarrer non plus. La jeune femme n’a rien à perdre. Peut-être que le dire à haute voix pourra la soulager. C’est juste que sa fierté en a pris un coup. Elle doit accepter le fait que le prodigieux Lee Han soit informé de ce grand moment de honte. Mais, les amis ne sont pas censés se juger, pas vrai ? Ils sont là pour vous féliciter et pour vous encourager. Il lui paraît naturel de parler de son triomphe, qu’elle ait besoin de se changer les idées ou non. “ Bon d’accord… Mais toi d’abord. “ De quoi prendre la fuite si elle décide de changer d’avis ? Bonne question. “ Hmmm, comment as-tu géré le stress ? Si tu as serré la main à des gens super importants ? Tes fans t’ont donné quoi comme cadeaux ? C’est des exemples, hein. Tu as peut-être une anecdote en particulier ? “ Elle s’emballe. “ A tous les coups, les journalistes t’ont posé des questions identiques ? “  Ils sont connus pour ne pas être originaux. Dans ce cas, il suffit de répéter le même texte devant toutes les caméras. En même temps, quelles questions peut-on poser ? L'exercice n'est pas évident mais elle espère avoir mis Han sur la bonne voie, concernant ses attentes qui n'en sont pas vraiment.


 

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Cette médaille d’argent lui paraît presque irréelle… Il a l’impression que cette compétition n’a jamais eue lieu tant ses souvenirs sont brumeux. Han a l’habitude de cette sensation, quand il est soumis à un certain stress, son anxiété pointe le bout de son nez et il lui arrive de se souvenir vaguement d’un moment. Enfin, il s’en souvient, mais c’est comme si rien n’avait été réel : présenter ses deux programmes de compétition dans cette patinoire, recevoir ses scores, monter sur le podium… Pourtant, quand il est rentré à Séoul, les fans et les journalistes présents à l’aéroport lui ont bien rappelé que rien n’était une illusion. Les semaines qui ont suivies non plus, il a enchaîné les interviews et les apparitions télévisuelles.

- Gérer le stress ? Je crois que je n’ai jamais su faire ça, il répond en toute honnêteté.

Il est toujours mort de trouille quand c’est à son tour de fouler la glace. Il a beau s’être préparé pendant des mois pour chaque compétition, tout peut toujours arriver. Le patinage artistique est un sport particulièrement ingrat et injuste dans ses résultats. Le stress a souvent été son ennemie au début de sa carrière.

- Hm, oui, j’ai rencontré certaines personnes haut-placées… Il y a quelques jours j’ai rencontré le Ministre sud-coréen de la culture, des sports et du tourisme.

Dire qu’il était impressionné serait un euphémisme.

- On m’a offert des fleurs et des peluches principalement.

C’est un institution les peluches dans ce sport. Il suffit de voir toutes celles qui sont lancées sur la glace au cours de certaines compétitions, même si parfois cela permet aussi de voir quel patineur est populaire par rapport aux autres… Han a de la peine pour ses concurrents par moment.

- On me pose souvent les mêmes questions c’est vrai. Après, je ne vais pas me plaindre, on ne me pose jamais de questions sur ma vie privée.

Contrairement à d’autres personnalités publiques en Corée du sud, les idoles par exemples. Sa vie personnelle est bien moins sous les feux des projecteurs et on le laisse à peu près vivre comme il l’entend. Ce qui ne l’empêche pas de dissimuler des informations qui pourraient être compromettantes si dévoilées au grand jour. Sa relation avec Hayden par exemple… Des anecdotes, il pourrait en avoir plein, mais il ne sait pas par où commencer, ni la quelle choisir…

- Je ne sais pas quelle anecdote te raconter… Il se passe toujours tellement de choses en compétition… J’ai faillit perdre mon téléphone parce que je l’ai oublié dans les vestiaires après les entraînements, ça compte comme anecdote ?

Il rit, se moquant de lui-même. Même s’il est prévoyant et que son fond d’écran n’est pas clairement une photo de lui avec Hayden, les rumeurs partent souvent de rien. En réalité, il s’agit d’une photo où ils se tiennent la main, mais on ne voit pas leur visage.

- Ah et le lendemain de la dernière épreuve de la compétition, j’avais plusieurs interview de prévues avec des journalistes qui étaient sur place avant de rentrer à Séoul, sauf que je suis resté au téléphone jusque tard et j’avais vraiment sommeil pendant qu’on me posait des questions pas toujours intéressantes…

On ne demandera pas avec qui il était au téléphone, je pense que ce n’est pas difficile à deviner...
 

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Elle imagine les sportifs comme des surhumains. Bomi les respecte pour leur persévérance et leur force. Elle n’a jamais eu un talent particulier en sport, si ce n’est sa souplesse naturelle. La compétition n’a jamais été son fort. De loin, elle s’était imaginée un monde rempli de rapaces. Comment évoluer dans un tel milieu ? Pour autant, réduire le sport à une telle image est plutôt honteux. L’esprit sportif existe mais l’ignare n’en a pas conscience. Elle affiche un sourire, impressionnée par les récits du champion. Tous les deux n’ont pas la même vie, même si son quotidien ne dérange pas l’étudiante. Elle s’amuse, profite aussi d’une certaine routine, même si parfois, elle aimerait être plus rêveuse et ambitieuse. Sa mère prie tous les jours pour que sa fille se motive à atteindre le haut du panier. Mais les rêves d’une mère ne deviennent pas forcément ceux d’une enfant. “ Il te reste encore assez de place pour garder toutes ces peluches ? “ Est-ce qu’on finit par se lasser du soutien des gens quand on devient une star dans son domaine ? Les prétentieux doivent penser ainsi… “ J’imagine que les idoles attirent toute l’attention dans ce domaine… Mais j’espère pour toi, que ça va continuer ainsi. “ Elle lui offre un sourire. Garder son intimité privée lui semble évident. Bomi n’ose pas déjà tout avoué à son camarade alors parler de ses relations amoureuses, devant la caméra, à des milliers d’inconnus… Elle ne le souhaite à personne. Une moue de déception s’affiche sur son visage. “ Hmmm… Je m’attendais à mieux. “ Elle le gratifie d’un sourire. “ Attends, tu t’es endormi pendant l’interview ? “ Bomi n’est pas certaine d’avoir compris. “ Heureusement que tu n’as pas passé ta soirée au téléphone la veille de la compétition ! “ Elle échappe un léger rire. “ Mais je peux comprendre… Parfois avec l’excitation, j’ai tendance à veiller aussi. Enfin, j’avais tendance. Je n’ai plus beaucoup joué ces derniers temps, ça a dû m’aider, je suppose. “ Elle tourne son visage vers lui et pose ses deux mains sur ses joues, pour se donner des airs de fleur. “ Tu trouves mon visage plus reposé qu’avant ? “ Sauf qu’à force de pleurer une bonne partie de son temps, son visage est plutôt bouffi.



 

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Faire de la compétition de haut niveau, n’a jamais été le rêve d’Han quand il était enfant. Il s’est retrouvé là un peu par hasard… Il aimait patiner, les sensations que ce sport lui procurait, le bonheur qu’il ressentait chaque fois qu’il foulait la glace. Comme il n’était pas trop mauvais avec des patins aux pieds, on l’a orienté vers les compétitions novice, puis junior et il a gravi les échelons pour en arriver là aujourd’hui : meilleur patineur de son pays dans sa catégorie. Il ne déteste pas la compétition, ça lui permet de se dépasser et de se fixer des objectifs, mais son but n’est pas d’écraser la concurrence. Avant tout, il veut prendre du plaisir sur la glace. Il a vu trop de collègues poussés à bout jusqu’à un dégoût certain de la discipline. Il ne veut pas en arriver à un tel extrême. Il a la chance de s’entraîner dans un environnement sain, ce qui joue beaucoup.

- Je ne les garde jamais toutes, ce n’est pas possible. J’en fais don à des associations.

Certains enfants ont bien plus besoin que lui de ces peluches. Il apprécie le soutien qu’on lui témoigne, mais au moins, ainsi les cadeaux qu’on lui offre ne prennent pas la poussière dans un placard. Ils sont utiles.

- Je leur laisse volontiers toute l’attention, il répond avec un léger rire.

Ses accomplissements depuis quelques années attirent déjà suffisamment d’attention à son goût. Discret de nature, il ne fait pas non plus ça pour la célébrité. Il patine parce que ce sport le fait vibrer. S’il peut en plus faire passer un bon moment aux personnes qui le soutiennent et apporter de la reconnaissance à son pays c’est un plus, non négligeable certes, mais qui n’est pas une fin en soi pour Han. Il rit amusé.

- Non, je ne me suis pas endormi pendant l’interview, mais en répondant aux questions je rêvais de retrouver mon lit.

Et Hayden aussi tant qu’à faire. Il avait hâte de rentrer à Séoul pour retrouver leur appartement, leur lit et l’étreinte réconfortante de son petit-ami.

- Jamais avant un jour de compétition, on essaie de faire attention à ça, dit-il sans réfléchir.

Par « on », Han veut dire Hayden et lui, quand ils s’appellent ou s’envoient des messages parce que le patineur est à l’autre bout du monde… Il leur arrive de rester longtemps au téléphone, mais jamais avant un jour de compétition, même si parfois ce n’est pas l’envie qui manque au patineur, stressé par ce qui l’attend et qui aimerait avoir le réconfort de son copain.

- Oh, pourquoi tu ne joues plus ? Il demande inquiet.

Il sait que Bomi adore les jeux-vidéos… Est-ce qu’elle s’est lassée ?

- Hm… Un peu plus reposée, mais tu as l’air d’être préoccupée par quelque chose.

Han répond avec honnêteté, tout en essayant de ne pas être blessant non plus. Il ne veut pas vexer son amie.
 

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Faire un don aux associations est une excellente idée. Les peluches seront choyées dans d’autres foyers, bien plus que si elles restaient dans le noir au fond du placard. En attendant, les péripéties de son ami lui redonnent le sourire. Elle imagine qu’il doit faire de nombreuses concessions dans sa vie mais c’est aussi une étape importante pour sa carrière professionnelle. Alors, elle se doute que ses concurrents font également attention à préserver leur sommeil, surtout la veille d’une compétition. Ça ne doit pas être évident de trouver le sommeil entre le stress et l’excitation. Bomi serait peut-être du genre à faire nuit blanche ou à demander un bon coup de poing pour l’assommer, puis la foutre au lit. Le maquillage pourrait facilement dissimuler toute preuve. Enfin, sa vie est nettement moins exaltante, surtout quand elle a réduit le temps passé d’une de ses passions : les jeux-vidéos. Bomi ne devrait pas prendre une longue pause si elle voulait conserver son petit niveau. Toutefois, se détacher des écrans lui fait du bien en cette période. “ Je songe à prendre ma retraite, ouais. “ Elle exagère et tente de le faire comprendre en rigolant. Mais c’est sans compter sur l’inquiétude de son camarade qui la pousse à reprendre son sérieux et à se confier… L’étudiante soupire. “ Garde ça pour toi… “ Han n’est pas du genre à faire des messes basses mais elle préfère le souligner. Elle, c’est un peu son guilty pleasure par moment. “ Je joue surtout avec des garçons, tu vois… Dont un avec qui le courant passait plutôt bien… “ C’est gênant. “ Et pour te la faire simple, lui et moi, c’était pas la même nature de courant. “ C’est un cours d'électricité ? “ Et du coup, le courant ne passe plus trop maintenant… C’est un peu la honte comme si j’avais été l’idiote qui s’était fait des films. Alors non, je n’ai pas trop envie de jouer en ce moment. “


 

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