Hiver 2017

Tu aurais dû l’écouter depuis le départ. Il avait raison. Il avait foutrement raison. Mais tu étais con Jin Hwan, stupide de croire que quelque chose allait changer quand tout était sous tes yeux. Depuis trop longtemps. Si la vie avait décidé de te faire une mauvaise blague, c’était bien le moment de se réveiller pour tout ce qui était en train de se passer s’arrête. Tu étais en train de fêter une victoire avec ton meilleur ami, il n’y a même pas quelques heures et là, maintenant, tu étais dans un autre état. Tu n’étais même pas sûr si tes pansements étaient encore secs à cause de la pluie qui ne faisait que de tomber sur toi et ta pauvre veste que tu avais sur les épaules. Tu étais bien le dernier à te voir affecter par ce genre de choses, tu aurais certainement terminé par apprendre la supercherie un jour ou l’autre… Ou est-ce que tu avais encore du mal à accepter ce qui était en train de se passer ? Ce que tu avais entendu ? La douleur de ta main qui avait frappé contre la mâchoire de ce gars que tu avais eu en face de toi à des dîners sans te douter de tout le bordel ? Tu étais con Jin Hwan, vraiment con.

Tu aurais dû faire l’effort de prendre ta voiture à la place de marcher sous la pluie comme ça. Tu aurais pu en quelque sorte épargner de devoir refaire tes pansements que tu avais sur le visage, ou que tu aurais arrêté de grimacer à cause de ta main. Ou peut-être c’était la seule solution pour cacher ce qui était en train de couler sur ton visage ? Est-ce que tu aurais pensé un jour que tu allais finir dans un état comme ce dernier, à cause d’une personne ? Probablement, mais les larmes auraient été de joie, pas de douleur, pas de colère, pas de ce que tu étais en train de ressentir. Tu avais fini par trouver des moyens de rentrer dans le bâtiment de l'appartement de ton meilleur ami, à force de se voir entre potes quand ses parents n’étaient pas là. Tu espérais qu’il soit là, qu’il soit seul aussi. Comment allais-tu expliquer ton état à d’autres personnes que lui ? Tu aurais très bien pu te diriger vers chez ta sœur, mais tu avais honte, tu ne voulais pas te montrer dans un état comme celui-ci. Même si Seon Woo n’avait jamais vu l’état dans lequel tu te trouvais. Est-ce que tu avais la force de frapper contre la porte ? Même toi pendant un instant, tu avais perdu tout ce qui était toi. Tu avais juste tapé pendant un instant en grimaçant, la capuche encore sur la tête, dégoulinante de la pluie extérieure. Pourvu qu’il ait entendu le bruit contre la porte. Tu n’avais pas attendu longtemps pour tomber nez à nez avec ton meilleur ami depuis l’enfance, le gars qui te sautait sur le dos il y a quelques heures pour fêter ta victoire, ta notoriété grandissante. « Elle s’est complétement foutue de ma gueule. », tu n’étais même pas sûr que la fin de ta phrase avait été entendu parce que tu as éclaté en sanglot pour la première fois de ta vie devant Seon Woo. Il était loin le Jin Hwan, terreur coréenne dans un octogone.

Hiver 2017

Affalé dans le canapé, Seonwoo zappait les chaînes à la télévision. Il s’ennuyait à mourir et regrettait presque d’avoir refusé de manger au restaurant. Franchement, pourquoi avait-il dit non ? Ah, oui, parce qu’il n’avait tout simplement pas envie. Flemme. Le lycéen soupira, éteignant finalement la télévision. Tant pis, il allait juste se foutre sous la couette et traîner sur son téléphone avant de s’endormir. Il se leva, quitta le salon et rejoignit sa chambre. Enfin, c’était ce qu’il s’apprêtait à faire jusqu’à ce qu’il entende quelques coups contre la porte. Le jeune homme s’arrêta, fronçant les sourcils. Il n’était pas certain d’avoir bien entendu. Ça avait été si léger… Et puis, il n’attendait personne. Pas de livreur. Pas son meilleur ami. Et il n’avait pas de petite-amie à laquelle il avait demandé de passer durant l’absence de ses parents. Alors, c’est un peu hésitant qu’il s’approcha de la porte. Et c’est encore hésitant qu’il ouvrit la porte, car la personne derrière avait le visage caché à cause de la capuche. Il n’avait aucune idée de qui se trouvait de l’autre côté. Le lycéen fut prudent, ouvrant légèrement pour tenter d’apercevoir le visage de l’inconnu et le reconnaître. La surprise s’empara de ses traits en découvrant Jinhwan, trempé de la tête jusqu’aux pieds. Ben, qu’est-ce qu’il foutait là ? Il l’avait quitté il y a quelques heures, le sourire aux lèvres, après sa victoire. Pourquoi faisait-il cette tête d’enterrement ? Seonwoo le regarda, la bouche s’ouvrant pour parler mais le garçon l’interrompit. Il éclata en sanglots et le lycéen cligna des yeux, pas certain d’être bien réveillé. S’était-il assoupi sur le canapé ? Il n’en revenait pas de voir son meilleur ami pleurer. Ce n’était jamais arrivé depuis qu’ils se connaissaient et ils se connaissaient depuis des années. « Qu’est-ce que… » Bafouilla-t-il, ne sachant même pas comment réagir. Il se reprit. « Ok, alors, pour commencer, rentre. » Dit-il en se poussant de l’entrée pour qu’il puisse rentrer dans l’appartement. Il ne comprenait pas ce qu’il se passait. Qui s’était foutue de sa gueule ? Pour le moment, ce n’était pas la préoccupation du lycéen. Jinhwan allait attraper la crève à rester ainsi alors il récupéra une serviette dans la salle de bain et la lui tendit en revenant vers lui. « Sèche toi un peu. Je vais te chercher de quoi te changer. Va dans la salle de bain. » Lui dit-il, partant dans sa chambre pour récupérer des vêtements secs et les plus larges possibles. Ils n’avaient pas trop la même carrure, l’étudiant étant bien plus musclé que lui. Le lycéen retourna voir Jinhwan et lui donna les vêtements. « Désolé si c’est trop serré, j’ai que ça. » S’excusa-t-il avant de le laisser se changer, s’asseyant sur le dossier du canapé, face à la porte de la salle de bain.

Hiver 2017

Peut-être que tu n’aurais pas dû faire le chemin jusqu’ici. Peut-être que ton meilleur ami était occupé à faire autre chose, tu comprendrais qu’il te le fasse comprendre en ouvrant la porte, dès les premières secondes. Mais, ce n’était même plus le gars qu’il connaissait qu’il avait en face de lui. Même toi, tu étais incapable de te reconnaître au moment où la porte s’était ouverte devant tes yeux et que ton regard n’était plus qu’un torrent de larmes. On pouvait dire que cela faisait bien trop longtemps que tu n’avais pas pleuré ainsi, ce n’était pas dans tes habitudes même dans les moments d’extrême douleur dans tes combats. Là, c’était comme un cri du cœur qui avait fini par être arraché en quelques secondes. Tu savais très bien qu’il n’était pas habitué à voir cela de toi, que tu étais en train de trembler parce que l’eau n’avait fait que de continuer à tomber sur ton corps. Tu étais inconsciemment incapable de calmer les larmes qui étaient présentes sur tes joues, qui ne faisaient que de menacer de tomber à chaque seconde, alors que tu posais un pied dans cet endroit que tu connaissais sur le bout des doigts. Ta capuche n’était plus sur ton crâne dès les premières secondes dans la demeure, mais même tes cheveux étaient trempés. Tu attendais quelques secondes avant que le jeune homme revienne vers toi avec une serviette, tu ne perdais pas de temps pour la passer sur tes cheveux pour essayer de rattraper les dégâts de cette marche sous la pluie. Tu allais certainement tomber malade, tes amis de cours allaient certainement râler parce que tu n’étais pas là. Tu voulais dire quelque chose, mais cette boule dans ta gorge te faisait faire le chemin inverse. Alors, quand ton meilleur ami te disait d’aller dans la salle de bain, c’était presque mécaniquement que tes pas te conduisaient à l’endroit demandé. Tu avais commencé à enlever ta veste en laissant échapper quelques soupirs en plus des larmes qui ne faisaient que de couler. Puis, c’était un simple merci qui venait s’échapper de tes lèvres quand Seonwoo venait à déposer des affaires pour que tu te changes. Tu grimaçais malgré tout en enlevant tes vêtements, à cause des quelques blessures que tu pouvais avoir après ton combat. Différence de carrure oblige, tu n’étais pas dans des vêtements amples, mais ça faisait l’affaire. Main sur la poignée, tu laissais échapper un nouveau soupir, les larmes avaient enfin cessé mais allaient certainement refaire surface. Tu ouvris la porte devant le jeune homme, épuisé, alors que tu devrais être en train de célébrer, tu venais d’entrer dans un chemin miné.

Tu prenais une respiration avant de te lancer. « Elle… elle s’est servie de moi… Depuis le début. », cette sensation où tu refusais de croire ton meilleur ami quand il te disait qu’elle n’était pas quelqu’un de bien et qu’il avait finalement raison, venait te prendre le cœur d’un seul coup. « T’avais raison putain… », tes derniers mots venaient de sortir d’un sanglot, alors que tu passais tes mains nerveusement dans tes cheveux.

Hiver 2017

Seonwoo fronça les sourcils en entendant toquer à la porte. Il n’était pas certain d’avoir bien entendu, les coups ayant été vraiment très discrets. Il s’avança pour ouvrir, lentement, prudemment, car la personne qui lui faisait face avait le visage complètement caché. Le lycéen l’observa longuement, jusqu’à ce qu’il reconnaisse son meilleur ami et ouvre largement la porte. Ben merde alors, qu’est-ce qu’il fichait là ? Le garçon voulut lui poser la question mais il n’en eut pas le temps. Les larmes de Jinhwan l’interrompirent net, le laissant sans voix. Depuis qu’ils se connaissaient, ce n’était jamais arrivé. Pas une seule fois. Et pourtant, ça faisait des années qu’ils se fréquentaient tous les deux ! Des années, et jamais il n’avait vu une seule larme couler sur les joues de l’étudiant. Jusqu’à aujourd’hui. Seonwoo ne comprenait pas bien ce qu’il se passait et avant de le questionner, il le fit rentrer. Première étape : se sécher. Deuxième étape : se changer. Le lycéen alla chercher une serviette pour la tendre au goguryeo, l’invitant à rejoindre la salle de bain tandis qu’il allait récupérer des affaires. Malheureusement, il n’avait rien à sa taille. Il avait fait le maximum pour prendre ses affaires les plus amples mais il doutait que Jinhwan se sente réellement à l’aise dedans. Il fallait dire qu’ils n’avaient pas vraiment la même carrure, tous les deux… Il s’excusa par avance en lui donnant les vêtements, attendant sagement contre le canapé qui faisait face à la porte de la salle de bain. Quand la porte s’ouvrit, Seonwoo posa son regard sur l’étudiant. Il prit de nouveau la parole et le lycéen se pinça les lèvres, craignant qu’il parle de sa petite-amie. Depuis le début, il ne la sentait pas mais Jinhwan ne l’avait jamais écouté. Il aurait préféré se tromper, cela dit. Réellement. « J’aurais préféré me tromper, crois moi… » Souffla-t-il, se rapprochant finalement de son meilleur ami pour l’enlacer. Il ne savait pas trop comment réagir face à ses pleurs, ni quoi dire. Il était certain qu’un « je te l’avais bien dit » n’aiderait pas. « Elle se servait de toi… pour quoi ? » Demanda-t-il, se détachant de lui pour le regarder, cachant autant qu’il le pouvait la colère qui grondait en lui. Il détestait le voir comme ça. C’était la première fois et il espérait bien la dernière. Il ne supportait pas de le voir dans un tel état, à cause d’elle. « Tu veux t’asseoir peut-être pour en parler ? » Proposa-t-il.

Hiver 2017

Tu étais têtu Jinhwan, parce que tu étais amoureux. Amoureux d’une femme qui venait de montrer son vrai visage en croyant que tu n’étais pas là. Ton cœur était démoli, tu ne savais plus quoi faire, peut-être pour ça que tu étais maintenant en train de pleurer sous les yeux de ton meilleur ami. Alors, à présent, tu étais là, dans des fringues qui étaient plus petites que ta propre carrure, mais l’intention de ton meilleur ami était présente. Tu étais sorti de la salle de bain et tu étais de nouveau en train de pleurer toutes les larmes de ton corps parce que tu n’avais plus aucun contrôle sur ton propre cœur, sur tes propres émotions. Tu n’osais même pas lever le regard pour le regarder, parce que tu avais presque honte Jinhwan, tu étais en train de comprendre qu’il avait raison et que tu aurais dû l’écouter depuis le départ. Puis, tu finissais dans les bras de Seonwoo, étonnant, mais terriblement réconfortant dans la situation. Tu entourais ton meilleur ami de tes bras pendant un instant avant de laisser échapper un soupir de tes lèvres. Trop de choses étaient en train de se passer, mais surtout, il y avait trop de choses à raconter à ton meilleur ami. Surtout quand il venait à te demander le pourquoi de ce que tu venais de dire. Tu étais bien le premier à toujours dire que ça allait s’améliorer, qu’elle était peut-être celle qui allait devenir ta femme dans les années qui arrivent. Foutaise, connerie sur pattes, toutes les choses que tu avais dites n’étaient qu’une illusion. « Ouais… je pense que c’est une bonne idée de s’asseoir parce que je vais pas tenir debout longtemps… après mon putain de combat. », parce que toute l’adrénaline de ce que tu avais gagné quelques heures plus tôt te venait en pleine face. Alors, tu ne perdais pas de temps avant de te mettre sur le canapé à côté de ton meilleur ami. Puis tu prenais plusieurs bouffées d’air, à la recherche d’un souffle que tu avais perdu en à peine quelques secondes. Puis tu serrais tes poings à plusieurs reprises avant de lâcher de nouveau un soupir. « Enfaite, elle en avait après mon statut. Enfin, plutôt le statut de merde de mon connard de père. Elle était avec le gars qui était soi-disant son meilleur ami, mon cul que c’était juste son meilleur ami… », tu passais une main dans tes cheveux avant de grimacer à cause de tes phalanges qui se faisaient douloureuse maintenant. « Visiblement, elle voulait me faire prendre le poste que j’ai refusé à mon père à plusieurs reprises, celui d’être son héritier et tout le bordel qui suit. Juste pour avoir de la tune.  Juste pour avoir un statut. J’étais juste un putain d’abruti. », tu posais tes coudes sur tes cuisses avant de mettre ta tête dans tes mains.

Hiver 2017

Seonwoo ne s’attendait clairement pas à voir son meilleur ami en ouvrant la porte. Non. Il l’avait quitté il y a quelques heures après son combat, après sa victoire et ne comptait le revoir que le lendemain ou dans quelques jours. Non, vraiment, il n’avait pas prévu de le revoir quelques heures après et encore moins en pleurs. Ben merde alors ! Le lycéen ne savait pas vraiment comment réagir face aux sanglots de Jinhwan. C’était bien la première fois qu’il pleurait devant lui. Alors, le jeune homme le laissa rentrer. Puis, il lui proposa de se changer. Ça serait quand même con d’attraper la crève… Seonwoo lui trouva les vêtements les plus larges qu’il avait et les lui donna. Il patienta contre le canapé. Quand son meilleur ami ouvrit la porte, lui révélant qu’elle s’était servie de lui depuis le début et qu’il avait raison, un sanglot dans la voix, le lycéen n’eut qu’une seule réaction : le prendre dans ses bras. Une étreinte fraternelle, réconfortante, de soutien. Seonwoo se détacha de Jinhwan, lui proposant de s’asseoir pour tout lui raconter. Ils s’installèrent sur le canapé, et le lycéen attendit, sagement. Il ne relança pas, ne posa pas de questions, laissant le temps à son meilleur ami de souffler et trouver ses mots. Il l’écouta attentivement, le laissant déballer ce qu’il avait à dire. « T’es pas un abruti. » Le contredit-il, sa main venant presser affectueusement son épaule. « T’étais amoureux, et elle en a profité… » Souffla-t-il, contenant sa colère. Il retira sa main de son épaule. « Il s’est passé quoi ? Pourquoi tes mains sont dans cet état ? » Demanda-t-il en observant les mains de Jinhwan. Ça, ça ne venait pas de son combat de tout à l’heure.

Hiver 2017

« Et juste pour ça, je suis un abruti ! », parce que tu n’avais que ça en tête. Tu ne pouvais pas être d’accord avec ton meilleur ami à ce moment-là parce que tu pensais avoir eu assez de chance pour comprendre la supercherie avec toutes les personnes autour de toi. Mais, non, tu étais tombé dedans juste à cause de l’amour que tu pouvais lui porter. Tu avais juste envie de hurler toute la haine que tu pouvais avoir au plus profond de toi. Tu avais rêvé de tout et de n’importe quoi avec cette femme à tes côtés. Maintenant tout était en flamme et tu n’avais même pas le courage de ramasser ce qui pourrait quand même arriver avec une autre. Tu ne voulais plus y croire. Toi qui avais déjà du mal à accepter, voilà que ta confiance venait de partir en fumée. C’était dans ce type de réflexion que Seonwoo venait à te remettre sur terre, question concernant tes mains qui avaient pris une autre couleur entre-temps. Bien sûr que ce n’était pas à cause de ton combat, tes mains étaient protégées pour protéger ton adversaire comme toi. Même si tu pouvais faire mal avec tes gants. Tu regardais pendant un instant le dégât avant de soupirer. « J’ai éclaté la gueule de son gars. J’ai certainement dû lui péter le nez et lui ouvrir l’arcade au minimum… », et tu t’en fichais totalement des dégâts que tu avais bien pu lui faire pour être honnête. Tu passais une main nerveuse sous tes yeux dans le seul but de sécher les larmes qui avaient coulé avant de grogner à cause de la douleur. « Ouais, je crois qu’il faut nettoyer mes mains, je vais me faire défoncer par mon coach sinon. », tu laissais échapper un rire nerveux sur le coup, parce que tu ne faisais pas attention à certains moments.