A présent que son visage ne lui était plus totalement étranger, Joo le reconnaissait dans ses moindres déplacements. Ignorant. Tournant les talons. Fuyant les traits grossièrement identifiés. Elle avait chassé ses mains, repoussé son corps jugé trop près du sien et à présent, ses avances déplacées faisaient l'objet d'invectives que son impatience rendaient plus désagréables encore que tout esprit censé ne les auraient formulées.

« Ecoute-moi bien gros tocard. »

Voilà qui commençait bien.

« Si tu comprends pas les signaux discrets, les sous-entendus plus ou moins subtiles et les non catégoriques, je vais te la faire en des termes que tu risquerais de mieux saisir. »

Consciente qu'à vociférer ses menaces dans le creux de son oreille, elle tombait droit dans le panneau de tout ce qu'il attendait d'elle. Un classique.

« Essaie encore une fois de poser tes mains dégoûtantes sur ma ravissante silhouette » bon, après tout les superlatifs étaient un petit plus dont elle n'avait aucune raison de se priver « et j'appelle mon mec pour qu'il vienne te péter la gueule, est-ce que c'est bien compris ? »

Quand bien même l'idée de le dissuader était fermement ancrée dans ses résolutions, Joo ne pouvait pas se résoudre à se montrer sous un mauvais jour. Elle battait des cils, plus aguicheuse que jamais dans sa façon de lui montrer qu'il n'était absolument pas un match pour elle, loin, très loin d'arriver ne serait-ce qu'à la cheville des mecs qu'elle considérait comme pouvant conquérir dans sa ligue.

« Alors, du vent. » D'un mouvement leste du poignet qui lui suggérait vivement d'aller voir ailleurs, se plaçant exagérément au-dessus de lui dans un display d'ultimate sass dont elle s'accommodait si bien.

« Et il existe vraiment ce mec dont tu parles ? »

Oh le fumier.

Piquée en plein dans son mensonge (c'est bien la peine d'avoir un mec 364 jours par an et d'embrasser le célibat le seul jour de l'année où ça peut s'avérer vraiment utile) elle tourne les talons en se jurant de le semer.

Pas l'ombre d'un visage connu à l'horizon. Impossible d'identifier qui que ce soit dans la foule qui s'amasse. Les sonos qui hurlent. Les néons qui étourdissent. Réfléchir calmement s'avère être un casse-tête.

Au milieu de tout le reste, une silhouette dénote de l'habituelle clientèle. Un gars sculpté dans le marbre avec des bras au moins aussi gros que sa tête.

Je n'ai pas oublié de vous préciser plus haut qu'à cette heure-ci de la nuit et dans les conditions que nous rencontrons actuellement, réfléchir calmement s'avérait être un véritable casse-tête...

Effleurant l'épaule du parfait inconnu pour attirer son attention, elle s'était inclinée légèrement, provoquant le parfait face à face entre les deux garçons.

« C'est lui, mon petit-ami. »

Et d'encercler le biceps de ce dernier à l'aide de ses deux mains, de cette moue boudeuse, adorable et résolument vulnérable qui implorait protection.

« Bébé, je n'arrive pas à profiter de ma soirée à cause de ce type qui me suit partout et qui n'arrête pas de me faire des avances déplacées… tu peux lui dire de me laisser tranquille s'il te plaît ? »