Outfits. + Hak Kun est dans son élément : paré pour un urbex, en pleine discussion sur des mythes et légendes. Il pourrait passer des heures sur internet à se renseigner sur ces sujets, tombant parfois dans des « rabbit hole » qui l’ont captivé pendant des mois. Leur conversation autour des musées lui rappelle un film qu’il a vu, il y un certain temps, avec Soo Bin. Un gardien au muséum d’histoire naturelle de New-York fait une incroyable découverte lors de sa première nuit de garde, tous les animaux empaillés et les statues de cire prennent vie à la nuit tombée. Le titre lui échappe et il n’en garde qu’un vague souvenir, mais l’idée est amusante et ils ont passé un bon moment devant ce film. Si les légendes en tout genre le passionnent, parlez-lui de cryptozoologie et vous l’aurez définitivement perdu. Quoi qu’il n’attende pas spécialement que quelqu’un en parle, Hak Kun le fait lui-même. Le Wendigo est une de ses créatures favorites, Ryuu n’échappe pas à un long exposé sur le sujet.

- Effectivement. L’apparence du Wendigo est aussi bien plus impressionnante qu’un loup-garou. Même si je n’aimerais croiser ni l’un, ni l’autre en réalité. Un Wendigo est censé ressembler à une immense créature émaciée, avec seulement la peau sur les os, parfois en lambeaux. Sa tête est souvent le crâne du bête, un cerf en général, puisqu’il est aussi représenté avec de gigantesque bois. Hak Kun hausse les épaules. Qui sait. On est loin d’avoir découvert l’entièreté des créatures qui vivent dans les océans, on est peut-être passer à côté de quelque chose sur la terre ferme aussi.

Il n’en mettrait pas sa main à couper, mais… On ne sait jamais et il se plaît à croire ces légendes, ça l’amuse. La créativité des internautes, qui créé de fausses histoires pour raconter leur rencontre avec telle ou telle cryptide, preuves à l’appui, truquées jusqu’à présent évidemment, le fascine.

- Je n’ai jamais croisé de sanglier, si ça peut te rassurer.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres.

- On est d’accord. Après, on n’est pas à l’abri de croiser un autre groupe venu explorer les environs sans mauvaise intention, mais dans un lieu abandonné, je préfère ne croiser aucun être humain.

Les films d’horreur, Hak Kun adore ça. Il n’est pas particulièrement effrayé, ça l’amuse plus qu’autre chose. Toutefois, dans un contexte comme l’urbex, il repense à certains films, certaines histoires, ça fait froid dans le dos.

Par respect, Hak Kun s’éloigne de Ryuu et sort son téléphone pour s’occuper, le temps de fumer sa cigarette. Il répond à des messages de Soo Bin, lui promettant de faire attention. Il sait qu’elle n’aime pas quand il part en exploration. La jeune femme connaît Hak Kun et son manque de prudence certains par moment.

- Soo Bin n’approuverait pas, mais oui, on pourrait essayer d’entrer par là.

La hauteur ne lui fait pas peur. Avec une bonne prise, il devrait y arriver, Hak Kun pourra mettre ses cours d’escalade à profit au moins. Ce n’est pas un intellectuel, par contre, il est plutôt sportif. Il rit à la remarque de Ryuu. Comme quoi, ses parents n’ont pas complètement raté son éducation, malgré ce que son père s’évertuait à dire.

- Je sais faire preuve d’un minimum de respect, la vision que tu as de moi a l’air très flatteuse, il rétorque taquin. Ce serait bête de mettre le feu quand même et Soo Bin refuse que je fume à l’intérieur, je crois que c’est devenu une habitude maintenant.

Sa cigarette terminée, Hak Kun éteint le mégot et le laisse dans sa poche. Il est suffisamment respectueux des lieux qu’il visite pour ne pas laisser traîner ses déchets non plus. Il lève les yeux vers la façade du grand bâtiment.

- Je suis d’accord. Un paysage pareil, ça donne presque envie d’être fort en dessin pour essayer de l’immortaliser sur le papier. Tu as pris de belles photos j’espère !

Le jeune homme est créatif, mais son domaine, c’est la mode, pas le dessin. Il peut faire des croquis ou des esquisses avant un projet de couture, toutefois, son talent s’arrête là. Le Coréen jette un regard à son ami faussement vexé.

- Je l’ai mis dans ma poche, ne t’en fais pas, vieux sage, il répond pour l’embêter. Je vais finir par être vexé de l’image que tu as de moi, on dirait mon père.

Il n’en pense pas un mot. Ryuu est loin d’être à son niveau. S’il n’a plus aucun contact avec lui, c’est bien pour une raison… Il voulait seulement taquiner le Japonais. Hak Kun acquiesce d’un signe de tête et se rapproche de la porte pour qu’ils puissent essayer de la pousser à deux. Avec le temps, elle doit être rouillée et il ne serait pas surpris qu’elle soit difficile à ouvrir. Malheureusement, au bout de quelques essais, force est de constater que c’est un échec. Quelque chose la bloque de l’intérieur ou peut-être qu’elle a été fermée à clé pour dissuader les curieux. C’est naïf de penser que personne n’aurait l’idée de passer ailleurs…

- Tu veux que je passe devant ?

Grimper ne lui fait pas peur, encore une fois. Certes, sur les murs d’escalade il y a des prises définies, mais le challenge ne l’effraie pas. Dans un premier temps, faire attention de ne pas se couper, il y a encore des bris de verre.

- Je veux bien que tu me donnes un coup de main pour me hisser.

Aider par Ryuu, il réussi à prendre appui sur le bord de la fenêtre et entrer dans le bâtiment. Hak Kun regarde rapidement l’intérieur, c’était une ancienne chambre visiblement.

- Tu veux que je t’aide à monter ou j’essaie d’aller voir si je peux ouvrir la porte ? il propose à son ami en se penchant par la fenêtre pour le voir.

Outfits. + Si le folklore japonais débordait de mythes, de légendes et de créatures, Ryuu n'avait pas l'impression que la Corée en possédait autant. C'était sans doute de l'ignorance, il devait bien l'admettre. Mais il se demandait donc d'où venaient les connaissances de Hak Kun sur ces monstres avec lesquels il essayait de lui faire peur. Le cinéma d'horreur sans doute, le coréen avait l'air d'adorer ça. Il écouta la description du Wendigo, il eu presque les doigts qui démangeaient, il mourrait d'envie de dessiner la créature. « Tu me donnes envie de faire un portrait robot de la bête arrête ! » Et il allait vouloir le coller sur la peau de quelqu'un aussi. Et s'il croyait bien aux créatures des abysses, Ryuu avait un peu de mal à imaginer une créature comme le Wendigo (après description) traîner dans les bois coréens.

Cependant, ce n'était pas les monstres qui faisaient peur aux deux hommes mais les humains. S'il croisaient d'autres groupes en exploration, pourquoi pas mais il n'y avait pas que des humains bien intentionnés. Ils seraient donc prudents même si l'urbex et ses points d'accès parfois complexes restaient une source de danger. « Soo Bin n'a qu'à pas le savoir et on aura pas de problème. » C'était que Ryuu travaillait avec elle et qu'elle manipulait des aiguilles toute la journée... Pendant que Hak Kun finissait sa cigarette, le japonais avait pris quelques clichés, l'endroit était sublime. Cette nature forçait un tel respect chez Ryuu, il espérait être aussi résilient qu'elle l'était. « J'ai quelques photos oui mais je crois que je ne me risquerais pas à dessiner, je n'arriverais pas à faire honneur au paysage. » Avec un rire au reproche de Hak Kun, il était bien un daron, il le suivit pour aller jusque la fameuse fenêtre. Ryuu aida le coréen à grimper, il était le plus athlétique de eux deux. Vint le tour du japonais. « Non t'inquiète. Prend juste l'appareil. » Ryuu lui tendit son appareil photo et sa sacoche avec son matériel de photographie. À son tour il se hissa pour monter et passer par la fenêtre. Hak Kun vint à sa rescousse pour lui prendre la main et lui donner un coup de pouce. Avec un dernier grognement d'effort, Ryuu fût à son tour à l'intérieur. Comme toujours, ce qui l'interpella le plus fût l'odeur, il en plissa même le nez. « Heureusement que t'as pas réussi à me faire flipper parce que c'est digne d'un film d'horreur. » Il récupéra son appareil et son matériel. Avant de faire quoique ce soit, Ryuu bu une petite gorgée d'eau. « T'as eu des plans du bâtiment et tu veux voir un truc en particulier ou on se balade et on verra où ça nous mène ? » Il rangea sa gourde et de sa lampe poche, Ryuu fît un petit tour du propriétaire, un moyen de repérer un peu les lieux et si un endroit les interpellait plus qu'un autre. « Et si tu me dis les labos d'un médecin fou, je te fais bouffer ma lampe. » Dit-il en riant.

Outfits. + Hak Kun a toujours été passionné par les légendes urbaines et la cryptozoologie, soit la recherche concernant les animaux dont l’existence ne pas être prouvée de manière irréfutable. Tout ce folklore le fascine. Le cinéma d’horreur a été une grande source d’inspiration et d’intérêt pour lui, mais pas seulement. Quand il était plus jeune, il passait des heures en ligne, à lire des légendes, se renseigner sur des mythes, des créatures fantastiques de tous horizons.

- Ton style de dessin collerait bien à la créature, tu devrais essayer.

De son côté, il n’a pas de talent particulier en dessin. Enfin… Il a apprit à faire des croquis de mode, dessiner les étoffes et les vêtements pour visualiser avant de coudre. Il serait néanmoins incapable de dessiner une créature fantastique quelle qu’elle soit. Il a beau avoir une imagination débordante, pouvoir s’imaginer la créature dans les moindre détails ; sa silhouette décharnée, squelettique, ses énormes bois sur la tête, ses membres démesurément grands et griffus… Coucher tout cela sur papier ? Impossible.

- Je n’avais pas l’intention de lui dire, il reconnaît avec un sourire malicieux.

Il ne cache pas grand chose à sa petite-amie. Leur relation est forte d’une confiance et d’une compréhension mutuelle, mais Hak Kun sait qu’il se fera réprimander s’il prend des risques inconsidérés. Alors non, il ne comptait pas lui en parler, pour éviter qu’elle ne s’inquiète. On va dire qu’il fait ça pour elle ?

L’étudiant en stylisme est le premier à monter par la fenêtre. Il récupère le matériel de Ryuu, puis l’aide à se hisse à l’intérieur à son tour. Seulement après cela, il s’autorise à jeter un coup d’œil à la pièce. On dirait qu’ils ont atterri dans un bureau. Aucun matériel médical à proximité, juste un vieux bureau délabré, des papiers qui jonchent le sol, sans doute de vieilles archives qui ont été abandonnées lors du déménagement. La pièce semble vide quand on constate sa grandeur. Le reste des meubles a dû être emporté ou peut-être volé ? Quand l’hôpital était encore récent… Qui sait. A l’intérieur aussi, la nature a reprit ses droits. Les moisissures courent sur les murs, le lierre et autres plantes grimpantes également.

- Non, je n’ai vu aucun plan, j’ai juste entendu parler de cet endroit. Je pense qu’on va pouvoir visiter et voir sur quoi on va tomber… En faisant attention, le sol est parfois traître et ne tient pas sous le poids d’un adulte.

Il rit.

- J’aurais aimé qu’une telle légende soit rattachée à ce lieu, mais si c’est le cas, je ne suis pas au courant. On y va ? Cette pièce n’est pas très intéressante…

Éclairant le sol devant lui, Hak Kun sort du bureau.

- J’aurais dû te faire regarder Gonjiam : Haunted Asylum, avant de t’emmener ici. L’ambiance de ce film est folle.

Est-ce qu’Hak Kun aime effrayer son entourage ? Sans doute. Demandez à Eui Joo, son pauvre colocataire qui subit ses histoires d’horreur et ses soirées films d’épouvantes. Le jeune homme finit bien souvent terrifié, pendant qu’à côté Hak Kun rit du film, car il en faut beaucoup pour lui faire peur désormais. Au détour d’un couloir, il éclaire une inscription sur le mur : « N’allez pas plus loin. Les esprits rodent. » Ce qui tire un rire à Hak Kun.

- Apparemment, un petit malin a voulu faire peur aux prochains visiteurs. Il a vu trop de films d’horreur clichés, on dirait.

Puis il éclaire son visage et se tourne vers Ryuu.

- Où peut-être qu’on ne devrait pas être là… lance-t-il sérieusement, avant d’exploser de rire.