Flâner dans les rayons d'un magasin de papeterie faisait partie des activités préférées de Bo Bae. Activités qu’elle trouvait particulièrement reposante, partir à la recherche du bon papier, de la bonne couleur et motif et réfléchir à quel origami elle allait pouvoir créer avec tout ça. Même si aujourd’hui, on lui avait passé commande, alors elle savait très bien ce qu’elle devait faire, un mobile avec des méduses. Donc elle recherchait des papiers dans les teintes bleutés ou violacés. Tout ce qui pouvait faire penser à des méduses en soi. Bien qu’elle ait été tenté pendant un moment de prendre ce joli papier à fleurs rouges, des camélias si elle ne se trompait pas. Très loin de ce qu’elle voulait à la base donc. Mais après tout, des petites méduses à fleur pourraient être vraiment jolies ! C’était décidé. Elle attrapa le paquet de feuilles. Pourquoi râler si c’est joli ! Alors qu’elle replaçait correctement les feuilles, elle s’entailla le bout du doigt sur le bord du carton. Satanées feuilles ! Rien de grave, juste une petite coupure à peine plus longue qu’un cil. Mais ce genre de coupure qui saigne toujours beaucoup, même sans gravité. Celle qui fait devenir blanc et tourner de l’oeil. Enfin, quand on s’appelle Bo Bae.

Elle avait alors senti ses jambes devenir molles, à deux doigts de s’écrouler par terre. Et puis dans ces moments-là, elle n’arrivait à rien d’autre qu’à regarder sa blessure. Focalisée sur le sang, comme si rien d’autre n’existait autour d’elle. Elle finit tout de même à réussir à envoyer un message à Joo depuis son téléphone ”besouibn d’aifide je saiogne“ Heureusement que Joo avait l’habitude de ce genre de message. Et qu’elle savait où Bo Bae se trouvait actuellement.

Elle n’attendit pas longtemps avant de voir sa meilleure amie débarquer. Et là, assise par terre, adossée à une étagère, elle leva des yeux suppliants, aux bords des larmes, à sa meilleure amie, tendant son doigt coupable vers elle. Histoire de lui montrer l'étendue des dégâts. ”Je veux pas aller à l’hôpital !” Bon, pour une blessure comme la sienne, personne n’irait à l’hôpital. Pas même le plus grand des hypocondriaques. Un petit pansement, un petit bisou magique et c’était tout bon, on pouvait retourner à ses activités. Mais entre sa peur du sang et son aversion pour l’hôpital, difficile pour Bo Bae de rester rationnelle.

Quand elle avait vu sa meilleure amie arriver, c’était comme si un super-héros venait juste de débarquer pour la sauver. C’était un peu la sensation qu’elle avait ressenti. Forcément, avec autant de sang perdu (deux gouttes), il était difficile de rester lucide. Elle avait secoué la tête négativement à la question de Joo. Heureusement qu’elle ne s’était pas cognée la tête en plus, c’en était fini d’elle sinon. “Tu m’offres un gâteau ? On passe au Hibiscus coffee ?” bon si elle avait su pour la conversion extrêmement calme que Joo avait eu avec son frère un peu plus tôt à propos de sa note, elle n’aurait certainement pas proposé d’y passer. Mais c’était un café plutôt sympa, avec des baristas très agréables. Alors autant en profiter, non ? Son regard s’illumina d’une petite lueur d’amusement quand Joo finit de lui tapoter la tête. Elle l’avait bien vu se mettre sur la pointe des pieds pour arriver à toucher le haut de sa tête. Mais elle ne releva pas et se contenta d’un sourire amusé. Elle était venue la secourir, Bo Bae n’allait quand même pas la taquiner ? Enfin, pas maintenant. Peut-être plutôt dans une dizaine de minutes. Ou cinq, Bo Bae n'était pas spécialement patiente, et dix minutes sans embêter sa meilleure amie, c'est long ! “On peut y aller oui !”

Elle paya rapidement pour son carton de feuille et maintenant que Joo mentionnait les klaxons, c’est vrai qu’on les entendait plutôt bien… C’est fou cette capacité qu’avait sa meilleure amie à attirer les gens peu patients et relous. C’était un peu l’histoire de sa vie. Et en l'occurrence, Bo Bae n’y était absolument pour rien si Joo s’était garée en double file pour venir la chercher. Absolument pour rien ! “Tu crois qu’il va pas trop nous emmerder et qu’il va nous laisser partir sans faire d’histoire ? Je suis pas d’humeur à supporter quelqu’un qui nous hurle dessus.” dans le langage Blbl : je n’ai pas envie de me disputer avec quelqu’un et pleurer. “En plus, t’as pas ta raquette de tennis” Au pire, elle pourrait toujours lui lancer le paquet de feuille.