outfit ⏤ Flashback Janvier 2023

Dire que tu es frustré est un euphémisme. Hyo et toi avez l'habitude de vous lancer des paris idiots et potentiellement méchants, et tu t'es un peu cassé les dents sur le tien. Faut dire que Minjoo n'était pas aussi malléable que tu ne le pensais, et non seulement tu n'as pas eu ton baiser (aka la clef dudit pari) mais en plus tu ne lui as même pas arraché le moindre sourire, la moindre once d'attention. Ton ego en a pris un coup, c'est certain, tu t'es rarement heurté à une telle résistance. Il y en a qui jouent les difficiles, oui, mais quelques mots doux supplémentaires et elles fondent comme le reste. Mais Minjoo ? Nada.
Tu devrais t'arrêter là, tu le sais. T'as joué, enfin tu as tenté de jouer, tu t'es pris le mur, tu devrais juste hausser les épaules et accepter. Sauf que t'en est incapable. Tu rumines, tu ronchonnes, ta frustration augmente.

Et donc, t'as envie de faire chier quelqu'un. Draguer. Jouer. Te rassurer quant à tes charmes. Bon, ton ego n'est pas fragile à ce point, mais un peu de selfcare ne fait jamais de mal, loin de là. L'alcool que tu as déjà ingurgité ne te permet pas de garder la tête assez claire que pour savoir que tu vas faire de la merde, potentiellement blesser quelqu'un. Tu t'en moques, en cet instant précis.

Assis sur un tabouret de bar, le dos contre le zinc, tu observes la foule mouvante, les invités de marque de cette fête privée à laquelle tu t'es fait inviter, le pouvoir des connexions. Ton regard s'arrête sur un gars, seul avec son verre. Pas d'autres verres aux alentours sur sa table. Mooh. Pauvre gars solo solo. En plus, il est pas dégueulasse à regarder. Non, tu ne diras pas qu'il est cute ou mignon, même si tu le penses. C'est un terrain dangereux.

Attrapant ton verre, ou du moins ce qu'il en reste, tu quittes ton perchoir pour t'approcher de lui, plaquant un sourire charmeur sur ton visage. Il est peut-être hétéro, peut-être pas, mais qu'importe. Tu peux jouer avec n'importe qui, et la satisfaction est encore plus grande s'ils se mêlent au jeu avant que tu ne leur flanques un stop. « Bonsoir, tu commences d'une voix suave, légèrement altérée par l'alcool que tu as ingéré. T'es tout seul ? Je peux te tenir un peu compagnie ? On m'a invité mais je connais personne, et mon pote m'a lâché dans la foule. » Peu importe sa réponse, t'es quand même déjà en train de t'installer.

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Les soirées privées, pour lesquelles il est impératif de figurer sur une liste pour pouvoir entrer, Jude connaît bien. Il sort souvent, ce qui lui vaut inévitablement des reproches de la part de Hyun Woo… Son leader s’inquiète pour lui, il le sait et Jude ne fait rien pour lui rendre la vie plus simple. C’est sa façon de se changer les idées, de rompre avec ses problèmes pendant un temps et surtout de combler ce besoin d’être aimé. Depuis qu’il l’a perdu, il a un vide à combler, un vide qui l’effraie, qui l’angoisse… Une présence le temps d’une soirée apaise sa douleur. Puis, il fuit comme un voleur, parce qu’il est hors de question qu’il s’attache. Pour éviter autant que possible les conséquences, il fait attention de ne fréquenter que des personnes du même milieu, qui prennent aussi part à ce genre de soirées. Ce qui ne le met pas complètement à l’abri de toute rumeur. Une photo volée a déjà été publiée dans la presse, fort heureusement, elle n’était pas assez compromettante. On le voyait juste entrer dans un taxi avec une jeune femme après une soirée. Ils pouvaient juste rentrer ensemble, un homme et une femme peuvent très bien être amis. En l’occurrence, il y a bien eu quelque chose avec elle cette nuit-là. Ce que le grand public n’a jamais su, l’agence a rapidement fait taire les rumeurs, sans oublier de sermonner Jude en privé.

Encore une fois, Jude a fuis l’appartement qu’il partage avec Hyun Woo. Il a croisé quelques connaissances en arrivant sur les lieux de la soirée, mais… Il n’est pas spécialement d’humeur ce soir. Il n’aurait pas dû venir. C’est ce qu’il commence à penser, alors qu’il termine son verre. Un cocktail sans alcool, précisons le. Jude n’est pas excessivement porté sur l’alcool, même s’il a déjà abusé… Il a l’alcool triste, il déteste ça. S’il n’est pas d’humeur aujourd’hui, c’est parce qu’en rangeant dans des affaires dans sa chambre, il est tombé sur cette boite, sous son lit. Il a l’a relégué là-dessous, comme il a enfoui tous les souvenirs de son ex au fond de sa mémoire, dans l’espoir vain d’oublier leur histoire. Il y a des objets qu’il n’a jamais pu se résoudre à jeter. Leur rupture a été brutale, il n’a pas pu lui rendre non plus… Des photos, des souvenirs de sorties à deux, un sweat qui porte encore légèrement son odeur malgré ces longues années qui se sont écoulées, des compositions qu’il Jude avait dédiées. Un jour, il devrait se résoudre à s’en débarrasser. Sinon, l’histoire se répétera encore. Il va oublier l’existence de cette boite, jusqu’à retomber dessus, se plonger dans des souvenirs douloureux. Ce n’est pas comme ça qu’il tournera la page. On dit qu’il faut laisser du temps au temps, mais après toutes ces années, l’attente commence à devenir longue.

Une voix le tire de ses pensées. Il lève la tête. Il ne reconnaît pas le jeune homme à côté de lui, par contre il voit claire dans son jeu. Jude ne dit rien sur le moment. Il a déjà pris ses aises après tout.

- Bonsoir, il répond en le détaillant du regard, qu’il arrête particulièrement sur ses yeux et la ligne définie de sa mâchoire. Je suis seul. Enfin, plus maintenant...

Il boit une gorgée de son cocktail et continue.

- Maintenant que tu t’es déjà installé, autant rester. C’est qui ton ami ?

Jude le connaît peut-être. C’est sa façon de poursuivre la conversation et de ne pas paraître trop désagréable malgré son humeur maussades qu’il tente de dissimuler.

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L'homme qsur lequel tu as jeté ton dévolu pour ce soir semble s'extirper difficilement de ses pensées quand tu l'interpelles suavement. Tu sens son regard glisser sur ton visage, suivre tes traits. Tu sais que tu es séduisant, et tu apprécies l'attention qu'on te porte, peu importe de qui elle vient. Tu ne peux pas t'empêcher de sourire à ses mots, laissant échapper un petit rire amusé. Effectivement, il n'est plus seul, pour l'instant. Tout comme lui t'a observé, tu ne te prives pas de faire de même, laissant tes yeux glisser paresseusement de haut en bas, comme si tu le jaugeais réellement. Comme s'il pouvait réellement t'intéresser.

Un coude sur la table, le menton appuyé contre ta paume, tu fais nonchalamment tourner le fond de ton verre, toujours ce sourire sirupeux plaqué sur les lèvres. « Avec plaisir, tu réponds quand il t'invite à rester. » Enfin, il t'invite à rester, c'est vite dit. Ses paroles sont piquantes, tu n'es pas complètement le bienvenu. Bah. Qu'importe. Ce n'est qu'un challenge supplémentaire.

Qui est ton ami ? Ah, une question piège, puisque tu n'as pas d'amis. Mais tu as une réponse. « Seungwoo. » L'étudiant huppé t'a effectivement fait rentrer pour effacer une faveur qu'il te devait, et tu sais qu'il ne réapparaitra pas dans la soirée avant un moment, ayant disparu en compagnie d'une demoiselle quelques minutes plus tôt.

Plus tu observes l'homme face à toi plus tu te dis que sa tête te dit quelque chose. Mais impossible de mettre le doigt dessus, de savoir d'où te vient cette sensation. Est-ce vraiment si important ? Tu hausses mentalement les épaules. Tu es un jeune con, persuadé d'être intouchable, inébranlable, que rien de mauvais ne pourra jamais t'arriver. Tu fais erreur, bien évidemment, mais à ce jour tu n'as pas encore été détrompé. Tu te penches un peu en avant désignant d'un geste du menton le verre de l'homme. « Un refill, buddy ? » Puis tu clignes des yeux, presque innocemment, avant qu'un sourire faussement gêné ne vienne étirer tes lèvres. Tu finiras par avoir mal à la mâchoire, à force de sourire ce soir. « Ah, désolé, je ne voulais pas être aussi familier. L'alcool me monte à la tête... moi c'est Khun. Et toi ? » Qui se méfierait d'un gars comme toi, hein ?

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Le jeune homme qui l’aborde est plutôt mignon, Jude doit bien le reconnaître, mais il n’est pas d’humeur. Il ne se gêne pas pour faire de même avec Jude visiblement. L’idole n’apprécie pas spécialement être détaillé de la tête aux pieds. Il est constamment sous les feux des projecteurs, la cible des jugements… C’est quelque chose qu’il supporte de moins en moins. Jude ne l’invite pas spécialement à s’asseoir. Il répond plus par dépit, le laissant faire ce qu’il voudra. Seung Woo ? Jude réfléchit. Il ne connaît personne qui porte ce prénom. Encore moins de raisons d’être sympathique avec lui s’ils n’ont même pas d’amis en commun.

- Je ne le connais pas.

Jude a un léger mouvement de recul lorsque l’inconnu se rapproche. Connaît-il le concept d’espace personnel ? Il le dévisage un instant. Est-ce qu’il se croit cool à utiliser des mots anglais à tout va ? C’est quelque chose qui n’impressionne pas Jude puisque c’est sa langue maternelle.

- I’m not your buddy, il répond en le regardant fixement.

Son anglais est bien évidemment parfait, sans le moindre accent, puisqu’il a grandi en utilisant cette langue au quotidien. Tout comme son coréen, puisque son père est originaire de se pays et lui parlait dans cette langue à la maison. La seule chose qui pouvait le trahir quand il est arrivé à Séoul c’est son manque de vocabulaire dans certains domaines ou des tournures de phrases plus récentes qu’il ne connaissait pas. Maintenant qu’il vit en Corée du sud depuis presque dix ans, il a rattrapé son retard. Il est parfaitement bilingue.

L’inconnu a un joli sourire, mais Jude fait de son mieux pour ne pas y être sensible. Il n’est pas toujours en accord avec son attirance pour les hommes. Parfois son envie d’avoir de la compagnie est plus forte, d’autres… Il peut être assez brutal dans sa façon de les rembarrer. Il lui est aussi déjà arrivé de tenir des propos blessants pour repousser cette partie de lui. Il a davantage l’impression de faire du tort à son ancien petit-ami quand il se console dans les bras d’un homme. Il ne voulait pas être aussi familier ? Vraiment ? Pourtant, ça a l’air de lui venir naturellement…

- Jude, réponse simple, mais efficace. Ce n’est pas coréen comme prénom ?

Il ne juge pas. Son propre prénom sonne occidental et pour cause, il a grandi en Angleterre. Ses parents voulaient lui donner un nom qui lui permettrait de s’intégrer facilement durant son enfance. Puisqu’il s’est installé en Corée du sud durant son adolescence, c’était moins dérangeant d’avoir un nom occidental. Au contraire, il a davantage attiré la curiosité que les moquerie. Ce qui n’aurait pas forcément été le cas s’il avait été scolarisé dans ce pays.

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Ah, zut... tu avais espéré que le nom de Seungwoo t'aide un peu, vu que l'étudiant est un véritable papillon social, mais au final ce n'est peut-être pas plus mal qu'il ne le connaisse pas. Tu souris à ses mots, un sourire difficile à décrypter.

Tu le vois reculer alors que tu rentres dans sa bulle. Ah. Timide ou simplement pas de mood de se farcir des inconnus un peu trop sociables ? Ça ne t'arrange pas. Tu as jeté ton dévolu sur lui, pauvre future victime de ta frustration et de ta malice, mais s'il ne te facilite pas un tant soit peu la tâche, ça ne sera pas amusant du tout.

L'anglais parfait dans lequel il te répond avec un naturel déconcertant te fait dire qu'il est sans doute anglophone de base. Okay, c'est noté, pas de mots anglais au milieu de tes phrases pour paraître cool. Dommage que tu ne puisses pas faire pareil avec le thaïlandais puisqu'il est bien moins internationalisé que l'anglais... « Et sinon, un autre verre ? tu questionnes à nouveau sans te formaliser de son refus de familiarité. »

Jude. Un joli nom, qui te fait immédiatement trotter une chanson en tête, un truc qui fait Hey, Jude... mais tu te retiens de le fredonner. Tu n'es certainement pas le premier à y penser ou à le lui faire et tu as déjà débuté sur une mauvaise base avec lui. À sa question, tu laisses échapper un rire. « Ça n'a pas l'air ? Ma mère pensait bien faire en me donnant un nom aux sonorités locales » Un éhonté mensonge puisque tu ne t'appelles pas Khun de naissance, c'est toi qui choisi ce nom en ton âme et conscience, dans le but qu'il ressemble à un prénom coréen sans réellement l'être. « C'est thaïlandais. Et Jude... ? Anglophone, si j'en crois ton anglais parfait ? » Achevant ton verre, tu viens poser ton menton sur tes mains croisées, observant Jude avec un intérêt non dissimulé. « Ton coréen n'est pas en reste non plus, ceci dit. Tu as toujours parlé les deux ? » C'est le genre de discussion à priori sans danger qui permet d'entamer la soirée, qui fait baisser la garde. C'est ce que tu penses, du moins. Si tu n'attaques pas de front, que tu fais simplement mine de t'intéresser à lui en tant que personne sans flirter ouvertement... tu pourras jouer plus longtemps.

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L’anglais lui revient spontanément quand il est contrarié, agacé ou sujet à une émotion trop vive. Certains pourraient penser qu’il veut juste fanfaronner, il n’en est rien. L’anglais est sa langue maternelle, celle avec laquelle il a grandi. Son père a rapidement intégré le coréen à son quotidien également et Jude parle parfaitement les deux langues. Toutefois, il a un attachement particulier à l’anglais, c’est la langue qu’il a toujours utilisée au quotidien, à l’école, avec ses amis, jusqu’à ses quinze ans. Inévitablement, c’est la langue qu’il parle spontanément. Celle qui lui demande le moins d’efforts. Pas que parler coréen lui en coûte beaucoup, il est tout autant à l’aise désormais, son ressenti est juste différent. Jude dévie son regard sur son verre vide. Il retient un soupire. S’il accepte de partager un verre avec lui, est-ce que le dénommé Khun lui fichera la paix ensuite ? Ou peut-être qu’il essayera d’encore plus envahir son espace personnel…

- Pourquoi pas, il répond en essayant d’avoir l’air un minimum enthousiaste.

Khun ne le prendrait sans doute pas bien de remarquer de Jude s’efforce d’accepter son invitation dans l’espoir qu’il s’en aille ensuite. Il a au moins le mérite de ne faire aucune remarque concernant son prénom. Oui, sa mère est une grande fan des Beatles et ses parents voulaient lui permettre de s’intégrer au mieux dans le pays où ils vivaient : l’Angleterre. Il n’a rien contre cette chanson que l’on ne présente plus, c’est même un morceau de son enfance, puisque sa mère la lui chantait pour l’endormir… Cependant, c’est un peu lourd à la longue de l’entendre chaque fois qu’il rencontre quelqu’un. D’autant plus qu’ils n’ont pas tous une voix harmonieuse… Et Jude peut se permettre ce type de critique puisqu’il travaille dans le milieu. Il sait reconnaître quelqu’un qui chante juste et quelqu’un… Que ferait mieux de ne pas aller au karaoke pour épargner ses amis. Il hausse les épaules. Il ne voulait pas vexer Khun, ni sa maman.

- Je ne sais pas, un instinct. C’est vrai que ça peut sonner comme un prénom coréen aussi. Tu es thaïlandais ?

Sa curiosité est piquée. Jude aime en apprendre plus sur des pays ou des cultures qu’il ne connaît pas. Ce sont toujours des discussions enrichissantes. Si son interlocuteur a en plus l’amabilité de ne pas trop envahir son espace, c’est encore mieux.

- Tu es perspicace, répond-il avec un sourire. Je suis né à Londres, ma mère est anglaise et mon père sud-coréen. Donc, oui, j’ai toujours plus ou moins parlé les deux.

Ils ont aussi hésité à l’appeler June ou Jun, ils opteraient ainsi pour un prénom aux consonances coréennes, mais qui serait davantage passe-partout en Angleterre. Finalement, c’est Jude qui a gagné, par contre son père a choisi son deuxième prénom. Sur son passeport il s’appelle Hwang Jude Ji Hwan. S’il utilisait le nom de famille de sa mère également ça donnerait : Hwang Mayfield Jude Ji Hwan, mais ça commencerait à faire un peu long et de toute façon, elle a pris le nom de famille de son mari lorsqu’ils se sont mariés.

- Mais tu parles très bien coréen aussi. Tu as aussi une famille binationale ou tu l’as appris plus tard ?

A moins que les origines thaïlandaise dont il parlait un peu plus tôt soient plus lointaine et qu’il soit né en Corée du sud… Il y a beaucoup de possibilités.

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Il faut vraiment être obtus, ou têtu, pour s'entêter à parler avec quelqu'un qui n'a clairement pas envie de vous dans ses pattes. Tiens, ça te rappelle Minjoo, ça. La preuve donc que tu n'es qu'une tête de pioche. Mais il accepte ton invitation à reprendre un verre, avec l'enthousiasme d'une huître sur son plateau de glace. Ouais, tu sais, tes images mentales sont d'une qualité rare.

La discussion passe sur vos prénoms respectifs, et tu admets que ça t'amuse malgré toi. Pauvre Jude, ça ne doit pas être évident tous les jours pour lui, tu n'es pas particulièrement branché musique mais tu as directement eu cette chanson en tête... « Thaïlandais du côté de mon père, tu précises. Ma mère est coréenne. » Une info dont on ne se doute pas souvent... malgré ton coréen parfait, ton nom et ton prénom hurlent "Thaïlande" et peu soupçonnent que tu n'es en réalité qu'à moitié thaï.

Né à Londres, rien que ça. C'est une ville que tu aimerais visiter un jour, peut-être avec ta mère histoire de la faire voyager un peu. Mais pour ça, il faudrait d'abord que tu aies de la thune et donc potentiellement un job à temps plein. Ce qui te ramène éternellement à ton gros dilemme, à savoir te lancer full time dans le tatouage ou suivre la voie tracée par tes études mais dans laquelle tu ne t'imagines absolument pas. Aah. Bref. Ce sera un tracas pour plus tard, ça.

Ah, un poto métisse, donc. C'est plus flagrant que toi avec son nom anglais et sa bouille asiatique, ceci dit. Quand il parle de ton niveau de coréen, un petit rire t'échappe. « Je suis arrivé en Corée quand j'étais petit. J'ai appris le coréen naturellement, à l'école et avec les voisins. » Ta mère te parlait principalement en thaïlandais pour que tu continues à acquérir ta langue paternelle, et aujourd'hui encore elle a du mal à s'adresser à toi en coréen, la force de l'habitude. Mais ça ne te dérange pas, même si ça a toujours paru bizarre à ton entourage que ta mère coréenne communique avec toi dans une autre langue que la sienne.

Vos verres à nouveau remplis (ou remplacés, tu ne sais pas, tu n'as pas prêté attention), tu lèves le tien comme pour trinquer. Tu ne oublies pratiquement ton objectif premier, à savoir draguer pour t'amuser et te défouler, bien trop intéressé par la personnalité de l'homme face à toi, qui semble nettement se réchauffer depuis que vous parlez langues et culture. « Tu es arrivé quand en Corée, si ce n'est pas indiscret ? J'aimerais beaucoup visiter Londres un jour... le choc culturel n'était pas trop important ? » Tu es curieux.

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Jude n’était effectivement pas ouvert à la conversation et il ne s’est pas gêné pour le montrer. Il prend le risque qu’on le reconnaisse et qu’on le montre du doigt comme étant impoli et irrespectueux, alors que c’est tout simplement humain de ne pas avoir envie d’être sans cesse importuné… Cependant, le jeune homme ne se laisse pas impressionner et la curiosité du chanteur est piquée. Il serait donc aussi métisse ? Jude ne se précipite pas pour autant à lui poser tout un tas de question. Cela lui est bien trop souvent arrivé que l’on s’étonne de son prénom anglophone et de son nom de famille sud-coréen ou de son physique asiatique. En Corée du sud il a le droit à des « Oh mais tu n’es pas sud-coréen en fait ? » et en Angleterre c’est plutôt : « Ah tu es anglais du coup ? ». Si la curiosité peut être compréhensive, quand il était plus jeune, Jude en avait parfois assez. Il lui arrivait de se sentir éloigné des deux cultures à la fois, de ne pas savoir où trouver son identité propre entre ces deux nationalités. Sur les papiers, il est uniquement anglais, puisque la double nationalité est, en théorie impossible, dans les fait nous pourrions plutôt dire difficile à obtenir, mais comme il est né et à vécu une grande partie de sa vie en Angleterre, les choses se sont faites ainsi.

- Je vois.

Ceci explique cela. Arriver dans un nouveau pays à un jeune âge facilite l’apprentissage de la langue et l’insertion dans cette nouvelle culture, en général. Un enfant se pliera plus facilement à ces changements qu’un adulte qui a déjà ses habitudes, sa culture, bien ancrés.

- Je suis déjà allé en Thaïlande une ou deux fois…

Il allait ajouter « pour un concert », mais il préfère ne pas évoquer son groupe quand on ne le reconnaît pas. Parfois, un peu d’anonymat, ça fait le plus grand bien. Surtout pour Jude qui a du mal avec le regard des autres et l’attention que la célébrité peu apporter. En toute honnêteté, il lui arrive d’envisager tourner définitivement cette page de sa vie. Cependant, il est très attaché aux membres de son groupe.

- Je n’ai pas eu le temps de beaucoup visiter, mais j’ai visité le temple bouddhique Wat Arun.

Un peu cliché puisqu’il s’agit du temple le plus touristique de la capitale, mais avec leur planning chargé, les membres d’Eclipse n’ont pas eu le temps de plus s’attarder. Un jour libre seulement leur a été accordé avant de poursuivre la tournée.

- J’avais quinze ans quand je suis arrivé en Corée du sud.

Il ne précise pas la raison de sa venue, encore une fois pour éviter d’évoquer sa carrière.

- C’était un peu difficile au départ… Je parlais coréen, mais je n’avais jamais baigné dans la culture, je la connaissais vaguement grâce à mon père et les quelques séjours que j’avais pu faire, mais c’est toujours différent de vivre quotidienne dans un pays. Au départ, si. J’ai encore du mal à me faire à la « hiérarchie » des âges, il répond avec un petit sourire.

Ça aussi, c’est assez cliché et pourtant vrai, puisque ça n’existe pas en Angleterre.

- Qu’est-ce qui t’attire à Londres ?

Pour Jude, c’est sa ville natale… Il y est attaché évidemment et ne pas pouvoir y retourner aussi souvent qu’il le souhaiterait l’attriste. Il aime cette ville, le quartier dans lequel il a grandit, il se sent bien à Londres. Toutefois, il est curieux de savoir ce qui peut attirer des personnes qui n’ont jamais mis là-bas.