outfit ⏤ Tes cheveux rassemblés en une queue de cheval plus que messy, les doigts tâchés d'encre, tu t'efforces d'achever un design sur lequel tu bosses en attendant ton client. Depuis peu, tes tatouages sont proposés sur l'Instagram du salon et tu es fier de pouvoir dire que tu as ton petit succès ! Quelqu'un a d'ailleurs réservé un de tes flash, et comme tu jongles entre tes cours et ton apprentissage, tu as dû essayer de faire rentrer le rendez-vous dans une heure creuse de ton horaire. Tu es quasiment certain que Soobin et Ryuu te scalperaient si tu séchais les cours pour venir au salon, donc tu ne te présentes qu'en soirée et quand tu as un creux dans ton horaire, ce qui arrive souvent puisque tu t'es débrouillé pour aménager au mieux tes heures de cours.

Bon, tant pis pour le dessin sur lequel tu t'arraches les cheveux, tu n'arriveras à rien, le temps s'écoule et tu dois encore vérifier ton matériel avant l'arrivée de ta cliente. t'étirant comme un gros chat en te relevant, tu t'en vas donc en arrière-salle pour commencer tes préparatifs, montant un peu le son des baffles. T'es tout seul au salon pour l'instant, alors tu profites.

Le discret gling gling de la porte d'entrée te fait relever la tête du matériel que tu es en train de nettoyer. Dos à la porte, tu ne peux pas lâcher ce que tu fais, tu ignores donc si c'est ta cliente de ce soir ou un curieux venu observer vos différents books. « J'arrive dans un instant ! tu lances. » On ne plaisante pas avec l'hygiène du matériel, pas question de rusher une étape aussi cruciale, alors tu prends ton temps pour finir. Une fois satisfait, tu replaces tout correctement et retourne vers la salle d'accueil du salon, faisant claquer le latex de tes gants noirs alors que tu les retires. Un sourire charmeur sur les lèvres, tu t'approches, attrapant au passage ta tablette avec tes informations concernant ton rendez-vous. « Bonsoir bonsoir ! C'est pour un rendez-vous, des renseignements ? » Comme elles sont deux, bien que ce ne soit pas rare que les personnes venant se faire tatouer ait un accompagnateur, tu préfères ne pas t'avancer trop. Tu poses enfin vraiment le regard sur les deux demoiselles, et la surprise se peint un instant sur ton visage, avant d'être remplacé par un petit sourire narquois. « Ça, pour une surprise... hello cutie ! » Il est évident que tu aurais reconnu le nom de Minjoo à la prise de rendez-vous, donc tu assumes qu'elle n'est que l'accompagnatrice, si son amie est ta cliente. Si ta tête n'est encore jamais apparue sur l'Instagram du salon, tu signes néanmoins tes mails avec ton nom complet, tu ne doutes pas qu'elle aurait fait machine arrière si le tatouage était pour elle. Ah, tu adorerais pouvoir flirter mais tu as une cliente à prendre en charge. Tu redeviens donc sérieux et te tournes vers son amie. « C'est pour le flash, donc ? Merveilleux ! Je propose qu'on passe donc à l'arrière pour les dernière vérifications, puis on pourra commencer. » Un sourire avenant sur les lèvres, tu leur montres le chemin vers la salle que tu utilises.

Tapotant sur ta tablette, tu récupères donc le fichier contenant son flash, et une simulation de placement. « J'ai fait les retouches demandées, dis-moi si ça te convient comme ça. » Tu la laisses faire mumuse avec ta tablette et ses vérifications, en profitant pour te tourner vers Minjoo, ton sourire séducteur fleurissant à nouveau sur tes lèvres. « Et toi Cutie, tentée par un petit tatouage ? Je me sens généreux, je peux vous faire un prix duo. » Il y a plusieurs de vos dessins affichés sur les murs de la salle, sans oublier le catalogue et vos books. Et puis, tu ne sais pas trop pourquoi, mais l'idée que Minjoo porte une pièce de ton art sur sa peau te plaît.
Bon, après, vu que c'est toi, tu es pratiquement certain que sa réponse sera négative.

outfit ⏤ Elle savait pertinemment que ce n’était pas ton truc, tout ce qui était tatouage ou encore piercing. Tu avais grandi avec ce que l'on te mettait dans la tête, à savoir que ton corps devait être intact pour la personne qui se marierait avec toi. Tu en avais fini par détester ton corps au plus profond de ton âme et tu avais encore du mal à avoir une bonne relation avec, même si l'on pouvait croire que tu étais confiante dessus. Alors, tu avais juste accepté de l’accompagner même si elle voulait te convaincre de faire un flash rapide sur ton corps. Tu avais refusé, encore et encore, de te faire tatouer, mais tu avais accepté de l’accompagner pour le faire. Elle pensait que tu allais peut-être accepter au dernier moment… Alors qu’elle ne savait pas forcément pourquoi tu ne voulais pas le faire. Pas que tu n’avais pas les moyens, mais c’était bien plus profond.

Elle ne t’avait pas précisé le nom de son tatoueur, bien que tu aurais fait demi-tour si tu avais su que c’était lui. Maintenant sous tes yeux, tu n’avais envie que de soupirer dans le seul but qu’il s’envole, parce que tu savais très bien qu’il allait en profiter pour être encore lourd. « Salut stupid. », tu levais les yeux au ciel avant de laisser ta copine se faire prendre en charge. Si on le laissait bosser ici, c’était qu’il avait les compétences nécessaires, tu n’avais pas besoin de surveiller s’il faisait une quelconque bêtise sur la peau de ton amie. Tu avais fini par les laisser faire, regardant autour de toi avant que ton attention soit posée de nouveau sur la personne qui te tapait sur le système dernièrement. « Non merci. », tu n’avais pas envie de faire la grosse conversation avec lui, alors tu t’éloignais pour faire autre chose pendant qu’il pouvait se concentrer sur ton amie. Tu croisais les bras contre ta poitrine, dans le seul but de te dire que ça allait passer vite et que tu n’allais pas devoir encore faire la conversation avec lui. Tu avais même fini par lever la tête de ton téléphone que tu ne faisais que de pianoter depuis quelques minutes alors que le bruit de la machine se faisait entendre dans le fond de la boutique. Tu ne savais pas s’il pouvait te voir, et honnêtement, tu espérais ne pas être dans son champ de vision quand tu avais fini par poser ton regard sur les flashs qui pouvaient se trouver sur les murs. Surtout un. Tu n’aurais jamais pensé que ton regard allait s’arrêter sur l’un d’entre eux, peut-être parce que tu n’avais jamais eu l’idée de te faire tatouer. Mais, en attendant, inconsciemment, tu t’étais avancée et tu avais fini par poser le bout de tes doigts sur le dessin. « Tu es magnifique… », comment une simple chaine brisée venait à t’attirer ainsi ?

outfit ⏤ Tu souris malgré toi devant le surnom dont elle t'a affublé. C'est probablement plus une manière de te réduire à néant en refusant d'utiliser ton nom mais un petit nom rabaissant, mais tu as décidé qu'à partir du moment où elle t'a attribué un surnom, c'est que tu progresses. Non ? Probablement non.

Ses réponses expéditives te font légèrement pencher la tête alors que tu l'observes avec curiosité. De mauvaise humeur peut-être ? Ou mal à l'aise au milieu du salon de tatouage ? Pourtant, à côté de certains qui affichent fièrement une ambiance plus marquée, votre décoration est assez soft. Elle ne tarde d'ailleurs pas à s'éloigner de toi et tu fais la moue, un brin déçu. Tu ne vas pas hurler dans le salon pour lui faire la conversation depuis la pièce du fond et par-dessus le bruit de la machine... Tu te tournes donc vers son amie, lui servant ton sourire le plus affable que tu aies en stock avant de la guider vers la salle arrière, où vous procédez aux dernières vérifications concernant son tatouage. C'est une étape cruciale et tu prends tout le temps qu'il faut, ajustant la taille et procédant à quelques rapides modifications de dernière minute. Derrière-toi, l'imprimante à stencils ronronne, attendant que ta cliente de ce soir valide le motif, et quand tu appuies enfin sur impression, tu jures à voix basse en entendant l'imprimante de l'accueil se mettre en route. T'as pas sélectionné la plus proche. « Installe-toi confortablement, je reviens. » À pas de loup, tu reviens dans la salle principale, passant derrière Minjoo. À ses mots, bien qu'ils ne te soient pas le moins du monde destinés, quasiment murmurés, tu t'interromps. « Je sais, je sais, tu lâches sur un ton amusé. Mais je suis content que tu l'admettes ! » Parles-tu de toi ou du dessin qui semble l'avoir hypnotisée ? Ha ! Nul ne le sauras. Sans plus y réfléchir, tu reprends ta route jusqu'à l'imprimante où tu récupères le précieux stencil. « Oh d'ailleurs, Cutie... ta copine tremble comme une feuille, tu veux pas venir lui tenir la main histoire de la rassurer ? » T'as pas envie de te battre pour avoir des lignes clean, surtout qu'elle a choisi un motif au tracé plutôt fin.

Sans attendre sa réponse ou sa décision, tu retournes vers ta cliente et t'installe à côté d'elle. Préparant la zone à tatouer, tu finis par poser délicatement le stencil. Tu te glisses sans mal dans ton rôle de professionnel (enfin, d'apprenti professionnel), parce que tu es sérieux quand tu bosses, même si une très jolie Cutie se promène dans ton shop. Attrapant ton aiguille, tu commences à encrer ton art , le regard fixé sur la peau de la demoiselle, ton attention totalement focalisée sur ce que tu fais.

À mi-course, tu relèves ton aiguille, réprimant un soupir. « Cutie, je crois que ton amie va tourner de l'oeil... » Ça faisait la belle et la brave mais ça reste son premier tatouage, et dans une zone que tu n'aurais pas forcément conseillée pour le premier.

outfit ⏤ Tu n’aurais pas dû dire oui pour venir ici, surtout s’il était là et qu’il allait encore te taper sur le système comme il le faisait à chacun des passages dans ta vie. Tu n’aimais pas ce genre de personnages, tu rêvais clairement qu’il te laisse tranquille une bonne fois pour toutes à la place qu’il devienne l’un de ses hommes qui te rendait la vie dure depuis ta naissance. Alors, tu aurais préféré qu’il te laisse tranquille pendant que tu admirais ce qui était visiblement l’un de ses dessins. Tu poussais un soupir avant de le regarder quand il venait de nouveau faire le paon sous tes yeux. « Tu ne peux pas me laisser tranquille au moins quelques minutes dans ta vie pour une fois ? », tu lui avais répondu ça sans réfléchir, même si tu ne regrettais aucunement tes paroles. Tu voulais juste qu’il te laisse tranquille une bonne fois pour toutes. Tu étais déjà prête à prendre tes affaires pour partir en prévenant ta copine parce qu’il te fallait avoir un semblant de sociabilité dans ce foutu monde que tu ne pouvais pas apprécier. Sauf qu’il avait encore son mot à dire sur ce que tu devais faire. Encore une fois. Encore un homme qui voulait contrôler ce que tu pouvais faire. Ce que tu devais faire.

Tu avais fait l’effort de venir pour soutenir ton amie tout du long, bien qu’il t’ait prévenu qu’elle allait tourner de l’œil. Tu avais été assez intelligente à la place de ton amie, faisant un signe de main au jeune homme pour qu’il prenne une pause pendant qu’elle donnait de l’eau avec du sucre à sa pote durant quelques minutes. « Tu aurais dû viser un autre endroit. », puis, quand elle avait l’air de reprendre un peu plus de conscience, tu faisais signe à l’artiste de reprendre son œuvre, partant prendre l’air durant un instant. Tous les signes d’une crise de panique faisaient surface, tout ça parce qu’une autre personne finissait par essayer de prendre le dessus sur ta personne. Tu fermais tes mains de temps en temps, essayant de trouver un autre moyen de te calmer. Puis, tu tournais le visage pour remarquer que ton amie avait visiblement terminé. Combien de temps étais-tu restée dehors comme ça ? Tu ne savais pas, puis ça n’allait pas intéresser quelqu’un de savoir que tu étais partie d’un seul coup comme ça parce que tu avais encore la sensation que l'on t’emprisonnait de nouveau dans un château sans issue. Puis, il te regardait avec son fameux sourire. Son sourire qui pouvait tout dire.

« Tu peux attendre quelques minutes de plus non ? », tu n’avais pas laissé le temps à ton amie de répondre quand tu étais rentrée dans la boutique telle une furie avant d’attraper le poignet du Thaïlandais pour l’emporter dans une pièce différente. Tu l’avais plaqué aussitôt contre un mur avant de prendre son menton dans ta main, la panique encore présente dans ton corps. « Arrête. Arrête de venir me prendre la tête. Arrête de me dire de faire ci ou de faire ça. Bordel, je n'ai pas besoin d’avoir un autre gars dans ton genre pour me dire que faire, qui être ou comment me comporter ! Tu comprends ou il faut vraiment que je trouve un autre moyen pour que tu arrêtes ton plan ?! », tu n’avais pas senti la larme qui avait fini par faire son chemin sur ta joue. Tu ne voulais pas que l'on vienne à nouveau tout détruire. Pas un nouvel homme pour prendre la liberté que l'on voulait t’enlever. « Tu ne sais pas à quel point je ne supporte pas quand tu m’appelles cutie. Tu ne sais pas à quel point j’ai l’impression d’être qu’une foutue créature sans défense. Alors arrête pour l’amour du ciel, arrête et ne me prend pas ce que j’ai eu du mal à gagner ! », cette journée aurait dû se dérouler comme toute autre soirée, tu allais rentrer chez toi et continuer les fiches que tu avais prévu de faire en mangeant l’un des plats dont ta mère t’avait envoyé la recette. Pas dans une pièce avec un homme qui représentait tout ce dont tu avais peur, pas dans une nouvelle panique après la première, pas les larmes aux yeux. Pas faible.

outfit ⏤ À la réplique qui fuse, tu lèves les mains en l'air, geste de reddition et de paix. Tu ne voulais pas l'irriter, même si tu sais parfaitement que rien que savoir que tu existes l'agace. Tu n'insistes donc pas, partant simplement récupérer ton stencil. En cet instant précis, Minjoo t'évoque une bombe prête à exploser, et tu as le sentiment que tu n'as absolument pas envie de voir la goupille sauter.

Commençant ton œuvre, tu es quelque peu soulagé quand la Silla prend en main la gestion de son amie, t'indiquant des moments de pause quand celle-ci semble ne plus en pouvoir. Dire que ce n'est qu'un petit flash et qu'elle est dans cet état... Tu as encore du mal à gérer l'état des clients, les malaises et tout ça, tu es souvent bien trop absorbé par ton travail que pour prêter attention à ça.  C'est bien la raison pour laquelle tu es en apprentissage, incapable de te détacher suffisamment de ce que tu fais que pour garder un oeil sur la personne sous ton aiguille. Et c'est également la raison pour laquelle tu ne te rends pas immédiatement compte du départ de Minjoo, le tintement de la porte ne t'ayant même pas fait sourciller. Tu termines donc ta pièce, procède aux soins et aux explications avant de venir protéger le tatouage tout frais, non sans admirer ton travail au passage. Tu fais quelques photos pour ton book et ton instagram, d'autres clichés pour ta cliente, et enfin tu cherches la demoiselle disparue du regard. La repérant dehors, tu lui souris, comme à ton habitude.
Dommage que tu n'aies aucune foutue idée de ce qu'il se passe.

Tout se passe très vite. Tu la vois plus que tu ne l'entends invectiver son amie, sauter sur ses pieds et... rentrer en trombe dans le shop. Pas le temps de comprendre quelle tornade de tombe dessus, ses doigts s'enroulent autour de ton poignet alors qu'elle te traîne à l'écart. « Wow wow wow, doucement Cu... » Coupé en pleine phrase parce qu'elle te plaque sans ménagement contre un mur, faisant trembler les cadres accrochés, et te saisir le menton. Et tu restes là, à te prendre la salve de mots en pleine poire. Et quand une larme coule sur ta joue, il y a quelque chose qui se serre en toi. Pourtant, t'as déjà causé des larmes chez les femmes, c'est pas nouveau. Mais ça n'a jamais été dans un tel contexte. C'était après une rupture, après des mots cruels, pas après... tu sais même pas comment qualifier ce qui se passe en cet instant précis. Tu en perds momentanément ton masque de petit con arrogant, sincèrement confus par les évènements et le portrait qu'elle dépeint.

Alors tu restes d'abord silencieux, le temps de démêler les infos, de comprendre ce qui se passe. Tu ne t'attendais pas à ça, cette forme de mise à nu de ses pensées et de ses sentiments. Et ce n'est pas beau à voir. Sa carapace de reine des glaces vient de se fracasser violemment. « Attends attends attends... tu dis précipitamment. Te dire comment te comporter ? Qui être, quoi faire ? Te prendre des choses ? » Tu essaies de secouer négativement la tête mais sa poigne est d'acier et tu ne parviens qu'à t'enfoncer ses ongles dans la peau. Aïe. « Je ne pensais pas que tu le ressentais comme ça, tu commences d'une voix égale, cherchant sur son visage ton signe que tes mots l'enflamment encore plus ou non. Je ne t'appellerai plus ainsi. J'utiliserai ton prénom... si je peux. » T'as pas particulièrement envie de l'appeler Miss Cha. Ses doigts crispés sur ton menton commencent à te faire mal et ça te cause des difficultés à parler, mais tu te souviens de sa réaction quand tu l'as touchée, pendant son moment de panique au parc, alors tu ne tentes pas de la déloger. « Je ne veux rien te prendre. Enfin, théoriquement, si. Un baiser. Mais rien de plus. Rien de ce qu'elle dit avoir gagné. Pas plus que je ne veux te dire quoi faire ou comment être. Ce n'était nullement dans mes intentions, je ne voulais pas que tu l'interprètes ainsi. » Tu pèses tes mots, relâchant tes phrases avec précaution. Si tu as comprends bien le sous-texte, elle a toujours été entourée d'hommes cherchant à la remodeler et la diriger. Son père, sans doute ? Mais toi, c'est à des lieues de tes objectifs. Rien de tout ça ne devait aller jusqu'à un mental breakdown de sa part pour quelque chose que tu n'avais même pas conscience de faire.

« Tu me plais, Cha Minjoo, tu finis par dire. Pour qui tu es. La femme qui n'hésite pas à me fracasser le dos sur le sol, me gribouille sur la tronche et parle avec passion de cerveaux et de psychiatrie. » Le beau parleur est de retour, mais il y a une certaine sincérité dans ce que tu viens de dire. Oui, elle te plaît. Quand tu t'es lancé dans ce défi, tu t'attendais à un rat de bibliothèque rougissant et facile à manipuler, mais tu es tombée sur une lionne qui sait ce qu'elle veut. Et c'est bien plus intéressant. Mais pas seulement pour ce stupide défi. Tu apprécies les joutes que tu joues avec elle, la vie est bien plus divertissante en sa compagnie. Vouloir la changer serait juste... une perte. Une perte de temps, de dents, et de piment. « Je voulais juste flirter avec toi. Je ne pensais pas que ça te mettait aussi mal. Je ne sais pas sur quel genre de mec toxique tu es tombée avant mais je jure qu'il y a méprise. » Wait, elle avait parlé d'un "plan", non ? Un instant, tu te demandes si elle sait pour le pari. « Est-ce que tu peux desserrer un tout petit peu ta poigne, s'il te plaît ? Je t'ai dans la peau, certes, mais là je vais aussi t'avoir sur la peau. » Tu vas finir avec les larmes aux yeux comme elle, mais clairement pas pour la même raison. Et dieu ce que tu as envie de venir essuyer la traînée humide sur sa joue, mais tu sais que si tu la touches, tu vas finir avec plus qu'une marque d'ongles dans la joue.

outfit ⏤ De base, tu étais une enfant qui réfléchissait toujours avant d’agir. Tu étais quelqu’un à faire les plans et à les comparer avant d’agir. Parce que tu étais ainsi, cette petite princesse qui calculait beaucoup trop de choses, une princesse que l'on avait longtemps retenue pour qu’elle devienne juste mère de famille, qu’elle devienne la femme de quelqu’un dans un monde d’homme. Au début, tu avais accepté parce que tu pensais que c’était la bonne chose à faire, mais quand tu avais vu ton grand frère se rebeller, tu avais compris que tu pouvais faire de même. Dure réalité qui t’avait rattrapé en voyant la bague à ton doigt et tes longues disputes pour qu’on te laisse continuer des études que tu aimais. Tout cela pour te retrouver dans une nouvelle situation où tu avais peur, où tu te sentais menacer. Tu avais ce contrôle sur toi-même, celui que tu avais construit pour essayer de t’en sortir dans une haute société cruelle envers les femmes, visage que tu n’avais pas retenu devant le jeune homme depuis qu’il était arrivé dans ta vie en début d’année. Mais, cela faisait trop longtemps que tu le laissais venir et partir, que tu le laissais manger petit à petit, ce que tu avais l’impression qu’il mangeait de ta liberté.

Mais, tu l’écoutais, parce qu’il avait ce droit. Ce devoir d’écouter. Parce que ton visage transmettait ce que tu étais en train de ressentir, un château que tu essayais de fuir depuis des années, mais qui ne faisait que de te suivre à la trace. Tu essayais de respirer normalement, de calmer cette panique, de retenir les larmes qui voulaient se faire sur ton visage. Tu ne voulais pas pleurer devant lui, il en était hors de question, parce qu’il allait utiliser ça à son avantage, comme tous les autres. Tu écoutais ce semblant de paroles qui se voulait rassurant, te disant le contraire de ce que tu étais en train de ressentir, mais ça ne pouvait calmer la peur au plus profond de ton âme. Quand les personnes avaient peur des insectes ou d’autres peurs qui puissent exister, toi, tu avais peur que l'on te prenne la liberté de vivre ta vie comme tu le souhaitais. Alors, quand il disait chacun de ses mots, chacune de ses phrases, dans un rythme auquel il marchait de lui-même, dans un terrain miné, tu avais la sensation de reprendre le contrôle de tout ce qui était en train de se passer. Puis, quand il se mettait à te dire ce qu’il ressentait, que tu lui plaisais, tu commençais à secouer la tête dans le seul but qu’il arrête de jouer du violon pour te calmer. Parce que tu ne pouvais pas le croire, pas après tout ce que l'on avait pu te murmurer à l’oreille il y a quelques mois. Tu finissais par le lâcher complètement avant de t’éloigner de lui pour venir glisser ton corps le long d’un mur, rapprochant tes genoux contre ta poitrine, dans le seul but de te sauver de tout cela, de te protéger. Puis, celle qui n’avait pas les larmes faciles, venait à les lâcher. « Vous êtes tous les mêmes, à dire des mots doux pour attirer la personne entre vos mains, manipulation des plus parfaites pour en faire l’objet idéal à vos côtés le temps d’un court instant. », tu venais à frotter ta joue contre ton épaule. « Tu auras beau me dire tout ce que tu veux, je ne peux pas te croire. Parce que tu finiras par avoir ce que tu cherches à vouloir, quelconque idée qui te passe par la tête, puis tu finiras par prendre ce qu’ils ont déjà pris que j’ai eu du mal à reprendre. Tu ne sais pas à quel point j’ai eu un mal de chien à récupérer un semblant de liberté, d’avoir une vie que je voulais. Non, tu ne sais pas, parce que toi, tu viens me sourire, me faire la cour, jouer de tes charmes pour m’accrocher sur ton tableau de chasse et faire le paon devant tes potes, ou tes collègues, ou l’homme qui te voit simplement comme celui qui arrivera à m’enfermer dans un château… », la dernière phrase n’était qu’un simple murmure, bien qu’il pourrait l’entendre s’il venait devant toi. Mais, la plupart du temps, quand tu étais dans ce type de situation, tu étais laissée à l’abandon, l’hystérique devait se calmer toute seule avant de revenir.

outfit ⏤ C'est très perturbant d'être dans une telle situation et de ne pouvoir rien faire. Tu vois très bien qu'au geste imprévu ou à la parole de travers, quelque chose finira mal. Et pourtant... dans un tout autre contexte, tu aurais trouvé ça diablement sexy d'être ainsi plaqué contre un mur par une demoiselle, et la manière dont elle te tient t'aurait rendu horny. C'est donc très frustrant de ne pas oser bouger ton corps, de ne pas poser tes mains sur sa taille pour la rapprocher. Ah, pourquoi les choses sont-elles si compliquées ?

Tu plaides donc ta cause, t'insurgeant à demi-mot contre ce qu'elle dit, contre ce portrait qu'elle dresse d'elle-même et de toi, et avec lequel tu n'es pas du tout d'accord. Tu commences à comprendre qu'il y a des raisons bien plus profondes à sa non-appréciation de ta personne que le simple "tu fais chier et tu brasses mon air". Ce qui explique le prince, la princesse et le dragon, tout ça commence à faire petit à petit sens dans ton esprit.

Elle te relâche et tu viens masser tes joues endolories, ravalant une grimace d'inconfort. Wha, elle n'y est clairement pas allée de main morte. Et là, elle s'écroule, mode petite boule contre le mur. T'as pas signé pour ça, bordel. Elle est passé où ta Cutie... pardon, ta Minjoo, qui te tacle sans remord et te fait sentir comme le dernier des analphabètes ? Et voilà qu'elle pleure. Shit. Merde. Potverdoem. Attrapant un mouchoir, tu viens t'accroupir près d'elle, le lui tendant sans un mot. Si tu n'étais à peu près certain que ça la mettrait encore plus mal, tu serais venu tamponner toi-même ces larmes traîtresses. Une toute autre fille, ça l'aurait peut-être fait fondre pour toi, mais pas Minjoo, tu le sais. « Alors ne me crois pas, tu souffles doucement. Laisse-moi juste une chance de te montrer que je suis sincère. S'il te plaît ? » Le coup du tableau de chasse est un coup dans le mille que tu ne peux malheureusement pas réfuter. Tu commences à croire qu'elle n'a connu que des pervers narcissiques et autres mecs toxiques as fuck, et ça te blesse un peu d'être mis dans le même panier qu'eux. Et pourtant tu sais que t'es pas plus reluisant. Tu voudrais dire que t'es pas comme eux, mais à coup sûr c'est le genre de phrase qui va la hérisser, et c'est faux. T'as déjà dragué pour t'amuser. Tu as déjà blessé intentionnellement. Tu as commencé à lui tourner autour pour un pari à la con, et même si aujourd'hui c'est pour toi-même que tu continues à flirter lourdement avec elle, ça ne change rien au fait que tu l'as approchée avec de mauvaises intentions à la base. « J'ai pas envie de te prendre ta liberté, Minjoo. Je sais ce qui arrive aux oiseaux sauvages qu'on enferme dans une cage. Ils dépérissent. Si je voulais d'une femme-objet coquille vide, c'est pas toi que j'aurais approché. » Néanmoins, ses paroles te chiffonnent. L'homme qui te voir comme celui qui arrivera à l'enfermer dans un château ? Très dramatique, ça. Et très au-delà de ce qu'on peut espérer. T'es même pas certain de pouvoir te payer un appartement, alors un château...
Oui oui, tu sais, c'est une image, tout ça...

« Je reviens, tu lâches en repérant un mouvement dans le shop. » Te redressant, tu t'éloignes pour intercepter l'amie de Minjoo, lui bloquant le passage. Tu n'es pas sûr qu'elle voudrait être vue dans cet état, déjà toi ça doit être une terrible épine pour elle. Tu la rediriges sans ménagement vers la porte. « T'inquiète, Minjoo va bien, je gère. Juré je la ramène au dortoir avant minuit, mini daronne. » Comment ça t'es pas crédible avec ton histoire à la Cendrillon ? Tu parviens enfin à mettre la fille dehors, et tu files dans l'espace cuisine pour choper un verre d'eau et piocher quelques cookies dans la boîte. Pas tes créations cette fois, t'es pas très branché pâtisserie. Revenant vers Minjoo, tu t'accroupis à nouveau avant de lui tendre le verre et la serviette de douceurs, ou de les poser sur le côté si elle ne les prend pas. « Ta pote est partie, je me suis dit que tu voulais sans doute avoir le temps de te remettre. Je te ramènerai au dortoir si tu veux. J'ai ma moto. Ou je t'appelle un taxi. Ou tu peux rentrer par tes propres moyens aussi, je ne veux t'obliger à rien, hein. C'est comme tu préfères. » Et sur ces mots, tu te redresses, lui rendant son espace alors que tu retournes vers ta table de travail, commençant à désinfecter et nettoyer ton matériel. Les gestes sont mécaniques, habituels... apaisants. T'es toujours là, à proximité si elle a besoin de quelque chose, mais en même temps tu lui donnes son espace. T'as à peu près capté que c'est ce dont elle a envie. Enfin tu crois. « Le tatouage que tu regardais... tu veux que je te le mette de côté ? »

outfit ⏤ Au fond de toi, tu te détestais d’avoir été si faible devant lui alors que tu voulais te débarrasser de sa présence dans ta vie. Il allait pouvoir revenir sans problème en voyant la faille dans le personnage que tu étais… ou plutôt le personnage que tu jouais depuis des années pour t’aider à te sortir de tout ce qui avait bien pu se passer dans ta vie. Les larmes aux yeux, d’autres qui venaient à couler sur tes joues, tu avais bien l’air pathétique dans cette situation Minjoo, donnant l’impression d’avoir fait ta crise d’enfant. Néanmoins, dans les quelques premières secondes, il ne s’était pas venu plaindre de ton comportement et des larmes sur tes joues, il était même accroupi devant toi, te tendant un mouchoir sans prendre la place dans ton espace. Tu venais attraper le tissu sans échanger un regard avec lui, encore perdue dans ce bazar dans ton crâne. Tu ne voulais pas non plus lui donner la chance de réduire en poussière qui tu étais. Enfin, avant qu’il ne vienne prononcer des paroles qui t’avaient fait lever les yeux vers son propre regard. Te montrer… C’était bien quelque chose que l’on ne t’avait pas dit depuis des années. Le plus souvent, c’était bien le terme prouvé que l'on te répétait sans cesse, persuader d’avoir toutes les cartes en main. « Okay… », répondais-tu d’une voix légèrement tremblante quand il venait à te demander ton accord dans tout cela. Tu venais à poser le mouchoir sous tes yeux, essayant le peu de maquillage que tu pouvais avoir, venant de prendre son envol. Pour une fois, depuis votre rencontre et sa manie de te tourner autour sans relâche, tu venais à écouter toutes les paroles qu’il te disait, même si la dernière phrase te laissait échapper un rire nerveux, au moins tu n’étais pas un objet pour une fois dans la situation… pour une fois.

Il venait à s’échapper, et tu revenais presque sur ta décision de l’éloigner de ceux qui avaient détruit ton peu d’espoir. Tu profitais néanmoins de son absence pour essuyer les larmes sur ton visage avec le mouchoir entre tes mains, si tu pouvais déjà réduire les dégâts de tout ce bazar. Tu avais cependant la tête dans tes bras avant que du mouvement s’entende, quelques minutes après avoir entendu le bruit de la porte qui devait indiquer que ton amie était partie finalement… Chose que le jeune homme venait à te confirmer en revenant près de toi, verre d’eau et quelques friandises entre les mains. Tu avais tout pris, enfin, les cookies en premier pour les mettre à côté de toi et le verre d’eau en dernier en écoutant ce qu’il était en train de te proposer. Au moins, il écoutait, il ne venait pas à te dire que faire. Tu avais le choix, juste ton propre choix. Tes mains autour du verre, tu le portais de temps à autre à tes lèvres pour boire une gorgée, espérant calmer les nerfs qui avaient explosé quelques minutes plus tôt. Puis, à observer ses mouvements mécaniques, tu t’apaisais aussi indirectement. C’est bien ses dernières paroles qui venaient t’arracher de l’observation de ses mouvements, secouant la tête négativement. « Je n’ai pas le style pour avoir un tatouage… même s’il est magnifique… Enfin, avant cela, il faudrait déjà que tu bosses sur le côté social de ton métier, c’est bien de savoir tatouer… mais si tu ne remarques pas l’état de tes clients ça serait un peu bancal… », on ne pouvait pas t’enlever tes remarques sur ton entourage, même dans un état lamentable comme le tien à présent. Tu venais à prendre l’un des cookies pour venir le croquer, évitant aussi de mettre des miettes par terre pour ne pas entacher le boulot qui était fait ici. « En tout cas, il est très bien dessiné Khun. », c’était bien la première fois que tu prononçais le prénom du jeune homme.

outfit ⏤ Tu penses que tu commences à comprendre comment Minjoo fonctionne. Enfin, sur certains points du moins. Tu n'oserais pas prétendre à plus. Mais tu commences à intégrer le fait qu'elle soit à cheval sur les permissions. Notamment quand il s'agit de l'approcher ou de la toucher. Ce qui devrait en fait être normal... à quel moment est-ce devenu normal d'envahir l'espace vital des gens, et surtout des femmes, comme si de rien n'était ?
C'est pourquoi tu la laisses, lui laisses son espace, sa tranquillité, te contentant de lui fournir un mouchoir. La voyant étaler son maquillage, tu te demandes un instant si vous avez encore la bouteille de démaquillant qui traînait dans un coin, celle qui servait pour les personnes qui sous-estimaient la douleur potentielle d'un tatouage et les limites du mascara waterproof.

Espérant que les quelques cookies que tu as ramenés et le verre d'eau la requinquent, tu t'attaques au nettoyage de ton matériel, te glissant dans la routine familière. Tu es méticuleux, nettoyant tes outils plus que scrupuleusement avant de les déposer un à un dans le stérilisateur. Tu nettoies tes encres, remplis ta feuille de consommation, des gestes habituels mais qui te raccrochent à une forme de stabilité. Voir Minjoo dans un tel état te déstabilise, tu as besoin de regagner un terrain sûr. À sa réponse, tu ne peux te retenir de faire une petite moue désapprobatrice. Ah oui, le fameux "style" qu'il faut avoir pour se faire tatouer. « Uh-uh. Pas d'accord. C'est pas un style qu'il faut, c'est un corps. Certains se font tatouer pour prouver une appartenance, certes, mais pour beaucoup c'est simplement pour le plaisir, l'envie d'avoir une œuvre éternelle sur le corps, pour le souvenir ou la signification... » Tu ne peux pas t'empêcher de te rengorger quand elle complimente ton dessin. N'est-ce pas là l'une des premières choses gentilles qu'elle te dit ? Sans parler d'éloges. Ça, clairement, on est sur une première.

À sa critique, tu hausses les épaules, pas le moins du monde piqué. T'es au courant de cette faiblesse de ta part. « Raison pour laquelle je suis en phase d'apprentissage. Je débute, j'ai encore du mal à me détacher suffisamment de ce que je fais pour m'intéresser à mon client. » Habituellement tu n'es pas seul au shop, ce soir était une exception.

Le temps se suspend quand elle parle à nouveau, et tu te figes. Un compliment et ton nom, ton nouveau nom, prononcés dans la même phrase ? Tu es mort et c'est la voix des anges, c'est ça ? Ah non, pas possible, tu es plutôt destiné à une party hard avec Lucifer, toi. « Je te le mettrai de côté, tu finis par dire. Même si tu décides de ne jamais te le faire tatouer, je ne veux pas qu'il soit pris par une autre personne. » Et le temps reprend son cours. Tu continues à t'activer dans la pièce, changeant la protection du siège où les clients, désinfectant le tout. Si au départ tu détestais l'après-tatouage, c'est devenu une telle habitude maintenant que tu ne t'imaginerais pas négliger la moindre étape. Ça mange du temps, c'est vrai, mais c'est pour le bien de tout le monde : les clients et tes oreilles agressées par les remontrances de tes mentors. Ton travail achevé, tu pivotes sur tes talons pour faire face à Minjoo. Tu sors de ta poche ta vapoteuse, ta nouvelle forme de cancer préférée depuis que tu as abandonné les cigarettes pour un système ne nécessitant pas de briquet. Tu l'agites légèrement dans les airs pour attirer l'attention de la jeune femme. « Ça te dit qu'on bouge dans le coin cuisine ? Y a d'autres cookies. Et j'ai grave envie de fumer. » Besoin plus qu'envie d'ailleurs, mais c'est pas le genre de truc à dire. Pour le reste, t'es pas con au point de vapoter dans la salle que tu viens de désinfecter et de nettoyer, et le coin cuisine donne sur une petite cour où tu pourras te mettre sans que l'odeur ne vienne imprégner l'espace. « Puis nos chaises sont bien plus confortables que le sol. » Mais si elle veut rester là, c'est son choix. Tu peux bien tenir encore un peu sans ta dose de fumée.

outfit ⏤ Tu perdais peu à peu ton sang-froid en sa présence, ou c’était tout simplement que tu étais fatiguée de ce combat que tu faisais constamment face à sa gente. Les hommes étaient devenus des ennemis pour toi, quand tu voulais vivre ta propre vie, mais que l'on était là pour te dire le contraire de ce que tu voulais au plus profond de toi. Il avait l’air de comprendre quand il venait te laisser ton espace pour que tu redescendes de ce moment qui venait de te prendre la tête au point de faire tout ton possible pour tout stopper, mais tu devais te retenir, tu n’avais pas envie de devenir ce qui te faisait peur au plus profond de toi. Liberté voulue, liberté chérie. Par moment, tu te demandais même si cela n’était pas une manière que la vie avait décidée pour t’arrêter. Tu écoutais les bruits qu’il pouvait faire en nettoyant son matériel, logique quand tu savais que la stérilité était quelque chose de très important dans le milieu. Tu laissais échapper un rire quand il venait te contredire sur ton refus de te faire tatouer pour une quelconque excuse. « Tu ne peux pas comprendre… », il ne pouvait pas comprendre la relation que tu pouvais avoir avec ton propre corps, celui qui aurait dû être l’objet pour donner héritier à un fiancé qui n’avait que des intérêts politiques envers toi. Alors, te faire tatouer n’était pas dans tes projets pour apprendre à aimer un corps qui te trahissait parfois. Il t’expliquait qu’il n’était qu’en phase d’apprentissage, certainement pour cela que le tatouage de ton amie n’était pas si haut pour le prix, bien que tu n’aurais pas non plus pensé qu’il avait de l’expérience dans le métier en voyant son manque d’intérêt. Tu levais les yeux au ciel avant de continuer à manger le cookie que tu avais entre tes mains, tu n’avais rien à rajouter.

Tu fronçais les sourcils quand il te disait qu’il mettrait le dessin de côté alors que tu lui avais fait comprendre que ce n’était pas dans tes projets d’avoir un quelconque tatouage. Tu posais ton regard sur lui quand il continuait de dire qu’il ne voulait pas le tatouer à une autre personne que toi, te faisant alors secouer la tête en pensant qu’il était totalement fou de perdre de l’argent pour juste un compliment venant de ta part… alors que tu savais très bien qu’il était rare pour toi d’être autant attirée par un simple bout de papier avec de l’encre dessus. Puis, il venait à apparaitre devant toi alors que tu venais de finir le cookie, faisant en sorte de ne pas en mettre partout pour ne pas détruire un parcours de nettoyage comme le sien. Il venait alors à te proposer de bouger en agitant une vapoteuse, fronçant de nouveau les sourcils. Est-ce qu’il n’était pas adepte des cigarettes, de base ? Est-ce que c’était lié à ta réaction de la dernière fois ? Tu n’avais pas envie d’avoir de l’espoir que l'on prenait en compte ta propre personne pour une fois. Il venait à rajouter un argument de plus, de toute manière, tu ne voulais pas rester enfermée ici, tu avais l’impression d’être compressée dans une pièce de plus en plus petite. « Donne ton bras s’il te plait. », tu attendais qu’il tende le bras avant de l’utiliser pour te relever, sans forcément son intervention en plus de ce fameux bras. Tu attrapais aussi tout ce qu’il t’avait donné pour ne pas laisser de trace. « Je te suis. », tu le regardais, avant qu’il ne commence à se diriger vers l’endroit dont il t’avait parlé. Tu n’avais pas perdu de temps avant de te mettre sur l’une des chaises, observant les alentours avant de reposer ton regard sur le jeune homme. « Tu recules la date de ton cancer des poumons avec ça, c’est bien. », bien qu’il soit prouvé que la vapoteuse était moins nocive que la cigarette, les dangers étaient malgré tout présents.