+ Plus que de ne plus que de ne plus pouvoir jouer aux jeux-vidéo, s’il se blessait c’est surtout l’idée de ne plus pouvoir toucher à son violon qui l’effraie. Heureusement, Haru est là pour penser aux protections, même s’ils auraient probablement tous les deux dû y songer avant. Vu les compétences, inexistantes, de Kikunae sur un skate, la catastrophe était inévitable. Ce n’est pas parce que son ami est pompier volontaire, qu’il faut volontairement se faire du mal. Sauf s’il souhaitait inconsciemment qu’Haru prenne soin de lui, mais Nae n’en est pas encore à ce stade d’inventivité. Même s’il doit reconnaître que voir Haru préoccupé à son sujet ne l’a pas laissé indifférent. Quand Haru lui demande s’il veut remonter sur la planche à roulettes, la réponse de Kikunae va de soi. Il ne va pas baisser les bras devant Haru. Il veut lui montrer les bons côtés de sa personnalité, son courage, sa persévérance et surtout… Lui faire plaisir. Ces leçons de skate privée, aussi catastrophique soient-elles, sont une excuse parfaite pour passer un moment privilégier avec le jeune homme… D’ailleurs, Nae sent son coeur s’emballer lorsque son ami prend ses mains dans les siennes pour lui enfiler d’abord les coudières, puis les protèges poignets. Leur différence de taille oblige, une bonne quinzaine de centimètres, Nae est obligé de lever les yeux vers Haru. Il essaie de ne pas le fixer trop longtemps. Il a toujours l’impression de passer son temps à le regarder, il ne veut pas paraître bizarre. Ce sont surtout ses yeux qui le captive… Le son de la voix d’Haru le tire de son admiration silencieuse. Nae se contente de sourire, à part « Zelda » il n’a absolument rien compris, ni entendu ce que son ami vient de lui dire.

- Non, je crois que c’est moi le problème, je ne suis pas fait pour ça je crois, il répond légèrement déçu.

Il aurait aimé se découvrir un talent caché et pouvoir impression Haru…

- Pourquoi ça ne m’étonne pas, tu fais toujours tellement de choses.

Réalisant que sa remarque pourrait être mal interprétée, ou par crainte qu’elle le soit, Kikunae se reprend rapidement.

- Je veux dire, tu étudies la médecine, tu es pompier volontaire, tu as un groupe… Tu dois avoir beaucoup de choses à faire en une journée, mais c’est très bien, ce sont des occupations chouettes et utiles, à côté… Je préfère passer mes journées chez moi, avec une manette à la main ou à jouer de la musique, c’est moins héroïque, il parle un peu plus vite qu’à son habitude, trahissant son léger malaise.

Kikunae admire sincèrement Haru pour tout ce qu’il fait et surtout pour se rendre aussi utile auprès des autres. Il arrive même à trouver du temps pour lui apprendre à faire du skate, alors que Nae est clairement un cas désespéré. Il n’a pas le temps de se morfondre davantage, Haru lui donne de nouvelles indications. Cramponné à la main de son ami, le violoniste fait de son mieux pour ne pas perdre son équilibre. Nae essaie de se concentrer et de se souvenir de tout ce qu’Haru lui a appris. Ça fait beaucoup trop de détails à ne pas oublier d’un coup… Il a un moment d’hésitation lorsque le musicien lui présente à nouveau sa main avant de repartir. Il ne veut pas que son trouble se ressente et chaque fois qu’Haru l’approche de trop, il est déstabilisé. D’un autre côté… Il ne tiendra jamais en équilibre sans son aide. Il attrape timidement sa main pour se tenir. Le début se passe plutôt bien, Nae est tendu à cause de l’appréhension, mais il tient debout sur quelques mètres. Puis les choses se gâtent… Il perd son équilibre et bascule. Son premier réflexe est de se retenir à Haru, la planche roule plus loin, Nae ne tombe pas complètement. Heureusement qu’Haru était là pour lui servir de pilier. Il s’agrippe à lui comme si sa vie en dépendait.

+ ootd | Le but du skate était de prendre du plaisir, de se challenger un peu. Haru ne voulait surtout pas que son ami développe un complexe ou perde de la confiance en lui-même simplement parce qu'il n'arrivait pas à tenir sur la planche ou à faire des figures. Et puis, Haru aussi avait débuté un jour. Il était plus jeune lorsqu'il avait commencé, un jeune adolescent complètement inconscient des risques qu'il prenait. C'était fou tout ce dont on était capable lorsque l'on était dépourvu de peur. Aujourd'hui, avec toutes les blessures qu'il avait vu en service, il n'était pas certain qu'il aurait commencé son sport avec autant d'inconscience. Le coréen fronça légèrement les sourcils à la remarque de son ami. « Qu-que ce ne sssoit p-p-pas fait p-pour toi nnn'est pas u-un pr-pro-problème. » Et si un visage pouvait ressembler à une emoji, celui de Haru, dans cet instant, ressemblait à celle-ci : « é_è ». Il n'aimait pas entendre Kikunae dire qu'il était un problème. « T-t-tu es fffait p-p-pour d'autres ch-choses et c'est t-très b-bi-bien. » Par exemple, c'était un musicien de génie, bien plus doué que Haru. Si le coréen était monté sur une planche, c'était dans une envie de se faire vibrer et d'aller vite, Haru avait toujours été en recherche de vitesse et d'activités. Il aurait pu se vexer à la remarque de Kikunae, dans l'idée qu'il faisait trop de choses et qu'il les faisait mal mais le japonais se justifia si vite que Haru n'eut pas le temps de penser quoique ce soit. Il eut un rire, tapotant l'épaule de son ami dans un geste réconfortant. « Sssi r-rester chez t-t-toi te rrrrend heureux a-alors c'est très b-bi-bieen. » Et s'il n'aimait pas prendre de risque, c'était très bien aussi. Malgré tout, ils partirent sur un nouvel essai et ne comptez pas sur Haru pour passer l'étape protection cette fois-ci. Concentré à bien placer les protections sur Kikunae, il ne remarqua pas la façon que le japonais avait de le regarder tout comme il ne réagit pas vraiment à son manque de réponse. Il mit cela sur le compte d'une possible appréhension à remonter sur la planche après sa chute. Pour le rassurer au maximum, en plus des protections, Haru prit la main du musicien dans la sienne au début pour l'accompagner dans sa prise d'élan. Lorsqu'il lâche Kikunae, il resta proche de lui pour l'assurer et le rassurer. Il gardait sa main tendue et son ami l'attrapa rapidement avant de bien se lancer, s'il pouvait être rassuré, et bien soit ! Il trottinait à côté de lui, l'encourageant alors qu'il avançait plutôt correctement au début. Malheureusement, après quelques mètres, Kikunae se déséquilibra et malgré le fait de le tenir par la main, il bascula en arrière et Haru n'eut que le temps de se mettre derrière la planche pour le rattraper et l'empêcher de tomber une nouvelle fois. « J-je te t-tiens. » Il laissa Kikunae reprendre ses esprits puis l'aida à se redresser. Avec un petit rire, il replaça le casque de Kikunae qui penchait, lui donnant un air perdu. Tout en gardant son ami contre lui, il regarda la planche avec une grimace. « B-bon. Au-aujourd'hui c'est pas t-t-ton jour jjjje crois. » Il tourna la tête vers Kikunae. « T-tu veux qu'on l-lai-laisse tomber p-pour au-aujourd'hui ? O-on p-peut a-aller prendre uuun café s-sssi tu veux a-a-arrêter là ? » Il ne lui en voudrait pas. Il préférait que Kikunae respecte ses limites et ne prenne pas de risque. « C'est t-toi qui dé-décide mmmais j-je ne t'en vvvoudrais p-pas si tu p-pré-préfères arrêter. » Haru avait remarqué que le japonais avait parfois peur de décevoir, il ne savait pas trop d'où ça venait. Certains sujets n'avaient pas encore été abordé entre eux mais c'était un trait de caractère qu'il avait noté. Il se détacha de Kikunae, le laissant réfléchir et alla récupérer la planche qui avait roulé encore sur quelques mètres. Plutôt que de la prendre à la main, c'est évidemment en roulant dessus qu'il retourna auprès de son ami. « A-alors ? »

+ Kikunae aurait aimé faire des progrès, pour impressionner Haru, même si cela doit rester un secret. Il s’en rend à peine compte ou plutôt, il ne veut pas remarquer cette envie de sortir du lot aux yeux de son ami. Pourtant, ce serait mentir de ne pas le reconnaître… Nae est discret, pas du genre à faire des vagues. Il passe inaperçu pour la plupart des personnes qu’ils croisent et cela ne l’a jamais dérangé. Solitaire, il préfère vivre sa vie de son côté, comme il l’entend. Quand Haru est dans les parages… C’est différent. Il le remarque de plus en plus et ne sait pas quoi faire pour dompter ce nouveau sentiment. Il devrait peut-être en parler à Ryuu ? Son aîné pourrait l’aiguiller, il est souvent de bons conseils pour le musicien ou à défaut, il le soutient, Nae en a aussi besoin. Avec le skate, il sort de sa zone de confort. Kikunae n’a jamais été un aventurier. Il préfère la mélodie calme et rassurante de son violon, qui raisonne dans une salle de musique. Prendre des risques… Ce n’est pas son truc. Sauf si le risque en question est de tenter un morceau particulièrement difficile, qui lui donnera du fil à retordre avant d’être maîtrisé.

Dans d’autres circonstances, Kikunae ne se serait pas formalisé de ne pas être doué sur une planche à roulettes. Aujourd’hui, c’est la déception qui pointe le bout de son nez. Il aurait aimé montrer l’étendue de son talent dans un domaine qu’Haru maîtrise… Et qu’il peut être doué dans bien des domaines, comme le bassiste. Le violon est son seul talent. La magie opère instantanément lorsqu’il joue de son instrument. Sur le moment, ça ne lui suffit pas.

- À part le violon, je n’ai pas de nombreux talents…

« Contrairement à toi » a-t-il envie d’ajouter. Il se dévalorise. Il idéalise Haru. Ou peut-être un peu des deux… Ce n’est pas la première fois qu’il tient ce type de propos. Kikunae ne s’est jamais considéré doué dans un autre domaine que la musique. C’est bien pour cela qu’il ne se voit pas faire autre chose de sa vie. Peu importe la précarité du métier d’artiste, peu importe les obstacles qu’il aura à surmonter pour intégrer un orchestre… Pour rien au monde il n’aurait fait des études « classiques » par sécurité comme l’aurait souhaité son père. C’est la musique ou rien.

- Hayden dit que je devrais sortir de ma grotte plus souvent, il répond avec un petit rire.

Le nombre de fois où son meilleur ami le fait sortir avec ses amis pour le pousser à sociabiliser… Nae aime être chez lui. Il n’est pourtant pas timide, mais solitaire et introverti, sans aucun doute. Être seul ne lui fait pas peur. Si le silence est trop fort, il peut le combler par la musique et se tenir compagnie avec quelques jeux-vidéos. Certains pourrait trouver cela triste… Nae aime cette routine. Il sort, il n’est pas complètement reclus. Il doit travailler s’il veut garder son indépendance financière. Comme pour le moment, il n’est que professeur particulier, il doit souvent se déplacer dans la capitale et voir du monde. Heureusement, il a plusieurs cordes à son arc : le japonais, le violon, le piano, le solfège, ce qui lui permet de toucher un plus large public.

Sorti de ses pensées et de sa contemplation par la voix d’Haru, Nae se relève pour mettre à nouveau un pied sur le skate. Il a plus peur de se ridiculiser plutôt que de tomber… Heureusement que le bassiste est resté tout près, car il ne faut pas longtemps à Kikunae pour perdre son équilibre. Il se cramponne à son ami et évite la chute. Par contre… Il est très proche de lui. Il sent le rythme de sa respiration et pendant quelques secondes, il entend les battements de son coeur. Il espère qu’Haru ne percevra pas les siens… Même si le rythme désordonné de son organe peut se justifier par l’appréhension et la chute. La cause en est toute autre… Kikunae observe la planche qui a roulé un peu plus loin. Il ne veut pas reconnaître son échec, mais… C’est peut-être mieux de ne pas insister si rien ne va aujourd’hui. La présence d’Haru le déstabilise un peu trop pour se concentrer de toute manière… La question du bassiste reste sans réponse pendant un instant, tandis que Nae l’observe revenir. Il tient en équilibre sur son skate avec tant de facilité et, le Japonais apprécie tout particulièrement l’allure qu’il a alors qu’il revient tranquillement dans sa direction.

- On retentera un autre jour ?

Au moins, ne pas être doué en skate lui donne une excuse pour qu’Haru continue de l’aider. S’il était trop doué, il n’aurait pas besoin de son aide ?

- Si tu ne juges pas encore que je suis un cas désespéré…

Toutefois, Nae ne veut pas que leurs chemins se séparent déjà.

- Va pour le café, j’ai besoin de me remettre de mes émotion, il essaie de le prendre à la rigolade.

Pourtant… Si Haru savait tout ce qui tourbillonne actuellement dans sa tête et son coeur… Et ce n’est pas cette planche à roulettes qui fait s’envoler une nuée de papillons dans son estomac.

+ ootd | Si Haru comprenait que son ami ait peur en étant perché sur la planche (lui-même avait quelques inquiétudes après cette première chute), il refusait que le japonais ne se dévalorise. Ce n'était pas parce qu'il ne parvenait pas à rester debout sur cette planche qu'il n'avait pas de talent pour d'autres choses. Haru leva les yeux au ciel à la réplique de Kikunae. « C-comme si t-tu aaavais d-du t-talent sssseulement p-pour le v-vvviolon. Et p-puis quel t-t-talent en p-plus ! T-t'es un gééénie d-dans t-ta di-discipline. » Et selon Haru, si le japonais n'avait pas envie de sortir de sa grotte comme le lui suggérait son meilleur ami (oui Haru avait déjà entendu parler d'Hayden à quelques reprises) et s'il ne prenait pas de plaisir à en sortir, il n'avait pas à se forcer à le faire. Et puis, Kikunae était bien sorti de sa grotte et de sa zone de confort en étant ainsi en train de se challenger à essayer de faire du skateboard. C'était une véritable prise de risque lorsque l'on voyait la difficulté que Kikunae avait à ne pas chuter. Haru rattrapa le japonais encore une fois. Sur ce coup, pas de drame. Le musicien rattrapa son ami avant qu'il ne touche le sol. Haru récupéra le skate qui avait roulé quelques mètres plus loin et offrit une porte de sortie à Kikunae. Le japonais se décida finalement à mettre fin à la petite séance d'entraînement. « O-on r-rrretentera un au-autre jjjour, y a p-p-pas de rrraison qu-que tu nnn'y a-arrives pas. » Il n'était donc pas un cas désespéré. Avec un sourire, Haru enfila son sac à dos, il coinça la planche de Nae dans son dos et se percha sur son propre skate. « P-pour mmme faire p-par-pardonner c'est mmmoi qui t-t-t'offre le c-café et l-le gâ-gâteau. » Haru donna une petite impulsion pour rouler à la hauteur du japonais. « Ca n-nous r-rappelera le jjjour où o-on s'est rrrencontré. » Puisque ce jour-là, ils avaient aussi fini dans un café, après que Kikunae ait défendu l'honneur du jeune bègue. « A-ah tu vvvois ! Ca c-c'est uuun d-de tes t-ta-talents aussi, d-défendre et pr-protéger tes aaamis. » Il marqua une pause. « Qu-quoiqu'on é-était pas aaaamis encore. T-t-t'as jjjuste un grègrand sssens de l-la justice. Eeeet c'est hy-hyper cool ç-ça. » Et une belle valeur qu'avait le japonais. Ce qui était bien avec le skatepark, c'était que les commerçants avaient bien compris l'intérêt d'avoir des petits restaurants et cafés dans le quartier. Ils n'allaient donc pas avoir de mal à trouver un endroit où se poser et laisser derrière eux cette séance de skate un peu catastrophique.

+ Nae n’a jamais été un grand sportif. Son domaine c’est la musique, enfin surtout le violon et le piano, un peu de guitare grâce à Hayden. D’ailleurs, il ne se considère par doué dans un autre domaine que la musique. Ce qu’il dit souvent haut et fort, pourquoi s’en cacher. Le compliment d’Haru lui teinte légèrement les joues. Ce n’est pas la première fois qu’on reconnaît son talent. Cependant, quelque chose semble différent quand il s’agit d’Haru. Ses joues rougissent plus facilement, son coeur s’emballe un peu plus, une chaleur agréable l’enveloppe.

- Un génie, tu exagères peut-être un peu…

Si ses paroles lui font plaisir, c’est indéniable, il a un peu de mal à le reconnaître. Pourtant, Haru n’est pas si loin de la vérité. Kikunae est particulièrement doué avec un archet dans les mains. Il a besoin d’être dans sa zone de confort, alors il s’en est toujours tenu au même instrument. Ou presque, car sa mère a tout de même insisté pour qu’il apprenne à jouer du piano. c’est peut-être pour cela qu’il est aussi doué maintenant. Il a passé des heures et des heures à répéter, se tromper, recommencer. Certains morceaux sont gravés dans sa mémoire à force, il n’a plus besoin de partitions pour les jouer. Comme un danseur se souvient presque automatiquement des mouvements d’une chorégraphie qu’il a exécuté des centaines de fois. Nae sort peu de sa zone de confort et pourtant… Il a accepté d’apprendre à faire du skateboard. Dans l’espoir de l’impression, certes, quand Nae y pense, il trouve cela un peu ridicule… Résultat des courses, il n’a aucun talent caché, il est même plutôt mauvais sur une planche à roulettes. On repassera pour impressionner Haru. Bien que ses capacités en musique semble faire leur petit effet. Du moins, Nae essaie de s’accrocher à cela.

- Je ne suis peut-être juste pas fait pour ça, il répond en haussant les épaules. Tu n’es pas obligé… Mais merci.

Il regarde son ami rouler à côté de lui, comme si c’était l’action la plus facile qui soit… Pour Haru peut-être que ça l’est. Après tout… Pour beaucoup de gens, le violon est un instrument impossible à maîtriser et pourtant… C’est presque une seconde nature en ce qui le concerne.

- C’est vrai.

Se rappeler de leur première rencontre le fait sourire. Il ne sait pas ce qui lui a pris ce jour-là. Nae n’est pas du genre à défendre la veuve et l’orphelin. Il préfère se faire oublier.

- Je crois que tu me surestime, il rit pour essayer de faire passer inaperçu le fait qu’il se dénigre encore. Et puis, c’est toi qui passe tes soirées à sauver des gens, monsieur le pompier.

Il trouve cela mille fois plus courageux. Nae jette à nouveau un œil à Haru.

- C’est si facile pour toi, c’est presque agaçant.

C’est quelque chose qu’on lui a souvent dit quand il prenait encore des cours de violon. Il avançait plus rapidement que les autres, assimilait plus aisément les nouveaux morceaux… Il comprend finalement ce que cela fait. Chacun son domaine et ses prédisposition.

- Je te laisse choisir le café, tu connais les environs mieux que moi. La prochaine fois je t’emmène au Retrogamebar. On peut jouer à plein de jeux et de console différentes tant qu’on prends ne consommation.

Nae a déjà une collection impressionnante de jeux et de consoles, mais c’est sympa aussi de se retrouver entre amis pour essayer d’autres choses ailleurs. Oui, ça lui arrive d’aimer sortir parfois… Avec les bonnes personnes. Et quelque chose lui dit qu’Haru en fait déjà partie. Il espère de tout coeur qu’il y aura une prochaine fois…

+ ootd | Parler demandait un tel effort à Haru, qu'il parlait rarement pour ne rien dire. Lorsqu'il adressait des compliments à Kikunae ou lorsqu'il disait croire en lui et ses capacités, que ce soit musicale ou pour apprendre le skateboard, il le pensait vraiment. Le seul soucis, c'était que le japonais avait tendance à rejeter les compliments. Haru l'avait remarqué au fil de ses conversations avec son ami. À plusieurs reprises, Kikunae avait atténué les propos du bassiste, ne les avait pas relevé ou les avait tout bonnement rejeté. Haru ne le prenait pas mal, il voyait bien que c'était que son ami en doutait, montrant qu'il doutait de lui-même en réalité. Et plutôt que d'agacer Haru, il en était juste attristé. Tout simplement parce que Kikunae était vraiment une super personne, il aurait aimé qu'il le voit de lui-même. Il sourit donc à son ami. « Jjje n-ne le fffais p-pas par o-obligation. T-t-tu peux y aaaarriver. Et Nnnnae, p-p-prend les co-compliments et eeeencouragements. Ils sssont sin-sincères. » Et le plissement de nez qui suivit n'était pas un tic mais une moue mignonne pour faire passer ses propos.

Roulant à côté de Kikunae, le coréen avait maintenant hâte de se poser dans le café, sentant son ventre se réjouir d'avance du fait qu'ils allaient manger. Un ventre sur pattes, comme toujours. Évidemment, sur le chemin, les deux hommes continuaient de discuter. Lorsqu'il était à l'aise, c'était difficile de stopper Haru. Tout comme il semblait difficile de stopper Kikunae de refuser les compliments. Il donna un petit coup d'épaule à son ami, parvenant à le faire sans se déséquilibrer. « P-pas besoin de sssauver d-des gens pour être qu-qu-quelqu'un qui faaait des choses ex-extraordinaires. » Il lui tira la langue. « Sssurtout que m-ma mère t-te dirait qu-que je nnnne f-fais que ri-risquer mmmma vie. » Elle avait un peu de mal à savoir que son fils se mettait en danger pour sauver les autres, surtout après les soucis de santé de Haneul.

Après quelques petits virages, ils arrivèrent dans la rue des cafés, Haru déjà en tête là où il voulait aller. Une envie de viennoiserie à la française au ventre, il allait vers le Tous Les Jours d'un air décidé. « T-t-t'inquiète, jjje sais où j-je t’emmène ! » Il continua de rouler, peut-être un peu plus vite mais toujours de façon à ce que Kikunae puisse le suivre sur ses deux jambes. « Oooh o-oui ! Mmmais je te pr-préviens, cette ffffois je ne pa-paris plus rrrrien. Tu m-mmm'as ruiné l-l-la dernière fois. » Bien que leur paris n'étaient jamais en argent mais plutôt en boisson, pâtisserie et en peluches gagnées. On ne l'y reprendrait plus, Haru allait garder ses gains ! En attendant, ce jour-là encore, il allait bien manger avec Kikunae et il en était ravi.