Comme à chaque fois, tu n'as pas vu le temps défiler. Il est déjà huit heures du soir et tu sors à peine du grand bassin, après avoir passé plusieurs heures à multiplier les aller/retours. Et pourtant, malgré cela, tu n'es pas fatiguée. Certes, tu sens que tes muscles ont bien travaillé et, malgré que ton corps y soit habitué, tu sais que tu n'échapperas pas aux courbatures d'un lendemain d'entraînement particulièrement rythmé. Mais, pour l'instant, ça va. T'as encore un peu d'énergie à revendre. Par contre, tu ne serais pas contre un petit quelque chose à te mettre sous la dent. Après l'effort, le réconfort comme on dit... Récupérant donc ta serviette que tu passes autour de tes épaules, tu files rapidement aux vestiaires, juste le temps de prendre une douche et de revêtir tes vêtements. Puis, débarrassée de tout ce chlore, tu t'élances finalement dans les couloirs du bâtiment, ton sac de sport sur l'épaule, avant de t'arrêter brusquement devant un distributeur. Parce que nager pendant des heures, ça creuse beaucoup et tu te sens pas d'attendre encore plusieurs minutes, avant de donner à ton estomac ce qu'il ne cesse de te réclamer depuis que tu as quitté la piscine, à savoir quelques petits calories. D'ailleurs, en parlant de calories, ton choix se porte rapidement sur un petit paquet de chips que tu regardes presque en ayant les papilles qui palpitent, tellement tu as faim. Sauf que, comble du malheur, le distributeur fait des siennes et refuse de te rendre ton dû... En plus d'avoir dépensé environ 2 600 wons dans un paquet de chips (très certainement rempli d'air à 50%) qui t'aurait coûté trois fois moins cher si tu avais eu la patience de marcher jusqu'au 7eleven du coin, tu te retrouves avec un ventre qui gargouille aussi fort qu'un tracteur. « Il manquait plus que ça... » Mais toi, t'as pas dit ton dernier mot et te voilà donc en train de taper contre la vitre de la machine, espérant réussir à décoincer ton paquet de chips. Sans grand succès, cependant, celui-ci ne bougeant pas d'un poil. « Saleté de machine... » que tu siffles alors entre tes dents, ne te doutant pas un seul instant que non loin de là, légèrement tapi dans l'ombre (ou pas), quelqu'un t'observe et semble grandement s'amuser de la situation...

Comme d’habitude tu avais passé beaucoup plus de temps que tu n’aurais dû au labo. Ce n’est pas comme si ça te dérangeais, c’est juste que comme d’habitude tu n’as pas vu le temps passé. La seule chose qui t’as réellement sortie du labo, c’est une Rhéa sauvage, dans tous les sens du terme. Elle t’as juste sortie de là, prétextant qu’il fallait raccrocher le travail et rentrer au bout d’un moment. Tu pousses un soupir rien qu’en y repensant, par moment elle franchit des limites que tu aurais sûrement dû lui mettre dès le début. C' est sans doute trop pour y faire quelque chose maintenant.  

Tu n’avais pas vraiment envie de rentrer chez toi, c’est même d’ailleurs une habitude que tu as pris depuis que tu es revenue en Corée. Tu as bien trop peur de retrouver ta mère qui va encore te traîner tu ne sais où pour faire bonne figure. Tu n’as pas passé la majeure partie de ta vie au Etat-Unis pour finir en drapeau de famille modèle pour ton père.

Tu te retrouves donc comme d’habitude au complexe sportif de l’université pour frapper des balles dans la cage de baseball. C’est une activité plutôt défoulante, et ce geste que tu as fait jusqu’à ne plus sentir tes épaules, tu le connais par cœur. La répétition jusqu’à ce que tout devienne une évidence. Ton entraîneur à la fac avait sans doute beaucoup trop regarder le dernier samouraï, et vous sortait en permanence tout un tas d'inepties de ce genre. On ne peut pourtant pas lui enlever que la méthode a fonctionné, puisque l’équipe a fini championne, mais bon. Tu ne sais même pas combien de temps tu passes dans le complexe, tu sais juste que tu arrêtes lorsque tu sens que tes épaules décident que ça suffit. Sauf que comme tu d’habitude, lorsque tu veux boire, tu te rends compte que tu n’as rien emmené. Tu pousses un soupir, tu es vraiment irrécupérable. Tu ramasses ton sac pour te diriger vers le distributeur.  C’est là que tu perçois le bruit caractéristique de quelqu’un qui tape sur la machine. Tu pousse un soupir en t’approchant, alors que tu vois une jeune femme visiblement énerver. Les joies des distributeurs qui fonctionnent mal. Tu pousses un soupir avant de laisser tomber ton sac par terre.

“Je ne suis pas sûr que dégradé le matériel de l’université arrange le problème;”

Tu pousses un soupir, le professeur en toi est ressorti plus que tu n'auras voulu. C’est précisément à ce moment là  que le ventre de la jeune femme, rugis pour avoir son due. Ah, ceci explique la colère contre la machine. Si il y a bien une chose que tu as appris de ton peu d'expérience avec les femmes, c’est bien de ne jamais contredire une jeune affamé. JA-MAIS. Bon, tu peux au moins être un minimum agréable non? Tu fouille alors quelques secondes dans ton sec, avant d’en sortir deux barres protéinées. Est-ce que tu les gardes en cas  d’urgence si un jour tu dois calmer Rhéa? Non tu n’osera pas. Enfin, officiellement. Tu t'approches avant de lui tendre les deux précieux.

” Je suis désolé c’est tout ce que j’ai sur moi, mais c’est mieux que rien, ça devrait au moins arrêter le… enfin la faim. je suppose que cette machine a avalé l’argent pour ne rien donner? Elle le fait souvent.”

Non tu n’as pas failli faire une boulette monstre en parlant des grognements de son ventre.

Seigneur, Jésus, Marie, Joseph ! T'étais pourtant certaine d'être seule dans ce fichu couloir... Que seuls les murs blancs de ce dernier seraient témoins de ce 1VS1 t'opposant à cette saleté de machine. Si seulement... Malheureusement, avec toi, les malheurs ne sont pas du genre à venir seuls et tandis que tu t'apprêtes à en découdre encore et encore avec ce fichu tas de ferraille qui te mène la vie dure depuis quelques minutes, une voix te surprend, te faisant sursauter et te coupant dans ton élan. Et ça, ça t'agace, Da Young. Oh que oui, ça t'agace... Tu n'aimes pas être surprise. Et encore moins que l'on t'interrompt alors que tu te démènes pour le bien de ton estomac. Alors, sur un ton témoignant de tout l'agacement qu'a fait naître cette mystérieuse personne en toi, tu finis par t'exclamer : « Si j'avais besoin de ton avis, je... » Mais tu ne finis pas ta phrase, Da Young. Car, en te retournant, ce n'est pas un étudiant que tu découvres à tes côtés mais un professeur. Ou, du moins, tu supposes qu'il fait parti du corps enseignant... « Oh, euh, je suis désolée... Je pensais que c'était un autre étudiant... » que tu t'empresses alors d'ajouter, inclinant légèrement la tête dans un geste poli. Mais parce qu'être à deux doigts d'envoyer chier un professeur n'était pas encore suffisant, voilà que ton ventre se met à gargouiller bruyamment, et dans un réflexe, tu portes ta main à ce dernier, avant d'esquisser une grimace. Quelle poisse... Heureusement, Monsieur le Professeur ne semble pas t'en tenir rigueur, ni pour ta réaction, ni pour tes bruits de ventre. A vrai dire, t'es même surprise de le voir fouiller dans son sac pour, ensuite, te tendre deux barres protéinées. « Hn... C'est gentil de votre part mais je pense que mon estomac devrait réussir à tenir le coup jusqu'au prochain 7eleven... » Loin de toi l'idée de vouloir faire la difficile – quoique... - mais, les barres protéinées, c'est pas vraiment ton truc... Ceci étant dit, tu as oublié que ce n'est pas toi qui décides, actuellement, mais bien la chose qui te sert d'estomac. Et alors que tu pensais que tes gargouillements te laisseraient en paix, le temps de trouver un petit commerce dans le coin, ces derniers se mettent à redoubler d'intensité. Une nouvelle grimace vient alors légèrement déformer les traits de ton visage, tandis que tu t'empares de l'une des barres. « Ok, vous avez gagné ! » Et en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, tu arraches son emballage et croque dedans à pleine dents. A croire que tu n'as pas mangé depuis des jours... Mais après avoir autant nagé et t'être autant dépensée, c'est presque la sensation que tu as.  « Merci... » finis-tu alors par dire, après avoir avalé tes premières bouchées. « Ce n'est pas le paquet de chips dont mes papilles rêvaient tant mais mon estomac semble plutôt apprécier... » Par contre, tu n'en as pas fini avec cette machine. Elle t'a piqué ton fric et, ça, tu ne peux pas le lui pardonner !

Tu lèves un sourcil lorsque l’agacement semble prendre le dessus sur la jeune femme. Bon pour le coup c’est plutôt compréhensible si la machine à avalé son argent et que son estomac à décidé qu’il était la priorité absolue. Tu es certes un professeur, mais ici tu n’as guère plus de statut qu’elle. Alors qu’elle fait soudain preuve de politesse, tu lèves une main en faisant signe que ce n’est pas la peine. Tu n’es pas un grand adepte de tous ses signes de politesse où de respect, le minimum te suffit amplement. ”Ce n’est rien, ici ça n’a pas vraiment d’importance.”  C’est alors que l’estomac de la demoiselle se rappel à elle de façon… Audible dirons-nous pour rester polie. Tu fouilles alors ton sac pour lui sortir des barres protéinées, ce n’est l’idéal mais c’est toujours mieux que rien.  Tu le fais vraiment de bonne fois, la laissé dans sa misère ce serait un peu contre ta nature. Ce n’est pas comme si ça te coûtait grand chose de la dépanné. Elle refuse poliment mais tu ne bouges pas, tu t’apprêtes à lui répondre son estomac refait des siennes. Il refait des siennes mais de façon beaucoup plus intense, la vue de quelque chose qui pourrait le calmer un peu semble avoir réveillé le monstre. Tu retiens un rire étouffé à cette pensée alors qu’elle s’empare alors d’une barre et la mange comme si sa vie en dépendant. ”Tu sais que tu peux manger doucement, elle ne va pas se sauver. Prend la deuxième si tu veux.”

Tu pousses un soupir, on dirait bien que la sportive n’est pas décider à laisser passer l’affront que cette machine lui à fait en  ne lui donnant pas le paquet de chips promis. ”Je dois avouer que je ne suis pas un grand fan du goût non plus, mais ça a le mérite d’être simple et efficace. En particulier quand on à pas beaucoup de temps comme moi, où pas l’envie de se compliquer les choses.” Tu remets ton sac sur son épaule maintenant que tu n’as plus l’air d’avoir besoin de fournir de quoi calmer les grognements de son estomac. Bref il y a toujours le problème de la machine voleuse, et tu sens que ça risque d’être un problème plus compliqué que ce que l’ont pourrait pensé. Pour toi c’est plutôt anodin en faite, mais vus les coups que le distributeur à déjà pris, c’est sans doute devenu une affaire personnelle. Tu indiques la maudite machine d’un mouvement de tête, priant pour que la jeune femme soit un poil plus calme. ”Combien elle t’a pris? Je ne pense pas que je puisse avoir quelqu’un à cette heure-ci pour te rendre ton argent, mais je peux peut être arranger les choses plus tard., enfin demain.” Oui enfin, si tu n’oublies pas où si tu ne provoques pas une autre catastrophe dans les minutes qui viennent. Avec ton mauvais œil, ça ne t’étonnerait même pas que le distributeur prenne soudain feu si tu le touches. Toi pessimiste? Non, c’est juste que tu as tendance à attirer les catastrophes donc tu t’attends toujours au pire.