outfit ⏤ Les mains dans les poches, tu marches avec ta horde sur les terres du campus, riant à gorge déployée aux blagues grasses de ton "ami", sans te soucier de savoir si tu déranges les autres résidents. Alors que vous approchez du dortoir des Silla, que vous devez simplement longer pour atteindre votre destination, tu ne peux pas t'empêcher de laisser ton regard vagabonder sur le bâtiment, tes pensées s'éloignant un instant de la conversation pour naviguer en eaux troubles et tempétueuses. Bref, tu penses à Minjoo, un peu plus que tu ne le devrais. Visiblement, ta distraction ne passe pas inaperçue puisqu'on te file un coup de coude, et à grands coups de wiggling eyebrows, on te demande "où tu en es avec le rat de bibliothèque". Faut dire que ça fait quoi... huit mois que le pari a été lancé ? Sans répondre, tu hausses les épaules. Intérieurement, tu as abandonné. C'est plus le pari qui t'intéresse. C'est Minjoo, et juste Minjoo. Mais le leur dire ? Nah. C'est pour te faire charrier jusqu'à la fin des temps ça.

Visiblement ta réponse ne les satisfait pas et, avisant une table de pique-nique juste en face du dortoir, il y a subitement un changement de plan et ils s'installent, décrétant que vous irez manger un peu plus tard. Ravalant un soupir, tu suis le mouvement, non sans tirer de ta pocher ton paquet de cigarettes, celui que tu as retrouvé au fond d'un sac après t'être fait confisquer ta vapoteuse. T'as tenu parole, tu as sagement attendu toute la journée à proximité du dortoir sans venir l'embêter, mais elle ne te l'a pas rendue. Incapable de combattre ton besoin de nicotine, et peu désireux d'investir à nouveau dans une cigarette électronique, tu étais revenu à tes premiers amours.

Tu ne sais pas combien de temps s'écoule avant qu'une silhouette familière ne sorte du bâtiment. Tout en tirant sur ta cigarette, tu observes Minjoo alors qu'elle traverse la pelouse, ton visage n'exprimant absolument rien alors qu'elle passe à proximité de l'endroit où vous êtes installés, continuant simplement ta discussion (très vide) avec ta bande. Ceci dit, tu marques un moment de pause quand la voix de la demoiselle retentit, t'interrompant dans ton geste alors que tu approchais une nouvelle fois ta cigarette de tes lèvres. Tous les regards se braquent sur toi et à nouveau on te bourre les côtes de coups de coude qui te font presque ravaler ton petit sourire satisfait. Ton pote thaï ne peut s'empêcher de te lancer un "Elle a faim de toi, champion ?" dans votre langue natale et tu roules des yeux Tu écrases ton mégot sur un coin de la table avant de te lever. « Changement de plan pour moi, les gars. Ciaooo ~ » Tu leur adresses une petite vague moqueuse de la main avant d'allonger le pas pour rattraper Minjoo. Tu n'as aucune idée de pourquoi elle t'a ainsi interpellé mais tu ne vas certainement pas rater cette occasion en or. Si c'est un signe que tu commences à te rapprocher d'elle, tu prendras tout ce qu'il y a à prendre.

Arrivé à sa hauteur, tu lui décoches ton plus grand sourire, et le plus sincère aussi. « Alors, où va-t-on ? tu demandes en enfonçant tes mains dans tes poches. » Il est devenu assez évident pour toi que Minjoo aime bien diriger les choses, et tu n'es nullement contraire à ça. Ça a un côté rafraîchissant, même. D'habitude, c'est toi qui mène la danse face à des miss rougissantes qui te dévorent du regard, et la Silla est absolument tout le contraire. C'est distrayant. Étonnamment satisfaisant, aussi. « Par contre, si tu comptais sur moi comme chauffeur, navré de te décevoir mais ma moto est en révision. » Nul mensonge là-dedans. Et pas question qu'elle te ditche maintenant si tu ne lui sers à rien. En espérant qu'elle ne te traine pas dans un restaurant fancy hors de prix que tu ne pourras pas te payer. Ça, ça ferait mal à ton ego de devoir rebrousser chemin devant l'enseigne.

Tu ne peux pas t'empêcher de l'observer de pied en cape alors que vous avancez, admirant sans le cacher sa tenue. Mais ce qui retient avant tout ton attention, c'est son visage. « Tu a l'air fatiguée, tu énonces en fronçant les sourcils. Tu as les joues un peu plus émaciée que la dernière fois... tu manges correctement ? » C'est probablement délicat comme question, après tout tu n'as aucune idée de ce que fais Minjoo, c'est à peine si tu la connais au final, elle pourrait avoir des troubles alimentaire et toi tu fonces dans le tas, tel un bulldozer. « Allez, allons te sustenter ! » Tu te serais bien proposer en guise de casse-croûte, mais une telle blague est risquée avec elle et tu tiens à la vie. Ou du moins à ton intégrité physique. Tu aurais bien aussi proposé de lui cuisiner un truc et lui démontrer toute l'étendue de tes talents culinaires mais tu sais d'avance qu'elle ne prendra pas ta proposition au sérieux. C'est vrai que t'as pas la gueule d'une fée des fourneaux. 

outfit ⏤ Tu ne peux pas t'empêcher de laisser échapper un rire narquois quand ton pote se prend une bonne salve de mépris made in Minjoo en réaction à son commentaire, bien qu'elle n'ait pas pu le comprendre. Devant sa mine outrée de se faire ainsi retourner, tu hausses les épaules. Honnêtement, il a de la chance de ne pas avoir lâché son commentaire en coréen, il aurait été fusillé sur place. « Sorry bro, dans tous les cas t'allait t'en ramasser une. » C'est un message d'intérêt général, à l'attention de l'intégralité de ta horde.

Tu ne peux pas t'empêcher de faire la moue alors qu'elle te secoue ses clefs de voiture sous le nez. « Tu ne m'apprécies même pas, Minjoo. Laisse-moi au moins la satisfaction de croire que tu me trouves utile... » Aucune amertume dans ces mots... ce ne serait pas la première fois que tu te fais utiliser de cette manière - tu fais pareil avec beaucoup de monde donc tu n'en penses pas grand chose. Et pourtant... tu es là, en train de marcher à ses côtés, et pas parce que tu t'es incrusté dans son espace comme à ton habitude. Non, c'est elle qui est venue à toi, et à priori pas pour t'utiliser comme chauffeur.

Alors quand tu pointes son manque visible de repas et qu'elle s'arrête net, tu es pratiquement sûr que tu vas te manger son poing ou une remarque cruelle. Au lieu de quoi elle a juste l'air confuse, te repoussant une fois de plus. « Me dire ça ne m'empêchera pas de m'inquiéter pour ta santé, tu sais ? Dis-moi que tu vas bien et que ce n'est que mon imagination. » Ça ne suffira pas à te convaincre mais elle peut toujours essayé. Tu es certain que ses joues étaient un peu plus plump que ça il y a quelques mois, quelques semaines. Mais son corps décide visiblement d'être plus honnête qu'elle, vu le vertige qui la prend et la force à se reposer sur toi. Enfin, tu supposes que c'est un vertige, ça y ressemble fortement. Sans réfléchir, tu poses une main sur sa hanche, contact léger comme une plume, là pour la stabiliser plus que la toucher. Quand elle semble stable sur ses pieds, tu laisses ton bras retomber, histoire qu'elle n'ait pas l'impression que tu profites de son moment de faiblesse. « Tu es sûre que ça ira pour aller jusque là ? On peut rentrer au campus, je peux te cuisiner un truc... » À coup sûr elle ne va pas croire que tu es capable de faire plus qu'un oeuf au plat trop cuit, mais ce n'est pas quelque chose dont tu te formalises. Tu es fier de tes compétences aux fourneaux, et tant pis pour ceux qui n'auront jamais la chance d'y goûter parce qu'ils ne t'ont pas donné de crédibilité. « Nah, t'inquiète, je paie ma part. » C'est un resto de grillades, à priori ça ne va pas pomper l'intégralité de ton compte en banque, hein. Ou alors elle t'emmène dans un truc qui ne sert que du kobe et du wagyu, et tu vas pleurer sur le prix ET sur le fait que ce sont des viandes qui n'ont rien à foutre sur une vulgaire grille.

Tu continues à la soutenir sur tout le trajet jusqu'au barbecue. Enfin, quand tu dis que tu la soutiens, c'est surtout que tu la laisses s'appuyer sur toi, lui offrant ton bras en guise de support. Arrivés au restaurant, tu demandes une table un peu à l'écart, là où le bruit est moins fort. Parfois, trop d'agitation et de vacarme empire le malaise et tu aimerais éviter qu'elle soit encore plus mal. Elle est encore plus pâle que quand tu as pointé son état du doigt, et la douceur de sa voix quand elle t'a demandé de l'accompagner t'a rendu passablement mal à l'aise. T'es pas habitué à cette Minjoo vulnérable, tu te sentiras mieux quand elle recommencera à te balancer tes quatre vérités à la figure. Tu l'aides à s'installer avant de prendre place face à elle, ton regard parcourant immédiatement les banchans déjà disposés sur la table. Tu pousses un petit bol en particulier vers elle. « Tiens, grignote un peu de ça... le gingembre est bon pour les vertiges. » Du moins c'est ce que tu as retenu des monologues de ta mère. Elle te réclamait sans cesse des préparations au gingembre quand elle se sentait mal.

Attrapant le papier servant à commander, tu commences à parcourir le menu, salivant d'avance. « Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? » Ton téléphone posé sur un coin de la table ne cesse de vibrer, sans doute les dizaines de messages envoyés par tes potes qui veulent absolument savoir ce qui se passe entre Minjoo et toi. Laissant à la Silla le loisir de parcourir la liste des items, tu commences déjà à allumer le grill, mu par l'habitude d'être celui qui gère la cuisson des trucs. « Tu te sens un peu mieux ? » Un coude sur la table, la joue appuyée sur ton poing, tu l'observes avec un petit sourire sur les lèvres. Pas un sourire moqueur ou même flirty, non... le petit sourire en coin de celui qui sait qu'il va passer une soirée des plus intéressantes. « Alors dis-moi, à quand remonte ton dernier repas, mmh ? Que je sache quelle quantité de viande il va falloir commander. » Une blague, évidemment.

outfit ⏤ Elle ne te contredit nullement quand tu dis qu'elle ne t'apprécie même pas, mais sa véhémence à te reprendre sur tes propres mots te surprend. Ne savant pas trop quoi répondre à son petit laïus, tu finis par hausser nonchalamment les épaules. Mieux vaut se sentir utile qu'indésirable, mais aucune chance pour que tu te risques à énoncer cette pensée à haute voix.

Elle va bien ? Et ton cul c'est du poulet, peut-être ? Elle espère vraiment que tu vas avaler ça alors qu'elle s'appuie sur toi, tanguant plus fort qu'un bateau en pleine mer ? « D'accord, d'accord, on va y aller à ce resto. » Les grillades doivent être exceptionnelles pour qu'elle y tienne autant, alors que vous avez déjà dépassé moult restaurants. C'est ça qui est pratique dans les cités universitaires, c'est truffé de trucs à bouffe, un enfer pour les gourmands comme toi.

Bon, okay, tu l'admets, le resto a l'air sympa et les parfums qui flottent dans l'air te donnent l'eau à la bouche. Alors qu'elle commence à piocher dans les banchans, tu en éloignes un du bout de tes baguettes quand elle fait mine de s'en servir. « Uh-uh, nope, pas de surdose de sel tant que tu n'auras pas repris quelques couleurs. » Tu pioches également dans quelques coupelles, savourant la qualité des aliments proposés. Définitivement une très bonne adresse.

Face à sa réponse, tu poses tes baguettes, l'observant d'un air dépité. « Hier, tu répètes d'une voix neutre. T'es pas sérieuse... » Tu te retiens de lui demander si elle aurait tenté de venir seule si tu ne t'étais pas miraculeusement trouvé sur son chemin, parce que ce n'est pas ton droit, tu n'es nullement en position de lui faire la morale. Tu soupires, agacé par tes propres réactions. Tu ne devrais pas te soucier autant d'elle comme ça, mais t'en es là, tu comprends pas pourquoi (ou plutôt tu refuses). Elle te met la tête en vrac et tu n'aimes pas ça.

Alors tu diriges ton attention vers autre chose, à savoir le menu. Devant sa réponse, tu hausses un sourcil moqueur. « Pas d'allergies, mmh ? » Tu te souviens très bien de cette fois au parc, où elle t'a presque bouffé le nez en disant qu'elle ne mangerait rien dont elle ignorait la composition, parce que risques d'allergie et tout le tralala. Tu fais donc une rapide sélection, énonçant à voix haute tout ce que tu coches (au cas où subitement elle se rappellerait qu'il y a quelque chose qu'elle déteste par-dessus tout dans la liste), et interpelles un des tenanciers en agitant le papier de commande. Et tu te retrouves là, à regarder Minjoo sans réellement t'en rendre compte, surveillant qu'elle picore dans les banchans. Quand votre commande arrive, tu prends naturellement la chose en main, disposant la viande avec précision sur la grille. On peut dire ce qu'on veut mais on ne cuit pas les choses n'importe comment ni n'importe où sur un barbecue. « Une préférence pour la cuisson ? » Tu es dans ton élément, à deux doigts de commencer à fredonner alors que tu cales des légumes là où il reste de la place. Les fines tranches que tu as posées en premier et qui cuisent à une vitesse folle étant déjà prêtes, tu en attrapes une entre tes baguettes avant de les tendre vers Minjoo. Te rappelant à mi-chemin que tu n'as potentiellement pas envie de finir la tête dans la hotte ou avec une baguette enfoncée dans l'oeil, tu dévies de ta route pour déposer le morceau sur son assiette, comme si de rien n'était. C'est pas que tu n'as pas envie d'être flirty avec elle, c'est juste que ce n'est pas le moment. « Regarde-moi cette perfection, tu ne peux pas t'empêcher de fanfaronner, redevenant momentanément le Khun trop sûr de lui qu'elle connait bien. Goûte ça et dis-moi ce que tu en penses. »

outfit ⏤ Le bruit de la viande grésillante remplit bien vite le silence entre vous, alors que tu suis ses instructions. Si tu es surpris pas son mouvement quand tu déposes le premier morceau de viande sur son assiette, comme si elle s’apprêtait à l'attraper ua bout de tes baguettes, tu n'en montres rien. Tu as surement mal vu, mal interprété, right ? Tes interrogations sont cependant bien vite oubliées quand elle commence à manger ce que tu viens de lui donner, et ses expressions faciales font naître un sourire profondément satisfait sur ton visage. Tu continues donc à empiler de la nourriture sur son assiette, ne commençant à piocher pour toi que quand tu estimes qu'elle a déjà le minimum syndical à portée de baguettes. Et quand un petit gémissement lui échappe, tu manques bien de t'étouffer avec ton verre d'eau, surpris par le son. Elle semble tout aussi surprise que toi, sa main plaquée sur sa bouche. Un rire retentit non loin de vous mais tu n'y prêtes pas attention. Un de vos voisins de table a peut-être entendu Minjoo et sa réaction l'amuse, rien de fâcheux... du moins c'est ce que tu te serais dit si la réaction de la Silla n'était pas aussi viscérale. Ses baguettes qui claquent sur la table, son émoi clairement visible, sa tête qu'elle garde baissée...
Et tu comprends vite pourquoi.

Tu fronces le nez face aux effluves alcoolisées qui émanent de l'individu et ses mots te font tourner la tête si vite vers lui que l'on entend distinctement ta nuque craquer. « Hey ! tu t'exclames, outré d'être traité de minable, et encore plus outré de l'entendre qualifier Minjoo de petite conne. » Et tout s'enchaine si vite, que tu restes d'abord là, les yeux écarquillés de stupeur à l'écouter baver les pires inepties. Minjoo qui écarterait les cuisses pour le premier venu ? Ça se saurait si c'était le cas. Tu tiques sur la mention des "fiançailles que son père voulait"... avec un mec pareil ? Mais il va pas bien, le daron ?!

Plus il parle plus tu es quasiment certain qu'il se trompe de personne... mais les réactions de Minjoo confirment que non, c'est bien d'elle qu'il parle, et ça te retourne le coeur. Ça a tout l'air d'un mariage arrangé, une pseudo-alliance politique digne du siècle passé. Les pièces du puzzle se mettent en place, son abandon total à ses études, ses mots sur les "gars comme toi" qui veulent imposer leur volonté. Elle revoyait ce déchet à travers toi.

Tu reprends tes esprits quand il lui attrape le poignet. Tu vois rouge. Il te fait quoi là ? En plus tu sais pertinemment que Minjoo n'est pas en état de se défendre, sans quoi elle l'aurait déjà étalé au sol. Attrapant le pot de gros sel, tu profites qu'il se tourne vers toi pour lui en balancer une salve dans les yeux. Surpris par le geste puis par la douleur qui suit inévitablement, il relâche la Silla et tu en profites pour t'interposer entre eux. « Shit alors, c'est donc vrai que le sel repousse les mauvais esprits ! tu lâches sur un ton faussement surpris, avant de reprendre une expression sérieuse - et furieuse. Je sais pas qui t'es, mec, mais c'est pas parce que tu t'es encore fait recalé de sugardaddy.com que tu dois t'en prendre aux femmes comme ça. » Tu te places délibérément de manière à dissimuler Minjoo dans ton dos... enfin, avec ce que tu lui as balancé au visage, il ne va pas voir grand chose pour les heures à venir. T'es bon pour une bonne garde à vue s'il porte plainte mais boarf, ça sera pas la première fois, et pas la pire raison. Au pire, tu plaideras l'erreur, tu as voulu attraper ton verre mais oups le pot de sel était juste à côté. L'erreur est humaine, après tout. « Tu as besoin d'aide pour retourner au Moyen-Âge ou tu trouveras la sortie tout seul ? J'ai aucun problème à appeler les flics. Tu vas kiffer la cellule de dégrisement. » Du bluff total puisque à coup sûr tu te feras embarquer avec pour... heu... agression, tu supposes. « Tu dis que Minjoo ne pense qu'à elle, mais tu fais que dire ce que à quoi tu aurais voulu qu'elle ressemble. » Ses paroles t'ont écoeuré à un point inimaginable. Misogyne et arriéré comme ça, son daron a vraiment des goûts de chiotte niveau gendre.

Le gars est en train de se frotter furieusement les yeux, laissant échapper des râles de colère et de douleur (faut dire que, par expérience, le sel dans les yeux ça brûle un peu), s'agitant tellement dans tous les sens qu'il finit par se prendre les pieds dans les chaises derrière, s'étalant à moitié. Le raffut que vous causez a fini par attirer l'attention, tu espères que les gérant s'occuperont du type. Tu te tournes vers Minjoo, posant un genou à terre pour te mettre à sa hauteur. Tes yeux se posent un bref instant sur son poignet qui commence déjà à bleuir, mais tu ne la touches pas. Tu ne veux pas l'apeurer ou quoi que ce soit, elle a l'air si mal. « Ahjumma ! Une poche de glace s'il te plaît ! tu interpelles la tenancière avant de te reconcentrer sur Minjoo. Ça va ? Tu veux qu'on bouge dans une autre salle, au calme ? » Tu jures copieusement en thaïlandais quand une odeur de brûlé te titille les narines, et tu lances un regard agacé à votre viande en train de cramer. Tu reportes ton attention sur la Silla, pleinement, oubliant complètement ce qu'il y a derrière toi. Peut-être une mauvaise idée, vu que tu viens d'enrager un connard vicieux.

outfit ⏤ Comment ça, elle a l'habitude avec lui ? Ton regard se durcit à l'idée qu'elle ait déjà vécu ça. Tu n'es pas un modèle de bonté avec la gente féminine, tu l'admets. Tu es un séducteur, un joueur, un brise-coeur... mais en aucun cas tu n'es violent, que ce soit physiquement ou dans tes paroles.

Quelque chose semble se réveiller en elle alors qu'elle invective l'homme, le remettant à sa place. Tu grimaces, essayant de ne pas l'imaginer en train d'enfoncer une bague de fiançailles dans la gorge du bougre. T'as pas envie d'éprouver de la solidarité masculine avec ce déchet, bon dieu. ce qui est drôle, par contre, c'est que plus il parle et plus tu as l'impression que vous ne connaissez pas la même Minjoo. La pire des garces ? Tu n'irais pas jusque là. Elle a son caractère, son avis, à prendre ou à laisser, mais elle n'est pas particulièrement garce dans sa manière d'être. Et pourtant, tu as commencé à la draguer pour des raisons bien moins qu'honorables.

Enfin les gens réagissent, et on tire le pauvre gars hors du restaurant. Ses collègues suivent, certains vous fusillant du regard pour, erh, avoir gâché leur repas par votre présence, tu supposes. D'autres ont néanmoins le mérite de vous envoyer des petits regards désolés, visiblement gênés par le comportement de leur co-worker.

Quand ton attention revient vers Minjoo, tu découvres les larmes qui maculent ses joues et son focus sur la viande en train de cramer. « Laisse, je vais m'en occuper, tu dis en te relevant, juste le temps de récupérer la poche de glace. Tiens, mets-ça autour de ton poignet. » Tes doigts te démangent, tu aimerais attraper une serviette et venir tapoter ses joues, effacer ses larmes. Tu as fait pleurer un nombre incalculables de femmes, mais ce n'est pas pour autant que tu apprécies. « Minjoo... tu commences avec douceur. Tu as le droit de craquer parfois, tu sais. Tu es une femme forte et c'est à tout ton honneur, mais si tu as besoin de t'isoler un moment... tes émotions sont importantes, d'accord ? » Mais quel bon coach de vie overclaqué tu ferais. Tu es maladroit dans ce que tu essaies de formuler et tu le sais, mais tu ne sais pas comment lui dire... tu vois bien qu'elle se force à faire comme si de rien n'était, comme s'il ne s'était rien passé d'importance, comme si elle n'avait pas des torrents de larmes silencieuses sous ses yeux.

Te relevant, tu reprends ta place et entreprends de virer du grill toute la viande foutue. Tu sauves ce que tu peux, des légumes principalement, que tu poses sur une assiette. Méthodiquement, tu roules le papier cuisson et le remplace, recommençant à déposer de la viande fraîche. N'importe qui aurait mis un terme à la soirée après un truc pareil, mais ici ça te donnerait un goût d'échec. Puis vous avez commandé la viande, elle sera payée que vous l'ayez consommée ou non, alors autant profiter. « J'espère que ce bouffon ne t'a pas coupé l'appétit. » Et tu recommences nonchalamment à empiler les morceaux de viande et de légumes dans son assiette.