« Pourquoi tu... », furent les premiers mots qui vinrent glisser contre tes lèvres alors que tes pupilles fixaient Jun Wan. Un air penaud s'affichait sur ton visage et tu vins souffler sur une mèche de cheveux qui chatouillait mollement ton nez. Tu fronças quelque peu les sourcils, la réflexion visible dans ton regard alors que tu ne le quittais pas du regard. Une seconde. Puis deux ; et tu écarquillas les yeux dans une mine horrifiée, ta main mouillée frappant ta joue alors que l'autre tenait un torchon. « J'ai complètement... », tu ne savais plus quelle main utiliser, soufflant une nouvelle fois sur cette mèche de cheveux qui ne cessait de se balancer et cogner contre ton nez. Et tu devais avoir l'air ridicule dans ton accoutrement, des vêtements clairement trop grands pour toi noyant ta silhouette alors que ta tignasse s'élevait dans tous les sens – comme si tu venais de te réveiller d'un très mauvais rêve. « Désolée j'étais... ça a été très compliqué depuis le réveil mais entre, entre », tu lui fis signe d'entrer, te décalant, passant la main dans tes cheveux, la grimace au visage. « Vraiment désolée », que tu dis encore, les joues rougies. « Fais comme chez toi. Je vais... », l'index parcourant rapidement le vide devant ton visage, tu t'excusas en silence avant de t'éclipser vers la salle de bain. « Fais comme chez toi. Si tu as soif il y a des boissons au frigo mais fais attention parce que la bouilloire s'est renversée et.. oui », ce qui expliquait ta main mouillée et ton torchon. Tu t'activas te coiffant rapidement, n'osant regarder ton reflet dans le miroir et tu te changeas, enfilant un t-shirt un peu moins grand. « Voilà je suis là. Désolée », tu te pinças les lèvres, levant les pupilles vers lui pour finalement les baisser, les pommettes encore colorées. « C'est gentil d'être venu. En plus vu la journée je me dis que c'est préférable que ce soit toi qui t'en occupes. Je serais encore capable de faire un trou dans le mur... », tu voulais pas vraiment dire bonjour aux voisins. « Tu as pris quelque chose à boire ? Tu veux manger quelque chose avant de commencer ? »

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Le visage sans expression, fidèle à lui-même, Jun Wan fixa la jeune femme qui paraissait confuse de sa présence. Il ne comprenait pas la réaction puisque c’était bien ce soir qu’ils devaient se voir non ? Eun Ha lui avait demandé de l’aide pour son appartement et, naturellement, le cascadeur avait répondu positivement. Bien qu’il râlait pour beaucoup de choses, qu’il n’était pas le garçon le plus souriant et sociable de la Terre, il acceptait souvent lorsqu’on lui demandait quelque chose, même quand il n’en éprouvait pas particulièrement l’envie. Et là il était une question de problème que la demoiselle ne pouvait pas résoudre seule, c’était normal d’accepter, surtout s’il était libre. Mais cette dernière semblait désemparée, perdue, et dans un accoutrement que le garçon n’aurait pas pensé la retrouver. Sûrement à cause du fait que, à chaque fois qu’ils se voyaient, Eun Ha était soignée et bien habillée, néanmoins il ne la jugeait pas. Après tout, elle avait le droit de vouloir être à l’aise dans son appartement, c’était juste surprenant car, aujourd’hui plus qu’un autre jour, il y avait quelque chose de différent à d’habitude. Lui ne pouvait pas dire s’il s’agissait de l’expression qu’elle affichait, de sa tenue, ses cheveux en bataille, ou un mélange d’un peu de tout, hors il était perturbé. Beaucoup plus que ce dont il exprimait extérieurement. « Ce n’est pas grave. » Une remarque qui contrastait encore et toujours avec l’air qu’il arborait, sa fidèle neutralité avec laquelle il avait du mal à se détacher.

Eun Ha continua de s’excuser mais, parce que lui ignorait quoi ajouter d’autre, il préféra se taire, la laissant faire ce qu’elle avait à faire, tout en pénétrant à l’intérieur du logement, les yeux vaquant autour de lui. Elle s’éclipsa et, bien qu’elle lui déclarait de faire comme chez lui, le cascadeur se contenta simplement de s’asseoir sur le canapé, sans trop bouger. Il n’était pas chez lui, il ne pouvait donc pas faire comme, même si on lui proposait. Ses yeux fixaient le sol, où l’eau s’était renversée, se demandant pourquoi la jeune femme était si maladroite. Depuis qu’il l’avait rencontrée, il n’y avait pas eu un seul moment sans une péripétie. « Hum. » Ne pouvait-elle donc pas cesser de s’excuser ? Ce n’était pas dramatique puis Jun Wan était la dernière personne à se formaliser de ce genre de chose. Qu’est-ce que cela faisait si elle avait oublié ? Qu’est-ce que cela faisait si elle l’accueillait avec une apparence décontractée ? Elle était juste elle. « On va éviter alors. » Il n’avait pas envie qu’elle fasse un trou dans le mur, mais surtout, il n’avait pas envie qu’elle se blesse. « On peut commencer directement. » Ce qui signifiait que, non, il n’avait touché à rien et, tel un chien bien dressé, il avait attendu sagement son retour dans la pièce. « Dis-moi exactement ce que tu veux que je fasse. » N’était-ce pas la raison principale de sa présence ici ?

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Tu te sentais tellement ridicule d'apparaître ainsi devant lui – mais tu avais totalement oublié qu'il devait venir. Pour ta défense, la journée avait été mouvementée. T'avais pas réellement eu le temps de penser ou de réfléchir, il ne t'arrivait que des soucis et ton but premier était de les régler avant que ça n'empire. La raison pour laquelle tu n'avais plus songé à tout ça. Tu avais oublié que Jun Wan devait passer. Tu lui avais demandé, il avait accepté et tu avais bêtement oublié. En temps normal ça ne serait pas arrivé. Tu aurais été prête dès son arrivée, des boissons préparées qui attendraient sagement ainsi que des petites choses à manger. Tout aurait été en ordre et rangé ; mais là, ça ne l'était clairement pas. Et tu t'en voulais autant que tu étais gênée, ta tenue ne ressemblait à rien, tes cheveux non plus. Tu te sentais vraiment nulle, encore plus quand tu expliquais tout ce qu'il s'était passé. Maintenant qu'il était là t'allais pas lui faire faire demi-tour. C'était pas le but, surtout qu'il était venu à ta demande. Tu partis donc te coiffer, te changer, afin de te montrer un peu plus présentable. Même si le mal était fait.

« Oui je préférerais », dis-tu dans un rire légèrement nerveux. T'allais pas tenir d'outils afin d'éviter tout souci. Ca te fera probablement des problèmes en moins. Tu savais pas pourquoi tu étais aussi maladroite. La maladresse ne faisait généralement pas partie de ton quotidien. Pas comme ça du moins. Tu clignas des paupières, l'observant un instant, mimant un petit air penaud avant de lui indiquer la boîte à outils d'un côté, les cadres de l'autre. « Je pensais les accrocher là », tu désignas l'endroit de l'index. « Le plus grand au milieu, et les deux petits de chaque côté », tu lui lanças un regard, attendant son avis. Et tu reculas pour avoir une meilleure vue sur la chose, cognant dans la table basse au passage, manquant de trébucher ensuite. Te rattraper à la bibliothèque n'était pas la meilleure idée ; les bruits sourds qui résonnèrent te l'indiquaient bruyamment. « Okay c'est pas grave je vais ranger pendant que tu t'occupes du reste », que tu dis en t'accroupissant, commençant à ramasser tout ce qui traînait, une petite peluche porte-clé en profitant pour t'assommer alors qu'un son plaintif t'échappait. « C'est la pire des pires journées dans l'existence des pires journées », ça n'avait aucun sens – mais pour toi. Et le pire était à venir : alors que tu rangeais, tu cognas dans plusieurs statuettes fièrement posées ici, tu en rattrapas certaines de justesses mais pas toutes, quelques unes s'écrasant au sol. « Oh non », que tu lâchas, le teint livide. « Oh non non non... » que tu soufflas rapidement, horrifiée, lâchant ce que tu tenais sans aucune hésitation pour te baisser. « Elle est pas cassée, elle peut pas être cassée. Oh mon dieu qu'est-ce que j'ai fait... Non non non », que tu chuchotais de plus en plus paniquée, les doigts tremblants alors que tu ramassais les morceaux, le palpitant loupant des battements dans l'angoisse de cette vision. « Elle est cassée. Je l'ai... », tu relevas le regard vers la bibliothèque, là où elle devait être posée. « Je voulais pas...  », tu inspiras bruyamment, la respiration sifflante alors que tu te tournais vers lui, le regard humide, les lèvres tremblantes. « C'est cassé », que tu dis d'une petite voix, comme une gamine qui venait de faire une grosse bêtise, les mains tremblantes, le cœur perturbé – une larme glissant sur ta joue alors qu'un son plaintif t'échappait.

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Avec toujours la même expression collée à sa figure, Jun Wan attendait simplement les instructions de la jeune femme, sur ce qu’elle désirait qu’elle fasse. Lui ne se formalisait pas de la tenue dans laquelle elle l’avait accueilli, ni même le fait qu’elle ne se souvenait visiblement plus de sa vie, pour lui c’était déjà oublié. Il y avait plus grave dans la vie, il s’agissait de choses qui arrivaient, Eun Ha n’avait pas besoin de s’excuser, le jeune homme s’en fichait. Il était venu pour l’aider, le reste n’avait pas vraiment d’importance, du moment qu’elle ne s’était pas blessée avec toute sa maladresse. Certes, c’était quelque peu bizarre de la voir dans une telle condition, puisqu’elle ne paraissait pas être comme d’habitude et c’était perturbant, hors le cascadeur songeait simplement qu’elle ne pouvait pas sourire tout le temps non plus. Même si, de plus bel, cela restait étrange car elle l’avait habitué à autre chose. « D’accord. » Rétorqua le garçon avant de se lever puis observer, du même angle de la jeune femme, ce qu’elle indiquait. « Ca m’a l’air pas mal. » Son regard fut attiré par elle, une nouvelle fois, en l’entendant se cogner et, bien qu’il ne posa pas de question, Jun Wan la contempla quelques secondes, afin de s’assurer qu’elle allait bien.

Acquiesçant d’un hochement de tête à ses propos, il s’attela donc à sa tâche, outils en main, pendant que Eun Ha faisait du rangement. Il essayait de ne pas trop se formaliser de ce qu’il entendait, tandis qu’il plantait le clou pour accrocher le cadre, déposant ensuite ce dernier à sa place. Et alors qu’il s’apprêtait à s’occuper d’un deuxième, la voix de la demoiselle l’interpella, l’obligeant à se tourner en sa direction, ne saisissant rien de ce qu’il se passait. Bêtement, il resta debout à la regarder, ne parvenant pas à comprendre ce qui lui prenait, tout à coup, et chamboulé de la voir avec une telle expression dessinée sur son visage. Puis, la larme qui coula le long de sa joue n’aida pas le cascadeur à discerner la situation, troublé par ce qu’il voyait et ignorant comment réagir. Elle qui était si souriante habituellement était si différente à cet instant… Jamais il n’aurait imaginé la voir pleurer un jour, mais elle le faisait pour un objet cassé. Pourquoi ? Comment ? Il s’agissait assurément d’une accumulation des choses, Jun Wan pouvait comprendre jusque là, hors il n’était pas la meilleure personne pour consoler quelqu’un. « Ce n’est pas grave. » Essaya-t-il dans un premier temps, en se rapprochant d’elle, afin d’observer l’état de l’accessoire. « On peut sûrement le réparer. » Il ne savait pas vraiment si c’était possible, néanmoins qui ne tentait rien n’avait rien n’est-ce pas ?

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Tu feras plus attention la prochaine fois – enfin tu tenteras. Rien n'avait été prévu, évidemment. T'étais pas le genre à prévoir ce genre de choses ; tu prévoyais plutôt les choses simples. Et tu remarquais que t'avais pensé à rien. Toi qui souhaitais toujours prendre soin de tes invité.e.s, tu accueillais Jun Wan ainsi et c'était honteux : pas de boissons ou de petits snacks prêts. Juste toi dans une tenue pitoyable, dans un état encore plus pitoyable. Comme si le monde s'était abattu sur toi. Mais tu tenais bon, plus ou moins, essayant de sourire mais la fatigue prenant le dessus. Tu semblais abattue. La journée avait été longue et catastrophique et t'étais bien contente qu'il soit là pour accrocher les cadres. T'osais pas imaginer ce que ça aurait donné si tu avais tenté par toi-même. Peut-être aurais-tu réussi à abattre tout le mur ?? Tu soufflas, rassurée, la paume sur le cœur, le sourire léger. « J'avais peur que ça fasse pas joli mais si tu trouves que ça a l'air pas mal... c'est donc pas mal », articulas-tu doucement dans un rire léger, avant de souffler discrètement. La journée avait été rude. Vraiment rude, et tu avais hâte qu'elle se termine. Tu voulais pas savoir ce qui allait encore arriver.

Et tu aurais voulu prévoir ce qui allait arriver. Sans doute était-ce la journée où tu aurais dû rester au lit. Tu n'aurais pas dû te lever. Tu aurais dû rester allongée et attendre que ça passe. Ce n'était qu'une suite de catastrophes depuis ton réveil, à croire que tu les appelais vers toi. Mais là, c'était la goutte d'eau. C'était le « trop » ; et avec tout ce qu'il s'était passé ce matin, tu sentais la raison te quitter et te filer entre les doigts. Tu sentais le peu de cohérence que tu avais gardé s'éclipser, disparaissant dans un coin. Et tu ne voyais que cette statuette cassée – ces souvenirs liés à elle qui se brisaient les uns après les autres. C'était peut-être bête pour certain.e.s de trembler autant pour un objet. Mais c'était plus que ça. C'était à ton frère ; un des nombreux objets que tu avais pris en toute discrétion. Un des objets qui trônaient là pour que tu n'oublies pas et que tu puisses le regarder chaque jour. « C'est cassé », que tu dis encore, la voix tremblante, les doigts tout aussi agités. Tu sentais tes lèvres s'agiter et tu ne pouvais les empêcher. Tout comme tu ne pouvais retenir ces larmes qui coulaient à présent. « On peut vraiment ? », demandas-tu d'une petite voix. « C'est tout cassé. Je l'ai... cassé et... », tu inspiras bruyamment, serrant les parties de la statuette entre tes doigts. « Je voulais pas. Je voulais vraiment pas. J'ai pas fait exprès », que tu prononçais rapidement, quelques sons plaintifs se glissant entre les syllabes. Tu relevas tes prunelles humides vers Jun Wan, toute trace de sourire effacé. « Tu peux le réparer ? C'est possible ? C'est à mon frère je peux pas... », d'autres larmes coulèrent sur tes joues. « Je suis désolée », et tu ne savais pas si tu demandais pardon à Jun Wan ou Eun Hyuk. Peut-être les deux. « C'est de ma faute », que tu articulas encore – mais tu ne parlais pas uniquement de la statue, pas vrai ? Les souvenirs se mêlaient à tes pensées, à tes idées, des nœuds crispant ton esprit dans une culpabilité que tu ressentais depuis trop longtemps. « J'aurais dû être là je suis désolée » et ça ne devait faire aucun sens pour Jun Wan. Tu baissas le regard vers la statuette, les larmes roulant encore sur tes joues. « Est-ce qu'on peut vraiment le réparer ? », vins-tu articuler dans une voix basse, presque suppliante.

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Jun Wan n’était pas un garçon compliqué, il ne se prenait pas beaucoup la tête non plus, et c’était le pourquoi l’emplacement du cadre lui semblait relativement correct. Encore une fois, il ne comprenait pas réellement ce qu’il y avait de drôle à la situation, néanmoins c’était toujours plaisant de la voir rire, bien qu’il ignorait toutes les peines que cachaient les sourires de la jeune femme. Une peine qu’elle afficha, quelques instants plus tard, le troublant plus que de raisons… Puisqu’il ne s’était pas attendu à le retrouver soudainement dans un tel état. Pas elle. La confusion se lisait dans les prunelles du garçon, incapable de savoir comment réagir, pas habitué à consoler les gens auprès de lui. Il n’avait jamais été une personne très sociable, et cela jouait sur son attitude avec son entourage. Pourtant, Jun Wan se sentait sincèrement mal pour la demoiselle, déstabilisé par ses pleurs qui perlaient le long de ses joues, son esquisse emplie de joie ayant disparu depuis longtemps. Le mieux qu’il pouvait, il essaya de la réconforter, lui dire que l’objet était probablement réparable, qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter, hors il ignorait ô combien cette statuette était précieuse pour Eun Ha. et s’il était vraiment possible de la remettre en bon état. « Je vais essayer. » La demoiselle semblait déjà chamboulée, il ne souhaitait pas la perturber davantage en lui donnant des faux espoirs. La raison pour laquelle Jun Wan employa le terme « essayer » et non pas un autre mot qui sous-entendait une certitude. Toutefois, malgré tout, les larmes de la jeune femme, les expressions qu’elle affichait, l’empêchaient de dire quoi que ce soit. Puisque, à cet instant précis, lui avait l’impression que peu importait les paroles qu’il échapperait, elle ne l’écouterait pas, son esprit se trouvant ailleurs, avec les morceaux de cet objet brisé.

Le regard figé en sa direction, le garçon n’ouvrit donc pas les lèvres, la contemplant en silence. Il n’était pas en mesure de savoir ce qui troublait autant sa vis-à-vis, ni pourquoi elle s’excusait autant, hors il avait cet étrange pressentiment que, non, la statuette n’était pas l’unique raison de toutes ses larmes. Bien qu’il restait perturbé par la situation, il ne pouvait pas rester là sans rien faire, pas lorsque Eun Ha se présentait ainsi devant lui, compressant son cœur si habitué à la voir sourire. Alors, même s’il ne prononça pas de mot sur l’instant, le jeune homme s’approcha d’elle, glissant sa main derrière sa tête avant de la ramener délicatement contre lui, tout en faisant attention de ne pas abîmer encore l’objet déjà cassé. « Ce n’est pas de ta faute. » Lui souffla-t-il doucement, câlinant suavement ses cheveux. Qu’il s’agissait de la petite statue brisée ou d’autre chose, il avait envie qu’elle sache que rien n’était de sa faute. « On va tout faire pour la réparer » Ajouta Jun Wan, en réponse aux précédentes inquiétudes de la demoiselle. « Montre-moi. » Sur ses dires, il se décala doucement, mais pas trop loin non plus, juste assez pour pouvoir analyser les dégâts. Par chance, la statuette ne s’était pas brisée en mille morceaux, il pourrait donc faire quelque chose, avec de la colle adéquate. « Je pense que c’est possible, ne t’en fais pas. » Certes, de nouveau, Jun Wan ne confirmait jamais avec certitude, toutefois il promettait de faire de son mieux pour la restaurer, comme si elle n’avait jamais été cassée.    

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La journée semblait plus difficile que prévu et peut-être aurais-tu dû rester au lit. C'était une pensée qui t'avait vaguement traversé l'esprit quand tu avais vu Junwan à ta porte, perdue. Et c'était une pensée qui venait à nouveau titiller tes pensées sans pour autant s'y loger. Néanmoins tu sentais la fatigue présente, tu sentais cette angoisse sans trop savoir pourquoi elle était, encore moins pourquoi elle semblait si déroutante. Tu ressentais la culpabilité, la tristesse : tout à la fois. Et c'en était à un point où tu ne saurais définir où se terminer une émotion et où commencer la suivante. T'avais les pensées emmêlées, un vrac d'idées, de mots, de songes et de souvenirs. Tout se mélangeait, remuait, créant encore plus de vagues qu'il n'y en avait. Ce n'était pas grand chose, qu'on pourrait dire et peut-être que tu l'aurais dit dans un jour ordinaire. Tu aurais été accablée, oui, mais moins. Sauf qu'aujourd'hui tout était ridiculement chaotique – et c'était alors la goutte de trop. L'action qui n'aurait pas dû arriver mais qui arriva. C'était cassé ; comme ton cœur à cet instant, comme ton cœur à l'époque. C'était peut-être stupide de tout ramener à ce jour-là mais tes pensées t'y conduisaient sans que tu ne puisses l'empêcher. Tu gardais trop de choses. Tu confinais trop de sentiments. Tu gardais trop de mots pour toi, trop d'idées, de pensées et même de questions. Tu masquais tout avec un sourire parce que personne ne cherchait à en savoir plus. Les larmes coulaient sans que tu ne puisses réellement les contrôler, et tes doigts tremblaient alors que ton cœur s'agitait.

« J'ai pas fait attention », que tu dis doucement, le sanglot à peine contenu dans tes mots alors que tu restais contre lui – tes larmes doublant en force à ses gestes doux contre tes cheveux. « J'aurais dû remarquer » et tu n'étais même plus sûre de parler uniquement de la statue. « Et si on peut pas ? », que tu soufflais, la respiration sifflante. « On peut plus », en conclus-tu sans lui laisser le temps de voir, lançant un regard alarmé en le sentant s'éloigner sans pour autant bouger, lui montrant docilement les morceaux entre tes mains. « C'est vrai ? », tu baissas la tête, observant l'objet à travers les larmes, les lèvres tremblantes. « Ca se verra que c'est cassé ? Je voulais pas la casser », répétas-tu encore, serrant les morceaux entre tes doigts. « Je m'étais promis d'en prendre soin tu sais. Je lui avais promis aussi et... je l'ai cassé », tu laissas un souffle t'échapper. « J'avais promis de faire attention à lui aussi et j'ai pas réussi. J'arrive même pas à garder une statue entière et... », tu reniflas, les larmes roulant en silence sur tes joues alors que tu te rapprochais un peu de lui, ta tête se calant contre le haut de son torse, ramenant tes mains avec les morceaux contre toi. « C'est comme si je l'avais laissé tomber encore une fois », chuchotas-tu, le regard dans le vide. « Répare-la s'il te plaît », articulas-tu dans une supplication brisée, la voix basse et cassée, le regard à nouveau humide alors que tu levais les prunelles vers son visage.

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Jun Wan était perturbé par l’entièreté de la situation, ne sachant pas vraiment comment réagir. Tout ce qu’il constatait en cet instant était qu’Eun Ha n’allait pas bien, et l’unique chose qu’il pouvait faire était de la rassurer doucement, ses doigts lui caressant les cheveux avec tendresse. Rien n’était de sa faute… Ni la statue, ni le reste, ni tout ce dont ignorait le cascadeur. Il ne releva pas tous les mots prononcés, la laissant simplement évacuer ce qu’elle avait sur le cœur, avant de se décaler et lui dire qu’il y avait possibilité de réparer l’objet. « C’est vrai. » Répondit-il toujours aussi doucement, comme si parler plus fort la briserait davantage. « Non, on peut faire en sorte que ça ne se voit pas. » Il promettait de faire son possible, même s’il n’était pas certain de réussir. Seulement la jeune femme semblait tellement déboussolée qu’il ne s’imaginait pas lui répondre autre chose. Il voudrait juste retrouver ce sourire qui peignait ses lèvres habituellement, mais il avait bien compris qu’il n’aurait rien de tout ça aujourd’hui. Parce qu’il pleuvait dans le cœur d’Eun Ha, parce qu’elle n’était pas invincible, et que comme tout le monde, elle avait ses peines et ses doutes.

Chaque mot faisait écho à son chagrin, à tout ce qu’elle gardait en elle, caché par ses sourires qu’elle arborait sans arrêt, et lui qui ne comprenait rien aux émotions avait son cœur qui se compressait. Parce qu’il se sentait impuissant, parce qu’il détestait la voir ainsi, autant qu’il se détestait d’avoir osé la juger sans la connaître. Le sourire d’une personne pouvait dissimuler tant de cicatrices, et Jun Wan était désolé de n’avoir rien vu, d’avoir cru qu’elle était heureuse par la vie, simplement car c’était ce qu’elle avait souhaité lui montrer. De plus bel, le garçon resta silencieux, l’écoutant simplement, pour à nouveau l’accueillir contre lui et lui choyer doucereusement ses longs cheveux. « Ce n’est pas ta faute. » Lui répéta-t-il, sincère, parce que même s’il ne connaissait pas son histoire, seulement capable d’émettre des hypothèses, il était certain qu’Eun Ha avait donné le meilleur d’elle-même. « Hum. Promis. » Rares étaient les éclats qui brillaient ses lèvres, cependant à ses dires, le cascadeur ne résista pas à lui offrir un faible sourire, avant de venir essuyer lentement les gouttes perlant le long des joues de la jeune femme. « Ca va aller ? » L’interrogea-t-il, d’une voix toujours aussi basse, sans jamais la quitter des yeux, l’inquiétude se reflétant sûrement dans le creux de ses yeux. Lui voulait juste qu’elle aille bien, même s’il se doutait que son état ne s’arrangerait pas en claquant des doigts. Cependant, si déjà il parvenait à sécher ses larmes, ce serait une petite victoire.


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« Ca va se voir. Ca se voit toujours », du peu que tu avais constaté sur les objets déjà réparés, tout se remarquait. Chaque faille était visible. Pas seulement parce que tu savais qu'elle était là – mais qu'elle était trop voyante, presque trop bruyante. Et tu savais que celle-ci allait faire du bruit. Elle en faisait déjà tellement maintenant et elle n'était pas réparée. Elle était brisée et c'était comme si tu l'étais tout autant qu'elle. Peut-être même plus. Comme si voir l'objet brisé venait à casser tout ce que tu avais construit jusque là. Ce n'était qu'une statue, remplaçable au possible. Mais elle était unique à tes yeux et plus que ça. Un trésor. Elle renfermait tout et rien ; ta peine, tes larmes, ton espoir aussi et les souvenirs. Tellement de souvenirs. Les bons comme les mauvais – et les mauvais étaient d'autant plus douloureux à présent. « Non ? », tu tentas un regard vers lui, la voix basse, perdue, le regard humide et l'air tout aussi paumé. C'était comme si t'avais perdu la capacité de penser, seule la tristesse venait gronder dans ton être, animant ton cœur et venant mouiller tes yeux. C'était comme si aucune pensée objective et bien réfléchie ne pouvait traverser ton esprit. T'avais tout enfermé dehors, serrant contre toi ce chagrin qui n'était jamais parti.

« Ca ne peut être la faute de personne d'autre », émis-tu, les sourcils froncés dans une pensée bien trop profonde pour avoir l'objectivité d'y réfléchir une nouvelle fois. T'avais rien vu alors que t'aurais dû tout voir. T'aurais dû faire attention et le protéger. Et t'avais pas su faire ça. Le coin des lèvres d'habitude tourné vers le soleil ne faisait que s'abaisser au fil des secondes, l'esquisse peinte ici en temps normal avait totalement perdu son éclat, disparaissant dans une ombre peinée. « Merci » que tu chuchotas simplement. S'il pouvait la réparer, faire en sorte que tu ne puisses pas voir le défaut... peut-être que.. « Non », répondis-tu avec sincérité, le mensonge loin désormais, les pupilles vers lui, le laissant essuyer tes larmes. Tu ne pouvais mentir à personne, pas même à toi – répondre par la positive t'était impossible. Tu gardas le silence ensuite, te contentant de le regarder, finissant par baisser les yeux, le souffle peiné et lourd. « Est-ce que ça ira mieux un jour ? », lui demandas-tu, comme s'il détenait toutes les réponses. « Je sais que non », et tu répondais à tes propres interrogations. Dans une nouvelle respiration, tu te calas un peu plus confortablement contre lui, les doigts venant s'agripper à son haut. « Tu veux bien rester avec moi ce soir ? », osas-tu chuchoter, le serrant comme si tu craignais qu'il disparaisse lui aussi. « Juste ce soir », tu ne lui en tiendrais pas rigueur s'il décidait de s'en aller. « Juste un petit peu.. j'ai pas envie d'être seule »

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