Nanako était en train de rire avec des camarades quand elle le vit au loin. Elle n'était pas certaine au départ, les trop nombreuses fois où elle avait cru le voir dans les rues de Séoul alors que c'était simplement le fruit de son imagination. Mais là ? Cela semblait si réel, bien trop pour que ça ne soit que Nanako espérant voir Taeyong alors que ce n'était pas là. L'espace d'un instant, son attention fut attirée par une des filles, tournant son visage vers elle pour lui répondre dans un sourire à ce qu'elle venait de dire, riant aux paroles de la demoiselle en rejetant son visage en arrière, mettant une main devant sa bouche pour éviter de dévoiler toutes ses dents aux filles. Et puis quand elle reprit sa position initiale, elle eut cette fois l'impression de croiser son regard. Non, elle était certaine, elle l'avait croisé. Alors elle réagit immédiatement, avant même de pouvoir dire quoi que ce soit aux filles, laissant son sac derrière elle avec elle, Nanako s'était élancée, se catapultant hors du banc pour se diriger vers le jeune homme. Taeyong. C'était lui, ça ne pouvait pas être quelqu'un d'autre n'est-ce pas ? Elle refusait de le penser maintenant qu'elle s'était persuadée du contraire. « Taeyong ? » Sa voix était hésitante, jouant avec les bords de son manteau alors qu'elle s'approchait du garçon, est-ce qu'elle l'avait pris de court ? Était-il surpris qu'elle ait couru après lui ? « C'est bien toi. » Il n'y avait plus d'hésitation, pas quand elle était si proche dorénavant. Son cœur qui commença à vibrer dans sa poitrine, priant qu'il ne l'envoie pas bouler, qu'il se tourne vers elle complètement. « Tu... tu es revenu. » Puisqu'il était face à elle, oui il l'était, elle venait de souligner une évidence.

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Cela ne faisait que quelques jours que tu étais revenu dans un pays que tu avais voulu fuir après tant que malheur, malheur qui prenait trop de place sur le bonheur que tu pouvais ressentir. Séoul n'avait plus la même saveur à tes lèvres, mais tu te devais de continuer ta route, surtout quand on te demandait d'être présent pour l'homme qui t'avait clairement détruit et mis dans un chemin semé d'embuches à l'heure actuelle. Tu avançais dans les rues de cette ville, ta gueule de bois se dissipait enfin de ton organisme alors que tu savais pertinemment qu'elle reviendrait le lendemain parce que tu étais incapable de contenir tes démons. Ton matériel de dessin était dans le sac qui trainait à ton épaule et... Tu avais fini par te stopper pendant un court instant en ayant l'impression de reconnaître celle qui faisait toujours battre ton cœur, mais ce n'était qu'un mirage, tu ne pouvais pas espérer la revoir même si tu en rêvais au plus profond de toi. Sauf que sa voix, tu l'avais entendu. Ton prénom, sortir de sa bouche. Celles dont tu avais rêvé d'embrasser tellement de fois alors que la bataille était la seule chose entre vous deux entre vos parents. Le nombre de fois que tu avais dessiné chacun de ses traits pour ne pas l'oublier. Ta muse. La seule et l'unique, celle dont chaque artiste pouvait parler. Nanako était ta muse depuis des années et avait toujours eu cette place dans ton art, dans ton esprit et dans ce cœur meurtri que tu te baladais chaque jour de ton existence. Alors, cette douce voix t'avait fait stopper net dans tes pas et tu avais aussitôt tourné ton corps pour être totalement face à elle. Les traits que tu avais pour habitude de dessiner, chaque possible détail que tu avais retenu au fur et à mesure de tes observations, la douceur dans son regard... « Nanako... », ton esprit avait clairement coupé le monde autour de toi, juste pour que tu sois focalisé sur cette douceur qui avait parfois rendu tes nuits moins lourdes et moins horribles. Celle qui avait fait en sorte, inconsciemment, de te retenir de lâcher prise. « Je... Oui... Je suis revenu Nanako... Je... Je suis enfin là... », tu ne savais pas si tu pouvais la prendre dans tes bras, si tu pouvais même l'imaginer contre toi. Ton cœur ne faisait que d'accélérer contre ta cage thoracique.

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Nanako avait imaginé des dizaines, des centaines de scénarios même depuis les années, différentes situations dans lesquelles les retrouvailles avec Taeyong se passaient. Parfois bonnes, parfois elle se réveillait en larmes à l'idée. Mais le plus souvent, ce n'était qu'une déception de plus car la demoiselle avait beau l'espérer, l'imaginer, ça n'était jamais réel. Taeyong était loin, bien trop loin d'elle et depuis si longtemps maintenant... elle doutait qu'il revienne un jour. Tout en continuant d'espérer malgré tout. Ses parents lui taperaient sur les doigts si ils le savaient, ils insistaient tellement pour qu'elle passe à autre chose, lui présentant les fils de leurs amis, lui conseillant de sortir. Elle aurait dû se douter qu'ils ne pourraient comprendre alors elle avait fini par ne plus en parler, c'était mieux que de les entendre dire qu'elle devait oublier un garçon comme lui. Elle ne voulait pas. Ces retrouvailles elle les avait imaginé depuis si longtemps que lorsqu'elle vit Taeyong au loin, elle crut au début être encore dans un rêve, se précipitant vers lui comme si elle avait peur de se réveiller, que tout ceci n'était pas réel. Mais c'était bien lui, c'était Taeyong face à elle, il était là, bien réel. Il lui parlait. Nanako sentit les larmes monter quand il prononça son prénom, ses yeux bruns observant le visage du jeune homme, comme si elle cherchait à l'inscrire dans sa mémoire après avoir passé tant de temps à vouloir le revoir. « Enfin, oui. » Elle murmura en retour, hochant la tête doucement avant de se mordre la joue. Ils restaient plantés là, ne sachant pas quoi dire ou faire, c'était assez gênant mais en même temps... ça faisait si longtemps. « Tu... tu es revenu quand ? » L'année était bientôt sur sa fin, était-il là depuis la rentrée dernière ? Comment avaient-ils fait pour ne pas se voir avant ? « Je, hm, un café, ça te tente ? Ou n'importe quoi à boire ? »

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Tu aurais préféré ne pas être dans un état catastrophique mentalement en tombant sur elle la première fois que tu serais de retour dans ce pays qui t'avait fait souffrir plus qu'autre chose. Tu aurais largement préféré ne pas avoir une gueule de bois bien que tu savais définitivement la masquer dès qu'il le fallait. Celle qui avait passé des jours et des jours dans ton esprit dès que tu voulais peindre ou simplement dessiner quelque chose. Celle avec qui avait toujours été là alors qu'elle aurait dû être ta concurrente jusqu'au bout de ta vie. Celle qui te faisait encore tenir debout alors que la vie avait longtemps décidé que ce n'était plus combat que tu aurais dû avoir dès les premières secondes. Elle était là, sous tes yeux, alors que vous étiez au milieu d'une foule. Tu ne savais plus quoi dire, quoi faire, que faire. Elle était fantôme dans ton esprit comme tu pouvais deviner l'être dans le sien en partant, mais si tu n'étais pas parti, est-ce que tu aurais fini par te tenir devant elle encore aujourd'hui. À sa question, tu te pinçais les lèvres, alors qu'il n'y avait pas lieu d'être. « Mi-octobre. Enfin, plus le début, mais je n'ai pas été à 100% à Séoul avant la mi-octobre. », tu avais encore du mal à te dire que tu étais ici, surtout que tu étais revenu pour qu'on te saute à la gorge à cause de ton feu géniteur et que tu étais celui qui devait prendre en quelque sorte la charge de tout ce qu'il avait laissé. Tu n'avais pas encore récupéré la plupart des choses, mais tu savais déjà que les flammes allaient se dessiner sous tes yeux. À sa proposition, tu ne savais pas si tu devais paraître excité comme un malade ou quand même te retenir pour ne pas l'effrayer et la faire regretter. Plusieurs années avaient malgré tout passé, elle aurait pu se trouver quelqu'un d'autre dans sa vie et tu pourrais largement la comprendre. « Oui... Oui ça me tenterait beaucoup.  », tu espérais qu'elle t'emmène à un endroit où il n'y aurait pas d'alcool, pour te retenir de vouloir en prendre une et de devenir ton père devant elle. Tu ne voulais pas qu'elle découvre l'odieuse personne que tu étais devenu à la recherche d'un moyen de t'éloigner de tes démons. L'alcool était devenu ton meilleur allié, malheureusement pour toi. « Tu veux qu'on y aille maintenant, ou est-ce que tu as quelque chose de prévu et on se donne rendez-vous quelque part quand ça sera plus tranquille pour toi ? », tu n'avais rien de prévu, sauf de t'enfermer dans ton appartement pour peindre encore et encore dans l'espoir que ton esprit ne s'embrume pas encore de tes cauchemars et des démons qui te courent après.  

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Taeyong était face à elle, Nanako pouvait sentir son coeur battre frénétiquement dans sa poitrine, retrouvant cette flamme intérieure qui s'était éteinte au départ du jeune homme. Pourtant tout semblait différent maintenant, elle ne saurait exactement mettre le doigt dessus mais on pouvait imaginer sans mal que les années d'absence et de distance avaient marqué... Nako était heureuse de le retrouver, le revoir devant elle, mais ce n'était pas comme si elle pouvait oublier en un claquement de doigts tout ce qu'il s'était passé non plus. La japonaise était contente de le voir, réellement, mais tout le reste remontait à la surface maintenant qu'ils s'étaient retrouvés. « Oh, je vois. » Cela ne faisait pas si longtemps, quelques semaines, mais elle imaginait que Taeyong avait eu des choses à régler de son côté avec son retour. Nanako se mordit l'intérieur de la joue, hésitant un instant avant que les mots glissent entre ses lèvres, une invitation à aller prendre un café ou n'importe quelle boisson, espérant qu'il accepte de passer du temps avec elle. Et si tout ce qu'il avait raconté dans ses lettres, à travers ses dessins... et si tout ça avait changé pour lui ? Peut-être était-il passé à autre chose ? Mais Taeyong accepta, faisant naître un sourire ravi sur les lèvres de l'étudiante. « Parfait... super. » Elle sentit le rouge venir colorer ses joues. Aux paroles du jeune homme, elle jeta un regard vers ses camarades, « j'ai fini pour aujourd'hui, on parlait juste avec des amies mais c'est pas grave si je m'éclipse. » Elle venait déjà de le faire pour venir le voir. « Il y a des cafés un peu partout autour du campus, je suis sûre qu'on en trouvera un pour se poser là-bas. » Nako ajouta avec un petit sourire.

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Beaucoup de choses avaient changé depuis ton départ, mais ce que tu pouvais ressentir pour la jeune femme n'avait pas changé. Avait-elle vu les tableaux que tu avais faits depuis le Japon avec les traits de son visage dessus ? Tu ne pouvais même plus compter le nombre de fois où une simple jeune femme était devenue Nanako après tes coups de peintures et de crayons sur la toile. Tu aurais pu rester en Corée du Sud, mais tu ne sais pas si tu aurais eu l'occasion de revoir son visage après tout ce que tu avais vécu, les cicatrices sur ton corps étaient la preuve. Tu ne sais pas sur quel pied danser à présent, timide de faire quelque chose de mal, de découvrir qu'elle a trouvé quelqu'un qui pouvait la rendre plus heureuse que tu n'aurais pu le faire si tout cela n'avait pas mal tourné à l'époque. Tu n'avais pas réfléchi longtemps avant d'accepter, tu voulais renouer avec elle de toute manière, même si cela ne pouvait finir qu'en amitié si c'était son choix. Tu écoutais alors sa réponse pour le moment du rendez-vous, comprenant alors qu'elle s'était enfuie vers toi en laissant ses amies sur le côté. Tu te pinçais les lèvres sur le coup avant de passer une main dans tes cheveux en la regardant. « Si tu veux, je peux t'attendre là pour que tu préviennes tes amies ? Je ne bouge pas de toute façon, tu peux aller les voir et on peut y aller. Je ne connais pas trop encore autour du campus, j'ai même trop l'impression que la ville a changé entre-temps... », ou tu avais fini par tout effacer de ta mémoire pour te permettre de survivre à tes démons... bien encore présents en toi.
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