⇝ Paniquée. Tu étais totalement paniquée. Le regard filant dans le vide à la recherche d'un coin où te mettre à l'abri, tu avançais sans réellement voir où tu allais, veillant à ne pas te retourner. Tu aimais tes fans, tu les adorais. Plus que tout, tu savais qu'iels étaient la raison de ta présence sur scène – mais aujourd'hui, toute cette foule t'avait quelque peu angoissé. Tu n'aimais pas ce genre de tas de personnes autour de toi, appelant ton prénom en espérant croiser ton regard ou recevoir ton attention d'une manière ou d'une autre. Tu appréciais tes fans, celles et ceux qui restaient poli.e.s et agréables. Pas ces personnes qui poussaient, allant jusqu'à te bousculer pour pouvoir s'approcher ou te toucher. Tu savais que cela venait avec le métier. Un aspect négatif dont tu ne pouvais te défaire. Mais tu te sentais étouffer en cet instant et tu avais précipitamment quitté la boutique dans laquelle tu te trouvais pour prendre l'air. Mais même là, ça n'avait pas été suffisant, entendant les pas derrière toi, te suivant comme ton ombre. Tu avais fait semblant de ne pas les voir, de tracer ta route sans leur donner une seconde d'attention. Tu te disais que tout allais se calmer, jusqu'à ce qu'on te suive dans la boutique suivante, ou qu'on attende devant la vitrine. Qu'on te fixe comme si t'étais une bête de foire à qui on rêvait de donner de la nourriture. Par chance, l'employée t'avait permise de passer par la porte de derrière, te donnant un peu de temps pour filer encore plus loin. Tu n'étais pas sûre de ce que tu entendais, si c'était ton imagination qui te faisait entendre les souffles et les pieds qui tapaient contre le sol ou s'ils étaient réellement là – tu n'osais pas te retourner pour le savoir. Tu continuas d'avancer sans trop savoir où tu allais, suivant une ligne imaginaire que tu traçais au fur et à mesure de tes pas.

Tu finis par t'engouffrer dans cette boutique sur ta gauche après avoir entendu quelqu'un scander ton prénom. Tu avais fui, lâchement, et t'en étais désolée. Mais tu ne voulais pas affronter tout ça maintenant. Tu espérais que tout se tasse, que l'on suppose avoir confondu ou avoir eu l'impression de te voir. Tu soufflas, la respiration courte, la paume sur le cœur, clignant des paupières alors que tu prenais conscience de l'endroit dans lequel tu étais. « Oh », lâchas-tu, quelque peu déroutée, observant les alentours. Tu te pinças les lèvres, gênée. « Bonjour », tu te courbas poliment face à la jeune femme devant toi. « Désolée je... », tu pointas la porte de l'index avant de bouger les épaules. « Vous avez une jolie boutique », commentas-tu finalement, avançant un peu plus, contemplant les plantes exposées ici et là. « Quelle est cette fleur ? », vins-tu lui demander, curieuse, tentant de calmer ton souffle et de te changer les idées.

⇝ Les lèvres légèrement pincées, les yeux concentrés et les gestes experts, Iseul clôturait avec soin la commande d’un client. Concentrée sur sa tache, elle ne prêtait pas attention aux bruits extérieurs et chantonnant parfois en rythme avec la playlist qu’elle avait lancée pour l'accompagner. Le musique était suffisamment basse pour la permettre d'entendre la porte s'ouvrir mais à cette heure de la journée, c’était assez calme. Ce n’était pas une mauvaise chose car Iseul avait toujours quelque chose à faire mais elle aimait le contact avec les autres et espérait rencontrer de nouveaux clients. La jeune femme avait envie de partager sa passion avec le plus grand nombre et se dire que ses œuvres pouvaient se retrouver dans différents foyers lui mettait du baume au cœur. C’était toujours avec douceur et amour qu’elle prenait soin de ses créations et elle adorait son métier. Elle n’avait jamais été aussi épanouie qu’avec un bouquet dans les bras et pourtant, elle avait failli passer à côté de son rêve.  

Alors qu’elle plaçait le dernier accessoire dans un terrarium, Iseul leva la tête en entendant la porte s’ouvrir et se fermer plutôt rapidement. Elle ne fut pas surprise de découvrir quelqu’un à l’entrée de la boutique mais, elle fut étonnée de la voir à bout de souffle. Avait elle couru jusqu’ici ? Iseul avait beau aimer les fleurs et les plantes, elle ne s’imaginait pas courir ainsi chez un.e fleuriste pour autant. « Bon…bonjour » La demoiselle qui avait fait interruption dans sa boutique ne semblait pas dangereuse mais son arrêt ne semblait pas prévu. Elle s’était certainement trompée et n’osait pas l’avouer, prétendant être intéressée par les lieux. « Merci beaucoup » Iseul quitta son emplacement pour s’approcher doucement de la jeune femme. Son visage lui semblait familier mais elle n’osa pas l’observer trop attentivement, ne voulant pas la mettre encore plus mal à l’aise. « Ce sont des pivoines, vous aimez ? » Elle avait envie de lui faire la conversation pour l’aider à se changer les idées. Iseul pouvait voir que la jeune femme n’était pas tout à fait tranquille, l’inquiétude occupant ses jolis traits. « Est-ce que tout va bien ? Vous voulez vous assoir un instant ? » Elle ne pouvait pas ignorer l’état de la demoiselle et l’ayant vu à bout de souffle quelques instants plus tôt, elle lui proposa naturellement quelque chose à boire.