outfit -- Une nuit passée en charmante compagnie, et me voilà là en cette soirée. Suis-je devenue folle ? Non, pas encore, du moins ce n'était pas flagrant. Je dirais que je suis juste curieuse. Mais rien que ça, dans un sens, c'est étrange. Il m'est déjà arrivé d'avoir une aventure sans lendemain, le genre de rencontre furtive qui ne dépasse pas quelques heures, ou tout au plus une nuit. Mais les choses s'arrêtent là. On s'amuse, puis on s'arrête là, merci, bonne journée, au revoir, et on ne se revoit plus. C'est ainsi normalement que les choses doivent se dérouler. Alors, pourquoi mon joli petit derrière est-il posé dans ce restaurant ? On pourrait naïvement répondre "pour manger", et oui, on aurait raison, parce que se nourrir c'est important. Mais si on prend une cuillère et qu'on creuse un peu plus en profondeur, on remarquera que, non loin de là bien planqué derrière ses fourneaux, se trouve un très charmant jeune homme que j'ai un peu furtivement et intimement fréquenté.

Alors, est-ce le hasard qui m'a conduite ici ? Me serais-je perdue au détour d'une ruelle, m'arrêtant pour me sustenter ? Eh bien non, rien de tout ceci, mes amis. En réalité, il n'y avait pas de coïncidence, pas de hasard, pas de destinée forcée. Juste moi, et mon envie étrange de revoir cette jeune personne qui avait un peu trop marqué mon chemin. Je ne sais pas trop ce que j'attends, ce n'est pas très clair tout ça, même dans ma propre tête. N'étant pas venue ici pour rien, j'avais mangé, histoire de rentabiliser la soirée, mais j'avais souvent regardé en direction des cuisines, espérant voir une tête connue finalement se montrer. Hé le destin, j'ai fait la moitié du boulot, tu pourrais bouger un peu ton arrière-train s'il te plaît ?


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Tu n'étais pas le genre d'hommes à sortir souvent dans des lieux bondés, trop introverti depuis des années pour te laisser porter par la masse humaine et toutes les débauches qu'elle pouvait faire. Mais, parfois, il t'arrivait de le faire juste pour te déconnecter d'un monde. Et, cette fois-ci, tu avais fini dans le lit d'une jeune femme qui n'avait pas fait attention à tes appareils visiblement. C'était rare, la plupart du temps, tu pouvais observer que les personnes avaient un autre regard quand ils se rendaient compte que la personne en face présentait un quelconque handicap. Tu avais pris le coup depuis ton diagnostic et tu finissais par ignorer le monde qui n'avait qu'un seul schéma en tête : handicap = faible. Tu n'avais pas cela en tête quand tu vivais ta vie, surtout quand tu avais un talent et que tu étais le chef d'un restaurant... Bien que ce dernier soit celui de tes grands-parents et pas le tien. Après tout, ils voulaient que tu ouvres le tien un jour, celui dont tu serais le propriétaire en plus d'être le cuisinier en chef. Tu avais le talent pour, tu le savais au fond de toi, mais tu voulais encore attendre avant de passer le pas. Ils avaient encore besoin de toi pour quelques mois, ton grand-père avait besoin de récupérer le plus de force avant de reprendre son poste.

Comme à ton habitude, tu finissais par retirer tes appareils quand tu savais qu'il n'y avait pas beaucoup de clients dans le restaurant et que tu ne devais pas tout écouter. Tes grands-parents savaient souvent quand tu ne les avais pas sur tes oreilles, ils étaient à un endroit où ils pouvaient le voir et te parler en langue des signes quand c'était nécessaire. Tu étais en train de cuisiner une commande qu'on t'avait faite avant que quelqu'un ne joue avec les lumières de la cuisine pour attirer ton attention. Tu levais les yeux avant de regarder ta grand-mère. « Quelqu'un a l'air d'attendre, elle a pris quelque chose malgré tout, mais je trouve ça bizarre. Tu veux aller voir pour moi quand tu auras terminé ? », qu'elle venait à te signer. Tu lui faisais un signe de tête pour lui dire que tu le ferais alors que tu terminais le plat que tu étais en train de préparer en faisant bien attention à tout ce que tu doives bien exécuter à la perfection à tes yeux. Après avoir envoyé le plat qu'on t'avait demandé, tu vérifiais qu'il n'y avait rien d'autre en cours avant de te nettoyer les mains pour bien mettre tes appareils auditifs. Ta grand-mère te fit un signe de la tête vers la personne dont elle parlait. Tu allais vers elle avant de remarquer cette impression de déjà-vu. « Bonjour ? », tu fronçais les sourcils en voyant le visage de la jeune femme avec qui tu avais passé la nuit, il n'y a pas longtemps de ça. Est-ce qu'elle était là pour t'annoncer quelque chose ou est-ce que c'était juste une coïncidence ?

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outfit -- Je suis là, j'attends. Je ne sais même pas vraiment ce que j'attends en fait. Qu'il sorte de là soudainement par la magie du Saint-Esprit ? Peut-être que si je fixe longtemps les portes, ça va fonctionner ? Bon, j'ai le cerveau un peu en vrac en ce moment et je crois que ça se ressent actuellement. Je pourrais simplement me pointer comme une fleur derrière ses fameuses portes et aller lui parler... Mais c'est peut-être un peu trop direct comme ça. Je suis plutôt quelqu'un de direct en général, mais ce n'est pas toujours recommandé de foncer dans le tas tête baissée tel un taureau sur un toréador. Il y a des moments où il faut faire preuve de douceur et de retenue... Je ne sais pas trop si je saurais faire ça, mais en tout cas, je vais tenter pour cette fois. Mais j'espère qu'une idée va me venir rapidement ou qu'il va sortir de là, parce que je me rends compte que la propriétaire des lieux a l'air de me regarder bizarrement. J'essaie de lui sourire gentiment de temps en temps quand elle me fixe, mais j'avoue que je ne suis pas des plus à l'aise dans cette situation.

La relation que j'avais eue avec cet homme ne date pas d'hier. Une pensée me traverse soudainement. Est-ce qu'il se souvient encore de moi ? Si ce n'était pas le cas, ce serait le pompom, tiens. Je pense que mon ego en prendrait un coup. Après tout, on avait passé une nuit relativement mémorable sur bien des aspects. Du coup, s'il n'arrivait pas à me remettre, j'avoue que je resterais sur le derrière... On va espérer que non. Je suis tellement perdue dans mes pensées pendant un moment que je ne remarque pas justement les portes qui s'ouvrent pour laisser place au jeune homme que je venais justement voir. Ce n'est que lorsqu'il s'avance vers moi que je me rends compte de sa présence. Et je crois que je l'ai tellement attendu qu'il me faut quelques secondes pour que l'information atteigne sa destination.

Il a l'air surpris de me voir, en même temps le contraire m'aurait étonné. À son bonjour, je ressens tout de suite qu'il se demande pourquoi je suis là. "Bonjour", lui dis-je dans un premier temps. "Je me demandais si tu allais sortir un jour de ta grotte." Je tente une petite note d'humour avec un sourire, oui. J'essaie de détendre l'atmosphère, de briser la glace, on fait ce qu'on peut. On a passé une nuit ensemble, plutôt chaude, mais aujourd'hui on était dans un contexte bien différent. "Est-ce que tu as cinq minutes, pour qu'on puisse discuter tous les deux ?" finis-je par lui demander, avant que l'on prenne racine l'un comme l'autre.


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Tu n'aurais jamais pensé retomber sur elle après quelque temps, c'était un peu le principe d'une relation d'une nuit comme tu le faisais depuis quelques années déjà... Enfin pas tant que ça non plus. Tu avais compris que les relations amoureuses ne pourraient peut-être pas tenir avec ta différence et tu étais bien trop concentré à te mettre de l'argent sur le côté pour avoir ton propre restaurant dans quelques années, pour te caser avec quelqu'un. Alors, quand elle était en face de toi, après que ta grand-mère a fini par te dire qu'elle trouvait son comportement bizarre, tu ne savais pas sur quel pied danser. Tu frottais tes mains sur ton pantalon pendant un instant avant qu'elle ne se fasse entendre avec cette voix que tu avais malgré tout entendue durant une soirée, après avoir gardé tes appareils alors que tu étais le premier à les enlever parfois. « Je devais tenir mon service, puis je n'ai pas mes appareils sur les oreilles la plupart du temps quand je suis en cuisine, donc je n'ai pas remarqué que tu étais là... », enfin, tu aurais pu le faire si tu avais passé le bout de ton nez à l'extérieur de tes cuisines juste pour respirer, mais tu ne l'avais pas fait cette fois-ci... Comme si ton instinct t'avait dit qu'il y aurait un problème.

Tu ne savais plus trop quoi faire alors que tu jetais un regard rapide vers ta grand-mère qui te faisait signe de rester avec la jeune femme et qui te disait au loin qu'elle n'avait pas trop de travail donc que tu pouvais rester quelques instants avec elle... Surtout quand elle voulait te parler pendant quelques minutes. Qu'est-ce qu'elle voulait te dire ? Tu ne pouvais pas cacher tes sourcils qui venaient se froncer durant un instant avant que tu recules la chaise et que tu te mettes en face d'elle pour cette fameuse discussion. « Vas-y, je t'écoute. J'ai quelques minutes avant un possible autre client. », tu n'en savais trop rien, mais tu voulais qu'elle te dise clairement pourquoi elle était là. Ce n'était pas tous les jours que quelqu'un venait dans ton restaurant pour te parler, en sachant qu'elle n'avait pas toutes les informations qu'elle aurait dû avoir pendant cette soirée pour te retrouver. Donc, elle avait cherché à te retrouver et il fallait une très bonne raison pour qu'elle le fasse. Tu pouvais t'imaginer tous les scénarios possibles et imaginables dans cette situation, elle était alors maitresse de la conversation et de la suite de ce moment. Toi, tu ne pouvais qu'attendre la délivrance de la raison de sa venue, en espérant qu'elle ne t'annonce pas la pire des nouvelles.

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outfit -- Il est finalement là devant moi. Bon, je penche plus pour un coup de pouce de la dame qui me regardait bizarrement que du destin, mais passons. Le pourquoi du comment l'a fait sortir de son trou m'importe peu royalement ; ce qui compte, c'est qu'il soit là maintenant. Je sais qu'il doit se poser mille et une questions quant à ma venue en cette soirée. Je le comprends, j'aurais sûrement été pareil à sa place. Je doute qu'il se dise que je suis uniquement venue pour ses beaux yeux... Quoi que, ça aurait pu être le cas, en réalité. Je mentirais si je disais qu'il ne me plaisait pas ; je n'aurais tout simplement jamais eu cette aventure d'une nuit avec lui si ça n'avait pas été le cas... Bon, okay, des fois quand on est un peu trop bourré, il peut y avoir des accidents. Mais ce n'était pas ce qui s'était passé avec Sunwoo, au contraire, j'étais plus que lucide lorsqu'il s'est passé ce qui nous a menés à ce que je sois là aujourd'hui.

Il s'assit face à moi, me signalant qu'il avait un peu de temps à me consacrer, mais je me rendais bien compte que malgré ça, son temps était compté. À n'importe quel moment, il serait appelé pour retourner travailler si un client arrivait... Je devais donc être directe et concise dans mes paroles. Mais... J'avoue que ce n'était pas évident à dire, bien plus complexe que je ne l'aurais cru au premier abord. C'est fou comment les choses se passent plus facilement dans ma tête que dans la réalité. Il me faut quand même quelques secondes pour réfléchir à comment les mots vont sortir. Je joue inconsciemment avec mes doigts, sûrement pour rassembler un peu mes pensées, avant d'en avoir marre de réfléchir de la sorte. "Bon... Je ne vais pas tourner autour du pot pendant dix ans," finis-je par dire, au final plus pour moi que pour lui. Mes mains finissent par arrêter de jouer entre elles avant de se poser simplement à plat sur la table. "Sunwoo, je suis enceinte." Ouuh, ça fait du bien de le dire. Je me sens libérée d'un poids soudainement. Je décide d'enchaîner rapidement histoire d'éviter les banalités d'usage qui pourraient venir polluer cette conversation. "Avant que tu ne me poses la question, oui, c'est toi le père, et oui, j'en suis sûre." Voilà, comme ça, c'est dit... Bon, je sais que ça va être un peu compliqué à avaler pour lui. Je prends la carafe d'eau et j'en remplis un verre que je pousse un peu devant lui, au cas où ça pourrait l'aider à faire passer la nouvelle.


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Tu aurais pensé à tout avant que cette situation n'arrive vraiment dans ta vie. Tu n'avais jamais pensé que tu aurais une vie de famille comme tes grands-parents avec toi, tu n'avais pas eu le cœur à y penser et à l'imaginer pour ton futur quand tu voyais ce que tes géniteurs avaient fait de toi. Puis, tu n'étais peut-être pas le meilleur des pères au vu de ton manque d'empathie par moment ou tout simplement ton handicap. Mais c'était bien la dernière chose que tu avais en tête quand elle était arrivée, enfin plutôt quand elle était apparue dans ton champ de vision après que ta grand-mère t'est parlée d'elle. Tu pouvais te rappeler la soirée que tu avais passé avec elle, mais pas à 100% non plus à cause de l'alcool que tu avais pris pour essayer d'enlever ton côté trop réservé qui pouvait t'empêcher d'en profiter. Tu réfléchissais beaucoup trop à ton âge, peut-être encore des restes de tout ce que tu avais pris en tête pendant que tu vivais à La Haye. Tu n'avais que 22 ans, Sunwoo, tu ne devais pas t'imaginer les choses qui allaient changer dans ta vie présentement.

Elle n'avait pas l'air à 100% sûre d'elle quand tu venais à t'asseoir devant elle à cette table, mais elle venait à te surprendre quand elle posait les mains d'un seul coup contre la table sous tes yeux après t'avoir dit qu'elle ne comptait pas tourner autour du pot. Tu étais de plus en plus perdu dans tes pensées et dans tous les scénarios possibles et imaginables. Mais, alors là, tu n'aurais jamais cru entendre ce qu'elle venait à te dire. Enceinte ? De toi ? Qu'est-ce que… L'expression de ton visage venait à se décomposer petit à petit quand elle expliquait qu'elle était sûre d'elle et que c'était bien le tien. Bordel, 22 ans ! Tu n'avais jamais réfléchi à ça, tu avais tes plans en tête, celui d'avoir assez d'argent avec Woong pour avoir ton propre restaurant. Tu aurais réfléchi plus tard pour avoir ta propre famille avec quelqu'un après quelques années de relation. Pas lors d'une relation d'une nuit. Tu entendais presque tes géniteurs te dire à quel point ils étaient déçus de ton comportement et de tes responsabilités. « Donc, tu es enceinte de combien de temps exactement ? », tu ne voulais pas te tromper dans les dates, tu voulais être sûr de celle que tu avais en tête. Tu voyais au loin ta grand-mère qui laissait passer une expression du visage inquiète, tu te mettais alors à signer avec tes mains que tout allait bien et qu'elle ne devait pas s'inquiéter. Puis tu reportais ton attention sur Shinae. « Écoute, je ne suis pas pété de tune comme tu peux l'être, la cuisine c'est toute ma vie. Je ne peux pas abandonner mon rêve complément pour un enfant… Mais si tu comptes le garder, je ne serai pas un connard qui te laisse toute seule. », tu ne voulais pas être comme tes parents. Il était hors de question que tu deviennes comme tes parents. Tu laissais échapper un soupir de tes lèvres avant que l'une de tes mains se porte sur ton visage que tu frottes par nervosité. Quand est-ce que tu avais fait la connerie de ne pas mettre de protection quand tu couchais avec quelqu'un ? Enfin... Comme si c'était souvent que tu le faisais.

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outfit -- Évidemment, tomber enceinte ne faisait pas du tout partie de mes plans immédiats. J'avais ouvert depuis peu Olympos avec Seungmin, et je voulais me donner à fond dans ce projet. Autant dire qu'un bébé maintenant... Cela tombait au pire moment. Mais y a-t-il réellement un bon moment ? C'est une question complexe à laquelle je n'avais pas la réponse. Lorsque j'ai commencé à me sentir étrange, à aucun moment je ne m'attendais à ça. Dans un premier temps, je me suis dit que j'étais simplement malade, puis j'ai eu du retard, et là je me suis dit que peut-être... même si une partie de moi refusait encore de voir l'évidence. Puis le test, et la prise de sang pour le confirmer. Plus aucun doute n'était permis à ce moment-là, j'étais bel et bien enceinte. Et au niveau des dates, il n'y avait pas vraiment de doute concernant l'identité du père. Je n'étais pas du genre à coucher à droite et à gauche, même si j'avoue avoir eu des phases. Mais ces derniers temps, il n'y avait eu que Sunwoo. Le reste du temps, j'avais été bien trop occupée, et puis... Nous n'avions pas utilisé de protection cette fois-là, on a été stupides et aujourd'hui je ne pouvais m'en prendre qu'à moi-même de cette situation.

Les mots avaient eu du mal à sortir de ma bouche. Ce n'était pas évident de dire à quelqu'un que sa vie allait être complètement chamboulée du jour au lendemain. Bien sûr, encore faudrait-il qu'il veuille s'impliquer dans cette histoire. Je lui laissais cette chance. Je trouvais ça beaucoup plus correct d'agir ainsi. Cela me ferait mal au cœur que mon enfant grandisse sans père, en pensant dès le début de sa vie qu'il n'était pas assez aimé, même si je serais bien capable de l'aimer pour deux. "D'un mois environ," répondis-je simplement, espérant ne pas avoir un entraînement dans un débat alors que j'avais essayé de mettre les pendules à l'heure dès le départ pour l'éviter.

J'écoute les paroles de Sunwoo, et j'avoue que je tique un peu. Je m'adosse au siège, croisant les bras devant moi, un peu excédée par ce que j'entends. Je devrais peut-être être compréhensive sur sa façon de me déballer les choses, mais j'avoue avoir un peu de mal là, tout de suite. "Comme tu le dis si bien, c'est vrai, je suis pété de tunes. Je pourrais très bien assumer cet enfant toute seule. Je ne te demande pas d'argent, je ne te demande pas non plus de renoncer à quoi que ce soit !" Je ferme les yeux quelques secondes et respire, pour essayer de me calmer. Je ne veux pas m'énerver, je sais que j'ai parfois tendance à rapidement monter dans les tours pour pas grand-chose, mais j'ai l'impression que depuis peu c'est pire. Mais là, il est vital que les choses se passent au mieux, pour le bébé. Instinctivement, je viens poser une main sur mon ventre, et je réussis à reprendre la maîtrise de moi-même. "Tout ce que je veux... C'est que cet enfant ait un père. Je ne veux pas qu'il se sente rejeté ou abandonné."


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Tu aurais dû faire attention lors de cette soirée, mais si tu n'avais pas bu, que tu avais fait les choses de manière sérieuse avec la jeune femme, tu ne l'aurais pas mise dans cette situation. Parce qu'elle n'était pas la fautive dans l'histoire, tu étais celui qui aurait dû réfléchir un peu plus et mettre une protection correctement pour ne pas vous retrouver dans cette situation. Tu aurais presque l'impression que tes oreilles allaient se mettre à siffler à cause de toutes les réflexions que tu étais en train de te faire pour trouver un juste milieu dans la situation dans laquelle tu te trouvais maintenant. Quand elle venait à te dire le temps, tu avais compris que tes calculs étaient bons, que tu l'avais vu il y a un mois, que tu avais fini dans ses bras il y a un mois, que tu avais apprécié passer le moment avec elle parce qu'elle n'avait pas pointé du doigt tes appareils sur tes oreilles. Au moins, peut-être que cet enfant avait pensé que c'était une bonne idée de pointer le bout de son nez quand les choses avaient été bonnes pour les deux. « Un mois... Donc ça dirait... Juillet pour ton terme ? Juillet... », tu aurais au moins 23 ans quand ton enfant sera né, ça te laissait quand même du temps pour te préparer à quelque chose que tu n'avais probablement jamais prévu dans ta propre vie avec tout ce qu'il t'était arrivé depuis des années.

Tu aurais sûrement dû réfléchir avant de dire ce que tu avais dit, mais tu ne pouvais pas te retenir non plus de dire ce que tu pouvais penser au fond de toi. Si elle était là, elle voulait quelque chose non ? Tu la regardais avant de reprendre un verre d'eau pour le boire calmement, surtout pour stopper les paroles qui pouvaient sortir de tes lèvres sans que tu penses à y réfléchir avant. Tu la regardais faire, dans tous les mouvements qu'elle pouvait faire, notamment celui qu'elle faisait sur son ventre. Là où se trouvait ton enfant. Votre enfant. Puis, à ses paroles, tu serrais la main qui n'avait pas le verre instinctivement. Tu ne voulais pas être comme tes propres parents, ceux qui t'avaient abandonné dès que tu avais eu ton accident, car tu n'avais plus les bonnes qualités pour prendre la suite de leur carrière. « Jamais. Jamais j'abandonnerai ce bébé. », tu l'avais peut-être dit d'une manière trop froide, peut-être que ta mâchoire crispée pouvait se voir quand tu prononçais ses quelques paroles. Tu n'avais pas envie de devenir un mini comme eux, pas reprendre le rôle du Blake que tu avais fui comme la peste durant des années. Tu posais ton verre contre le bois avant de la regarder plus franchement dans les yeux. « Financièrement parlant, je ne pourrai pas être le meilleur des pères, pas avant que je réussisse à avoir mon propre restaurant. Mais je serai là pour les autres choses, enfin, j'essaierai de faire autant que je peux avec mon handicap. Sache déjà quelque chose, ce n'est pas génétique, le petit ou la petite ne pourra pas avoir des chances d'être sourd. », tu savais que ça pouvait être une question mise sur la table, surtout quand elle avait vu les appareils la première fois et que tu avais été franc dès le départ pour l'éloigner si cela allait la gêner. Mais, toi, tu ne savais pas si ça allait le faire d'être père et d'être sourd malgré tes appareils. Tu les enlevais souvent pour être tranquille, tu n'aimais pas trop les avoir parce que tu finissais par avoir mal. Tu allais de nouveau lui parler avant que ton visage ne se tourne vers la porte qui venait de s'ouvrir sur ton grand-père et quelques sacs qu'il avait dans ses mains. « J'arrive tout de suite, si tu as besoin de quelque chose, commande-le, je le mettrai sur mon compte. », tu te levais alors pour aller aider ton grand-père, signant à ta grand-mère que tout allait bien.

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outfit -- J'avoue avoir mis plusieurs jours avant de réaliser réellement les choses. J'avais tous les résultats, ils étaient devant moi, mais j'étais restée bloquée. C'était comme si mon cerveau n'avait pas été capable d'encaisser l'information. Avoir un enfant est quelque chose à quoi je n'avais jamais réfléchi. Je ne m'étais jamais demandé si j'en voulais ou pas. Je suppose que oui, plus tard, lorsque je serais posée, mariée, dans un contexte familial stable, enfin le truc basique que tout le monde fait... Je suppose que c'est comme ça que j'aurais envisagé les choses si on m'avait posé la question... Mais le fait est qu'on ne l'avait pas fait, et que je m'étais retrouvée enceinte du jour au lendemain sans crier gare. Mais j'avais fini par accepter. Après tout, si ce bébé était arrivé là, c'était peut-être un signe du destin. De toute façon, avorter n'était pas une option que j'arrivais ne serait-ce qu'à envisager. Ma vie était stable, j'étais très à l'aise financièrement, j'avais largement de quoi prendre soin de cet enfant d'un point de vue matériel. C'était plutôt le contexte familial qui allait poser problème.

Effectivement, juillet était le terme de cette grossesse inattendue. Je trouvais ça si loin et en même temps si près, je suppose que ce point de vue évoluerait au fur et à mesure que les mois passeraient. En tout cas, il n'avait pas l'air de mal réagir. Je m'étais attendue à toutes les réactions possibles et imaginables, même si une partie de moi avait préféré privilégier les scénarios négatifs aux positifs, histoire d'être préparée à toute éventualité sur ses réactions, paroles, actes... Mais se retrouver face à la réalité était bien différent que de s'imaginer les scénarios en long en large et en travers. Je me trouvais être plus susceptible que je ne l'aurais cru, ayant mal pris ses paroles précédentes, et lui faisant bien comprendre. Après, je savais bien que je ne pouvais pas l'empêcher de s'inquiéter, d'avoir peur, c'était un chamboulement conséquent qui se profilait pour nous deux. Mais comme dit, je ne venais pas pour son argent ou quoi que ce soit dans son style. Je venais simplement pour son affection, pour qu'il joue son rôle de père tout simplement.

Je fus rassurée alors qu'il me certifiait qu'il n'abandonnerait jamais ce bébé. Je ne me formalisais pas du ton un peu froid qu'il employait. J'avais presque pu avoir l'impression d'avoir insinué une autre chose qui le blessait. Mais j'étais obligée de le faire. Je devais être sûre de son implication, sûre de ce qu'il voulait faire, il était hors de question que je reste dans le flou, les choses étaient bien trop importantes pour ça. Ses yeux s'ancrent dans les miens, et j'écoute attentivement ce qu'il avait à me dire. "Je suis sûr que tu pourras faire plein de choses, malgré ton handicap. Ce n'est qu'un détail, tu pourras très bien t'occuper de ce bébé malgré tout." Je ne m'étais jamais inquiétée là-dessus. Je savais qu'il avait un souci, mais il y a bien des personnes sourdes et muettes qui ont des enfants et pour qui ça se passe très bien. Un certain instinct se mettra en place une fois que le bébé sera là. Mais je comprenais que ce soit un point d'inquiétude. "Merci de me le préciser, c'était important que je le sache pour mon rendez-vous chez le médecin." Je ne m'étais pas non plus encore stressée sur ses problèmes là, les maladies génétiques ou autres, mais je savais que c'était un point qui devrait m'inquiéter, et surtout des questions que le médecin allait me poser lors de mon rendez-vous et qu'il était bien mieux que je sache exactement quoi lui répondre.

Finalement, je le regarde partir, alors qu'une personne entre, un homme âgé. Il partait l'aider et je ne rajoutais rien. J'étais nouée par cette discussion. Ça devait me toucher plus que je ne le croyais. J'essayais d'être forte, de prendre sur moi, mais ce n'était pas une situation évidente. Je soupire légèrement alors qu'il s'éloigne. Je me masse les tempes un instant. Je devrais m'estimer heureuse, la conversation ne se passait pas trop mal. La vieille dame qui me regardait étrangement auparavant semblait maintenant me regarder de façon plus normale et gentille. Je lui rends son sourire alors qu'elle vient déposer quelque chose à grignoter face à moi. Je la remercie, mais me sens presque instantanément mal. Malheureusement, depuis quelques jours parfois, j'étais prise de violentes nausées. La vue de certains aliments ou même juste l'odeur d'autres ne me réussissait pas du tout. Je prends sur moi, histoire de ne pas froisser cette pauvre dame qui voulait gentiment m'apporter quelque chose, mais alors qu'elle disparaît derrière les portes, je me lève rapidement de là où j'étais assise depuis déjà un moment, et me dirige en courant jusqu'aux toilettes du restaurant. J'avais lu que ce genre de symptômes apparaissaient plus tardivement, mais il y avait des cas où c'était très précoce, et bien entendu, il avait fallu que je fasse partie de cette tranche-là, ça aurait été trop simple sinon...


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Tu ne savais plus quoi penser à présent. Ton avenir se tournait surtout vers le restaurant que tu allais ouvrir avec ton meilleur ami, peut-être le voir lui se marier et avoir des enfants de son côté, juste en admirant dans ton coin parce que tu ne faisais que de fuir la réalité de ton côté. Maintenant, en plus de ton avenir, tu devais penser à celui d'un enfant qui n'était pas encore là, mais qui allait arriver bientôt. Comme elle te l'avait fait comprendre, elle pouvait s'en occuper financièrement et sur le coup, tu étais heureux d'entendre cela. Tu n'aurais jamais pu faire quelque chose de bien, sauf si tu demandais de l'aide à tes géniteurs, sauf qu'il en était hors de question. Tes grands-parents avaient déjà sacrifié tellement de choses pour toi que tu ne leur aurais rien demandé non plus. Tu te posais déjà beaucoup trop de questions et tu te faisais déjà trop de plans en tête que ça pouvait te faire mal à la tête. Puis Shinae... Parce que même si tu avais passé une seule nuit à ses côtés, tu avais retenu le prénom de la mère de ton enfant. Est-ce qu'elle allait bien finalement ? Tu devrais lui demander, mais les choses n'arrivaient pas à sortir de ta bouche parce que tu étais complètement perdu et chamboulé de cette nouvelle.

Quand elle venait à te rassurer sur ton handicap, tu ne voulais pas prendre trop d'espoir sur ce point-là. En étant sourd, en continuant à être cet homme qui ne veut pas toujours porter des appareils, est-ce que le petit ou la petite n'allait pas se sentir absolument ignoré par ta propre personne ? Tu te pinçais les lèvres, toi qui n'étais pas du genre à être le plus sociable, mais à le faire parfois pour te sortir de ton monde, voilà que la paternité venait dans tes bras. « Si seulement... », tu n'avais pas envie de penser à tes parents, ceux qui étaient encore à La Haye et qui avaient complètement oublié ton existence depuis que tu avais eu un accident. Tu devais penser maintenant à ce rôle de père que tu feras mieux que celui qui aurait dû être le tien. Le même père que ton grand-père avait été avec toi finalement. À l'annonce de son rendez-vous avec le médecin, tu posais ton regard pendant quelques secondes sur son ventre puis tu revenais à son visage. « Est-ce que tu veux que je t'y accompagne ? Je pense que ça serait peut-être plus facile que je sois là ? Enfin, je ne sais pas, je n'ai pas envie de m'imposer non plus... », toi qui avais toujours cette force de vaincre à ta manière, voilà que tu redevenais un petit garçon qui ne savait plus où se mettre. Heureusement que ton grand-père était venu et que tu avais pris la décision de l'aider. Ou plutôt de fuir Shinae pendant quelques minutes.

Quand ta grand-mère s'approche de toi, tu la regardais durant un instant avant de laisser échapper un soupir et de lui signer que tout allait bien sans en dire plus. Tu continuais à aider ton grand-père à ranger quelques trucs quand ta grand-mère revenait alors d'un seul coup, un peu prise de panique, pour t'expliquer que la jeune femme avec qui tu étais n'avait pas l'air bien et qu'elle était partie aux toilettes d'un seul coup. Tu devrais peut-être demander à ta grand-mère tout ce qu'elle pouvait savoir sur les grossesses afin que tu aides la jeune femme au mieux. En attendant, tu t'étais excusé auprès de ton grand-père pour aller aider Shinae. Tu grimaçais en entendant ce qui était alors des nausées et des vomissements. Tu vérifiais quand même qu'il n'y avait pas d'autres clients avant d'entrer dans les toilettes et de tenir les cheveux de la jeune femme en l'air. Tu lui frottais le dos au passage pour essayer de la soulager, mais tu ne savais pas quoi faire d'autre, ni même dire quelque chose en particulier. Cette situation était en train de te dépasser et tu te devais d'apprendre rapidement pour qu'elle ne soit pas toute seule dans cette épreuve à laquelle tu avais clairement participé.
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