Les yeux d'Elizaveta se posent partout et nul part à la fois, un éclat brillant à l'intérieur de ses pupilles alors qu'elle ne retient pas le sourire naissant sur son visage. C'était un peu une décision sur un coup de tête, une façon de marquer le coup avec Oksana et cette envie, ce besoin dans un sens de revenir ici. Ses parents avaient été prévenus, bien entendu, de l'arrivée prochaine des filles en Russie, ils étaient impatients de recevoir une visite de leur fille et de son amie quand elles passeront les voir mais en attendant, les demoiselles s'étaient arrêtées à l'hôtel pour poser leurs valises, deux jours où elles seront en ville avant d'aller rendre visite aux parents de Veta là où ils vivaient eux. La jeune femme étira ses bras au dessus de sa tête, comme pour chasser la fatigue de son corps après le vol et le trajet jusqu'à l'hôtel avant de se tourner vers Sana. « J'ai tellement hâte de les voir, je suis excitée comme une puce ! » La blonde avait un peu l'impression de retomber en enfance, même si les souvenirs n'étaient pas tous heureux pour elle, tous ceux avec ses parents l'étaient eux. « Tu voudras aller manger dans un restaurant particulier ce soir ? » Saint-Pétersbourg regorgeait de coins où se promener et manger, malgré le froid hivernal, heureusement elle avait les couches de vêtements pour aller avec la température sinon clairement elle finirait en glaçon avant la fin de leur séjour.

La Russie… Sur les papiers, Oksana a la nationalité sud-coréenne, troisième génération d’une famille expatriée à Séoul. Pourtant, elle reste attachée à son pays d’origine. Ses grands-parents et ses parents lui ont beaucoup parlé de Moscou, Vladivostok, Saint-Pétersbourg, les villes où ils sont nés. Elle y est bien évidemment déjà allée. Sa famille a toujours tenu à lui faire découvrir ses origines. Puis, malgré une installation durable en Corée du sud, elle a plus souvent parlé russe que coréen avec ses parents et ses grands-parents. Une partie de son coeur reste toujours en Russie quand elle rentre après un séjour là-bas. Aujourd’hui, elle y retourne, avec une amie cette fois : Veta. Leur rencontre semble presque destinée tant ont de points communs. Même si Elizaveta connaît mieux la Russie qu’Oksana. Elle pourra être sa guide touristique ! Un beau séjour en perspective.

- Je comprends ton impatience ! Tu ne les as pas vu depuis quand ?

Oksana voit ses parents régulièrement, même maintenant qu’elle a son propre appartement. Déjà, parce qu’elle passe tout son temps aux écuries tenues par sa mère, mais elle leur rend aussi visite plusieurs fois par semaine. Facile quand on habite dans la même ville, de même pour ses grands-parents.

- Je ne vais pas faire dans l’originalité, mais je meurs d’envie de remanger des Varenikis et des Pirojkis !

Ce n’est pas comme si elle ne mangeait jamais de plats russes à Séoul. Ses deux grands-mères lui cuisinent à chaque fois ces mets typiques et délicieux, mais quitte à être en Russie, autant en profiter !

- Sinon… Tu crois qu’on pourrait trouver un bon restaurant français dans le coin ? Ça pourrait changer !

Le peuple russe étant friands de la culture français, Oksana est certaine qu’il doit y avoir un restaurant de ce type dans les environs. Les avis sur internet pourraient les aiguiller vers un l’un d’entre eux et les aiderait à choisir le meilleur. Bien manger, c’est encore mieux.

- Si ça te dis évidemment !

Elizaveta avait la sensation de ne pas être venue ici depuis des années et pourtant ce n'était pas le cas, la jeune femme faisait tout son possible pour venir au moins une fois par an, plus si elle en avait les moyens et le temps. Même si elle ne s'était jamais sentie entière en Russie, ça restait le pays où elle avait été élevée, ses parents étaient toujours là, elle revenait au cocon familial avec joie. Et elle avait l'impression de redevenir une gamine haute comme trois pommes quand elle était à la maison. Et quoi de mieux pour retomber en enfance que de partager ce moment privilégié avec une amie ? « Quelques mois, je tente de venir aussi souvent que je peux mais avec les cours c'est compliqué. » Et les sous aussi, elle ne roulait pas non plus dans une piscine de pièces d'or comme Picsou. « Je suis impatiente que tu les rencontres aussi, je leur ai beaucoup parlé de toi. » Elle avait été toute excité à l'époque de sa rencontre avec Oksana de leur raconter s'être fait une amie avec qui elle pouvait parler russe, comme à la maison. Et pour eux, ils savaient que ça signifiait beaucoup qu'elle dise ça. Tournant son visage vers son amie, elle ne peut se retenir de rire à ses mots, effectivement très original quand on pouvait trouver ces plats à quasiment chaque coin de rue ici mais elle comprenait parfaitement l'envie de Sana, elle était pareille. Même si l'autre idée du restaurant français avait son charme aussi. « Hm, j'aime bien les deux, c'est difficile de choisir. » Veta prend son menton entre ses doigts, plissant les yeux avant d'avoir l'illumination. « On peut faire à pile ou face ? Pile, restaurant français et face les spécialités locales ? » Comme ça c'était le choix du destin.

Sana est au comble de l’excitation et du bonheur d’être en Russie avec une de ses meilleures amies. Elles vont bien s’amuser pendant ce séjour, à n’en pas douter.

- Je comprends. Je ne viens pas aussi souvent que je voudrais non plus, même si j’ai la chance d’avoir ma famille en Corée du Sud.

Certains de ses oncles et tantes sont revenus aux sources pour faire leur vie. Oksana a donc aussi des cousins et cousines dans son pays d’origine ou de la famille éloignée, mais à ses yeux le terme « famille » est à prendre au sens large. Elle est proche d’une grande partie de sa famille, même éloignée. Cela va de soi, elle ne les voit pas aussi souvent qu’elle aimerait, mais chaque fois, ce sont de bons moments partagés et des souvenirs qu’elle chérira longtemps.

- Oh, je suis flattée ! rétorque la jeune femme avec un rire. J’ai hâte aussi, j’adore rencontrer la famille de mes amis, c’est toujours amusant.

Ses envies de nourriture sont peu originaux ici. Cependant, en Corée du Sud, ce ne sont pas des mets qu’elle mange souvent. C’était davantage le cas quand elle vivait chez ses parents, ces derniers ou ses grands-parents, lui en cuisinait régulièrement. Maintenant qu’elle a son travail et sa vie à gérer, elle ne rentre pas tous les soirs. Elle a son appartement. Être en Russie lui donne aussi envie de manger local.

- Bonne idée !

Laisser le choix au hasard a quelque chose de fort amusant. Puis, elles restent quelques jours, les deux jeunes femmes pourront toujours aller manger ailleurs une autre fois. Sana s’empresse de prendre son porte-feuille pour sortir une pièce.

- Donc, pile on mange français et face on mange des spécialités locales.

Elle lance la pièce et la fait retomber sur sa main… Les deux choix lui conviennent parfaitement, dans tous les cas, ce sera une chouette soirée avec une amie. Elle est toute de même curieuse…

Réussite : La pièce retombe sur le côté pile, une sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme.

- Ce sera donc restaurant français pour ce soir ! C’est quoi ton plat préféré d’ailleurs ?

« Échec » : La pièce retombe sur le côté pile, une sourire se dessine sur les lèvres de la jeune femme.

- Donc ce soir on mange des spécialités locales, hm, j’ai hâte !