+ Flashback - Juillet 2017 - La saison des compétitions terminée en mars, c’est souvent l’occasion pour les athlètes de souffler, prendre du temps pour voir d’autres paysages. Cependant, c’est aussi une période de préparation importante pour la prochaine saison qui commence vers septembre/octobre. Les nouveaux programmes doivent être créés, assimilés, peaufinés. Il n’est pas rare de voir des patineurs quitter la patinoire où ils s’entraînent à l’année le temps de quelques semaines. Les raisons à cela son nombreuses. Il est toujours plus agréable d’apprendre un nouveau programme directement avec le chorégraphe qui l’a pensé. Alors quand cela est possible, on évite de le faire à distance. C’est arrivé plusieurs fois à Yuma. Sinon, certains patineurs vont profiter du savoir d’autres coachs selon les éléments qu’ils ont besoin de travailler, plutôt les sauts, l’expression artistique, la présence sur la glace… Si la plupart des coachs sont d’anciens patineurs, ils ont tous leur spécialité, si on peut dire ça comme ça, un domaine dans lequel ils sont particulières doués, assez pour transmettre leur savoir-faire à la nouvelle génération. Ainsi, c’est la deuxième fois que Yuma se retrouve à Séoul. L’année passé, il s’est entraîné quelques semaines dans cette même patinoire sud-coréenne. Un séjour enrichissant, bien que court. Il venait principalement pour apprendre un nouveau programme de gala et travailler sur son expression artistique. Il en garde un bon souvenir, suffisamment pour réitéré l’expérience cette année. Le coach qui l’a accueilli l’année passée a accepté que Yuma revienne s’entraîner dans ses rangs pour quelques semaines.

En réalité, il est là depuis une semaine et demie. L’entraînement à commencer dès le lendemain de son arrivée et le rythme a été dur à prendre. Même si Yuma patine pour le Japon, durant l’été 2014, il a quitté son pays natal pour aller s’entraîner au Canada. Alors le décalage horaire avec la Corée du sud le fatigue. Au moins, avant de repartir pour Toronto, il pourra passer au Japon voir ses parents... Cette première semaine a déjà été chargée. Après tout, il n’est pas là pour faire du tourisme, mais pour s’entraîner et Yuma a toujours mis toutes ses tripes quand il s’agit de patinage artistique. Pourtant ce soir, il est bien content d’avoir enfin une soirée libre. L’été dernier, son séjour en Corée du sud a aussi été l’occasion de faire des rencontres, avec ses collègues patineurs évidemment, mais pas que. Tout part d’une situation qui arrive vraisemblablement à toute personne ayant un minimum voyagé dans sa vie. Son premier séjour à Séoul s’est décidé en dernière minute et ses notions de coréen étaient bien maigres, voire inexistantes. Yuma pouvait se reposer sur son niveau d’anglais, mais la Corée du sud n’étant pas un pays anglophone, ça ne l’a pas tiré de toutes les situations… Au moins, grâce à cela il aura rencontré Shin, qui a volé à son secours alors qu’il peinait à commander un café. Ils ont passé de bons moments ensemble entre deux sessions d’entraînements. Shin lui a appris des phrases bien utiles en coréen et il lui a fait visiter les environs. Une amitié s’est naturellement créée entre eux. Ils ont même gardé contact. Alors quand Yuma a su qu’il revenait à Séoul, il allait de soi qu’ils allaient se revoir…

En fin d’après-midi, quand sa session d’entraînement se termine, Yuma prend une douche rapide. Il laisse la plupart de ses affaires de patin dans un casier qu’on lui laisse à la patinoire, comme il va directement rejoindre Shin, ce sera plus pratique. Il a hâte de retrouver son ami. Ils ne se sont pas vus depuis l’année dernière ! Ils sont censés se retrouver près de la rivière Han. Heureusement que Yuma n’a pas un trop mauvais sens de l’orientation, car il part plus tard que prévu et il risque d’être en retard… Il accélère le pas en apercevant Shin au loin.

- Shin ! Il s’exclame avec un sourire. Je suis content de te voir, ça fait longtemps ! Tu vas bien ?

C'est presque comme s'ils ne s'étaient quittés que quelques jours, alors que ça fait un an... Ils ont beaucoup de choses à rattraper !

+ Flashback - Juillet 2017 - Yuma est ravi d’être de retour sur le continent asiatique, d’autant plus qu’après quelques semaines de travail en Corée du Sud, il pourrait brièvement séjourné au Japon et revoir ses parents. Il se plaît beaucoup au Canada, il a des amis, un coach sur lequel il peut compter, un petit-ami qu’il aime énormément… Tout va pour le mieux. Il peut pleinement profiter de l’été. Il essaie de ne pas penser à la saison qui arrive… Une saison olympique, beaucoup de pression. Yuma est le champion en titre dans sa catégorie. Bien sûr qu’il va tout faire pour décrocher une seconde médaille ! Il a l’esprit de compétition et une peur viscérale de l’échec. « L’espoir du Japon », comme aime l’appeler les médias japonais. Pour eux, la victoire est déjà assurée, ils veulent croire en la réussite du champion local. Cela ne part pas d’une mauvaise intention, mais ces gros titres n’arrange rien au stress de Yuma. Il a l’impression qu’en cas de chute, tous les regards seront rivés sur lui, appliqués à le regarder dégringoler. Cet été, il essaie de se changer les idées. Il met beaucoup d’efforts à apprendre ses nouveaux programmes, à les peaufiner. Il passe beaucoup de temps à la patinoire, si bien qu’il se fait parfois mettre à la porte…

Heureusement, Yuma a gardé contact avec quelques personnes à Séoul, dont Shin, qui devenu son ami le plus proche ici. Ils se sont rapidement bien entendu et compris. Le jeune homme aussi s’entraîne tous les jours pour réaliser son rêve. Yuma espère de tout coeur qu’il y parviendra. La prochaine fois qu’il mettra les pieds dans la capitale coréenne, ce sera pour aller le soutenir en concert ! Un sourire sincère étire le coin de ses lèvres lorsqu’il aperçoit Shin quelques mètres plus loin.

- Bien ! J’adore mon nouveau programme, tu pourras me rejoindre à la patinoire la prochaine fois, je te montrerai.

Yuma sait que Shin n’y connaît rien en patinage artistique, mais ça lui fait plaisir de partager sa passion.

- Pour une fois, je ne me ferais pas virer de la patinoire après avoir passé la soirée là-bas, il rétorque avec un petit rire.

C’est un acharné du travail, on ne peut pas dire le contraire. Il faut dire que ses choix de vie l’oblige à faire certains sacrifices. Il doit sans arrêt s’améliorer pour viser la première place du podium. Yuma sait que Shin le comprend sur ce point. Ils n’ont pas les mêmes objectifs, mais les contraintes sont les mêmes… Sans cesse travailler, s’améliorer pour sortir son épingle du jeu.

- Pas du tout ! Je prendrais peut-être quelque chose pour me rafraîchir aussi.

Pas de café, c’est mauvais pour le coeur et Yuma est très à cheval sur sa santé. Son corps doit être en pleine forme, sans lui, il doit abandonner ses rêves…

- C’est chouette d’être de retour. J’ai toujours du mal à comprendre, mais je crois que j’ai fais des progrès, je peux commander à manger ou une boisson maintenant, il conclut en riant, faisant référence à leur rencontre.

Sans ses difficultés en coréen, ils ne se seraient peut-être jamais croisé… Ce qui aurait été dommage.

- Et toi ? Comment ça se passe à l’agence ? Tu as des nouvelles pour un potentiel début ? J’ai hâte de pouvoir venir te voir en concert.

Le patineur lui donner un coup de coude taquin.

- Et avec Jude ? Ce n’est pas trop compliqué ?

Yuma est l’une des rares personnes à être au courant… Il faut dire que les deux amis se sont bien trouvés sur ce sujet également. Le patineur se doit de rester discret sur sa propre relation. L’homosexualité ne fait pas encore l’unanimité et il ne veut pas voir son rêve voler en éclat… Ni celui de son petit-ami, qui est aussi un patineur réputé en Europe, ainsi qu’à l’international.

+ Flashback - Juillet 2017 - Yuma sait bien que la patinage artistique ne fait pas partie des domaines de prédilection de son ami, mais il serait ravi de lui en faire découvrir un peu plus… L’enthousiasme de Shin à chaque fois que Yuma le parle de ses programmes et compétitions, l’encourage à lui proposer de venir le voir de temps en temps. Ils s’encourageant mutuellement. Shin poursuit ses rêves lui aussi, dans un autre domaine, certes. Yuma est de tout coeur avec lui. Un jour, il ira le voir en concert et pourra se venter de le connaître depuis bien plus longtemps. Dans un futur plus lointain, peut-être que Shin pourra chanter en direct pendant un de ses programmes, lors d’un ice-show. Ce serait tellement chouette !

- Il faut que je m’entraîne pour la prochaine saison.

Acharné du travail, Yuma se pose rarement des limites. Son corps est obligé de les lui imposer ou alors, le gardien, son coach, quelconque personne ayant un minimum d’autorité sur lui, le pousse vers la sortie. Il faut dire qu’il se sent si bien sur la glace… Il aime ces sensations, chaque fois qu’il enfile ses patins et qu’il évolue sur cette surface glacée. Il a aussi conscience de la compétition qui règne dans le sport. Yuma est compétitif, il veut être le meilleur. Ce n’est ni de l’arrogance, ni de la prétention. C’est un objectif, rien de plus. Le fait d’être champion Olympique en titre, lui ajoute une pression sur les épaules. Il veut remporter l’or aussi en 2018… Cela fait des décennies qu’aucun patineur artistique n’a réussi à gagner l’or deux fois consécutives dans la catégorie homme. Yuma réalisera cet exploit. Il y croit et il s’entraîne pour. Ses ambition sont grandes… S’il venait à échouer, ce serait un coup dur à encaisser.

- Je ferais toujours semblant pour avoir une excuse pour te voir quand tu seras célèbre et trop occupé, il rétorque en riant.

Sa carrière l’occupe aussi énormément. Yuma voyage aux quatre coins du monde et lors des période de compétitions, tout s’enchaîne. Même en dehors… Sa popularité fait qu’il reçoit énormément de propositions pour des publicités, des shootants photos, des ice-shows… Il a souvent un emploi du temps surchargé. Ce qui lui convient, il ne sait pas se poser, il a besoin d’être actif pour moins réfléchir. Il espère que Shin et lui trouveront toujours du temps pour se voir. S’il a l’occasion d’avoir des promotions au Japon, Yuma essayera de se libérer un moment pour lui faire découvrir son pays en retour. Shin l’a tellement aidé à Séoul… Ses occasions pour apprendre le coréen sont peu nombreuses, car Yuma ne reste que quelques semaines à chaque fois. Comment communique-t-il avec Shin ? Dans un mélange de coréen et d’anglais, c’est parfois assez amusant de les écouter. En sachant que ce ne sont leurs langues premières à aucun des deux. Shin parle chinois et Yuma japonais… Cependant, ils réussissent à se comprendre et même à nouer une amitié. C’est beau, non ?

- Je vais essayer…

Il se débrouille quand Shin n’est pas là, il peut tenter de lui montrer l’étendue de ses progrès !

- Oh, c’est génial ! Tu me tiendras au courant ? Je veux acheter votre lightstick et venir à ton premier concert au Japon !

Réellement enthousiaste pour son ami, il s’y voit déjà. Il fera tout pour être disponible ce jour-là. En espérant que cela ne tombe pas un jour où il sera à l’autre bout du monde… Il se permet ensuite d’évoquer le petit-ami de Shin. C’est un pan de leur vie qu’ils partagent aussi; La relation de Yuma n’est pas plus simple. Son petit-ami est aussi patineur, mais ils ne sont pas toujours dans le même pays… Compliqué pour se voir. L’entendre parler de Jude le fait sourire. Shin tient à lui, ça se voit.

- Je l’ai regardé quand tu me l’as envoyé. J’aime beaucoup la musique ! Et le MV est de grande qualité, c’est top que ça fonctionne aussi bien pour eux. C’est chouette si vous avez toujours l’occasion de vous voir.

Il fronce un peu les sourcils à la question de Shin.

- Bien… La distance, encore et toujours. On ne patine pas pour le même pays, il rentre souvent en Europe. Heureusement, qu’on s’entraîne une partie de l’année au même endroit et qu’on a parfois des compétitions en commun… Sinon, ça se passe bien.

La distance lui pèse un peu, c’est tout.

- Même si parfois c’est un peu difficile d’être en compétition contre lui…

Il soupire. Les deux amis arrivent enfin au café, à Yuma de faire ses preuves ! Il demande à Shin ce qu’il veut prendre et passe commande pour eux deux.

- On va prendre… Un dalgona coffee avec… Glace et… Un américano avec glace aussi… S’il vous plaît. Sur place, il précise.

Son accent japonais transparaît toujours, mais il pense s’en être pas trop mal sorti. La barista semble aussi avoir compris la commande et leur indique qu’elle viendra leur déposer leurs boissons. Ils se dirigent alors vers une table près de la vitrine pour profiter du soleil de l’été.

- Alors, je m’en suis bien sorti ?