« hm, je devrais y arriver, oui... » Ton portable encore dans les mains alors que tu viens d'envoyer ces quelques mots à Théo, tu laisses échapper un soupir. Reste plus qu'à attendre que le jeune homme débarque et te ramène de quoi t'habiller. Et bon sang, qu'est-ce que tu détestes ça, Da Young ! Devoir attendre que l'on vienne à ta rescousse. Dépendre de quelqu'un... C'est vraiment top cinq des pires choses qui pourraient t'arriver. Mais au delà de ça, il y a également ce sentiment de honte que tu ressens maintenant, de te retrouver dans une telle situation. C'est pathétique, vraiment... Heureusement pour toi, tu as toujours eu pour habitude de prendre ton portable quand tu vas nager, le laissant au bord de la piscine avec ta serviette. Dans le cas contraire, tu aurais été coincée ici jusqu'au petit matin, et rien que le fait d'y penser, un léger frisson te traverse. Ou peut-être est-ce à cause de ce petit courant d'air qui vient doucement effleurer ta peau et te rappelle que tu devrais certainement suivre le conseil de Théo à la lettre, en retournant à la flotte pour ne pas attraper froid... Toujours est-il qu'avant de rejoindre la piscine, tu regardes de nouveau dans ton casier – comme si tes vêtements avaient pu y réapparaître comme par magie – et tu le refermes brusquement dans un juron. « Si j'attrape cet.te abruti.e... » Malheureusement, tu ne sauras probablement jamais qui est le ou la personne responsable de tes malheurs. Te faisant donc une raison, tu resserres légèrement ta serviette autour de toi et tu quittes les vestiaires, direction la piscine, dans laquelle tu piques de nouveau une tête, en attendant que Théo arrive...

Malgré ses messages, le jeune homme ne veut pas s’attarder plus longtemps chez lui. Non pas qu’il veuille devenir le prince charmant des temps modernes, le rôle ne lui conviendrait pas… Disons simplement que la situation dans laquelle se trouve Dayoung le perturbe. Il ne comprend pas comment des adultes peuvent s’adonner à de telles idioties. Il se demande qui est le fautif et si cette personne ne veut pas plus de mal à la demoiselle. Il n’aime pas, ne supporte pas l’idée qu’elle se retrouve toute seule là-bas. Il espère que cette histoire reste une blague de mauvais goût, presque sans risque. Ainsi, quand il n’arrive pas à mettre la main sur des vêtements de sa sœur - il n’est pas certain d’avoir ça en stock -, le français finit par abandonner et par piocher dans sa propre armoire. Dayoung ne risque pas de faire un défilé avec cette tenue mais elle sera suffisamment confortable et chaude, le temps de la ramener en sécurité. Mettant les affaires dans un sac avec une paire de chaussons pour les invités, il prend la route. Le jeune homme est plutôt rapide. A son arrivée, Theo jette un coup d'œil autour de lui, vérifiant la présence d’un intrus. La voie semble déserte quand il entre dans l’infrastructure. Il n’y a pas un chat. La séance de la demoiselle a dû s’éterniser. “ Impressionnante. “, chuchote-t-il quand il la voit s’exercer dans le bassin. Il esquisse même un sourire car une part d’elle avait peut-être suivi son conseil. Il se rapproche de la piscine alors qu’il se sent bizarre d’être dans le complexe nautique en étant habillé. Il pose son sac contenant le Saint Graal sur le carrelage et s’accroupit en parlant plus fort, cette fois, provoquant un écho dans le bâtiment. “ J’ai crû entendre le chant d’une sirène. “ Dans ce cas, ça serait à lui de s’échapper ? Oh, lui, il a plutôt la référence dans cette scène dans Pirates de Caraïbes… Il n’a pas forcément envie d’un prêtre mais accepterait volontiers d’être aussi charmant que Sam Claflin. Il attend que la belle le remarque avant de reprendre la parole : “ J’ai croisé personne jusqu’ici. “ Il se demande qui était le plus en panique des deux… Alors, il la rassure ? Les rassure ? Theo ne compte pas s’éterniser, quelque peu gêné… “ Pas trop fatiguée à force de faire des longueurs ? J’ai l’impression que ta rotation en crawl manquait un peu d’énergie. “ Ah, c’est tellement plus simple de le charrier que dire autre chose, pas vrai ?

Pendant que tu multiplies les longueurs dans la piscine - et alors que tu croyais qu'en plus de t'éviter le coup de froid cela te permettrait aussi de te changer un peu les idées – c'est une multitudes de pensées qui viennent se bousculer dans ta tête. Qui a bien pu te faire un coup comme ça ? Et pourquoi ? Parce que t'as bien conscience de ne pas être la personne la plus appréciée du campus, contrairement à ce que tu as pu laissé entendre dans tes sms échangés avec Théo. Mais de là à vouloir te voler tes vêtements, n'est-ce pas un peu exagéré ? Et surtout, n'y a-t-il pas réaction plus mature que celle là pour te montrer qu'on ne t'aime pas ? Après tout, vous avez passé l'âge du lycée.  N'aurait-il pas été préférable de régler cela par la discussion, comme de vrais adultes ? Autant de questions que tu te poses mais qui, certainement, resteront sans réponse, et alors que tu te lances dans une énième longueur, une voix s'élevant dans le complexe sportif finit par te sortir de tes pensées, te forçant par la même occasion à te stopper quand tu la reconnais. « Le chant d'une sirène ? Tu sais qu'en général, c'est pas très bon signe, ça ?! » Affichant un léger sourire, contente d'être bientôt tirée d'affaire, tu nages jusqu'au jeune homme qui est accroupi près du bord, te contentant d'hausser légèrement les épaules quand il te confie n'avoir croisé personne en arrivant. Tu te doutes bien qu'il le fait pour te rassurer. Et ça l'est. C'est rassurant. Mais ce n'est pas ton genre de paniquer. Ou, en tout cas, de le montrer... « Parce que tu t'y connais en crawl, toi ? » que tu finis d'ailleurs par demander, entrant simplement dans son jeu quand tu comprends que le jeune homme essaye de changer de sujet. « Mais dis moi, tu as fait plutôt vite pour quelqu'un qui me menaçait presque de ne pas "réussir à démarrer". J'ai à peine eu le temps de faire trois aller-retour... » Ton sourire s'agrandissant, c'est à ton tour de le charrier, accoudée sur le rebord de la piscine. « Tu t'inquiétais vraiment pour moi, pas vrai ? »