Un son strident qui ne s'arrêtait plus, plongé dans l'obscurité d'une rue que tu connaissais pourtant. La vision troublée, par la fatigue, la douleur ou tout en même temps. Tu ignorais l'état dans lequel tu étais, t'accrochant simplement à ce que tu pouvais. Une seconde, l'autre te plongeant le noir. Les yeux clos, la respiration douloureuse et lourde tu laissais ta main se desserrer. Pour une fois, tu attendrais, allongé au sol, comme laisser pour mort. Tu attendrais qu'une raison vienne te rappeler à la réalité. Une raison qui se faisait sentir dans ta poche, une vibration, rapide. Les gestes lents tu sortais l'appareil en mauvais état pour y lire un nom, un message simple mais qui faisait étirer tes lèvres. Malgré tout ça, son nom résonnait comme une jolie musique. Et si tu lui avais tout dit ? Si tu avais partagé ce poids avec lui, serais tu ici aujourd'hui ? Allongé dans cette ruelle après avoir vu ta vie défilée. Les bleus ne disparaissaient plus, les plaies n'avaient plus le temps de se refermer qu'ils revenaient sans cesse pour de l'argent que tu donnais trop lentement. Un léger rire nerveux te prit. En l'espace de longues minutes tu te relevais, les mains frottant mollement tes vêtements comme pour oublier. Les pas étaient lents, lourds et maladroits. Ce qui t'aurait pris 30 minutes venaient prendre une heure, une agonie pour arriver devant cette porte connue mais jamais réellement poussée pour les bonnes raisons. Il te fallut quelques minutes pour te décider à toquer à sa porte. Ce meilleur ami pour qui tu voulais tout cacher. C'était pourtant le seul à pouvoir t'aider à ce fond que tu venais de toucher. Le visage fermé, marqué par quelques coupures légères, sale de la poussière que tu avais côtoyé sans réellement le voir.  Tes vêtements criaient à l'affrontement, où tu n'avais clairement pas gagné. Mais c'est dans tes yeux qu'il y verra le plus grand changement, aucune étincelle n'y brillant, seul l'humidité reflétait la lumière. " Chan Hee, désolé de te déranger.  " La gorge serrée, tu manquais d'autres mots, tu manquais de vocabulaire, les idées loin d'être claires.

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Les jours avançaient, reculaient – et tous se ressemblaient tout en étant différents. Tu allais et venais entre les cours, le dortoir et l'appartement de ton oncle et ta tante, passant un peu plus de temps chez eux dernièrement. Profitant des week-end pour aller leur rendre visite mais aussi pour étudier tranquillement. Pas que le dortoir ne le soit pas, au contraire, mais tu préférais tout de même la douceur d'un foyer et le réconfort de la famille que la fraîcheur de ta chambre. Tu savais que tu pouvais te concentrer sur tes révisions et rien d'autre. Mais ce soir tu étais resté au dortoir, sans trop savoir pourquoi. La fatigue, sûrement, qui t'avait fait quitter les cours dans un souffle pour rejoindre ta chambre sans trop oser t'aventurer ailleurs. Heureusement, tu ne travaillais pas, tu allais pouvoir te concentrer sur tes devoirs, tes révisions et peut-être dormir. Ou juste te prélasser devant un film – l'idée semblait te motiver plus que le reste. Après une douche bien méritée, une frayeur légère en glissant et quelques « aïe » plus tard te voilà tout beau tout frais assis sur ton lit, lunettes sur le nez et livres ouverts partout devant toi. Concentré tu l'étais jusqu'à ce qu'on vienne toquer à la porte. Tu levas le nez dans un air confus avant d'aller ouvrir. Et le sourire sur ta bouche disparut aussi vite qu'il était apparu, les sourcils se levant dans une frimousse confuse et surprise, les pupilles brillant bien trop rapidement. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? », demandas-tu, perdu, inquiet, en le faisant entrer, refermant sagement la porte derrière lui. « On dirait que tu es passé dans la machine à laver », d'habitude c'était toi. « Assis-toi », tu désignas le lit, poussant un peu tes bouquins avant de te presser pour aller chercher de quoi le soigner. « J'ai du désinfectant qui pique pas exprès et j'ai plein de pansements tu préfères lesquels ? Et j'ai des bandes aussi. Et des compresses. J'ai de la pommade pour les bleus aussi mais celle-là elle est nulle. Celle-là est mieux et en plus elle colle pas aux doigts », tu lui faisais état de toute ta pharmacie. Un stock impressionnant d'ailleurs. « On t'a attaqué ? Volé ? Tu veux que j'appelle la police ? », l'interrogeas-tu rapidement, les mains s'activant pour tout ouvrir, préparer, les prunelles allant et venant entre lui et la crème et les pansements et les bandes. « Tu préfères qu'on aille à l'hôpital ? »

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