Et ces ombres dans ton dos qui surplombaient la tienne ne faisaient qu'avancer à ton rythme, s'arrêtant quand tu ne bougeais plus, accélérant quand tu décidais de presser le pas. Tu pensais pourtant passer inaperçu ; le visage à moitié couvert, tu te faufilais aisément entre les silhouettes. Personne ne prêtait attention à toi – du moins c'était ce que tu avais pensé jusqu'à il y a quelques minutes. Elles t'avaient reconnu. Tu avais entendu ton nom filer entre leurs lèvres à plusieurs reprises, jugeant bon de ne pas te tourner, justifiant ne rien entendre à cause des écouteurs plantés dans tes tympans. Tu n'écoutais pourtant aucune musique. Et tu filais, avançant et encore. Et tu les entendais, te suivre encore et encore. Tu avais fini par t'arrêter pour leur donner l'attention tant voulue. Sauf que cette attention-là vint en attirer une autre encore, puis une autre. Les regards se retrouvaient tournés vers toi, tout le monde cherchant à savoir qui tu étais ou bien te reconnaissant, se pressant pour te voir de plus près. Un groupe vint finalement t'entourer, et tu parvins à t'en extirper en annonçant devoir y aller. Tu te sentais soudainement bien seul. Paniqué, tu pressas le pas, hésitant à appeler Youngjae pour qu'il vienne te chercher. Mais tu ne voulais pas le déranger ni paraître ridicule. Tu ne voulais pas passer pour l'abruti de service – Jaeho et Jaeyoon devaient gérer ce genre de choses aussi et pourtant, tu ne les entendais pas crier à l'aide. Déglutissant, tu pris ton mal en patience, avançant encore et encore, usant de tes longues jambes pour parcourir le plus de distance possible. « Bonjour... », que tu soufflas timidement en entrant dans... t'étais où d'ailleurs ? T'avais passé la première porte que tu avais vue sans trop réfléchir. Essoufflé, tu laissas ton regard traîner. « Un coiffeur ? », tu levas les sourcils, penaud, reprenant ton souffle. « Désolé j'étais juste... enfin je passais et... », tu te décalas quelque peu, jetant un regard vers l'extérieur où le groupe passait. « Désolé », chuchotas-tu encore, les pupilles prenant alors le temps de détailler ce visage face au tien. Un simple « Oh » t'échappa, l'illumination brillant dans le regard alors que tu baissais ton masque, le sourire léger prenant place sur tes lèvres. « Hyunki c'est ça ? »

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Le matin était arrivé sans que tu ne puisses avoir le réel plaisir de fermer longuement les yeux. Et pourtant le sourire sur ton visage se dessinait, les muscles encore endoloris. Quelques massages sommaires pour défaire cette raideur et tu venais à quitter la résidence familiale, dernier havre de paix dans un monde qui vous voulait sûrement du mal. C’était pourtant avec une certaine joie que tu retraçais ce chemin bien connu. Le seul qui ne changeait pas malgré les jours qui défilaient. Celui qui donnait un revenu fixe pour une passion que tu poursuivais. Une fois arrivé, c'est toujours avec vitalité que tu te préparais, la grimace ne déformant ton visage qu’en te prenant un coup là où reposait un bleu encore fraîchement fait. Une de ces parties bien trop nombreuses qui coloraient ton corps avec douleur. Destin que tu oubliais en parlant avec tes clients, les mains perdues dans leurs cheveux. Perdu dans leurs yeux remplis d’admiration et de joie en voyant leur “nouvelle tête”. Certains diront “magiciens” d’autres simplement coiffeurs. Tout était bon à prendre. Bien souvent vous passiez le balais, grondant les dernières mèches qui refusaient de partir avec les autres. Comment osaient-elles ? C’est d’ailleurs durant ta grande bataille avec l’une d’entre elle que tu entendais un nouveau client. “ Bienvenu !  “  Le regard se relevant après quelques secondes tu détaillais l’homme face à toi. Son visage caché donnait cette impression d’interdit, de secret, un sentiment renforcé par ce choix tout à fait hasardeux qu’il avait pris en venant ici. “ On peut peut-être vous aider. “  Que tu tentais quelques pas vers lui, le regard suivant le sien pour y voir un groupe. Un groupe trop important pour être simplement là par hasard. Un million de questions te venaient alors, rapidement stoppé par cette appellation exacte. “ Oh ! Jae Jin  !  “ L’index pointant ton ami, ou plutôt connaissance, tu venais rire doucement. “ Quel hasard !! Tu venais pour une coupe ? Ou alors tu échappais à ce groupe de jeunes femmes.. ahh c’est ça d’être trop désirable. Tststs“ Quand bien même ta main se fermait en poing sur ta hanche, tu n’étais pas le moins sérieux. “ Comment ça va ? “ C’était une drôle de coïncidence, qui te plaisait, tu pouvais le dire.


“ “
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La célébrité s'accompagnait de nombreuses choses et être reconnu et suivi en public en faisait parti. Tu l'avais su. Tu le savais. Tu n'allais pas crier au scandale, c'était agréable d'être reconnu ; de passer d'étudiant inconnu à jeune star, visage récurrent sur les écrans et les magazines. Mais les situations comme celles-ci étaient parfois déroutantes, surtout quand tu te retrouvais seul pour les affronter. « On peut... euh », que tu dis bêtement, clignant des paupières tout en observant la décoration. T'avais pas vraiment besoin d'un coiffeur. Pas maintenant. Tu pouvais pas décider d'une nouvelle coiffure sans en parler à l'agence... encore moins sous cette justification puérile de fuir un groupe de fans. T'allais te retrouver avec les cheveux blonds juste pour échapper à une foule ? Le regard brillant, émerveillé, un sourire vint naître sur tes lèvres alors qu'il se souvenait de ton prénom. Tu hochas la tête, contenté, les pommettes rosies. « Je venais pour... », tu te pointais du doigt avant de pointer le vide puis l'extérieur dans un petit « Oui » coupable, l'esquisse timide. « J'ai fait l'erreur de sortir tout seul », articulas-tu doucement, t'éloignant un peu de la porte, les doigts se tortillant entre eux. « Ca va et toi ? », tu jetas un regard un peu plus sérieux sur le reste de la salle. « Je ne resterai pas longtemps. Juste... », tu bougeas vaguement la main vers l'extérieur. « Désolé si je dérange, j'ai pas vraiment regardé où j'allais », que tu admis dans une petite frimousse boudeuse et désolée. « Tu ne distribues plus de tracts ? », le questionnas-tu alors, intrigué. « J'aimerais bien te confier mes cheveux mais j'ai peur des remontrances de l'agence si je sors d'ici avec les cheveux blonds », vins-tu alors avouer, les joues rougies, le rire léger contre les lèvres.

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