Hana n'était pas vraiment ce qu'on pouvait appeler de bonne humeur, oh non, on pouvait même dire qu'elle fulminait intérieurement. Masque parfaitement porté pour ne rien laisser transparaître, parce qu'elle se devait de garder toujours le sourire, pas une seul mèche qui dépassait de son chignon et tenue parfaitement lissée. Et pourtant... à l'intérieur la demoiselle avait juste envie de hurler à pleins poumons. Oh qu'est-ce qu'elle aimerait pouvoir le faire sans risquer qu'on la regarde bizarrement ! Parce que ce n'était pas ce qu'on attendait d'elle, c'était tout le contraire. La goguryeo était en route pour rentrer aux dortoirs, sachant très bien que ce n'était qu'une fois arrivée là-bas qu'elle pourrait se lâcher pleinement, elle allait retrouver Yeleen et sa meilleure amie aurait les bons mots pour la dérider et lui faire lâcher prise.

Remettant en place la lanière de son sac, elle descendit de la station de métro et fila vers le bâtiment de sa fraternité. Impatiente de pouvoir retirer les épingles de ses cheveux, enfiler de quoi se mettre à l'aise et aller se vautrer sur le lit de Yeleen avant de maudire le monde entier. Une fois montée et changée, elle mit son plan à exécution en allant retrouver son amie, toquant à la porte puis poussant cette dernière. « Tu peux me dire pourquoi tous les hommes sont aussi chiants ? » Magnifique entrée, elle fonça droit sur le lit pour se laisser tomber à plat ventre dessus, enfouissant son visage dans les draps et lâchant un cri étouffé. « Je vais le massacrer. » Phrase qui était destinée à une seule personne. Celui qui arrivait à toucher les bons boutons pour la faire sortir de ses gonds et qui partageait les mêmes gènes que sa meilleure amie. « Si il disparaît avant votre prochaine réunion de famille, tu sauras de qui ça vient, » elle marmonne, visage toujours caché. « Promets-moi que tu vas m'aider à cacher le corps ok ? »

Elle n'avait eu vent d'aucun signe avant-coureur. Hana avait sommé une réunion en sa présence, quelque chose d'intimiste, entre elles deux et pour une obscure raison dont elle n'avait pas eu le loisir de connaître ne serait-ce que le thème.

Devait-elle se vêtir de sombre pour une tragique occasion ? Opter pour de la couleur si festoiement il devait y avoir ? Elle n'avait encore jamais eu l'occasion de porter ce somptueux pendentif que lui avait offert Doryeong et bien qu'il ne lui sembla pas qu'elle aurait à enfiler quelque chose de plus approprié pour sortir ce soir, elle décida de passer à sa nuque, jetant sa longue chevelure d'un côté pour constater avec satisfaction comme le bijou sublimait son port de tête. Il mettait également en valeur ce merveilleux ensemble tissé de lumière et de satin — par tous les saints ! son ineffable beauté était telle qu'elle espérait ni plus ni moins que son amie lui annonce, le pas de la porte à peine franchi, l'heureux évènement de ses très prochaines fiançailles.

"Tu peux me dire pourquoi tous les hommes sont aussi chiants ?"

Fauchés en plein vol, ses rêves déchus s'orientèrent vers une toute autre direction. Hana gisait déjà dramatique, son visage enfoui dans les draps de son pied de lit, rendant la suite de ses propos parfaitement inintelligible. — D'accord, donc on part sur une ambiance all men are trash c'est bien ça ? Quoi que prise au dépourvu, elle saurait à l'évidence s'adapter.

Elle fit mine de noter en fronçant les sourcils avec sérieux, et beaucoup de gravité. — Des envies de crime et d'homicide, mmh this is bad. Ses ongles s'abattaient un à un contre le bois vernis de sa poudreuse, n'ayant guère eu le temps de se lever, puisque l'invitée s'était accueillie d'elle-même, sans laisser de chance à son hôte de se comporter comme telle.

— Ah. Et ce fut cinglant, presque étouffant. Il lui avait suffit d'évoquer ses affaires de famille pour que l'odieux portrait de son cousin ne se dessine dans un recoin sombre et détestable de son esprit. Toi ou un autre, peu m'importe. J'attends ce jour depuis trop longtemps pour être capricieuse sur l'étiquette de la personne qui aura la bonté d'enfin nous débarrasser de lui. Et amusant, qu'aucun nom n'ait été cité mais que les esprits se rencontrent sans difficulté.

— Come on, babe. Vide ton sac ! Elle s'était alors levée, venant s'asseoir à ses côtés pour caresser les mèches de sa longue chevelure brune pour inciter à l'apaisement. Tu es dans ma safe zone et rien de ce que tu diras ne sera retenu contre toi. Ponctua-t-elle d'un malicieux sourire.