A la regarder, Mee Yung semble être le parfait petit ange, l'amie de tous, celle qui ne vous veut aucun mal... Ce n'est pas faux, à condition que vous ne la provoquiez pas - cela va de soit - Attentionnée et câline, cette jeune femme met un point d'honneur à montrer aux personnes qu'elle apprécie qu'elles comptent énormément pour elle. Pour cela, tous les moyens sont bons et, la plupart du temps, elle y va à coups d'étreintes ou d'embrassades. Un vrai bisounours, cette môme. « La famille et les amis avant tout », voilà son créneau. Peu importe dans lequel de ces deux groupes vous vous trouvez, elle vous réservera le même traitement : loyauté, écoute et générosité. Oui, générosité... Parce qu'en plus d'embrasser tout le monde, Mee Yung aime faire des cadeaux, et ce, même quand elle n'en a pas les moyens. De ce fait, elle est obligée de bosser à côté des cours car, malgré le fait que ses parents ne soient pas sur la paille (bien qu'ils ne roulent pas sur l'or non plus), cette idiote est souvent dans le rouge - pour ne pas dire tout le temps - Les dettes, elle les accumule, oui... D'ailleurs, elle pense en avoir une envers l’hôpital qui l'a sauvé, il y a une dizaine d'années. C'est pourquoi, quand elle en a le temps, elle y retourne pour faire un peu de bénévolat. Mais malgré les péripéties qu'elle a du affronter dans sa vie, Mee Yung respire la joie de vivre et ne se sépare jamais de ce sourire que ses proches lui connaissent si bien. Du moins, elle ne le fait pas quand elle est en compagnie de quelqu'un. Quand elle est seule, c'est autre chose... C'est qu'elle est beaucoup plus sensible qu'elle le laisse paraître, cette petite. Mais bon. On ne va pas s’apitoyer sur son sort. De toute façon, elle n'aime pas ça. Ce n'est pas le genre de gosse qui vous racontera ses petits soucis dans le but de se faire plaindre. Oh que non... Elle déteste ça et ne supporte pas les personnes qui le font. Parce que oui... Ce n'est pas parce que mademoiselle est dotée d'une bonne bouille toute mignonne qu'elle apprécie tout le monde. Et elle réserve un traitement bien particulier aux people qu'elle n'aime pas. En effet... Vous voyez, cette jeune femme là-bas, qui arbore un sourire en coin en vous lançant un regard mauvais ? Et bien c'est elle... Manipulatrice cachée, elle est capable des pires crasses si elle juge que vous le méritez. Vaut mieux, donc, la compter parmi vos amis. A part ça, c'est une môme plutôt facile à vivre, sauf quand elle essaye de foutre le feu à votre cuisine. Oui, oui... Vous avez bien lu. Mee Yung aime faire à manger, que ce soit pour son propre plaisir personnel ou pour les autres. Le problème c'est qu'elle est loin d'être un chef cuistot et se laisse très vite déborder par les événements. Faut dire qu'en plus d'être maladroite (sauf quand elle fait de la musique), Mee Yung est aussi facilement distraite. Il suffit que quelque chose attire son attention pour qu'elle en oublie tout le reste. Alors les nouilles qui cuisent sur le feu ont très vite fait de rendre l'âme... A cela peut s'ajouter le fait qu'elle fasse preuve d'une grande témérité et risque-tout par excellence, il n'est pas rare qu'elle se retrouve embarquée dans des situations totalement rocambolesques...

« Madame Im, votre fille a un cancer des os. Je suis désolé. » Une jeune femme, âgée d'à peine 38 ans, venait de s'effondrer en pleure dans les bras de son mari, suite à ses mots. Pourquoi elle ? Pourquoi leur seul et unique enfant ? Pourquoi la vie s'acharnait-elle sur cette petite famille qui ne demandait rien à personne. Cette petite famille qui se contentait de vivre sa vie sans empiéter sur celle des autres ? N'en avaient-ils pas assez supporté jusqu'à maintenant ? N'était-il pas temps que la chance tourne pour eux ? 

Ce fut à partir de ce moment là que ma vie tourna au cauchemar. Voir ma mère rentrer dans la chambre d'hôpital dans laquelle j'étais allongée depuis une bonne trentaine de minutes, maintenant... La voir pleurer toutes les larmes de son corps, sans réussir à articuler un seul mot. Et moi, dans tout ça, qu'est-ce que je faisais ? Je me contentais de la regarder, ne sachant que faire, ne sachant que penser. Pourquoi pleurait-elle ? Je ne le savais même pas. Je n'étais qu'une gamine. Je me doutais bien que quelque chose n'allait pas chez moi. Je savais que j'étais malade. Mais ce n'était pas la première fois que cela arrivait. Alors, pourquoi tout cela me semblait si différent, cette fois-ci ? « Ma chérie, tu es gravement malade. » Ce n'est que lorsque je l'entendis prononcer ces mots que je compris... Et ni ses « Mais ne t'inquiète pas, nous sommes là. Tout va bien se passer. » ou ses « Les docteurs vont bien s'occuper de toi. » ne réussirent à me rassurer. Je n'avais que 12 ans. J'avais toute ma vie devant moi. Et pourtant, j'étais condamnée à subir maint et maint traitements afin de maintenir ma santé, comme si ma fin était toute proche. 

Les traitements... j'en avais bouffé, oui. Surtout cette maudite chimiothérapie. Outre le fait que je n'avais plus aucun cheveu sur le crâne et que je vomissais mes tripes à chaque fois que je me risquais à avaler quelque chose, ce fut ses effets secondaires qui me tiraillèrent le plus. Rêveuse de nature, j'avais pour ambition de devenir une grande athlète. Et je me débrouillais plutôt bien pour une môme. Mais c'était sans compter sur la chimiothérapie, associée à la chirurgie, qui m'affaiblirent considérablement et m'empêchèrent, à ma sortie de l'hôpital, de retrouver toutes mes forces et capacités et, ainsi, de reprendre l'athlétisme à une trop grande intensité. Faible physiquement, je dus finalement abandonner mes rêves de gloire et finis par me tourner vers la musique qui devint alors ma nouvelle passion mais aussi un merveilleux remède pour faire face à tout ce que je devais endurer. Je commençai à prendre des cours de guitare, de piano et, occasionnellement, je m'affairais à l'apprentissage, en totale autonomie, de plusieurs autres instruments moins classiques tels que le Kayagum, l'Odaïko ou le Yueqin. La musique m'apporta énormément et me permit de m'évader, d'oublier ce cauchemar qui me précédait. Qui me précédait, oui... car j'avais définitivement décidé de faire une croix dessus.

En effet, cela fait 9 ans et 4 mois, exactement, que j'ai quitté l'hôpital. Maintenant, j'ai 21 ans (presque 22) et bien que je sois toujours en rémission (celle-ci prenant fin dans 6 mois) et, donc, dans l'obligation de passer quelques examens de temps en temps, afin de m'assurer que tout va bien - comme les médecins aiment si souvent me le rappeler - je me considère moi-même comme guérie... Complètement guérie. Aujourd'hui, ma vie ressemble à celle de n'importe qui. Je vais à l'université, comme la majorité des personnes de mon âge, et je travaille à temps partiel par ci par là afin de me faire un peu d'argent... Ouais, ma vie n'a vraiment rien d'extraordinaire. Une jeune adulte comme les autres. Enfin, si on enlève les quelques souvenirs légèrement morbides de mon enfance...