souris, c'est le remède à tout. souris. × Quelqu'un un jour m'a dit que, tout le monde, même ceux se pensant saint d'esprit, devrait aller tôt ou tard suivre une thérapie. Je n'ai jamais pensé en avoir besoin, puis j'y ai songé, sur un coup de tête et m'y voilà enfin. La porte du cabinet s'ouvre devant moi et un homme d'une quarantaine d'année vient à ma rencontre. Je me lève le sourire aux lèvres et lui serre la main de façon chaleureuse. Il m'invite à entrer et je prend place sur la chaise destinée aux patient. Je me demande encore ce que je peux bien faire là, mais soit, pourquoi pas après tout. Fixant ses lunettes sur son nez, il me scrute un instant sous tous les angles avant de prendre la parole. «  Mademoiselle … Im c'est bien ça ? » Je hoche la tête en signe d'approbation. «  Dite moi donc quel bon vent vous amène dans mon bureau aujourd'hui. » Un faible rire m'échappe et je me demande bien quoi lui servir. Suis-je censée lui dire la vérité ? Autant faire ça de toute façon. «  Enfaite, quelqu'un m'a dit un jour que tout le monde avait besoin, au moins une fois dans sa vie, d'aller suivre une thérapie. Je me suis donc dit que c'était aujourd'hui mon tour. » Je hausse les épaules négligemment. L'homme face à moi s'affale un peu plus dans son siège qui semble beaucoup plus confortable que le mien et je vois un rictus s'esquisser sur sa bouche gercée. Il ajuste ses lunettes avant de lancer. «  Très bien, alors parlez moi de vous. » Je me redresse un peu, posant mes coudes sur son bureau. Ce n'est pas très polis, mais autant se mettre à l'aise. «  Je m'appelle Cheyenne et je viens d'avoir 19 ans, enfin il y'a quelques mois maintenant. » Je m'arrête et le regarde, attendant la question suivante. «  Mais encore ? » je soupire faiblement tout en passant une main dans mes cheveux soyeux. «  J'ai grandie avec mes deux parents ainsi que deux frères. Je suis née au USA, dans un petit bled perdu dans le texas. J'y ai passé peu de temp car lorsque j'avais 4 mois même pas, ma famille est revenue ici, à Seoul. J'ai eu une enfance plutôt normal, j'veux dire, j'ai jamais manqué de rien et j'ai vu du pays. Oui le travail de mon père nécessitait pas mal de déplacement, du coup je peux me venter de connaître l'Amérique du nord comme ma poche, le japon aussi et bien d'autres pays. Y'a pas d’événement qui a spécialement marqué ma vie, encore une fois j'ai eu une enfance basique, mais plutôt bien rempli. » Tandis que je parlais, je le voyais noter des petits mots sur sa feuille, est-ce vraiment nécessaire ? «  Et votre relation avec vos parents ? Et vos frères ? » Un faible sourire s'accroche à mes lèvres. «  Mes frères c'est un peu toute ma vie. Ils m'ont martyrisé lorsque j'étais plus petite. J'étais la dernière et une fille en plus de ça vous imaginez. Mais j'ai toujours eu de très bon rapport que ce soit avec l'un ou l'autre. Je crois qu'actuellement c'est ceux qui me manquent le plus, bien plus que mes parents étrangement. Oui car ils sont retournés aux USA il y'a quelques mois, je suis la seule à être restée pour mes études, pour moi. Ils me protégeaient et je n'avais peur de rien car je savais qu'ils étaient toujours quelque part à me guetter. Je trouvais ça étouffant par le passé, aujourd'hui je les cherche à tous les coins de rues, mais ils ne sont pas là malheureusement. » Je soupire. «  Mon père, il a eut l'image d'un paternel, pas très démonstratif, mais autoritaire. Il me faisait d'ailleurs un peu peur et le son de sa voix suffisait à me faire trembler. Il n'était pas violent, mais appréciait la tranquillité. Souvent je me suis demandé pourquoi il avait eut 3 enfants si c'était pour leur empêcher de s'épanouir convenablement. De toute façon il n'était pas très présent en soit, la figure de l'autorité, c'est l'image qu'il a à mes yeux. Et peut-être un peu le portefeuille ambulant. Distribuer son argent et faire les gros yeux étaient ses spécialités. Mais il reste mon père malgré tout. Quant à ma mère, j'étais sa petite princesse je crois. Son unique fille, on a une relation très fusionnelle toutes les deux. Elle m'a donné l'amour du piano et n'a jamais su me contredire ni même me froisser. J'ai peut-être mon côté princesse à cause d'elle d'ailleurs. Elle allait toujours dans mon sens et j'en ai profité, je le sais. Ca énervait d'ailleurs pas mal les trois autres, mais tant pis. Si maman disait oui alors le reste je m'en fichait. Elle aussi elle me manque énormément. Parfois je l'appel pour simplement entendre le son de sa voix cristalline, pour qu'elle me dise que je lui manque et qu'elle m'aime. » Un sourire triste prend place sur mes lèvres pincées. Oui ils me manquent . « Pourquoi avoir décidé de tout plaquer si vous ressentez  le besoin de leur présence à ce point mademoiselle Im ? » Je m'affale à mon tour dans mon siège, laissant mes ongles taper la mesure sur la table en marbre «  J'étais entrain d’étouffer, j'avais besoin de m'épanouir seule et puis j'étais fatiguée, je suis fatiguée de tous ces déplacement. Même en étant grand, on se déplaçait en famille, même pour quelques jours on partait tous ensemble et c'est devenu lassant. Mon père n'a pas apprécié celle que je devenais. J'avais beau faire de grandes études comme il l'avait toujours espéré, mes sorties trop nombreuses à son gout empiétait sur le reste. Il me prenait pour ce que je n'étais pas, même lui osait dire que je n'étais qu'une trainée. Alors j'ai préféré m'en aller ou du moins les laisser partir. Pourtant vous voyez, aujourd'hui je vie bien, et je m'en sors parfaitement sans eux. Ils ont beau me manquer énormément, je pense qu'ils sont mieux sans moi vous voyez ? J'ai un peu l'impression d'être le boulet de ma famille, mais je ne suis pas comme eux. J'aspire à une vie trépidante qui m'apportera de la surprise. Je ne veux pas d'une existence bien rangée et sans éclats. » Il se redresse enfin et m'offre un sourire bienveillant, me mettant en confiance. «  Alors vivez cheyenne, vous avez tout pour réussir si je vous écoutes, qu'est-ce qui vous bloque » « Je ne sais pas moi-même, je ne sais plus rien et c'est peut-être ça le point noir dans ma vie. Même si j'ai l'air sûre de moi je me pose des questions qui n'ont pas de réponses. Pourtant j'ai toujours Kelea avec moi. Je sais que sans elle ma vie ne serait pas la même mais.. Tout le monde à cette image de moi, une image pas très flatteuse et j'ai peur qu'elle me dépasse. Je ne suis pas cette fille facile que tout le monde pense connaitre. Je voudrais juste qu'ils le comprennent. Je ne suis pas une princesse qui étale sa richesse, je ne suis pas hypocrite et frivole. Parce que certes, j'ai beau en jouer, j'ai le sentiment que cette carapace commence à m'engloutir, et si je me perdait monsieur, ce serait grave ?  »