i think i'm caught between who i am and who i want to be × Je suis née un matin de février, le jour de la dernière neige hivernale. A peine les fins flocons de neige se sont posés sur les vitres de l’hôpital que je montrais le bout de mon nez. Ma mère était femme au foyer à cette époque, elle avait arrêté de travailler peu de temps après son mariage avec mon père pour pouvoir se reposer et tomber enceinte. Papa, lui, travaillait depuis déjà plusieurs années au bureau de poste de la ville. Ma ville natale et celle où j’ai grandi se situe au nord est de la Corée, loin de la plage et de la frontière nord-coréenne qui nous menaçait déjà. Déjà lorsque j’étais un bébé, on disait de moi que j’étais le bon bambin qui ne mourrait pas de faim. Et il fallait avouer que c’était le cas. Ma mère n’avait jamais eu de problème à me faire finir mes biberons et je n’ai jamais été de ces enfants qu’on force à finir son assiette. Lorsque j’étais encore en maternelle, je n’avais aucun problème avec mon poids ni aucun autre aspect de ma vie. J’étais certes enrobée mais ce n’était pas alarmant selon les docteurs. C’est en primaire que ça a dégénéré… L’âge où les enfants commencent à devenir méchants et où ils n’ont aucune pitié. Je restais seule la plupart du temps et ma seule amie avait beau être là pour moi, elle choisissait son camp comme ça l’arrangeait. Les insultes ont fusées, je suis souvent restée seule avant de rentrer chez moi le soir-même en pleurs. Au fil des années, les insultes ont continué... De plus en plus violentes, de plus en plus dévastatrices pour moi. Plus on m'insultait, plus je trouvais du réconfort dans la nourriture. Je ne sortais plus de chez moi, je n'osais plus me montrer ni porter des vêtements de couleurs. J'ai passé mon adolescence à la maison alors que toutes les filles de mon âge sortaient les weekends et passaient de bons moments avec des garçons. Moi, je n'avais rien de tout cela. J'étais juste devenue une jeune femme obèse qui ne trouverait jamais quelqu'un avec qui finir sa vie. Et puis un jour, j'y ai cru. En me rendant à l'université, j'ai parlé avec un jeune homme le long du chemin. Il était gentil, mignon, gentleman même. Il semblait s'intéresser à moi et pour une fois dans ma vie, je me sentais mise en valeur. Nous avons gardé contact et j'ai fini par tomber amoureuse de lui. Je n'ai pas compris ce qu'il m'est arrivé le jour où je l'ai appelé et que je lui ai avoué ressentir quelque chose pour lui, mais sa réponse m'a laissé de marbre. "Ecoute Haera, je t'apprécie beaucoup mais... tu comprends... ça peut pas fonctionner entre nous." "Pourquoi ?" ai-je répondu naïvement. "Eh bien, tu sais... Tu es... obèse." Pour le tact, on repassera. Sa réponse m'a fait l'effet d'une violente claque en pleine figure, je n'ai tellement pas su quoi lui répondre que j'ai finis par lui raccrocher au nez sans la moindre justification. Et je suis partie dans ma cuisine pour jeter toutes les cochonneries qui traînaient dans mes placards. Pendant plus d'un an, j'ai fais attention à moi et à personne d'autre. J'ai commencé à faire attention à ce que je mangeais, à faire du sport, à prendre soin de mon corps et je suis arrivée à moins trente kilos sur la balance. Un chiffre important qui a non seulement fait du bien à mon corps mais aussi à ma tête. J'ai vécu ma vie différemment à partir de ce moment et je me suis rendue compte que toutes ces années, j'avais perdu du temps. Par manque de motivation, par manque d'envie aussi. Mais malheureusement, cette perte de poids ne m'a pas apporté que du bonheur... J'ai été trop naïve pour me laisser charmer par un bel homme qui m'a fait croire à de belles choses avant de me prendre ce que j'avais de plus précieux jusqu'alors. Et puis, même si je suis consciente que mon corps a changé, je ne peux m'empêcher de me voir en tant qu'obèse. Une situation qui ne s'améliore pas assez rapidement à mon avis et qui je l'espère, ne me causera plus de soucis dans les années à venir.