PULL ME IN AND HOLD ME TIGHT × « Non. » Toujours la même réponse, chaque fois que maman demandait à papa s’il voulait me prendre dans ses bras un instant pour qu’elle puisse vaquer à ses occupations. Le nourrisson que j’étais semblait être la pire chose descendue sur Terre, aux yeux de cet homme. N’allez pas croire que je suis né dans une famille où l’amour était une notion inexistante, au contraire. Mes parents s’aiment encore exactement comme à leur première rencontre. Je suis seulement la goutte qui fit déborder le vase, celle qui vint détruire la stabilité et la tranquillité de l’existence de mon paternel. Je n’étais pas prévu. J’étais ce que l’on qualifie d’un « accident », d’une tache au tableau qui aurait facilement pu être effacée si ma mère ne s’était pas opposée à cette idée d’avortement. Papa Baek avait toujours eu de grandes idées, des plans pour sa femme et lui et voilà que le nouveau bambin venait de tout foutre en l’air. Du plus loin que je puisse me souvenir, je l’ai toujours vu comme un homme d’affaire occupé et intouchable, un homme auquel j’osais à peine dire bonjour lorsque je le croisais dans notre propre maison. Un homme inspirant le respect, mais également la peur. Ma mère, quant à elle, ne faisait que suivre ses demandes, docile comme un animal bien dressé. Inutile de dire qu’il trouva le moyen de me mettre à carreau assez rapidement. Me donne tout ce que je voulais fut son moyen de prédilection et ma mère se prit au jeu à son tour, encore plus lorsqu’elle trouva un travail et qu’elle ne pu plus s’occuper de moi à temps plein.

C’est probablement à ce moment que les caprices se firent un peu plus présents. Lorsque je me rendis compte que je n’avais plus l’attention maternelle qui me revenait de droit, lorsque je fus confronté, seul, à la présence imposante de mon paternel. Lorsqu’il m’avoua, quand je fus en âge de pleinement comprendre, que jamais il ne me verrait comme son propre fils, à quel point j’étais une déception pour lui. C’est également à ce moment que j’appris à prendre soin de moi-même et à ne plus compter sur une figure parentale pour le faire à ma place. Je décidai de faire ce que j’avais envie de faire, sans trop penser aux conséquences. Je me fis des amis qui n’étaient pas de bonnes fréquentations, comme tous les jeunes de mon âge, mais qui pouvait bien se soucier de mon sort outre ma propre personne? Je me jetai sur l’occasion pour entrer à l’université en arts du spectacle, principalement parce que je ne savais pas ce que je voulais faire de ma vie. Ça me permit de quitter la maison et de m’installer dans les dortoirs. Et puis, j’ai rapidement eu la piqure pour le théâtre et, par-dessus tout, pour la danse. Cette dernière fut salvatrice, m’offrant un monde de réconfort et d’oubli dans lequel je pouvais me lancer sans y penser plus d’une fois. Agir sans trop penser. Mon motto depuis que j’ai quitté la maison. Je suis jeune, j’ai une vie à vivre et personne ne me dictera dans quelle direction cette dernière doit aller. Je suis libre comme l’air.