All these things that stabbed my back
brought me back into reality × Bizarrement, j’ai toujours été plus proche de mon père que de ma mère. Les liens naturels mère/fille auraient du nous rapprocher, mais nous n’avons jamais vraiment eu quoi que ce soit en commun. Malgré sa bienveillance, je l’ai toujours trouvé trop passive. Elle a toujours été la bonne poire, que ce soit aux yeux de ses amis, ou de la famille. Par exemple, depuis petite, on a plusieurs fois été obligé de déménager aux quatre coins de la Corée du Sud à cause du travail de mon père. Lors de sa première mutation, à mes 3 ans, elle ne s’est jamais opposée à notre départ, et, la tête baissée, n’a pas rechigné à abandonner un boulot bien payé, ses amis et toute sa famille.

Et au contraire, je me suis toujours sentie beaucoup plus proche de mon père, je l’ai toujours pris en exemple. C’est une sorte de modèle pour moi. Déjà petite, je m’amusais à répéter et mimer tout ce qu’il faisait. C’est peut-être pour ça que j’ai longtemps été un garçon manqué. Comment être féminine quand votre principale source d’inspiration est votre père ?  Bref, je l’idéalisais énormément, et c’était la personne de laquelle j’étais le plus proche. En effet, en quinze ans, on a du déménager environ 7 fois  dans tout le pays, et je n’ai jamais vraiment eu le temps de me poser quelque part, de faire de rencontres, de tisser de vrais amitiés. Alors l’informatique était un peu le passe-temps qui me permettait de penser à autre chose. Et je pouvais m’y adonner totalement puisqu’avant notre retour à Seoul, à mes quinze ans, je suivais des cours par correspondance. En effet, à l’âge de 6 ans, on m’a diagnostiqué un QI de 155 et donc ça, couplé aux différents déménagements ont fait que je n’ai plus été vraiment inscrite dans une réelle école.

C’était un rythme de vie auquel je m’étais déjà habitué. Les cours le matin, les séances intensives de geekage l’après-midi, et la soirée avec les parents autour d’un bon petit plat confectionnée par maman. Mais un événement avait changé cette routine. Un peu avant mon quinzième anniversaire, ma grand-mère maternelle est tombée malade. Mon père qui voulait absolument s’en occuper, décida de rentrer à Seoul pour que l’on s’occupe pleinement d’elle, et s’est promis de ne plus bouger tant que la situation ne s’était pas arrangée. C’est ce qui marqua notre retour à Seoul, pour de bon cette fois-ci. Le fait de se poser enfin changea complètement mon rapport à la vie...

Pour la première fois enfin, je pus créer des amitiés vraies et durables, et profiter pleinement de mon adolescence. Le fait d’avoir été « enfermée » -bien que volontairement- pendant tant d’années, et d’ensuite goûter à tous les plaisirs de la vie, m’a mené à pas mal d’excès. Et disons aussi que mes amies les plus proches n’étaient pas des plus fiables. Bref, après des années de tranquilité, j’ai un peu mené la vie dure à mes parents, avec quelques passages par les cases hôpital et commissariat. Mais bizarrement, jamais je n’ai laissé tombé mes études. Disons que j’ai toujours su faire la part des choses entre mes engagements et mes dérapages. Je faisais la m*rde à l’extérieur, mais à la maison je faisais de mon mieux pour ne pas inquiéter mes parents. Je voulais juste rattraper toutes ces années perdues -bien que je l'avoue, ce n'était pas la meilleur façon de le faire. La seule et unique  fois où j’ai dérapé en présence de mes parents, était le jour où ils m'ont annoncé qu’ils avaient décidé d’adopter une fille qui venait d’un foyer. Une nouvelle qui sortait de nulle part. Ma mère ne peut plus procréer, mes parents veulent un enfant, alors ils adoptent une gamine de 16 ans. Bien sûr. La logique de cette affaire pouvait en tuer plus d’un. Bref, l'angoisse et les caprices des premiers mois passés j'ai fini par m'habituer à la situation et aimer Bo Ja comme ma soeur de sang. Aujourd'hui, presque 5 ans après, je n’imagine pas ma vie à Yonsei, ma maison, sans elle.