“ Once upon a time : « Kovu, viens ici s'il te plaît. » La voix de la directrice de l'orphelinat se fait soudainement entendre alors que toutes les têtes se tournent vers le jeune garçon aux cheveux blonds. Se mordillant la lèvre inférieure, l'enfant âgé de quatre ans se lève doucement, reposant son crayon de couleur bleu sur le sol froid de l'orphelinat. Il opine et croise les bras en la suivant le long des couloirs sans fin du bâtiment dans lequel il vit depuis sa naissance. Il fixe ses pieds, incapable de dire un mot. Va-t-il encore être puni ? Qu'a-t-il fait cette fois ? Il a pourtant promis de ne plus faire de bêtises. Il a arrêté de griffer Noa. Il a même arrêté de voler des biscuits dans la cuisine. Alors … Qu'est-ce que l'on va lui reprocher cette fois ? La porte du bureau de la directrice s'ouvre doucement et il écarquille les yeux en voyant les deux adultes qui étaient venus passer quelques heures avec lui et les autres enfants il y a quelques semaines. « Je te présente ta nouvelle famille, Kovu, Monsieur et Madame Han. » Ses joues s'empourprent jusqu'à ses oreilles alors que la jeune femme le prend dans ses bras, l'enlaçant avec une douceur qu'il n'avait encore jamais connu. Ils sont asiatiques, mais peu lui importe. « B-bonjour ... » Balbutie-t-il, totalement choqué. Alors, ça y est ? Il va enfin avoir un maman et une papa ? Il va enfin être comme tout le monde ? Un large sourire étire ses lèvres quand il les voit signer les derniers papiers de l'adoption. Il n'est pas bête, Kovu. Il a compris. Et lorsqu'on lui demande d'aller chercher ses affaires, le garçon fronce le nez. « J'rien à moi. » Qu'il dit en haussant des épaules avant de pointer ses vêtements. « Sauf ça. » Oui. Son vieux jean et son gros pull bordeaux miteux qu'il ne veut jamais enlever, sauf lorsqu'il faut le laver. Sa nouvelle mère le regarde, dubitative. Elle ne parle pas russe, mais elle a compris ce qu'il désirait lui dire. Kovu souffle doucement et se laisse porter par son nouveau père. Il le dévisage, clignant plusieurs fois des paupières pour retenir chaque trait du visage de ce dernier. « Nous avons une fille, Kovu. Alors, ce sera ta soeur, tu comprends ? » Lui dit le jeune homme d'une voix tendre en souriant. Kovu opine, les yeux écarquillés, choqué par le fait que l'homme puisse parler la même langue que lui. Il sourit naïvement, heureux et une fois dans la voiture, il regarde le  paysage défiler avant de finalement s'endormir, bercé par la sensation de bien-être l'ayant envahi quelques temps plus tôt.

Sursautant en entendant l'orage, Kovu se lève de son lit pour filer dans la chambre de sa sœur à toute vitesse. Il ne prend même pas le temps de lui indiquer sa venue qu'il se faufile sous la couette de cette dernière pour se blottir contre elle. Du haut de ses cinq ans, les éclairs et les orages sont ses deux plus grandes peurs. Poussant un couinement en entendant un énorme grondement, Kovu se met à trembler de plus en plus contre la fillette bien trop endormi pour dire quoi que ce soit. Elle se contente donc de l'enlacer en soupirant longuement, blasée. C'est toujours Kovu le peureux dans l'histoire. Elle, elle n'a peur de rien. Sauf des insectes. Et dans ce genre de moments, elle laisse son frère gérer le problème. « J'te jure, Ha Na, ils vont casser le haut et on va mourir ! » Qu'il lui murmure à l'oreille avant de blottir son visage contre le cou de sa grande soeur. Cette dernière lève les yeux au ciel en se redressant et le force à prendre la place contre le mur. Désormais réveillée, la jolie petite fille s'empresse de mettre une pichenette sur le bout du nez de son frère en grognant. « T'es chiaaant. J'dormais, moi ! » Qu'elle chuchote pour ne pas que leurs parents se réveillent. Ils savent très bien comment ils sont dans ce genre de moments et Kovu ne veut en aucun cas être privé de dessins animés. Oh ça non ! Il aime beaucoup trop Bob l'Éponge pour s'en passer plus d'une journée ! Pourtant, il y arrive très bien lorsqu'il est puni, mais ça, il se garde bien de le dire à voix haute, voyez-vous. Alors, il ferme les yeux tout en agrippant le haut de sa sœur, finissant par s'endormir grâce à sa présence. Il oublie alors les orages, dormant paisiblement contre la fillette née deux années avant lui.

Kovu rentre en vitesse dans la maison sans dire bonjour à ses deux parents, s'empressant de monter les escaliers pour s'enfermer dans sa chambre. Une fois à l'abri des regards, le jeune homme ouvre son sac à dos pour en sortir une grenouille. Souriant bêtement, il lui souhaite alors la bienvenue à la maison avant d'aller remplir un gros seau d'eau pour la laisser patauger un peu. Il passe ainsi quelques jours à protéger sa petite clandestine avant d'entendre sa sœur hurler dans toute la maison. Écarquillant soudainement les yeux alors qu'il jouait au football dans le jardin, le garçon âgé de huit ans s'empresse de monter les escaliers avant de se jeter au sol pour éviter que sa mère n'écrase son nouvel ami. « NOOOOOON ! Fais pas de mal à Olly ! Elle est très gentille ! Et je l'ai sauvé ! » Hurle-t-il, totalement paniqué. Il recule doucement grâce à l'aide de ses pieds avant de remettre la grenouille dans l'eau, inquiet. Il lui demande alors si elle va bien en caressant sa peau visqueuse du bout des doigts. La rouquine lui servant de mère adoptive se penche pour lui embrasse le front. « Mon chéri … Tu sais très bien qu'on ne veut pas d'animaux à la maison. Tu nous as déjà ramené des escargots et une poule, ne crois-tu pas que tu devrais arrêter les bêtises à ton âge ? » Fronçant le nez à l'entente du mot bêtise,Kovu se redresse et secoue vivement la tête en gonflant les joues. « J'l'ai sauvée ! La maîtresse l'a dit qu'il fallait toujours être gentil avec les autres. » Qu'il dit, sûr de lui. Mais après une longue discussion, le petit garçon aux cheveux blonds se trouve être obligé de dire adieu à sa plus grande amie d'un doux baiser. Beurk, me direz-vous, mais Kovu a toujours été ainsi. Rien ne le dérange. Il n'a honte de rien.

Kovu plisse les yeux en regardant la scène devant lui. Ce n'est pas vrai. Il croit rêvé. Reculant doucement jusqu'à se cogner contre le mur, l'adolescent sent les larmes monter. Ses poings se serrent sans qu'il ne puisse contrôler son geste. Il aurait peut-être dû écouter sa sœur. Elle a toujours raison. Elle connaît bien Tae Hyung, visiblement. Quel connard. Baissant finalement les yeux en entendant le jeune homme l'appeler, Kovu s'empresse de faire demi-tour. Il n'a pas envie de lui parler. Ni même envie de le voir. Il ne faut pas. Il va se mettre à chialer comme une tapette. Pourtant, la main de son petit ami agrippe soudainement son poignet et il n'hésite pas un seul instant, se tournant vivement pour gifler le plus âgé avec violence. « Lâche-moi ! J'veux pas t'voir, c'est terminé ! » Il le repousse brutalement, puis s'enfuit en courant. Il rentre chez lui et essuie ses larmes. Soufflant fort, Kovu secoue doucement la tête avant d'entrer dans la maison, faisant un large sourire à ses parents en les saluant. Ha Na est déjà là et à en voir sa tête, elle doit certainement être déjà au courant. Kovu lui fait signe de se taire grâce à un petit clin d'oeil, puis va se chercher un paquet de chips avant de monter dans sa chambre, s'étalant dans son grand lit. Sa sœur le rejoint doucement et vient caresser ses cheveux. « Tu vas bien, p'tit crapaud ? » Qu'elle demande, en souriant tristement. Le garçon hausse des épaules et dévore quelques choses avant de finalement lui répondre. « Tu veux que je te dise quoi ? C'est pas le premier à faire un truc mauvais de ce genre. Je m'en fiche. J'ai l'habitude. Tu l'as dit toi-même, j'tombe amoureux de tous les abrutis qui croisent mon chemin. » Il rit faiblement, cachant sa peine. Il ne doit pas pleurer. Il ne doit pas se morfondre. Il l'a beaucoup trop fait ces dernières années, depuis son premier petit ami. « Puis comme ça, j'vais pouvoir me concentrer sur mes examens, tu vois. » Qu'il lâche, ayant trouvé l'excuse parfaite. Après tout, Tae Hyung lui prenait presque tout son temps. Ne plus être avec lui ne peut-être qu'un soulagement.


« Ouais, j'suis arrivé à l'université, là. […] Mais non, ma voiture ne va pas me lâcher ! Laisse la Jeep de grand-père tranquille, elle marche très bien. Oui, je t'aime. J'vous faire de gros bisous, j'vous aime. Noooon, la police ne m'a pas arrêté. Lâche-moi, appa. » Il raccroche en soupirant et en levant les yeux au ciel. Avoir des parents, ce n'est pas seulement fun et original à ses yeux, c'est également très chiant. Haussant un sourcil en balançant son sac dans la petite chambre, Kovu inspecte la chambre avec intérêt. Ce n'est pas un truc tout pourri, c'est déjà ça. Retirant son écharpe, le jeune homme se faufile jusqu'à la salle de bain pour se recoiffer. Souriant en coin, il regarde l'heure sur sa montre. Il doit bientôt se rendre en cours. Il est plus qu'impatient de se faire de nouveaux amis.