" tu ne pleureras pas, hein mon coeur ? " elle passe délicatement son pouce sur la joue du bambin, un doux sourire dessiné sur ses lèvres tandis qu'elle l'installe dans une chaise haute, fournise par les employés du café dans lequel elle vient de s'installer. elle se serait bien passé de l'emmener avec elle, comme elle en avait pris l'habitude lorsqu'elle sortait. probablement parcequ'elle était incapable de garder son calme lorsqu'il pleurait en public. la jeune écrivain aurait d'autant plus préférée ne pas rendre se rendez-vous professionnel complexe, en imposant à sa source d'inspiration, les pleurs de son fils. heureusement, haeshin n'était pas un enfant qui pleurait facilement du moins pas tant que l'on lui portait suffisamment d'attention. posant délicatement ses livres sur la table, elle entreprit de sortir une compote à boire pour son petit bout de chou, se persuadant que tout se passerait bien. après tout il n'y avait aucune raison pour qu'il ne pleure, du moins elle priait pour que ce ne soit guère le cas. elle en voulait à sa mère de lui avoir fait faux plan, prétextant devoir emmener seol ah, sa petite soeur de deux ans, chez le médecin. en soit elle était persuadée que sa mère essayait tant bien que de mal de la responsabiliser, de lui ouvrir les yeux sur son rôle de jeune mère, de lui apprendre à ne plus fuir ses responsabilités.

un autre jour aurait probablement était plus appropriée. jaeah attendait ce moment depuis si longtemps, qu'elle avait du prendre des calmants pour ne pas succomber au stress. park byeol, un prénom connu de tous, du moins presque. l'une des plus talentueuse patineuse artistique de Corée du Sud, la plus malchanceuse aussi, malheureusement. elle avait su inspirée la jeune coréenne à un tel point que jaeah avait finir par écrire un livre en hommage à sa carrière, un livre qui ressassait le pourquoi du comment, en passant par sa vie privé et sa vie professionnelle, énumérant les raisons qui aurait pu la pousser au suicide. c'était passionnant, excitant. jaeah avait passé des jours, des semaines, des mois à écrire, griffoner, effacer et réecrire. maintenant qu'elle avait enfin eu la chance de faire vérifier son ouvrage par l'héroïne principale de celui-ci, elle n'avait qu'une hâte ... la rencontrer et découvrir ce qu'elle avait pensé du roman. son approbation lui étant nécessaire pour pouvoir publier l'oeuvre. glissant la compote à boire entre les petites mains rondouillettes de son fils, la jeune coréenne ouvrait délicatement l'un des exemplaire de son roman qu'elle avait apporté de sorte à ce que chacune d'entre elles aient une copie. " je suis sûre qu'elle a aimé, j'en suis sûre. hein daebak ?" parce qu'elle ne pouvait imaginer une seule seconde ce qu'il adviendrait si jamais l'oeuvre ne lui avait guère plus, parcequ'elle avait passé des journées, des nuits entières à se renseigner, à effectuer des rechercher, à interwiever des témoins. parce qu'elle tenait autant à cet ouvrage qu'à l'opinion qu'en aurait la jeune femme. le ré-écrire serait un réel échec pour la jeune femme. elle ne pouvait se résoudre à ce que son oeuvre ne soit guère réaliste. croisant ses doigts sous la table, elle expira délicatement, les yeux posés sur haeshin, visiblement concentré sur sa compote à boire. son stress était palpable, il suffisait de voir comment elle balançait frénétiquement ses jambes sous la table tout en tortillant ses doigts, le regard perdu posé sur son fils. attendant patiemment, nerveusement mais patiemment. elle ne tarderait guère à arriver et ce serait sans aucun doute avec une bonne nouvelle, ce ne pouvait être autrement.

Tu dois l'avouer, ton orgueil a toujours voulu qu'on écrive un livre sur ta carrière. Et si personne ne l'avait fait, tu aurais bien fini par écrire tes mémoires. Ça t'aurait sûrement fait plusieurs tomes à vrai dire. Maniaque comme tu es, tu aurais voulu que chaque détail soit encré sur le papier, du plus important au plus insignifiant comme l'heure à laquelle tu te levais chaque matin. Même ça au final, tu l'aurais trouvé important. Tu aurais voulu que chaque ligne soit emplie de vérité et que chacun découvre enfin la vérité sur qui tu es réellement. Mais ça n'était jamais arrivé durant ton ascendance en tant que patineuse.

Enfin, c'est ce que tu croyais. Pas plus tard qu'il y a deux soirs, un paquet t'a été livré, attaché d'une lettre. Curieuse, tu n'avais pas attendu longtemps avant de l'ouvrir. Entre tes mains se tenait un livre inspiré de ton histoire. Ton histoire à toi. La lettre venait de l'auteur qui t'expliquait les raisons de son ouvrage et tu mentirais si tu disais que tu n'avais pas eu un sourire à t'en fendre le visage en deux à ce moment-là. Mais il n'y est pas resté longtemps. Tu t'étais empressée d'entamer la lecture de cet ouvrage, mais au fil des lignes, tu as vite déchanté.

Les mots imprimés sur le papier n'étaient que le recueil des rumeurs qui avaient couru sur toi et ce, depuis le lycée. Tes souvenirs de cette époque te revenaient comme une grande claque en pleine figure. Et l'espace d'un moment, tu t'étais demandée si tout ça n'était pas juste une mauvaise blague. Une très mauvaise blague.

Vexée, humiliée, tu t'es muni de ton plus beau feutre rouge et même si tu n'en avais aucune envie, tu as recommencé ce bouquet d'inepties, en prenant soin de rayer, barrer, souligner, entourer et réécrire ce qui était bien loin d'être la vérité. Le passage concernant l'accident fut le plus difficile à lire. « Un suicide ... ». Tu ne comptes plus le nombre de personnes qui était persuadé que ton accident n'en était pas un et que c'est toi qui l'avait provoqué en te jetant sous les roues de la première voiture. Aujourd'hui, tu ne sais toujours pas si tu dois en rire ou en pleurer.

Après avoir eu fini le livre, tu avais envoyé un mail à l'écrivain pour lui donner rendez-vous, sans préciser si tu comptais le remercier ou bien lui jeter le pavé dans la tronche. La deuxième option était bien évidemment celle que tu avais envisagé. Et aujourd'hui, alors que le rendez-vous approche, tu t'en persuades jusqu'à la dernière minute, jusqu'à la dernière seconde. On allait t'entendre jusqu'à l'autre bout de la rue et tant pis pour le scandale.

Alors quand tu arrives au café où tu lui as donné rendez-vous, c'est avec la colère qui fume de tes oreilles. Tu repères la jeune femme -tu as vu sa tête sur Internet pour être sûre de cracher ton venin sur la bonne personne et pas un innocent- et c'est à pas déterminé que tu t'approches d'elle. Tu t'apprêtes à faire claquer le livre sur la table quand tu aperçois une petite bouille toute ronde à côté. Si ta colère était à plus de 300% en rentrant dans le café, là, c'était plutôt 45%.

Tu as deux faiblesses dans la vie. Bon, t'en as plusieurs, mais à coup sûr, ce qui te fait craquer le plus sont les animaux et les bébés. Alors quand tu vois ce petit bonhomme, avec ces joues rebondies et rosies, ses petites mains potelées et ses grands yeux innocents, ton long discours moralisateur est quelque peu oublié sur le bas de la porte. Il est hors de question que tu lèves la voix devant un enfant. Et puis, ce n'est pas comme si tu avais besoin de ça pour faire passer le message à sa mère. T'es même pas sûre que ce soit sa mère. Mais quelque part, tu n'en doutes pas.

Tu finis par prendre place en face de la jeune femme, la fixant d'un regard noir. Tu ne perds pas le temps avec les présentations ni avec les salutations, elle a l'air de te connaître parfaitement. Tu fais glisser l'exemplaire de ton livre vers elle, celui que tu as corrigé avec une grande ferveur et croises ensuite les bras sur ta poitrine. « J'espère que vous n'avez rien de prévu après. Vous et moi, on va devoir avoir une très longue discussion ... ».

Jaeah a toujours été bien trop confiante lorsqu'il s'agissait de ses compétences en terme littéraire. elle avait découvert ce talent relativement tôt, lors de la pré puberté alors qu'elle rêvait de mondes fantastiques tous plus invraisemblables les uns que les autres. elle aurait pu vouloir en faire son métier, suivre des études de littérature mais en soit, elle ne voulait pas en vivre, elle voulait conserver ce plaisir d'écrire, ne pas se sentir forcée de pondre un livre tout les six mois. elle voulait conserver le loisir d'écrire quand et seulement lorsqu'elle avait de l'inspiration, elle ne voulait écrire que sur ce qui l'inspirait passant du fantastique, au dramatique puis à l'horreur pour finir sur du romanesque. pourtant elle avait finalement décidé d'accepter la proposition d'une édition de presse, publier le livre dédiée à la célèbre Park Byeol.  pourquoi ? elle n'en était pas réellement sûre, son récent succés sur les réseaux sociaux, les internautes qui lisaient ses oeuvres et en réclamaient toujours plus, sa maternité, tant de différents facteur qui l'avaient poussés à accepter. elle avait besoin d'argent, il ne fallait pas non plus se le cacher. son petit boulot à l'animalerie n'était pas extrêmement rentable lorsque l'on participait aux finances d'une famille de quatre composée de deux enfants en bas âge. le restaurant familial n'était pas non plus trés actif et ne rapportait donc pas beaucoup. il aurait probablement été plus rentable de le revendre, de sorte à pouvoir réinvestir dans une petite maison plus spacieuse. mais il s'agissait du restaurant de son père, bien plus qu'un business, une tradtion.

tapotant du bout des doigts contre la table, la jeune femme plissait soudainement les yeux, persuadée de reconnaître la petite brunette qui se dirigeait vers elle.  les quelques médicaments ingérés avant le rendez-vous ne semblait avoir aucun effet sur son stress, bien au contraire. l'expression de sa "muse" n'eût rien pour la rassurer. elle semblait mécontente, pour tout dire il aurait fallut être aveugle pour ne pas percevoir la colère dans l'expression qu'elle affichait et c'est donc avec un sourire figé qu'elle la saluait, timidement, mal à l'aise. jaeah avait toujours été introvertis, il n'y avait pas de raisons précise à sa timidité et son silence en présence d'autrui ùais certains facteurs pouvaient amplifier la chose, plus particulière le regard noir qu'avait posé l'ancienne patineuse artistique sur elle. elle s'empara délicatement du volume qu'elle avait envoyé à la jeune femme, l'ouvrant lentement, sa respiration bloquée, effrayée à l'idée que ça ne lui ai guère plut.

ses lèvres s'entrouvrirent en un o de surprise, tandis qu'elle détaillait du regard chaque partie surligné de rouge. elle savait parfaitement qu'il ne s'agissait guère d'un problème orthographique ni même de grammaire. pourtant elle n'aurait su dire si il s'agissait d'une maladresse de sa part, ou de passage que la jeune femme aurait pu aimé, quoique les ratures sur certains passages n'appuyaient guère cette probabilité. relevant délicatement la tête vers la jeune femme, elle balbutia quelques mots incompréhensibles avant de n'essayer de se reprendre. "je-je enchanté de vous rencontrer." elle tortillait ses doigts de nouveau son regard lorgnant de nouveau l'exemplaire de son oeuvre. " mmh c'est très rouge. comment dire, est-ce qu'il vous a plu ou y a t-il des choses à revoir ? " en soit elle priait pour ne pas avoir à réecrire tous les passages raturés mais elle savait très bien intérieurement que ce serait le cas.  " ô et je suis désolé j'ai emmené mon fils à défaut de n'avoir trouvé quelqu'un pour lui. " elle grimaça légèrement, l'une de ses mais se posant sur l'avant bras d'haeshin, le caressant délicatement de son pouce.  tout ira bien, tout finit toujours par s'arranger. il y a toujours une solution aux problèmes n'est-ce pas. " je-je suis prête à effectuer toutes modifications nécessaires. " prononça t'elle comme pour se rassurer qu'elle n'annulerait pas sa permission de publier le roman.

Tu n'es pas quelqu'un de méchant. Non, tu as juste un sacré caractère qui n'est pas toujours facile à supporter. Franche et honnête, tu l'es. Et ce, pour le meilleur et surtout pour le pire. Tu ne comptes plus les regards dédaigneux, les messes basses à ton égard qui n'étaient en aucun cas élogieuses. Et avec ta carrière, elles n'avaient jamais cessées. Les critiques étaient souvent aussi nombreuses que les victoires, mais tu avais appris à en faire abstraction, à les ranger dans un sac que tu jetais au loin en fin de journée.

Mais quand tu avais vu ce livre, tu y avais d'abord vu une façon de tout dévoiler, de révéler enfin la vérité et que les autres soient enfin capable de te comprendre. Alors oui, quand au bout de deux chapitres, ta lecture ne consistait qu'en une liste des rumeurs sur lesquelles tu avais bâti ta carapace, tu n'as pas su passer à côté. Tu aurais très bien pu faire comme si tu n'avais jamais lu ce bouquin et conserver le mythe que tu avais forgé, celui d'une jeune femme froide et manipulatrice.

Mais ça, c'était avant. L'ancienne toi. Aujourd'hui, cette carapace t'étouffait, t'empêchait de te mouvoir comme tu le souhaitais. D'être libre. Maintenant que tu n'avais plus toutes ces obligations pour régir ta vie, ton instinct te tirer la jambe pour que tu n'avances pas. Alors tu es bien décidé à faire changer les choses. C'est pour ça qu'avec cette jeune écrivaine, tu n'allais pas être tendre. Son fils présent ou non. Si elle voulait rester fidèle à la réalité et surtout, ne pas se retrouver avec l'annulation de son livre, elle avait tout intérêt à prendre note de tout ce que tu allais lui dire.

« Vous savez, j'apprécie beaucoup votre geste. Mais ce que vous avez écrit, ce n'est qu'un tissu de mensonges que vous avez puisé sur Internet ». Tu attrapes le bouquin et ouvres une page au hasard, relisant les annotations écrites en rouge. « Là, ce passage. Comme quoi mon fiancé m'aurait quitté parce qu'il m'aurait surpris avec un autre homme. Vraiment ? ». Tu refermes l'ouvrage en la regardant droit dans les yeux.

Tu as le malheur de jeter un coup d'oeil au bambin, ce qui a le don de refaire descendre ta colère. Tu lâches un gros soupir en inspirant un bon coup avant de croiser les mains sur la table, contenant les milliards de choses que tu aurais à lui dire. « Si vous teniez tant à écrire un livre inspiré de mon histoire, pourquoi vous n'avez pas cherché à me joindre ? Je sais que ça part d'une bonne intention, mais ça », dis-tu en désignant le livre, « la plupart des choses que vous avez écrites sont fausses. Et parfois blessantes aussi. Donc j'espère que vous avez du temps devant vous parce que je ne vous lâcherai pas. Du moins si vous êtes prêtes à aller jusqu'au bout de votre projet ». Tu lui adresses un léger sourire pour lui témoigner ta bienveillance avant de te tourner vers l'enfant. « Et pour votre fils, aucun problème ».

Elle avait du mal à encaisser les critiques bien qu'elle se doutait que celles-ci étaient plus que justifiées. le goût de l'échec était âcre et dur à digérer et c'est en essuyant la bouche de son bambin à l'aide de son bavoir qu'elle écoutait la jeune femme. un tissus de mensonges puisé sur internet, elle dégluttissait difficilement. elle n'avait pas tout puisé sur internet, elle n'était pas ce genre d'écrivain, elle avait questionner des témoins sur la scène de l'accident, des journalistes, des proches de la jeune femme, elle avait fait des enquêtes. les propos de la jeune femme était blessants mais ce qui devait être encore plus blessant c'était de lire son livre en sachant que tout ce qu'il contenait était faux et c'est donc en silence qu'elle la laissait parler. elle se sentait soudainement stupide, perdue. elle était pourtant si sûre d'elle même, elle y avait tellement crue. à un tel point qu'envoyer le livre à la jeune femme qui l'avait tant inspirée avait été une énorme fierté, parce qu'elle n'avait jamais imaginée que cela puisse être une déception pour celle-ci.  passant une main dans sa chevelure, elle reportait son attention sur le livre, scruptant chaque parties surlignées en rouge. tellement nombreuses qu'elle avait l'impression que le contenu du livre en lui même, avait été tapé sur un fond rouge.  Alors son fiancé ne l'avait guère quitté pour infidilité ? elle avait du mal à y croire, les médias en ayant fait toute une histoire que ce fut dans les journaux papiers ou lors de reportages télévisés, même certains anciens camarades de classe de la jeune femme le lui avait affirmés. C'était comme se prendre une grosse claque, réaliser que nombreux étaient ceux qui parlaient sans savoir, sans comprendre. " j'ai questionné beaucoup de personnes, à vrai dire je n'ai pas réellement utilisé internet. il y avait des journalistes, des témoins de l'accident, des infirmières, des anciens camarades de classe. mais je suppose qu'ils avaient tort du coup. " elle grimace mal à l'aise avant de ne sortir un crayon de papier de sa trousse, s'empressant d'écrire -fausse rumeur- en dessous de l'affirmation écrite dans son livre. elle avait tenté de la contacter au début, mais cela c'était révélé bien trop complexe, sa famille, son entourage, nombreux étaient les personnes cherchant à protéger l'ancienne partineuse artistique. puis elle avait finis par se dire que cela pourrait faire une belle surprise à la jeune femme, une manière de la remerciait de l'avoir tant inspirer mais aussi une manière de la soutenir dans sa vie quotienne. disons qu'elle avait raté son coups.  " j'aurais du vous contacter en effet, cela aurait été plus simple mais disons qu'il n'est pas aisée de contacter une personne aussi connue que vous. dans tous les cas je suis désolé de vous avoir blesser et je vous remercies de m'accorder votre temps libre." elle prenait sur elle même, cachant sa frustration de sorte à ce qu'elles puissent travailler en harmonie. au fond elle était la seule et unique fautive, elle n'avait pas travaillé comme elle l'aurait due et ne pouvait à présent s'en prendre qu'à elle même. levant la main pour faire signe au serveur, elle entrouvrait délicatement les lèvres, son regard fuyant celui de la jeune femme, bien trop gênée, comme le serait une enfant qui venait de se faire sermonner par sa mère. " je vous offre quelques choses à boire et on commence , qu'en pensez-vous ? " c'était la moindre des choses, et le minimum qu'elle puisse faire. " du coup si ce n'est pas à cause d'un homme que votre ex compagnon vous a quitté, est-ce vrai que c'est à cause de son infidélité ? "  elle mettait probablement les pieds dans le plat de nouveau mais pour tout dire il lui fallait commencer quelques parts et laisser la jeune femme lui raconter toute son histoire sans lui poser de questions lui paraissait étrange et déplacé, à moins que ses questions ne l'êurent été. " je prendrais un café latte froid et sans sucre s'il vous plait. "

Tu sais que cette après-midi sera longue, très longue. Après tout, tu en avais mis des ratures rouges dans son livre. Tu n'avais pas compté le nombre de pages que tu avais barré d'un grand coup sec sans prendre la peine de lire jusqu'au bout, mais il y en avait un paquet. Et lorsqu'elle te récite les gens qu'elle avait interviewé pour récolter tout ça. Des camarades de classe qui n'avaient jamais été plus que colporteurs de fausses rumeurs et qui, comme tu pouvais le constater, n'étaient jamais passé à autre chose et qui se faisaient toujours un plaisir quatre ans plus tard, de raconter les mêmes conneries, si ce n'est en inventer de nouvelles, surtout avec l'accident. Tu ne veux même pas imaginer ce qu'ils ont pu se dire à ce sujet. Combien d'entre eux se sont empressés de confirmer à qui voudrait les entendre, que oui, tu avais cherché à te suicider. Que ça ne faisait aucun doute, qu'ils l'avaient vu venir de loin.

Mais cette jeune femme, malgré tout ça, tu savais que ce n'était pas son intention de rendre compte des mensonges qui t'ont toujours entouré. Des mensonges que tu avais parfois toi-même créer, juste histoire qu'on te laisse tranquille, construire une carapace dont tu ne demandes qu'à te débarrasser aujourd'hui. Et tu sais que tu laisses filer cette jeune femme, qui avait déjà prouvé qu'elle était prête à s'occuper de ton histoire, tu n'aurais plus d'autres moyens de montrer au monde entier ce qui s'était réellement passé.

Tu te débarrasses de ton manteau que tu déploies sur le dossier de ta chaise et te rapproche de la table, suivant attentivement l'écriture de l'écrivaine en face de toi. « Au fait, votre prénom, c'est bien Lee Jae Ah ? Je peux vous appeler Jae Ah ? Et honnêtement, ne me remerciez pas. Pas maintenant. Mais je veux être claire sur un point : tout ceci, je le fais pour vous, mais aussi pour moi. Pas pour avoir une livre qui parle de mon histoire, mais pour ... laisser sortir la vérité. Vous êtes un peu la première à qui je me confie, du moins publiquement si on veut », avoues-tu le rouge te montant aux joues. Tu as peur que tout se retourne contre toi, que toute cette histoire resurgisse, mais pour le pire. Mais bon, autant se lancer une bonne fois pour toute !

« Vous êtes sûre ? Vous n'avez pas besoin de faire », lui réponds-tu, mais le regard de la jeune femme te fait bien comprendre qu'elle n'accepterait pas un refus. Tu hausses les épaules avant d'être pris de cours par sa question. Est-ce que ton ex-fiancé, ton seul et unique petit-ami t'avait toujours été fidèle ? « Non, il a toujours été fidèle. On avait une belle histoire lui et moi, on était même fiancés. Je sais pour certains, ça ne voulait rien dire, mais pour moi, c'était quelque chose que je n'aurais jamais imaginé ». Un faible sourire s'affiche sur tes lèvres tandis que tu te replonges dans tes souvenirs quelque peu douloureux. « Mais non, je l'ai quitté après l'accident parce que ... j'étais en train de le détruire à petit feu. Mon calvaire était devenu le sien, alors j'y ai mis un terme avant qu'il ne soit trop tard ».

Un regard vers le bambin te fait te demander si vous aussi vous auriez eu des bébés tout aussi mignons que celui-ci. Mais tu ne le sauras probablement jamais. D'un battement de cils, tu balayes ces interrogations pour te concentrer sur la jeune femme. « Une autre question ? ». Puis au serveur qui vient prendre votre commande : « Je prendrai un mocha s'il vous plait ».

Ecrire était devenus avec le temps bien plus qu'une passion. Relater les faits réels afin de permettre aux lecteurs de ressentir les émotions, de revivre ces moments passés, de mieux comprendre. nombreux étaient les personnes à faire preuve d'empathie suite aux événements qui ne les touchaient guère personnellement. dur de ressentir de compassion lorsque cela ne nous atteignait guère directement. et c'est ce pourquoi la jeune mère de famille avait décidé de se pencher sur le cas de la jeune patineuse artistique. nombreux avait semblé décréter que cela était prévisible, que la jeune femme l'avait mérité et que la vie continuait son cours. jaeah trouvait cela triste, les citoyens étaient toujours les premiers lorsqu'il s'agissait de colporter des rumeurs mais les derniers lorsqu'il s'agissait de faire preuve de compassion et de respect. écrire un livre ne changerait guère autrui mais cela contribuerait probablement à ouvrir les yeux de ces personnes qui pensaient savoir ce qu'elles ne savaient guère. elle était d'ailleurs la première à être tombé dans ce piège, dans cette naïveté qui était celle de croire tout et n'importe quoi aux détriments d'autrui. l'embarras et la honte ressenties quelques minutes auparavant avait suffis à la motiver, bien que la déception restait belle et bien ancrée en elle. je suis honorée d'avoir la chance d'être celle qui écrira votre histoire et je ferais en sorte que cela reflète pleinement la réalité. prononçait-elle à l'intention de la jeune femme, prête à absorber la moindre de ses paroles de sorte à pouvoir revoir l'intégralité de son livre. comme elle s'y attendait, elle s'était complètement trompé sur les raisons de la rupture de la jeune femme avec son ancien conjoint. si cela étant embarrassant, ce n'était pas seulement du fait d'avoir fait appel à des sources fausses mais d'avoir pu blesser les sentiments de la jeune femme, qui sans aucun doute était encore belle et bien meurtrie par tout ses souvenirs.  

je suis désolé pour vous et votre ancien compagnon, je suppose que cela a du être extrêmement dur, du moins de prendre cette décision et j'aurais bien sûre besoin d'en savoir plus, les détails, ce que vous avez ressentis au moment de mettre fin à votre relation mais plus encore en quoi vous le détruisiez. elle griffonne sur son calepin, écrit les questions qu'elle veut poser de peur de ne guère s'en souvenir. il y a tellement de choses qu'elle aimerait lui demander, tellement de choses qu'elle aimerait écrire, détaillait et approfondir. mais elle se devait d'attendre, de lui donner le temps nécessaire pour trouver le courage de tout lui raconter. ne pas la presser.n'hésitez pas à me le dire si je vais trop vite ou si mes questions sont déplacées, je suis relativement maladroite par moment et je m'en excuse. théoriquement la jeune jaeah n'écrivait que des fictions, des histoires tout droit sorties de sa petite tête. elle n'avait donc jamais rencontrée ce problème, elle n'avait jamais eu à vérifier ce qu'elle écrivait ni même à citer qui que ce soit.

à l'arrivée des boissons, le petit daebak commença à s'agiter comme tout bambin de son âge tentant de s'emparer des verres sans grand succès. fouillant une énième fois dans son sac, la jeune coréenne en sortait quelques jouets qu'elle disposait devant son fils, petites voitures, petites peluches ... je suis désolé, la prochaine fois, il n'y aura que nous. c'est un peu dur de tout géré en tant que jeune maman célibataire mais c'est toujours un plaisir de voir un sourire se dessiner sur son visage. déposant un doux baiser sur la joue de son fils, jaeah s'emparait de son verre, portant la paille à ses lèvres pour en absorber une petite gorgée. peut-être écrirait-elle un roman sur sa propre histoire ou du moins sur l'histoire de son fils. son dénis de grossesse, sa relation interdite, ses mensonges. cela ferait plairait probablement à ses lecteurs, assoiffaient de drames et de romances. j'aimerais beaucoup en savoir plus sur l'accident en lui même, si vous avez des souvenirs, les causes et ce que vous avez ressentis sur le moment. mais je comprendrais que ce soit encore douloureux donc si vous avez besoin de temps il n'y a aucun problème. réécrire le livre prendrait du temps et il n'était donc guère nécessaire de précipiter la jeune femme, jaeah n'avait pas de deadline, elle était libre de soumettre son livre lorsque bon lui semblait. et un roman sur mademoiselle byeol ne saurait être refusée par un quelconque éditeur. ils étaient bien trop curieux pour refuser de savoir la vérité.

La ferveur de la jeune femme t'étonnait. Tu ne t'attendais pas à entendre des questions aussi précises, des questions auxquelles tu n'avais jamais réellement pris le temps de répondre par toi-même, de peur de sombrer dans un cauchemar sans fin. Tu as presque l'impression d'être là pour une thérapie plutôt que pour un entretien sur un futur bouquin qui s'inspirera de ton histoire. Mais peut-être qu'au final, c'est ce dont tu avais besoin. Ce dont tu aurais eu besoin à l'époque. Peut-être que si tu avais accepté de déballer ton sac au moment de l'accident, ta vie n'aurait pas été la même aujourd'hui. Serais-tu toujours fiancée ? Serais-tu plus heureuse ? Ou alors, l'inverse ? Mais il faut croire que tu ne le sauras jamais. De ce que tu sais, personne n'a jamais été encore capable de remonter le temps. Et honnêtement, tu ne sais pas si tu oserais revenir en arrière et changer le passé pour un futur différent. Avec le temps, tu avais fini par te dire que c'était le destin, que si ton accident n'était pas arrivé à ce moment-là, il aurait eu lieu un jour ou l'autre, tu en es persuadée.

« Arrêtez les formules de politesses s'il vous plait, je ne suis pas la Présidente de la République. Et puis, on doit avoir à peu près le même âge. On devrait essayer de se tutoyer non ?  Qu'en penses-tu ? ». A vrai dire, ça te mettait un peu mal à l'aise, mais tu te dis que ça détendrait l'atmosphère. Surtout vu les passages de ta vie peu joyeux que tu allais lui conter. « Ne t'excuses pas, je pense avoir fait le bon choix en mettant fin à notre relation. Même si c'était l'un des pires moments de ma vie. C'est dur de laisser partir quelqu'un qu'on aime depuis 5 ans et de se dire que demain, il ne sera plus là, que tout sera différent. Mais nous ne pouvions pas continuer comme ça ... J'ai très mal vécu cet accident, je pensais même que si je n'y avais pas survécu, ça aurait été mieux. Car j'avais tout perdu. Le reste n'avait plus d'importance pour moi. Alors imagines un peu ce que ça a dû être pour lui de vivre avec une coquille vide, de continuer à faire comme si tout allait bien alors que tout allait de travers. Je ne prenais plus le temps de lui répondre ni même le temps de le regarder, mais je n'ai jamais cessé de l'aimer. Et puis, dans ses yeux si brillants, si vifs d'habitude, je n'y ai vu que le néant et le chagrin. Son sourire qui m'avait toujours fait craqué, avait disparu et je savais que j'étais la seule responsable. Et aussi, qu'il ne m'aurait jamais quitté à un moment pareil. Il ne voulait pas passer par le monstre de service qui abandonne sa fiancée alors qu'elle traverse le pire moment de toute son existence. Alors, j'ai pris la décision pour nous deux. Et je crois que pour chacun de nous, c'était une soulagement. Oui, un soulagement ... ».

Ton regard se perd dans la pièce, replongeant dans des souvenirs douloureux, mais pourtant si précieux tandis que tes doigts se portent machinalement à l'endroit où ta bague de fiançailles avait un jour eu sa place. Alors oui, même si tu en as souffert, tu n'y changerais probablement rien. Parce que tu ne serais pas celle que tu es aujourd'hui et même si elle n'est pas parfaite, elle te convient. Soudain, la serveuse qui vous dépose les boissons te ramène sur Terre et ton regard se porte automatiquement vers le bambin. C'est fou ce qu'il est adorable ! « Ça ne me dérange pas, j'ai toujours aimé les enfants. Et puis, il est trop mignon ! », lui dis-tu en caressant la petite main potelée. Même s'il est vrai que tu ne pouvais imaginer ce que c'était d'être maman. Peut-être un jour ...

Tu entoures ta tasse fumante de tes doigts et la chaleur qui se repend à travers ta peau te relaxe. Tu te surprends même à rire aux questions de la jeune femme qui ne semble pas se rassasier. « Attends, une question à la fois sinon je vais me perdre ! ». Tu avales une gorgée de ton mocha avant de reprendre : « Tu sais, je pense qu'il vaut mieux y aller à petite dose. Tu me poses une question et je te réponds avec autant de détails qu'il m'est possible de te donner, d'accord ? Et puis, on n'est pas obligée de faire ça en une seule fois, sinon, on ne quittera jamais ce café ! ».