NOM : Ahn PRÉNOM : Maru. Assez Japonais non ? Normal il est né là-bas. ÂGE : 27ans. ORIGINES : 50% Coréen et le reste Japonais on suppose. NATIONALITÉ : Japonais (expatrié ça compte ?). CLASSE SOCIALE : Aisé, genre vraiment. ORIENTATION SEXUELLE : Librophile. Ou sinon totalement désintéressé. CURSUS UNIVERSITAIRE : Terminé en lettres si ça vous intéresse. MÉTIER : Bibliothécaire à l'université. Fallait bien trouver un travail sympa et comme y'a ses premiers amours dans les rayons ... Autant joindre l'utile à l'agréable. Code du règlement : baymax ? oo TU VEUX T'INVESTIR? : Nope nope nope.

“ Rumour has it : Certaines personnes disent qu'il se travestit, d'autres qu'il a une sœur jumelle. En tout cas on a déjà vu une "fille" lui ressemblant. + On raconte que sa mère est partie au Japon avec tout l'argent de sa famille, mais qu'il est né hors mariage. + Il serait revenu en Corée parce que ses parents l'auraient renié + On raconte qu'il est pas très doué en coréen et qu'il aurait du payer pour travailler à la bibliothèque. + Certains disent qu'il est totalement asexué, d'autres moins sympathiques diraient qu'il est encore vierge à son âge. + Comme il est naïf et terriblement crédule on peut facilement lui emprunter de l'argent. + Il parait qu'on peut le voir certains soirs dormir à la bibliothèque un livre sur le visage. + Certains disent qu'il a du faire du mannequinat au Japon avec un corps pareil. + Et enfin d'autres pensent avoir mis un nom sur ce qu'il est: gender fluid, mais c'est pas pour autant qu'on va l'accepter.

“ Once upon a time :

« Tu peux m’expliquer pourquoi tu ne veux pas m’épouser ?! hurla sa mère dans le salon, les poings sur les hanches, tandis qu’il resserrait sa couverture autour de lui, essayant de mieux voir dans l’entrebâillement de la porte.
- Mi Ran s’il te plait. On en a déjà parlé. Puis il est tard, Maru dort, ne rend pas les choses plus difficiles …
- Je rends les choses plus difficiles ? Ryuichi, je suis une femme coréenne vivant au Japon et qui ne peut rester que parce que tu as reconnu mon enfant, qui est aussi le tien je te rappelle. Ce n’est pas facile d’aller le chercher à l’école et d’entendre toutes ses femmes le traiter de petit étranger alors qu’il n’a rien fait pour mériter ça ! On le traite de bâtard et ça ne te fait rien ?
- En soi Maru ne s’est jamais plaint. Et je te l’avais dis non que je ne pourrais pas t’épouser ? Je te l’avais dis que si je voulais l’héritage et l’entreprise de ma famille, je devais renoncer à mon mariage avec toi. Soit heureuse que tu ai pu rester avec moi et que ma famille ait reconnu Maru.
- Je pensais qu’au final ta femme et ton fils serait plus important. J’ai quitté ma famille, j’ai pris mon héritage et je les ai laissés derrière moi …
- Mi Ran, bien sûr que tu es importante pour moi. Je ne me suis jamais marié avec une autre. Jamais … Allez viens, murmura son père calmement avant de la prendre dans ses bras, sa tête tournée vers la porte. Son regard croisa le sien, et un sourire aux lèvres il lui fit signe de venir.
- Papa … » bredouilla Maru âgé encore de six ans. Il ne comprenait pas pourquoi ses parents criaient ainsi.

Mais ça avait toujours été ainsi. Sa mère avait un tempérament hystérique et son père était bien trop laxiste et las pour faire quoi que ce soit. Sa mère ne supportait le fait de n’avoir jamais pu se marier avec son père, elle qui rêvait d’une vie parfaite, et son père ne comprenait pas ce qu’il y avait de mal à ne pas être marié. Il n’avait jamais vu sa famille maternelle et du côté de son père, son grand père le regardait toujours comme s’il était un insecte sur son chemin, mais pinçait souvent les lèvres pour ne rien dire parce qu’il était le seul héritier des Shirahane. Il avait ainsi grandi avec une mère hyper-protectrice et envahissante et un père peu souvent là. Une mère qui voulait qu’il soit parfait en tout point. Heureusement qu’il était bon à l’école, mais hélas il n’avait pas le profil de leader que sa mère voulait qu’il ait. Il savait très bien qu’il ne reprendrait jamais la suite dans l’entreprise familiale de son père. Si son père comprenait, l’enjoignant à faire ce qu’il voulait sans pour autant s’imposer un peu dans sa vie, sa mère lui faisait part de sa déception en hurlant à qui le veut que son enfant n’était qu’un ingrat, et même pas deux heures après, pleurait à la porte de sa chambre, lui disant qu’il était son seul trésor. Parfois il se demandait si c’était à cause de cet environnement qu’il avait pu se révéler ainsi, différent. Mais bien vite il en riait parce que d’autres enfants aussi avaient eu ce genre de famille et il ne s’était pas transformé en créature curieuse. Non pas qu’il ne s’acceptait pas. Il avait eu besoin de temps et de compréhension. S’il avait eu le premier, la compréhension n’avait pas été au rendez-vous.

Il avait commencé à se sentir différent lors de ses dernières années de collège. Maru n’était pas le genre d’élève impopulaire car bon élève, non au contraire, les filles aimaient facilement rester avec lui, parce qu’il était sympathique, n’hésitant pas à donner des conseils, les garçons l’appréciaient parce que bon en sport, même s’il n’était que dans le club de danse. Mais si la plupart des gens de son collège l’adorait, il avait pris l’habitude de rester avec certaines filles de sa classe, celles-ci plus mature ou non, elles avaient trouvé grâce à ses yeux. Ce fut lors d’une des soirées chez l’une d’elle, alors qu’ils devaient se faire un marathon film non sans avoir acheté de quoi grignoter que son monde commença à changer. Alors qu’il regardait ses quatre amies faire des défilés avec des vêtements qu’elles ne pouvaient hélas pas mettre à cause de leur uniforme de collégienne, elles décidèrent que Maru était assez beau pour devenir le sujet de leurs expériences. Vêtements, maquillage et même des faux-cils, tout y passa, et étrangement Maru trouva que ça lui allait bien. Pas simplement la pensée de « je suis plutôt sympa en fille » non. Cette pensée un peu traître qui le hanta pendant des semaines oui, celle qu’il n’avait pas osé accepter : « je me sens mieux habillée comme une fille. ». Cette idée le hanta tellement qu’un soir alors qu’il était dans sa chambre, il rouvrit le sac qu’il prenait souvent pour aller chez ses amies, et qu’il en ressortit la jupe et le petit chemisier qu’il avait essayé cet autre soir, et qu’il passa les mains tremblantes. Avec difficulté il tenta de refaire le maquillage, et se contenta d’une barrette dans les cheveux, mais tout d’un coup il se sentit mieux. Tellement mieux.

Et c’est ainsi que le manège commença. Sans le savoir, il y avait des jours où il avait besoin d’être habillée en fille, pire il y avait des jours où il était une fille au fond de lui. C’était des journées difficiles où il ne supportait pas d’entendre des Maru-kun ou encore d’utiliser Boku, ce pronom réservé aux garçons. Non il y avait des jours où se lever était un calvaire parce qu’il savait qu’à l’école on le verrait toujours comme Maru le garçon et non pas comme Maru la fille qu’il était, parce qu’il ne pouvait pas être une fille et que pire encore, il avait un corps de garçon parce qu’il était un garçon, et non pas une fille comme il le pensait. Ces jours là, il n’était qu’une fille coincée dans une prison de chair qui l’indisposait et lui donnait envie de disparaître et de se faire oublier du monde. Puis il y avait des jours où être un garçon lui paraissait normal, et ces jours là lui permettaient de respirer un peu plus, de se dire qu’il n’était pas si anormal que ça. Mais il y avait d’autres moments difficiles. Il y avait ces moments où il était entre les deux. Et bien souvent c’était les pires. Parce que son corps lui faisait horreur et mettre des vêtements de fille lui donnait envie de pleurer. Et c’est là qu’il comprenait qu’il n’était pas normal et ça faisait mal. Très mal. Trop mal.

Il fallut exactement un an et quatre mois pour que sa mère le surprenne avec des vêtements de filles, du maquillage et une perruque. Et dans le fond Maru ne s’était jamais senti aussi mal et ses sentiments d’entre-deux ne furent rien face aux cris de sa mère, à son incompréhension et surtout au fait qu’elle le gifla pour la première fois. Non ce ne fut rien face à au regard lointain de son père qui semblait le voir pour la première fois avant d’hausser les épaules en disant que s’il avait un problème, c’était sans aucun doute parce que sa mère l’avait élevé ainsi. Les cris qui suivirent le laissèrent dans un état de tristesse immense, et il s’excusa une dernière fois d’être ainsi avant de s’éclipser dans sa chambre pour disparaître du monde pour de bon. Après trois jours à faire le mort, à ne plus vouloir bouger, ni vivre, il se réveilla à l’hôpital, sa mère à ses côtés lui promettant que tout irait pour le mieux, qu’elle le soutiendrait et qu’il guérirait. Il s’était laissé mourir de faim et de soif, assez pour inquiéter son entourage. Mais il y avait ce petit détail dans les paroles de sa mère qui lui rappela qu’il était anormal et que non il ne guérirait pas. C’était un fait, parce que sa mère avait tort, et parce qu’il ne guérirait pas car c’était un psychologue qu’il partit voir à sa sortie de l’hôpital et la promesse de ne lui déprimer.

« Madame, il faut que vous compreniez ce qu’à votre enfant, ce n’est pas une maladie … tenta le psychologue après avoir parlé deux heures avec lui.
- Vous voulez rire j’espère docteur ? Mon fils a essayé de se suicider. De se suicider parce qu’il avait honte de s’être habillé en fille. Il m’a avoué l’avoir déjà fait plusieurs fois. Il est forcément malade non ?
- D’après ce qu’a dit Maru, et ce dont nous avons discuté, plus qu’une maladie c’est un trouble psychologique.
- Trouble ? Maru n’est pas fou !
- Maman s’il te plait murmura-t-il de son côté, conscient que si il était bien troublé et sans doute fou.
- Votre fils a un trouble d’identité, ce qu’on appelle Gender Fluid. C'est-à-dire que son subconscient hésite entre être un garçon ou être une fille. C’est assez courant à l’époque actuelle … Le problème c’est que c’est souvent confondu avec le dédoublement de personnalité. C’est pourquoi je vais suivre Maru afin de déterminer s’il a également des personnalités multiples. »

Il avait seize ans quand Maru sut qu’il était différent, et ce qu’il était. Et surtout qu’il était à part. Il avait seize ans quand sa mère hystérique se convainquit qu’il pourrait guérir et qu’il serait un garçon à part entière. A croire que non. Parce que non, presque dix ans plus tard, il était toujours quelqu’un avec l’étiquette de « Gender Fluid » dans le dos, et que dans cet aéroport habillée d’un tailleur noir qui mettait ses formes en valeur, sa mère lui faisait les gros yeux et son père l’enlaçait lui souhaitant bon courage pour sa nouvelle vie en Corée. Oui il n’était pas guéri. Oui il était une fille aujourd’hui. Et oui il partait. Parce qu’il avait appris à vivre avec. Parce qu’il y avait des jours plus difficiles que d’autres, mais qu’il s’y ferait. Il partait pour Seoul, où il s’expatriait et comptait continuer à vivre le reste de ses jours, sauf s’il se décidait encore à déménager dans un autre pays. Il avait passé ses diplômes avec brio, ayant dans les mains un master des métiers du livre, et pas mal d’expérience lui permettant de gérer la bibliothèque de la grande université de Yonsei. Après il se doutait bien que ça ne serait pas forcément facile, mais bon. La vie n’était jamais facile pour personne.

Et pas forcément non plus pour un garçon qui se réveillait parfois le cœur lourd et l’esprit d’une fille, d’une femme et parfois entre deux avec cette envie de disparaître le temps que son cœur choisisse.

Mais derrière l’étiquette de Gender Fluid qui lui collait à la peau, il était surtout une chose :
Humain.