“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”

elle croise délicatement les jambes, ses mains subtilement posées sur ses genoux, un sourire dessiné sur ses douces lèvres tandis qu'elle regarde silencieusement cet homme qui s'évertue à chanter, ivre. ce n'est pas la vie d'artiste qu'elle s'imaginait. tenir compagnie à de vieux hommes riches, faire semblant de trouver leurs blagues drôles, les servir, les assister et parfois même les laisser glisser leurs mains sur ses cuisses nues. cela la dégoûte bien entendu, elle n'y prend aucun plaisir. mais elle n'a guère le choix, le seul chemin qui lui est offert vers la célébrité. elle n'est pas seule, quelques femmes se sont aussi jointes à elle. un peu plus âgés mais pas beaucoup plus, peut-être ont-elles la majorité. quoiqu'il en soit l'âge ne semble guère être le point majeur dans cette relation pseudo proffessionnelle entre riches hommes d'affaires et jeunes trainees. yixing applaudit, yixing rit. elle ne parle que rarement, ce n'est pas réellement ce que l'on attend d'elle, elle a finit par s'y faire. cela fait bien six mois qu'elle joue ce petit jeu. cela ne lui semble pas très légale pourtant elle obéit, elle écoute son agent. il est le seul à pouvoir la faire percer, le seul qui sache ce qu'elle doit faire et ne pas faire. elle se sent heureuse, elle n'est pas niaise, elle sait bien ce qu'il se passe après ses soirées karaoké, lorsque certaines de ses comparses partent avec ces hommes. mais elle n'a pas à le faire. hae jin vient toujours la chercher, il la ramène chez elle, il ne la force pas à rester avec ces hommes répugnants. alors elle lui est reconnaissante même si au fond elle lui en veut de ne guère l'avoir prévenu avant qu'elle ne signe le contrat. approches-toi ma jolie.  lui murmurre l'un des hommes. à en croire son accent lorsqu'il parle coréen celui-ci n'a rien d'un local, probablement un japonais, du moins c'est ce que ses cheveux mi-long et son bouc laisse à penser. il n'est pas aussi vieux que les autres, peut-être n'a t-il que la trentaine, mais comparé à la jeune adolescente c'est déjà bien le double de son âge. il lui fait signe de lui servir un verre, ce qu'elle s'empresse de faire, un doux sourire sur les lèvres. pour y avoir assisté quelques mois auparavant, il n'est jamais bon de vexer un client. cela finit toujours mal. la dernière à avoir répliqué a finis par se faire virer de l'agence disant aurevoir à tout espoirs de percer dans le milieu artistique un beau jour.  prenant le verre à deux mains, elle le tend à l'homme tout en inclinant délicatement la tête, signe de respect envers son aîné. elle est soumise, totalement soumise et elle n'en est guère fière. cela ne lui ressemble guère et heureusement pour elle, aucun membre de sa famille n'est là pour le voir. on lui tend alors un micro, lui assenant de chanter avec une autre fille, chose qu'elle s'empresse de faire, se levant pour faire face aux hommes et quelques filles restantes. elle a l'impression d'être un pantin, juste bonne pour amuser la galerie. pourtant c'est belle et bien souriante qu'elle entame la chanson tout en dansant légèrement sur place. alors c'est ça la vie d'artiste ?

© Starseed

La nuit était bien jeune lorsque Jae Hwan débarqua à l'Izakaya, accompagné de quelques amis. C'était le premier soir où il était réellement libre et ce, depuis des lustres : Il avait confié la garde de ses petits frères et sœurs à son oncle et sa tante et avait réussi à se soustraire de son second travail à mi-temps, le temps d'aujourd'hui. Il aurait pu avoir bien d'autres activités intéressantes à faire mais tout ce qu'il souhaitait, là maintenant, était de trinquer et s'arracher les cordes vocales en chantant mal sur des vieilles musiques coréennes. Malheureusement, la meilleure pièce du bar était déjà prise - il eut le toupet de demander quand même, parce qu'il avait bossé ici pendant deux ans quand même - et le petit groupe dut se contenter de la pièce voisine, plus petite et moins bien aérée.

Après un petit verre et avoir dansé mielleusement sur deux chansons - brisant au passage l'image de dur qu'on pouvait avoir de lui de la pire manière possible -, Jay quitta la salle pour aller vider sa vessie. Et après une bonne minute à s'amuser avec les pastilles bleues dans l'urinoir, il rejoignit sa box tout sourire. Sourire qui disparu immédiatement lorsque, pris par la curiosité, il jeta un coup d'œil dans la petite fenêtre de la porte du box voisin. L'étudiant plissa les yeux jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que des lames de rasoir, espérant désespérément avoir mal vu ce qu'il venait de voir. Mais non. Le visage collé contre le bout de vitre, il constata avec horreur que celle qui se dandinait, là, devant ces types aux visages douteux, c'était Yi Xing. Sa précieuse petite cousine.

Pour être honnête, Jae Hwan eut quelques désagréments avec sa cousine. Et il sait qu'il aurait du la soutenir lorsque celle-ci commença à se battre pour atteindre son rêve. Mais ce qu'il voyait, là tout de suite, était la principale raison pour laquelle il se tint du côté de son oncle. L'industrie de la musique et du spectacle était remplie de vieux pervers qui profitaient de leurs positions pour obtenir des avantages. Mais Yi Xing. Elle n'avait que seize ans ! Comment pouvaient-ils lui forcer à danser de cette manière devant ces vieux pervers ?! Le poing serré jusqu'au sang, Jay se retint d'entrer et de tout casser : S'il faisait ainsi, c'en était fini des rêves de la petite et ça, il ne pouvait pas se le permettre.
Se retournant, il aperçu un serveur qui passait par là. L'attrapant par le col et l'attira vers lui, l'étudiant travaillant dans la crèche lança, le regard sévère : "TOI. CHANGE DE FRINGUES AVEC MOI. TOUT DE SUITE" L'intonation de sa voix se suffisait à elle-même ; Jay ne plaisantait pas du tout. Les deux garçons entrèrent ensuite dans les toilettes - n'imaginez pas des choses, oh - et lorsqu'ils ressortirent, le cousin des jumelles était habillé en serveur. "CELLE LA. C'est ma box. Amuse toi là dedans avec les autres. Je m'occupe du service de la salle principale." Marmonna l'étudiant en attrapant le plateau du serveur. "ET QUE CA SAUTE. SINON CE SONT TES DENTS QUI VONT SAUTER" menaça l'étudiant, le poing levé.  

Inspirant un grand coup, le bonhomme entra finalement dans la salle, discrètement. Déposant le plateau sur la petite table, il servit l'alcool à tous ces vieux types qui bavaient presque sur ces pauvres jeunes filles. "Voici pour vous messieurs ! Bière, Soju, comme vous l'avez demandé ! Ah oui, l'autre serveur a soudainement eu mal au ventre, genre diarrhée surprise. Je suis là pour le remplacer." S'exclama Jay, armé de son plus beau et faux sourire. Puis, se retournant vers mademoiselle, il murmura, en chinois histoire que les autres ne comprennent pas : "姑娘,你在这里干什么???"
Pas la peine de vous dire que son expression n'était pas la plus joviale du monde. Puis se retournant vers les autres clients, il se força à nouveau à sourire : "Vous désirez autre chose, messieurs ?"

“Sometimes I believe that this less material life is our truer life, and that our vain presence on the terraqueous globe is itself the secondary or merely virtual phenomenon.”

   Encore une fois, elle est au centre de l’attention. Si cela avait été son rêve durant de si longues années, ce n’est malheureusement pas ainsi qu’elle avait imaginé la chose. Elle chante, elle sourit, elle danse, pour ces hommes de vingt ans ses aînés. Elle tente de se concentrer sur un point invisible, de s’imaginer une foule de fans en train de l’applaudir, remuant des banderoles à son nom et criant celui-ci. Elle s’imagine sur une grande scène, accompagnée des membres de son groupe que de nombreux étudiants coréens admirent. Elle se perd dans ses pensées, imaginant une vie qu’elle n’a guère. Cela l’aide, cela l’aide à tenir le coup, à oublier qu’elle se produit pour de vieux hommes d’affaires, qu’elle sacrifie sa personne dans l’unique but d’attirer l’attention d’un producteur, de plaire et de satisfaire. Même dans ce genre de situation, elle arrive encore à se donner à fond, chantant comme si elle enregistrait un nouvel album, souriant comme elle le ferait probablement en voyant ses fans faire la queue pour pouvoir obtenir un petit autographe d’elle. Cela fait longtemps qu’elle a appris à survoler les regards qui se posent sur elle, ses regards qui n’ont rien d’admirateurs mais qui se plaisent à savourer les courbes de son corps, qui ne porte d’attention qu’à son apparence et guère à son talent artistique. Un sacrifice.

La porte s’entrouvre et son cœur rate un battement. Son regard s’est directement posé sur la silhouette qui venait de pénétrer dans la pièce, un simple réflexe qu’elle vient à regretter. Pourtant elle continue de chanter, son esprit divaguant, les questions affluentes. Cet homme, elle le reconnaitrait parmi des milliers voir des millions, cet homme pourrait en un claquement de doigt mettre fin à sa carrière, tout simplement parce que cet homme c’est sa famille, parce qu’il fait partis des personnes qui n’auraient jamais dû découvrir les aléas de son métier. Elle aimerait fuir, échapper à son regard qui lui est plus difficile de supporter que n’importe lequel de ses vieux pervers. Elle a trahis leur confiance, leur faisant croire que sa carrière était rose et paisible, qu’elle passait ses journées à danser, chanter et s’amuser avec ses collègues. Elle a tentée de leur faire croire qu’elle était considérée comme l’adolescente qu’elle était et que l’on ne lui faisait guère faire des choses non adaptés à son âge. Elle avait mentis, en long, en large. Elle avait caché la vérité, pour ne guère les décevoir plus qu’elle ne l’avait déjà fait en signant son contrat sans leurs accords. Mais plus encore elle le leur avait caché par pur égoïsme, parce qu’elle ne pouvait envisager qu’ils ne détruisent son rêve. « 姑娘,你在这里干什么??? » elle déglutit douloureusement, son regard posé sur son cousin, profitant de l’excitation des clients provoqué par l’arrivée des bière et du soju pour lui répondre en mandarin. « 你呢 ? 你不应该在这里！你跟从我吗 ? » Alors c’était ça ? il la suivait, l’espionnait dans l’optique de pouvoir tout rapporter à ses parents ? Ou n’était-ce qu’une simple coïncidence ? Elle doutait fortement de la dernière option, son cousin était beaucoup trop du côté de ses parents pour ne pas avoir eu l’idée saugrenue de la suivre. L’un de ses clients lui tandis un verre de soju mélangé avec de la bière qu’elle se vit obligé de porter à ses lèvres de sorte à trinquer avec eux. Elle n’aimait pas l’alcool et cela n’avait rien à voir avec son jeune âge, elle ne trouvait tout bonnement pas le goût plaisant ni même les effets secondaires que cela pouvait lui procurer entre autre : des nausées et un mal de crâne relativement intense. « Veuillez m’excuser je dois me rafraichir un instant. » indiquait-elle poliment aux clients qui lui faisait signe tout en riant d’aller se rafraichir comme bon lui semblez. Il lui fallait quitter la pièce mais surtout s’expliquer avec son cousin, savoir pourquoi il se trouvait ici et encore plus, savoir pourquoi il portait ce costume ridicule. « 来 ! » ordonnait-elle à jaehwan tout en quittant la pièce, se dirigeant vers les toilettes. Elle n’était pas sure que cette conversation aboutisse quelque part, ou si il allait la forcer à rentrer chez eux mais une chose était sure, elle ne se laisserait pas faire.

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Des enfants qui rêvaient de devenir idole, il y en avait beaucoup. Ce n'étaient pas nécessairement les plus doués ou les plus talentueux qui arrivaient à gravir les dernières marches de cette espèce de parcours du combattant et Jae Hwan, à l'instar de son oncle et sa tante, craignait que les rêves de grandeur de Yi Xing finissent par lui brûler les ailes. Et si ces trois "adultes" souhaitaient avant tout le bien de la jeune taïwanaise, ils avaient tous les trois omis l'importance des "rêves". Jae Hwan avait fini par accepter cela et après tout, n'était-elle pas en droit de décider ce qui était bien pour elle ou non ? Tout ce qu'il pouvait faire, ce qu'il avait droit de faire et qu'il devait faire, c'était l'encourager dans ce sens. Même si, extérieurement, il donnait l'impression de se tenir du côté des parents des jumelles. Sans doute pour cette raison que sa relation avec l'aînée de Yi Chen s'était tellement rafraîchie.

Mais ce qu'il voyait, là devant lui, remettait toutes ses convictions sur la table. Est-ce que les parents n'avaient-ils pas finalement raison ? L'industrie de la pop coréenne, cet univers était plus impitoyable que ne pouvait l'être Dallas elle-même. Une gamine de seize ans, se pavaner de cette manière, devant des adultes, entouré d'alcool ! Cela le révoltait mais... Que pouvait-il faire ? Faire comme s'il n'avait rien vu ? Non, il était trop attaché à elle pour ignorer cela. Entrer dedans et tout casser ? Non plus. Encore une fois, il était trop attaché à elle. Et à son rêve, pour faire cela. La meilleure solution - ou du moins, la moins pire - fut donc celle d'entrer incognito et l'aider à sortir de cette situation. Dans le pire des cas, celui qui serait puni, c'était lui ! Yi Xing s'en tirerait parfaitement !
Bon, à la tête qu'elle avait tiré lorsqu'elle remarqua l'apparition soudaine de son cousin, on pouvait en comprendre que sa présence n'était pas spécialement souhaitée. Mademoiselle répondit au chinois de Jae Hwan par du chinois et sa question le prit au dépourvu, complètement. La suivre ?! Lui ?! Alors oui, cette idée avait germé dans sa tête dans le passé. A plusieurs reprises. Et son oncle lui avait demandé de la filer le temps de quelques soirées, histoire de s'assurer qu'elle ne fasse rien de grave. A plusieurs reprises aussi. Mais non, ce n'était clairement pas son intention - et il ne l'avait pas fait, je vous assure ! - : Tout ce qu'il voulait, à l'origine, c'était de prendre un bon de bon temps avec ses potes et s'éparpiller les cordes vocales à s'en cracher les poumons. "什...什么?! 跟从你?!" Lâcha le bonhomme, outré, avant de se retourner vers les trentenaires à moitié bourré. Il leur remplit leurs verres, avant de regarder, les yeux grands comme deux pastèques, sa cousine engloutir un verre d'alcool. Mine de rien, elle en avait de la descente, la petite.

Il reprit ses esprits lorsque cette dernière lui demanda, en china, de la suivre. Faisant la courbette envers ses clients, Jay lâcha "Désolé messieurs, je m'absente un petit instant. Diarrhée explosive. Je reviens vous servir dans quelques petites minutes !" en souriant, une fois n'est pas coutume. Puis avançant à reculons, il finit par disparaître de la salle, rejoignant Yi Xing dehors. "首先,妹妹,不要误会.我没跟从你.真的." Grommela l'étudiant, visiblement énervé. Non, il ne l'avait pas suivit. Tout ça, c'était une pure coïncidence cosmique. "可是.他们是谁?!他们怎么...你怎么...哎." Les mots lui manquaient, honnêtement. Il avait des milliers des questions mais ne trouvait pas le bon moyen de les lui poser. "如果叔叔和阿姨知道这些...哎..." Puis un énième soupire. Jay posa ensuite sa tête contre le mur, et tapa dessus à plusieurs reprises. "Pourquoi... Il a fallu que je tombe sur toi ce soir... Tout le monde sait que je ne sais pas mentir... Arghhh" Voulait-il dire par là qu'il n'allait pas raconter la vérité à son oncle ?