Je suis plutôt pleine de surprise, du genre bouillant. Pour tout avouer je ne sais jamais si je vais exploser ou bien me mettre à rire. Je déteste ça mais je suis trop émotive et j’ai une sensibilité à fleur de peau que je ne maitrise pas toujours. Il faut sans cesse que je sois en mouvement, que je bouge fasse du sport, que je me dépense. Je donne l’impression d’avoir une grande confiance en moi en étant plutôt extravertie, mais en réalité c’est juste une façon de masquer mes doutes et mes craintes. Je fonce dans le tas et tant pis si ça casse, personne ne le remarquera. Je ne suis pas franchement douée pour aider les autres, je suis un peu boulet sur les bords. J’arrive rarement à garder un secret, et ce n’est pas tant que je veux vous pourrir la vie, c’est juste que je parle trop vite et que parfois, mes mots dépassent mes pensées. Pourtant quand il s'agit de cacher mes propres secrets je suis une pro ... enfin je crois. J’y peux rien je suis comme ça. J’ai un côté insouciant et j’ai du mal à me stabiliser, à trouver mon équilibre. J’exagère souvent mes réactions pas tant pour me faire remarquer que pour me donner une contenance. J’aimerais croire que je peux ainsi tout contrôler mais je reste malgré tout influençable. Il m’arrive d’être trop exigeante avec ceux que j’aime, et ma moralité pour les autres peut vite être blessante. Je sais, je suis chiante, et j’agace facilement. Et j’ai beau vouloir le cacher et ne pas le montrer mon entourage, l’orphelinat dans lequel j’ai grandit, sont le véritable centre de gravité de ma vie. Mais je préfère agir comme si j’étais une femme libre. Sans attache. Intuition et sensibilité ne font qu'un chez moi et ils se confondent totalement. Et j’ai parfois un sixième sans et un charme dont je n'ai pas toujours conscience. Je ne sais pas ce qui énerve le plus chez moi, mais les filles ne m'apprécie pas vraiment. Je vais avoir plus de facilité à me lier d'amitié avec les garçons. Je finis toujours par m'engueuler avec les filles. Je ne sais pas pourquoi. Mais bon … On m’aime comme ça, pas vrai ?

J’ai le souffle court. La gorge en feu à tel point que chacune de mes inspirations est une véritable torture. Mon cœur bat si fort qu’il risque de s’échapper de ma poitrine. J’ai la tête qui tourne, la bouche sèche. L’air ne me fait aucun bien et j’ai surtout envie de vomir. Ma vue est brouillée par rideau de larmes superflu. Je me laisse tomber contre ce mur pour reprendre mon souffle. J’ai mal aux côtes. Je suis sûre que ce connard m’en a fêlé une. J’arrive même plus à tenir debout. Mes jambes tremblent tellement que je risque de m’effondrer au moindre pas. J’ai ce goût de sang en bouche qui m’écœure, un goût de rouille qui me serre le ventre. Je fais quelques pas dans cette ruelle dans laquelle j’ai réussi à me dissimuler à temps. Putain j’ai l’impression de jouer dans un mauvais film d’action, j’aurais pu en rire, vraiment, je trouve ça risible, mais la situation m’échappe trop et ça me rend dingue … Mes jambes ne me portent plus et je m’effondre derrière cette benne à ordure contre laquelle je me blottis pour me cacher. Réduite à ça. J’ai l’air pathétique à souhait, mais ça pourrait faire une bonne scène comique pas vraie ? Au loin j’entends des pas de courses qui s’éloignent mais je suis incapable de me redresser. Pas maintenant, laissez-moi encore un peu de temps pour reprendre mon souffle. Je n’ai pas le courage de reprendre ma route. A vrai dire j’ai juste envie de me laisser crever ici. Une sensation de froid me saisit sous la fesse droite et sous ma cuisse. Surprise je me redresse juste assez pour voir mon jean se mouiller. Je retiens un juron en constatant que je suis à moitié affalée dans une flaque d'eau que je n'avais pas vu. Je grimace en tentant de me décaler sur le côté mais une douleur aiguë me vrille les côtes. Fait chier. Cette fois le juron pars alors que je passe le dos de ma main sur mon front moite. Il faut que je parte d'ici. Ils ne vont pas tarder à comprendre que je l'ai ai semé et faire demi-tour.

Je sors mon téléphone portable pour prévenir mon ami d'enfance que notre rendez-vous est compromis. Encore une fois je me trouve une excuse bidon que je ferais passer avec un sourire la prochaine fois que je le verrais. Je déteste lui mentir mais je n’arriverais pas à lui dire que ces mecs me sont encore tombés dessus. Je le connais et d’aussi loin que je me souvienne il a toujours voulu me protéger et je sais aussi qu'il débarquera sans prendre la peine de réfléchir s'il sait qu'on a touché à l'un de mes cheveux. On a grandi ensemble dans cet orphelinat. C’était un peu nous contre le reste du monde. On faisait toujours en sorte de se montrer le plus dur et le plus impolie possible pour faire fuir de potentiels parents adoptifs ... on l'avait trouvé notre famille et elle se résumait à nous deux. Mais on avait beau en être persuadés ça n'a pas empêché des gens de venir me l'arracher peu de temps avant que l'on puisse quitter l'orphelinat. Je crois que c'est à ce moment-là que la situation m'a échappé. Les dettes, l'argent, les responsabilités. Tout s'est mélangé dans ma tête et j'ai fini par faire n'importe quoi. Je voulais juste aider l'orphelinat et je me suis finalement condamnée toute seule. Je savais que l'organisation n'était pas clean, je savais que ce qu'ils me demandaient de transporté pour eux était illégal mais je fermais les yeux. L'argent facile, l'argent rapide était plus important ... Jusqu'à ce qu'on me demande de jouer au bimbo pour des chefs de je ne sais quoi. J'ai voulu rendre mon tablier mais ils ne l'entendaient pas de cette oreille ...

Quelques mois après le début de mes embrouilles, je suis allée en chine pensant pouvoir fuir rien qu'un temps mon quotidien. Je l'ai revu là-bas, j’y allais que pour lui d’ailleurs. Cet ami d'enfance qui me manquait tant ... ce qui s'est passé ce weekend-là marque un tournant à ma vie ... J’ai réalisé à quel point je tenais à lui. Mais j'ai dû rentrer et je l'ai perdu de vu. Je me suis retrouvée seule, avec le peu d'ami qui me restait. Hwannie et son basket surtout. C’était ma bouffée d'oxygène. Je crois que sans lui et sa passion j'aurais déjà lâché prise. J’avais toujours autant de dette, je m’embourbais toujours autant dans mes mensonges et ces hommes ont commencé à me chercher ... Ce n'était pas rare que je me retrouve avec des bleus. C’était même devenu une habitude, à tel point que j’ai dû prétexter faire partie d’un club de boxe pour me donner une excuse. Puis je suis entrée à l’université. Chez les Pyobeom, une famille dans laquelle j’ai su trouver ma place. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je pense que je me suis cru au-dessus de tout.  Moi qui me pensait être en sécurité à l'université j'ai finalement dû faire une croix dessus ... Ca impliquait trop de gens et c’était égoïste de ma part. Alors je suis partie. J’ai erré quelques temps et c'est Kan qui m'a trouvé. Jamais je ne pourrais le remercier pour ce qu'il fait pour moi ... il affiche toujours son air blasé et presque saoulé que je sois dans ses pattes mais je le suis comme un petit poussin, reconnaissante jusqu'à la fin de ma vie. Il m'a proposé une chambre au Kurss en échange de mes services dans son bar. Je suis devenue une hôtesse et j’ai d’ailleurs choppé un vrai coup de main pour ce qui est de distribuer les cartes. J’y ai rencontré une bande d'idiots vraiment particulière, mais adorables …

J’ai finalement réussis à me sortir de mon impasse et j’arrive au club. J’y entre d'ailleurs par l'issu de secours pour être sûre de croiser personne. Mais c'était sans compter Sun Ji Bok et sa serpillière en main qui lavait les escaliers. Comment il lui en vouloir, il ne faisait que son job en préparant la salle pour ce soir. Je détache mes cheveux pour cacher un minimum le bleu de ma pommette et la commissure éclatée de mes lèvres. Je trace ma route sans lui prêter attention. Je sais que si je m'arrête il va me poser des questions. Me tenant les côtes je grimpe quatre à quatre les marches pour vite m'enfermer dans ma chambre. Je m’en veux de le fuir comme ça, mais c’est plus facile. J’espère y trouver Tara mais je dois bien me rendre à l'évidence qu'elle ne sera pas là ce soir. Je me laisse tomber sur mon lit en gémissant. Je me sens lasse. Fatiguée de tout ça. Mon téléphone n'arrête pas de vibrer. Je sais que mon ami d'enfance veut des explications, une bonne raison de ce changement de plan à la dernière minute. Je finis par éteindre mon portable et roule en boule sous ma couette. Pardon … mon corps est courbaturé de partout, je devrais me détendre sous la douche mais j'ai la force de rien. La voix de Bok ne tarde pas à retentir derrière ma porte. Je mords ma lèvre pour retenir un soupir. Il est inquiet ça s'entend au son de sa voix. Je pourrais faire la sourde oreille comme d'habitude mais de nous deux c'est lui le plus têtu. Alors je finis par ouvrir cette porte et son expression change radicalement. Son regard se durci et il ouvre la bouche comme pour protester. Je sais Bok ... Fatiguée de devoir courir j’abdique. Je le laisserais s'occuper de moi pour ce soir. Lui aussi à toute ma reconnaissance si seulement il le savait ... J'ai de la chance, j’ai vraiment des gens qui veulent me protéger et sur ce qui je peux compter mais ma fierté m'empêche de les laisser approcher. peut-être qu'un jour je finirais par accepter le fait que j'ai besoin d'eux. Et si je n’étais pas aussi bête j’arrêterais de fuir la seule personne que je veux vraiment …  ce garçon qui a partagé ma vie d’aussi loin que je me souvienne.