ignorance is bliss. #kana
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ignorance is bliss. #kana | Mer 25 Nov - 18:30 Citer EditerSupprimer
outfit — Cela faisait déjà plusieurs jours que j'avais presque campé dans la bibliothèque de l'université. J'en avais fait mon antre, mon nid douillet, un véritable jardin d'Eden où personne n'osait m'approcher. Le calme. C'était ce dont j'avais besoin. Les nuits interminables à se faire courir après par les gangs les plus malfamés de Séoul suffisaient à vous traumatiser. Je dois avouer que certaines soirées je venais ici simplement pour savoir que je n'étais pas seul, pour me dire qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur. Parce que oui, ce serait insensé de dire que je n'avais pas peur. Je tenais à la vie, je comptais faire de grandes choses, je comptais sauver des vies, devenir riche éventuellement, tant de choses qui semblaient si insignifiantes comparées au besoin primaire de rester en vie. « On te retrouvera, petit con. » Je déposai mon stylo soudainement en me souvenant de ces mots. Je ne me souvenais plus de celui qui les avaient prononcé mais il avait une voix grave, ce genre de voix qui ont l'air d'avoir été conçues pour que la personne en question se spécialise dans le crime. Il m'avait saisi par l'épaule et m'avait poussé contre le mur avant qu'un membre du gang auquel j'offrais mes services ne s'interpose. J'avais couru de toutes mes forces et avais réussi à me sauver. Je ne sais pas si c'est le cas de l'homme qui m'a sauvé. Je fermai les yeux un long moment avant de les réouvrir. Je me rendis soudain compte de quelque chose qui m'avait échappé jusque là : J'étais seul dans ce coin sombre de la bibliothèque. Je n'appréciais déjà pas la solitude à la base, alors me retrouver seul dans un état pareil, rongé par la peur et les hallucinations, ne semblait pas être une bonne idée. Je ne pouvais pas espérer travailler une minute de plus. J'étais perdu, effrayé. Ce genre de crises de paniques me venaient de temps à autre, je les ignorais. J'évitais de les appeler crise de panique, je les voyais davantage comme des moments de faiblesses.
Et pourtant, je m'étais levé, mes livres de chimie dans les mains. Je marchai un court moment avant de m'avancer vers une jeune fille aux cheveux blonds, elle semblait perdue dans ses propres affaires alors je tentai de ne pas trop la déranger en m'asseyant près d'elle, sans faire de bruit. Nos regards se croisèrent un court moment alors je fis de mon mieux pour paraître aimable, un minimum. C'est à cet instant précis que je me rendis compte que s'il y avait bien un Dieu —ou une quelconque entité supérieure aux hommes— alors il ne m'appréciait pas beaucoup. Il me fallut une minute pour m'en rendre compte. Je ne m'en félicitais pas vraiment à vrai dire, j'aurais préféré être ignorant. Parfois il vaut mieux l'être.
Cette jeune fille, voyez-vous, lorsqu'elle se pencha laissa transparaître une cicatrice au niveau de sa clavicule, le genre de cicatrices que j'ai eu l'occasion de voir maintes et maintes fois. Une balle, tout simplement. Enfin, tout simplement, voila un bien bel euphémisme. Mon expression changea soudainement. Était-ce une caméra cachée? Une supercherie? Ils avaient finalement découvert qui j'étais et avaient envoyé une des leurs, celle qui paraissait la plus adaptée au rôle d'étudiante?! A cet instant là, les scénarios se succédèrent dans mon imagination et je fus forcé de l'admettre: cela ne pouvait pas être une coïncidence. Je risquai cependant d'être découvert si j'agissais brusquement, peut-être qu'elle ne savait pas qui j'étais, du moins pas encore. Ils me recherchaient probablement...En déposant mes livres sur la table, je me tournai vers elle en lui disant à voix basse, en essayant de garder mon calme: « Tu ne serais pas nouvelle ici? » En réalité, j'avais plus envie de le demander si elle n'avait pas comme projet futur de me mettre une balle entre les deux orifices, ça viendra.
Ignorance is bliss.
Kana & Joo Heon
outfit — Cela faisait déjà plusieurs jours que j'avais presque campé dans la bibliothèque de l'université. J'en avais fait mon antre, mon nid douillet, un véritable jardin d'Eden où personne n'osait m'approcher. Le calme. C'était ce dont j'avais besoin. Les nuits interminables à se faire courir après par les gangs les plus malfamés de Séoul suffisaient à vous traumatiser. Je dois avouer que certaines soirées je venais ici simplement pour savoir que je n'étais pas seul, pour me dire qu'il n'y avait aucune raison d'avoir peur. Parce que oui, ce serait insensé de dire que je n'avais pas peur. Je tenais à la vie, je comptais faire de grandes choses, je comptais sauver des vies, devenir riche éventuellement, tant de choses qui semblaient si insignifiantes comparées au besoin primaire de rester en vie. « On te retrouvera, petit con. » Je déposai mon stylo soudainement en me souvenant de ces mots. Je ne me souvenais plus de celui qui les avaient prononcé mais il avait une voix grave, ce genre de voix qui ont l'air d'avoir été conçues pour que la personne en question se spécialise dans le crime. Il m'avait saisi par l'épaule et m'avait poussé contre le mur avant qu'un membre du gang auquel j'offrais mes services ne s'interpose. J'avais couru de toutes mes forces et avais réussi à me sauver. Je ne sais pas si c'est le cas de l'homme qui m'a sauvé. Je fermai les yeux un long moment avant de les réouvrir. Je me rendis soudain compte de quelque chose qui m'avait échappé jusque là : J'étais seul dans ce coin sombre de la bibliothèque. Je n'appréciais déjà pas la solitude à la base, alors me retrouver seul dans un état pareil, rongé par la peur et les hallucinations, ne semblait pas être une bonne idée. Je ne pouvais pas espérer travailler une minute de plus. J'étais perdu, effrayé. Ce genre de crises de paniques me venaient de temps à autre, je les ignorais. J'évitais de les appeler crise de panique, je les voyais davantage comme des moments de faiblesses.
Et pourtant, je m'étais levé, mes livres de chimie dans les mains. Je marchai un court moment avant de m'avancer vers une jeune fille aux cheveux blonds, elle semblait perdue dans ses propres affaires alors je tentai de ne pas trop la déranger en m'asseyant près d'elle, sans faire de bruit. Nos regards se croisèrent un court moment alors je fis de mon mieux pour paraître aimable, un minimum. C'est à cet instant précis que je me rendis compte que s'il y avait bien un Dieu —ou une quelconque entité supérieure aux hommes— alors il ne m'appréciait pas beaucoup. Il me fallut une minute pour m'en rendre compte. Je ne m'en félicitais pas vraiment à vrai dire, j'aurais préféré être ignorant. Parfois il vaut mieux l'être.
Cette jeune fille, voyez-vous, lorsqu'elle se pencha laissa transparaître une cicatrice au niveau de sa clavicule, le genre de cicatrices que j'ai eu l'occasion de voir maintes et maintes fois. Une balle, tout simplement. Enfin, tout simplement, voila un bien bel euphémisme. Mon expression changea soudainement. Était-ce une caméra cachée? Une supercherie? Ils avaient finalement découvert qui j'étais et avaient envoyé une des leurs, celle qui paraissait la plus adaptée au rôle d'étudiante?! A cet instant là, les scénarios se succédèrent dans mon imagination et je fus forcé de l'admettre: cela ne pouvait pas être une coïncidence. Je risquai cependant d'être découvert si j'agissais brusquement, peut-être qu'elle ne savait pas qui j'étais, du moins pas encore. Ils me recherchaient probablement...En déposant mes livres sur la table, je me tournai vers elle en lui disant à voix basse, en essayant de garder mon calme: « Tu ne serais pas nouvelle ici? » En réalité, j'avais plus envie de le demander si elle n'avait pas comme projet futur de me mettre une balle entre les deux orifices, ça viendra.
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Re: ignorance is bliss. #kana | Mer 25 Nov - 20:58 Citer EditerSupprimer
Ça fait quelques mois, quelques mois depuis tous ces évènements et je n’arrive toujours pas à oublier. Je ne pourrai jamais oublier. Papa me manque horriblement, et je m’adapte tant bien que mal à ma nouvelle vie, loin de tout ce que j’ai connu. Vivre en Corée du Sud n’était pas aussi horrible que ce que j’avais pu m’imaginer. Bien évidemment, je n’arrive pas vraiment à m’intégrer de par mes origines et j’ai bien conscience que Seoul est, tout comme Tokyo, une ville dangereuse où les gangs prolifèrent. Mais j’ai la sensation que tout est mieux géré par ici. J’ai fini par me sentir à l’aise, moins alerte à mon entourage. C’est ce que je pensais, en tout cas. Je me sens presque normale, à aller en cours, à étudier comme une fille sans histoire. Mais il ne faut pas être bien malin pour se rendre compte que tout n’était qu’une façade. J’ai eu beaucoup de mal les premières semaines, connaissant pour la première fois à quel point la barrière linguistique pouvait poser problème. Et j’avais donc décidé d’étudier d’arrache-pied afin de ne plus me sentir aussi mal à l’aise, avec ces gens qui disent des mots que je ne comprends pas. La bibliothèque est devenu mon lieu de prédilection. Je préfère pourtant de loin taper dans un sac de boxe et rester en sécurité dans mon dortoir, mais je pense que je n’ai pas le choix de toute façon. C’est inconcevable que je reste dans ce pays sans savoir en parler la langue. Concentrée sur mes études, je murmurais tels mots et telles phrases en espérant les retenir, ne remarquant que trop tard qu’une personne s’était installée à mes côtés.
Je sursaute et mes épaules se raidissent immédiatement. Je me sens presque adopter une position de combat, mais réussis à me retenir à temps. C’était un homme. Et je me sens stupide d’avoir pu penser ne serait-ce qu’une seule seconde que cet homme était celui qui était la cause de toutes mes souffrances, celui qui avait fait de ma vie un enfer en tuant mon père et en jurant de me retrouver pour des raisons que je ne souhaitais pas comprendre. Je me sens frissonner, mais tente tant bien que mal de paraître aimable, la méfiance ne me quittant pas. J’analyse l’homme devant mes yeux : probablement plus âgé que moi, et paraissant en assez bonne condition physique pour me tenir tête. Voulait-il seulement m’agresser ? Je suis tarée de penser ça à chaque fois que quelqu’un tente de m’approcher. Vraiment, Kana, tu es pitoyable. Mais je remarque le visage troublé de l’inconnu, regard qui n’est pas tant dirigé sur mon visage, plutôt plus bas. En baissant la tête, je remarque que mon tee shirt ample laisse découvrir un peu trop de ma peau lorsque je ne me tenais pas droite. Ce qui avait été le cas, et il ne me faut pas plus de temps pour comprendre que le regard maintenant méfiant et distant de l’homme à avoir avec la cicatrice qu’il avait pu apercevoir sur ma clavicule gauche. Je sens mes joues rougir à la simple idée qu’un homme ait pu voir autant de ma peau, qu’il ait pu regarder ce qui était une gêne pour moi. Sa question parait bien innocente, mais elle ne l’est pas. Tandis que je pose ma main sur mon tee shirt, l’attrapant entre mes doigts et le triturant nerveusement par-dessus ma cicatrice, je baisse la tête mais ne le quitte pas du regard, l’expression sérieuse. « Ne te fais pas d’idées. » déclarais-je dans un coréen approximatif, me sentant rougir malgré moi par mes efforts peu fructueux de parler coréen, poursuivant après un bref silence. « J’aimerai que tu gardes pour toi ce que tu as vu. » S’il commence à ébruiter ça, je vais sans doute m’attirer de gros ennuis avec telle racaille ou mafieux ou que sais-je. Je n’ai vraiment pas envie de manquer de mourir une deuxième fois, ni de revoir la tête de cet homme dans ces conditions. Mais encore une fois, peut-être que tout a été prévu par ce garçon en face de moi ? Pourquoi est-il venu s’installer à mes côtés dans cette bibliothèque peu remplie ? Je serre les poings, alerte à chacun de ses mouvements, me préparant mentalement à me défendre s’il comptait m’attaquer pour je ne sais quelle raison.