Qu'est-ce qui lui était passé par la tête ? Pourquoi lui avait-elle envoyé ce message, pourquoi était-elle en route pour ce lieu qu'elle était sûre de détester ? Il y a ces fois où on ignore comment on en arrive à agir de certaines manières. Mais c'était ainsi, elle lui avait lancé ce défi, elle se devait de l'honorer. Plus par question de fierté que pour autres choses, elle n'aimaient vraiment pas perdre face à lui, il s'agissait pourtant de son amie, mais la plus jeune se disait que de cette façon, il existait toujours pire qu'elle. Un cas encore plus désespéré que le sien et quand bien même elle flippait de ses nombreux délires, c'était amusant de voir lequel des deux étaient le plus courageux - même si nous pouvons dire aujourd'hui que ni l'un, ni l'autre ne l'est. Et après, elle pouvait toujours aller se réfugier dans le lit de son fiancé, dans les bras de son frère de cœur, contre la poitrine de sa meilleure amie. Bref, elle avait pleins de raisons pour se faire chouchouter et dorloter par les personnes qu'elle aimait, simplement pour avoir voulu jouer à la grande. Alors qu'elle n'était qu'une gamine effrayée.

En s'avançant sur le sentier qui la menait à l'endroit lugubre, la rousse stressait de plus en plus, tremblante de la tête aux pieds. Au fond elle espérait qu'il avait pris peur et s'était cassé sans l'attendre, de ce fait elle aurait juste à rentrer et à aller se moquer de lui. Hors, rien ne se passait comme on le désirait. C'est pourquoi, lorsqu'elle le vu de dos, l'artiste eut envie de fondre en larmes. Le bruit du vent, la noirceur du début de nuit d'hiver et le froid ne l'aidait en rien à se calmer. Pour autant, elle avait besoin de décompresser, au risque de ne pas parvenir à tenir plus d'une minute.

C'est pourquoi elle eut l'idée lumineuse de le faire craquer avant elle par des moyens peu fair-play. Ainsi, sur la pointe des pieds, la Gumiho se dirigea vers lui et une fois à sa hauteur cria un énorme « BOUH ! » qui la fit flipper autant qu'il lui fit peur. Dans un rire nerveux, à la vue du portail, elle tenta de se changer les idées. « T'es plus pâle qu'un cadavre ! » le mot cadavre lui offrit les plus beaux frissons de sa carrière, si bien qu'elle serra les poings avant d'attraper son bras, complètement paniquée « T-t-t-t-tu..tu... t'es l'home viril, c'est toi qui rentre en premier ! » et en fait, elle lui laissait pas le choix.

Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres. Se foutant de lui, mais également d'elle-même. De la peur qui la prenait aux tripes. Comment en étaient-ils arrivés là déjà ? À se lancer des défis ? Elle n'en savait plus rien et s'en fichait pas mal pour tout dire. Son attitude la détenait un petit peu, c'était amusant de voir quelqu'un qu'on connaissait très bien faire genre que tout allait bien. Alors qu'elle savait parfaitement qu'il était aussi traumatisé qu'elle. « Comme si c'était pas déjà le cas ! Je suis pas folle ok ? » quoiqu'elle l'avait poussé à venir ici ce soir. Elle qui avait autant horreur de ça que lui... peut-être qu'elle était folle au final, mais qu'elle préférait le mettre sur le compte d'autre chose. Quoi, elle n'en savait rien. Sa remarque ne fit qu'augmenter ses frissons et la demoiselle sentit la chair de poule gagner la totalité de sa peau. Elle voulait rentrer, rien qu'en pensant à un éventuel cadavre. Pouvait-elle être plus blanche qu'elle ne l'était déjà ? « Q-q-quoi ? Menteur, ça sort pas de leurs tombes les cadavres ! ... si ? » plus le temps passait, plus elle se disait qu'elle devrait apprendre à fermer sa provocation avec lui. Parce que cette histoire allait finir par la tuer, littéralement. Le son du portail l'avait fait tellement sursauter qu'elle avait émit un couinement bien propre à la panique, avant de courir à son bras. Il n'était pas question qu'elle le lâche. « Y a vraiment un gardien ? » tout été bon pour changer de sujet, tandis qu'ils commencèrent à s'aventurer dans le cimetière. « Tu rigolais pour les cadavres pas vrai ? » cette histoire l'avait complètement retourné.

Il avait beau essayer de les rassurer, à présent, la jeune femme paniquait complètement, espérant sincèrement qu'il disait vrai et qu'ils ne pouvaient pas se faire attaquer par des cadavres. En soit, c'était simplement ridicule, comme idée et pourtant, sous sa peur, elle était prête à croire n'importe quoi. Même que Sully, de monstres & compagnie existait pour de vrai. Sauf que ces monstres là, elle les aimait bien. Ils ressemblaient à des peluches et ne faisaient jamais de mal aux humains, oui, eux, c'était pas grave s'ils sortaient des tombes, elle aurait peur, sursauterait, mais au moins, ils lui boufferaient pas le crâne. « les... les... fan-fan-fan-fantômes ? tu veux dire qu'on va tomber sur des fantômes ? Des vrais ? J-j-je te crois pas ! » et c'était mieux ainsi, qu'elle se persuade qu'ils ne pouvaient pas la suivre. Tremblante, elle se sentit déglutir, pas du tout rassurée et si elle n'avait pas été accompagné, elle aurait pris ses jambes à son coup... malheureusement, une certaine misérable fierté l'en empêchait.

Face à son mini monologue, la gumiho restait assez perplexe, haussant les épaules, elle se sentit frémir de dégoût brutalement. Était-il seulement sérieux ? Penser aux morts durant l'acte était on ne peut plus répugnant. Quand elle se retrouvait avec des hommes, qu'elle s'y abandonnait, à aucun moment la jeune femme n'avait pensé aux morts et à leurs regrets. Elle ignorait qu'il fallait se faire autrui pour des personnes enterrées ou brûlées. D'un coup, elle perdit toute envie de le faire avec qui que ce soit, tant elle était mitigée entre la terreur et la panique de cette soirée. « mais omg... de quoi tu causes encore ? C'est trop glauque putain ! Tu es une sorte de nécrophile ou ça se passe comment ? » prise d'un rire nerveux également, elle était partagée entre l'idée de le croire ou non. Il pouvait en être capable... ? elle n’espérait pas. « Je ne pourrais probablement jamais arrêter de faire l'amour, mais je ne pourrais pas non plus le faire pour des morts bordel, c'est dégueulasse. » et encore, c'était bien mignon comme adjectif. Ils étaient déjà dans un cimetière... pouvaient-ils au moins parler de choses plus gaies ? « Faut complètement être allumé pour être gardien... tu as pensé à postuler ? » cette note d'humour et de provocation servait juste à lui faire oublier le lieu, mais ses ongles s'enfoncèrent dans sa peau par pur réflexe.