Adossé au mur une cigarette à la bouche j’inspire longuement une dose de nicotine. Je passe une main dans mes cheveux et fixe l’écran de mon téléphone où défilent quelques commentaires et photos sur mes pages persos que je lis sans vraiment prendre le temps d’apprécier. Je me moque bien un peu de tout ça, ce n’est qu’une question de paraitre. L’apparence et le paraitre, voilà les maitres mots pour avoir de l’ascendance sur les gens. Garder un lien avec eux et leur faire croire, sur internet, fictif, qu’ils sont importants. Je lâche un rire en voyant ce message qu’une jeune femme rencontré en soirée il y a quelques jours m’a laissé. A croire qu’elle se souvient encore de mes coups de bassin et qu’elle en est déjà accroc. Elle me réclame, encore, avec une jolie photo suggestive qui me plait bien. Tirant sur ma clope à nouveau je recrache la fumée en fermant les yeux. J’ai cours et ça me fait chier. Ils sont en train de faire des travaux de groupes et moi j’en profite pour me barrer et trainer à l’arrière du bâtiment pour me fumer une clope tranquille. Je baille, n’ayant pas pouvoir dormi cette nuit. Jae n’est pas là, me laissant à loisir coucher avec sa fiancée qui ne cesse de crier mon nom plus fort nuit après nuit. Elle me résiste toujours, elle marque ses limites, ce territoire qui lui appartient et qu’elle m’interdit avant de me sauter au cou, sauvage et torride, un savant mélange qui me rend totalement dingue d’elle. Je lui envoie d’ailleurs un sms «  Tes griffures me brûlent la peau. Ce soir je compte sur toi pour me soigner. » Elle peut sentir d’ici toute l’attention coquine que je mets derrière cette phrase et toutes les promesses de plaisir que je vais lui accorder si elle me cède … rien qu’une fois de plus. Je l’imagine rougir en lisant ce sms en plein cours et je ricane de ma propre connerie. Je finis par supprimer le mms coquin de cette fille. Je ne veux pas prendre de risque de me faire prendre pour une chose aussi stupide. Je range mon téléphone et finis ma cigarette d’une bouffée qui me brûle la gorge. Je l’écrase du pied et rentre par la porte de sortie que je maintenais entre ouverte d’une chaise. Remontant les escaliers, tout aussi innocent que je pouvais l’être, mon regard se perd sur les fesses bien rebondi d’une étudiante qui sait comment s’habiller. Reconnaissant Dambi j’accélère légèrement le pas et m’approche dans son dos, soufflant dans sa nuque l’air de rien, de mon souffle chaud, « Bonjour … »

J’avais passé la matinée à la bibliothèque, le nez plongé dans les livres pour trouver assez d’information sur le sujet que je devais couvrir pour le journal de l’université. J’avais une pile de photocopie qui s’accumulait au fur et à mesure de mes lectures. Je remettrais tout au propre quand je serais chez moi, confortablement assise sur mon lit devant mon ordinateur. Cette technologie que j’idolâtrais et dont je ne pouvais plus me passer depuis longtemps, passant le plus clair de mon temps dessus. Apres de longues heures de recherches, je rangeais les bouquins que j’avais sorti de leur étagère à l’aide de Maru qui me montrait le bon emplacement. Un fois ce travail terminé, j’attrapais ma pile de photocopie entre mes bras. Un étudiant de mon année m’interpela alors que je  m’apprêtais à sortir de la pièce. Je souris timidement en guise de réponse. Il me demandait de l’aider pour un exercice. Trop gentille, je m’assis à ses côtés et commençais à lui expliquer. Mais bien vite, il se mit à bailler et me dit de répondre à sa place. Je le regardais surprise alors qu’il ronflait déjà sur la table. Trop bonne, trop conne, hein ? Je soupirais, déçue avant de me mettre à répondre à la feuille complète. C’était un jeu d’enfant pour moi. Et souvent, les autres se servaient de moi pour cette raison. Pourtant, cette fois était une fois de trop. J’introduisis quelques erreurs par ci par là. Sans doute le payerais-je quand il verra que sa moyenne n’est pas parfaite, mais pour le moment, ca m’apportait un moment de satisfaction. Je partis sans bruit, quittant définitivement la bibliothèque pour aujourd’hui. Mes copies à nouveau dans mes bras, je grimpais les escaliers pour me rendre au bureau. J’étais perdue dans mes pensées et n’entendis pas que quelqu’un me suivait. Je ne m’en rendis compte qu’à l’instant même où un souffle chaud vibra au niveau de ma nuque. Je sursautais instantanément lâchant ma pile de feuille qui se répandit sur le sol. Je crus d’abord à un fantôme et m’apprêtais à fuir en courant quand j’entendis une voix familière. Je me retournais pour voir Lee Bom Chan, un de nos professeurs. Il venait souvent à mon secours quand d’autres étudiants s’en prenaient à moi. Je souris gênée. « Bonjour, monsieur Lee. Je ne vous avais pas entendu. » Je m’inclinais légèrement pour montrer mon respect envers lui et son autorité. Puis je m’abaissais pour ramasser mes feuilles sur les marches des escaliers, riant nerveusement. « Vous m’avez fait peur et j’ai tout fait tombé. » Je ne savais pourquoi je lui expliquais cela alors qu’il avait assisté à la scène. Mais, une chose était certaine, j’étais rouge comme une pivoine, pour ne pas changer …