Plus les jours passent et moins nao ji se sens vivre sur terre. Plus les jours passent et plus nao ji se sent vivre une autre vie. Depuis le jour fatidique, le caractère de nao ji à commencé à changer. Lui qui était si doux, si soumis, si peureux, si calme est devenu tourmenté, fâché, rentre dedans, tumultueux.

Il était simple, doux comme un agneau, il à grandi en se renfermant sur lui-même pour moins souffrir, sourire pour faire croire à l'illusion d'une vie facile. Les yeux toujours baissés, les bonnes manières et les grâces acceptés, il était chien. Il à toujours accepté tout ce qu'on lui disait, ce qu'on lui demandait, ce qu'on l'obligeait à faire. simple, très peu coquet, soumis et non moins souriant mais peureux et chouinard. Un enfant qui ne trouve pas sa place.

Mais depuis le jour, ce jour, il change. Il grandis oui, mais il change car les regrets quitteront désormais sa vie. On retiens les bons, seulement. Il deviens téméraire, rentre dedans, moqueur mais surtout inconscient. Sa vie n'as plus aucune valeurs alors il ne fait plus attention. Il essais de ne plus pleurer, de ne plus crier, il essais de vivre, de faire, de provoquer, de rire. Mais malgré l'apparence qu'il essais de se donner, il reste cet enfant doux et fragile, désordonné et peureux.

Ou est sa vie, c'est la question qu'il se pose. Est-il heureux, chanceux, généreux ? Pense-t-il vivre ou mourir, compter ou donner ? Il donne plus qu'il ne gagne, offre plus qu'il ne reçois, souris plus qu'il ne pleure, se met en danger plutôt qu'en sécurité. Touché dans le mille, enfant désordonné, perdu, peureux. Qui veut vivre mais qui ne sais pas comment. Les doigts liés, les âmes soumises, comment peut-il faire pour profiter de ces trois dernières années?

J’te promets je ferais cent fois le tour, j’te promets je toucherais les parois tout autour, j’te promets tu oublieras, tu effaceras, s’il-te-plait, juste une fois. Y’avais vous deux puis y’avais moi, l’épine dans vos pieds, le poids sur vos épaules, le fils négligé, faiblard, disjoncté qu’on foutait chez la voisine histoire d’avoir la paix. C’est mon histoire, la vôtre, la nôtre.  Je ne l’oublierais jamais, je ne l’effacerais jamais.

Y’avais toujours vous deux puis y’avais moi.  Le fils illégitime d’une mère que je n’ai pas côtoyé, qui ne m’as pas chérie, qui ne m’as pas couvert d’amour, de bonté et de sourire.  « Écoutes moi bien lee nao ji, tu ne dois le dire à personne, n’en parler à personne, surtout pas à ton père et à ta sœur, c’est clair ? Promet le moi nao ji. Promet le moi » me disait-elle en tenant mes joues entre ses mains, fixant mon regard apeurée du siens si téméraire. « Si tu le dis à quelqu’un, tu feras beaucoup de mal à maman. Je ne veux déjà pas que tu fasses de remue-ménage, tu as compris nao ji ? » Mon quotidien, la seule phrase que maman répétait sans cesse quand elle venait me voir. Mais quand venait-elle donc me voir ? Après mon énième fugue ? Après la prochaine embrouille avec nao mi ?

Mon passé est tumultueux, ponctué de malheur, comme ceux de Sophie ou des orphelins bodelaires. J’ai vécu un cauchemar mais de quel degré dites-moi ? Oui, c’est vrai j’ai grandis avec un père accroc aux jeux, dépensier, qui pensait d’abord à son jeu avant de nourrir sa famille. Famille dit-je, ciel grand mot. Une sœur qui rejette le seul frère qu’elle à, un père qui est plus aveugle que les pires des inconscients et une mère absente et criarde ? Quelle vie, vraiment.

Attendez, attendez, reprenons depuis le début et ponctuons tout ça d’hilarité flagrante d’un gage. On dirait que les hommes s’attachent à tout, même à la souffrance. Il y a toujours cet élan qui nous pousse à trouver du bon dans le plus immonde.  J’ai grandis avec mon père, et ma demi-sœur, dans la pauvreté extrême des bas quartiers, commençant à travailler très tôt pour ramener à mon père l’argent qu’il dépensait sans penser.  Jeune, j’ai été placé dans plusieurs familles d’accueil, ou ma sœur venait me chercher par la peau du cul, pour que jamais ô grand jamais notre famille si soudé ne soit brisé. J’ai grandis avec ma sœur, dans un tumulte joyeux de « Tu ne vas pas laisser ces gens nous séparer ? On s’entend tellement bien maintenant Dongsaeng… Ne me laisse pas seule, mh ? » Rajoutais-t-elle pour m’assourdir d’un amour pas si réel que ça. Puis moi, idiot, j’hoche la tête et la suis par la fenêtre, fuyant encore une fois.

Y’avais vous deux puis y’avais moi, le petit garçon qui apprend que sa vie est compté, qu’il ne vivra pas vieux, n’aura pas d’enfant, ne connaîtra pas la vie, la vraie, la vieillesse et les mortelles habitudes d’une vie en couple depuis quarante ans. A ce moment-là, les seuls mots que mon cerveau à accepter d’enregistrer sont ces cinq petits mots « tu as encore 7 ans. » Rapide calcul pour en arriver au résultat. Vingt et un ans sonnera mon salut final. C'était y'as quatre ans. Petit garçon à grandis, petit garçon vit.