Kou  a toujours été un adepte des plans foireux, et ce plan-ci, pour le jeune homme, c’était probablement le meilleur des plans qu’il eut jamais concocté et il ne lui semblait pas du tout foireux sur le moment. Il était couché dans l’herbe avec son pote, en train de parler de l’incident qui s’était produit avec un autre lycée: un de ses potes s’était fait insulté par des élèves de ce lycée rival et si Kou avait été présent, il aurait tout fait pour qu’ils ne s’en sortent pas sans un cocard. “Peut-être qu’on devrait leur apprendre à ne pas se frotter à nous…”. C’était une pensée innocente, son ami ne le pensait probablement pas mais c’était trop tard, une idée avait germé dans l’esprit de Kou. Il se releva subitement et fixa son ami avec admiration. “C’est ça! On va leur apprendre une leçon!” Si le Japonais avait fait attention, il aurait remarqué que l’expression de son ami s’était changé en regret, dans quoi s’était-il embarqué…

Ça faisait quinze minutes que Kou était parti dans ses délires de revanche et son pote n’avait eu aucun choix que de le suivre, après tout c’était pour une bonne cause (argument de Kou). Ils avaient réfléchi à quoi faire mais rien ne semblait leur venir à l’esprit. Décidément, se venger semblait bien plus simple dans les films. C’est en regardant l’équipe de base-ball s’entraîner qu’une idée apparut dans l’esprit du lycée. “C’est des sportifs…ils doivent tenir à leur gymnase, non?” Kou se tourna vers son ami, un air malveillant sur le visage. “Ce serait con qu’ils ne puissent plus l’utiliser…” Clairement, Kou venait de proposer de vandaliser un gymnase et cela ne semblait pas le déranger, au contraire, il se sentait même excité et assez fier de son idée! "Allez, je suis sûr que t'es partant! Il nous faut juste des bombes de peinture, une échelle, une corde et sûrement d'autres trucs...on est jamais trop prudent!" Plus il parlait et moins Kou se montrait discret, après tout, discrétion était un mot qu'il ne connaissait pas.

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Je n’avais pu m’empêcher d’entendre les deux jeunes hommes discuter entre eux, allongés sur la pelouse alors que je lisais un livre couché sur une des tables au-dessus du talus un peu plus loin. Mon regard avait un instant vagabondé le long de l’horizon, me sortant de la concentration que j’avais besoin pour lire. J’avais laissé malencontreusement mes oreilles trainées sur la discussion que mon avis avec le jeune homme qui avait l’air bien excité. A moi non plus ça ne me plaisait guère de devoir accepter le fait qu’un pote se fasse insulter. Pourtant, je n’étais certaine que la leçon qu’il avait derrière la tête pour leur donner était la meilleure solution. Il était sanguin, et cela me fit sourire. Au fond, j’étais un peu à l’antipode, préférant parlementer avant de frapper. Puis, il ne fallait pas se leurrer, je savais tenir une batte et frapper sur quelque chose de statique, mais si je devais venir à frapper une autre personne, elle aurait bien vite le dessus sur moi. J’étais bien trop frêle et pas assez sportive pour lui tenir tête longtemps. Mon seul point fort était l’agilité et la vitesse. Je pouvais les esquiver facilement. Et puis, j’étais une battante, je me laissais pas dévaloriser pour si peu. J’avais vu bien pire dans mon enfance où j’avais dû me débrouiller seule. Je me redressais d’un coup, fermant mon bouquin au passage alors que je les entendais cogiter jusqu’ici comme si il était dans un salon de thé. Comptaient-ils mettre tout le monde au courant avant d’agir ? À ce rythme-là, leur plan sera découvert avant qu’ils ne fassent quoi que ce soit. Je fourrais ma lecture dans mon sac, sautant de mon perchoir pour me retrouver debout. J’attrapais mon sac à dos et le teint d’une main alors que je me diriger vers les deux protagonistes. Je me laissais tomber à côté d’eux, rapprochant mes jambes contre mon ventre. « C’est pas une mauvaise idée. Mais si vous voulez que ca marche, il va falloir faire de plus de discrétion que cela. » L’un d’eux me connaissait et sourit même en me voyant, me saluant. L’autre était inconnu au bataillon. « Il parait que tu t’es fait insulter ? Pourquoi tu ne m’as rien dis ? Je veux en être aussi. » C’était plutôt inhabituel d’entendre une femme parler de la sorte, mais quand on touchait à un de mes proches, c’était comme si on s’attaquait à ma propre personne. J’en faisais un affront personnel. Et puis, sans doute m’étais-je laissé porter par l’adrénaline du moment aussi. Je souris à l’adolescent que je ne connaissais pas encore. « Je m’appelle Dambi, et toi ? » Ma crinière blonde retombait sur mes épaules alors que j’attendais qu’il me réponde.

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Kou continuait de parler de plus en plus fort sans se rendre compte de ce qu’il se passait autour de lui jusqu’à ce qu’une voix ne se fasse entendre à côté de lui. Le Japonais se stoppa net et tourna la tête, aussi surpris que son ami, Jae Hyun. Il la connaissait cette fille. Enfin, connaissait c’était un bien grand mot, il avait déjà entendu parler d’elle. Après tout, une fille à la gueule occidentale et blonde avec un nom totalement asiatique qui se balade dans un lycée remplis d’asiat’, cette fille ne pouvait que se démarquer. Le regard de Kou se dirigea vers Jae Hyun qui semblait la connaître vu son sourire et le petit salut qu’il fit. D’où il pouvait connaître une fille aussi jolie et pourquoi il ne lui en avait jamais parlé, hein? C’était pas un vrai ami ça! Les pensées de Kou s’interrompirent lorsque l’inconnue pas si inconnue se remit à leur parler avant qu’elle ne se tourne vers lui pour se présenter. Les yeux du Japonais s’illuminèrent et son excitation qui s’était un moment calmée remonta en flèche. “Je suis Kou, ça s'écrit comme cou avec un k mais ça se prononce pas comme cou, hein, plus comme Kô, genre un ‘o’ long, tu vois…” Oui, il commençait à parler de tout et de rien, comme à son habitude mais en voyant le regard de son ami, il s’arrêta assez vite. “Ah, c’est pas lui qui s’est fait insulter, c’est un de nos potes qui est dans l’équipe de basket!” Il s’arrêta une demi-seconde avant de reprendre. “Et c’est trop cool que tu veuilles nous rejoindre! On est au moins trois! Yay!” Kou sourit à Dambi, heureux d’avoir trouvé une nouvelle partenaire de crime.

“Bon, comme t’as entendu au moins une grosse moitié du plan, t’en penses quoi? T’as des trucs à rajouter, des remarques, dis-nous tout!” Demanda Kou, l’intérêt évident dans ses yeux. Après tout, pour lui, son plan semblait parfait, ils iraient tous les trois vers le gymnase la nuit, se faufilerait à l’intérieur par une des fenêtres, s’amuseraient un peu à l’intérieur et repartiraient ni vu ni connu. Ce plan semblait sans failles et le jeune homme était persuadé que rien ne déraperait.

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Les yeux du japonais s’illuminèrent à l’instant même où je me présentais m’arrachant un nouveau sourire. J’avais le sourire assez facile, il fallait l’admettre. Pourtant, il y avait toujours une certaine fierté de mâle à faire sourire une femelle. Et sa façon de parler si vite pour se présenter, me précisant au détail près comment se prononçait et s’écrivait son prénom, le rendait presque craquant. Je ne connaissais pas beaucoup de japonais et je devais avouer qu’ils avaient un charme bien à eux que les coréens et les occidentaux ne pouvaient capter dans leur regard, leur manière d’être. Je ris doucement avant de tendre la main. « Enchanté Kou s’écrivant comme cou, mes se prononçant Ko avec le o allongé. » Je zieutais vers mon ami toujours par terre alors qu’on me précisait que ce n’était pas lui qui avait été insulté, mais un autre jeune homme de l’équipe de basket que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam. D’un coup, l’idée de vengeance me paraissait beaucoup moins alléchante. Pourtant, l’enthousiasme de Kou ne pouvait me faire refuser. Je ne pouvais plus faire marche arrière, il avait l’air si content d’avoir une nouvelle partenaire pour ses méfaits, que je me voyais mal lui dire que je me retirais d’un coup. Ca me briserait le cœur de voir s’effacer ce si beau sourire de son visage. Je me contentais donc de répondre par un sourire qui voulait tout dire et rien à la fois. Apres tout, cette petite aventure me permettrait sans doute de me faire un nouvel ami et juste pour cela, ca en valait la peine, non ? Je pris donc place à leur côté alors que l’on commençait à rentrer dans le vif du sujet, mettant en place peu à peu le plan de notre crime parfait. Quand il me demandait mon avis sur son judicieux plan d’action, je ne sus quoi répondre. Apres tout, vandaliser un gymnase était une première pour moi. Même si il m’était déjà arrivé de faire quelques vols à cause de ma cleptomanie, la détérioration de matériel, ne faisait pas encore partie de mon casier judiciaire. Du coup, je ne savais pas trop comment cela fonctionnait, mais pour ma part, rien ne clochait. « Il m’a l’air parfait. » le rassurais-je pour combler ses doutes. « Je me demandais juste où tu comptais nous procurer le matériel pour saccager leur gymnase, genre la peinture en bombe ? » Je me mordis la lèvre inférieure alors que je réfléchissais et qu’une idée germait dans mon esprit. « Et si on faisait quelque chose de spécial avec leur mascotte ? La peindre aux couleurs de notre école, ou la mettre dans le panier de basket pour leur montrer qu’on est meilleur qu’eux ? » Mon concept pouvait paraitre banale, mais c’était le seul qui me venait, et puis, dans les films d’ado américains, ils s’en prennent toujours à la mascotte, alors pourquoi pas nous ?

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Décidemment, Dambi semblait être une personne intéressante et avec qui Kou pourrait totalement s'entendre. La façon dont elle répéta sa présentation le fit sourire jusqu'aux oreilles et il accepta volontiers la main qu'elle lui tendait. Il la serra plus longtemps que ce que la normale aurait dû être avant de la relâcher presque à contre-coeur. Le Japonais avait envie d'en apprendre plus sur elle, sur son passé, comment elle avait pu atterrir ici. En bref, il voulait oublier le plan pour se concentrer sur la jolie blonde mais cela semblerait un peu bizarre, de déclarer que le plan pouvait attendre si cela lui permettait d'en apprendre plus sur elle. Dambi prendrait sûrement peur et partirait de suite et Jae Hyun...il soupirerait peut-être avant de lui aussi s'en aller. Kou enleva ses pensées distrayantes pour se concentrer sur la situation devant lui. Ses yeux brillèrent d'excitation tandis qu'il expliquer son plan aux deux autres lycéens, un peu plus discrètement que ce qu'il avait pu faire quelques minutes auparavant. Son regard faisait des aller-retours entre la blonde qui semblait intéressée par ce qu'il disait tandis que Jae Hyun était toujours couché au sol, les yeux fermés et une expression qui semblait être totalement désintéressée mais Kou connaissait assez son ami pour savoir que malgré tout, il l'écoutait et ne ratait pas un détail, au cas où il aurait des suggestions à faire.

Après avoir demandé l'avis de Dambi, Kou était heureux de voir qu'elle semblait être en accord avec son plan. Un certain sentiment de fierté grandit en lui mais Kou décida de ne pas s'attardait sur ça et se contenta de sourire. Cependant, son sourire diminua lorsque Dambi émit un problème plutôt réaliste auquel le Japonais n'avait pensé et il lui semblait entendre un petit rire moqueur de la part de Jae Hyun mais il préféra l'ignorer. Il se concentra de nouveau sur la blonde, réfléchissant à comment se procurer tout ça en si peu de temps. Son inquiétude ne dura qu'un instant lorsqu'il se trouva en admiration devant l'idée de Dambi. Cette fille était un génie ! «Mais c'est une idée fantastique ! » Il ne put s'empêcher de s'exclamer, provoquant quelques regards curieux de la part de leurs camarades aux alentours. Kou les ignora et continua. « J'y avais même pas pensé mais ce sera comme la cerise sur le gâteau et ça leur apprendra une leçon tiens ! Bon, maintenant, faut trouver quelle est leur mascotte, j'avoue que je ne la connais pas... » Un autre détail auquel Kou n'avait pas pensé. Ce plan s'avérait être un peu plus technique que ce qu'il avait pensé mais cela ne le découragerait pas. « Et pour la peinture, je peux demander à un de mes frères d'en acheter demain, pareil pour la corde et pour l'échelle, je dois bien en avoir une ». Cela attirerait sûrement l'attention de sa famille mais le Japonais arriverait sûrement à se débarrasser de leur curiosité en baratinant un peu, c'était sa spécialité après tout. Une autre question germa dans son esprit et là, Kou avouait qu'il n'avait aucune idée de comment y répondre. Il se tourna vers ses deux camarades, espérant qu'ils auraient plus d'ingéniosité que lui. « Par contre...pour le trajet..on fait comment ? Je pense pas qu'il restera des bus la nuit et à moins d'y aller à pieds, je vois pas de solutions. En vélo peut-être ? Mais avec le matériel, ça va être compliqué...des idées ? » Secrètement, Kou espérait que l'un d'entre eux avait une connaissance qui pourrait les conduire jusqu'au lycée rival, c'était peu probable, mais qui sait...

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Nous étions passés en mode complot, en plein élaboration d’un plan si fantastique que tout le monde nous envierait. Le seul hic était de savoir comment se procurer le matériel en si peu de temps. Un problème que Kou bâclait bien vite quand il entendit ma suggestion sur leur mascotte qu’il eut l’air d’adorer. Je rougis un instant, fierté d’avoir trouvée une idée qui pouvait plaire. Je baissais la tête, remettant une de mes mèches de cheveux blonds en place avant de reporter mon attention sur lui et réfléchissant. « Si je me souviens bien, il s’agit d’un lion. » J’avais participé à un de leur match en tant que spectateur. Je n’avais jamais été vraiment attiré par le sport, mais une amie voulait absolument voir un garçon qui lui plaisait et n’osait y aller seule. C’était donc moi qui étais de corvée de tenir la chandelle. Et il me semble y avoir vu une mascotte de lion au milieu de cheerleaders. Si j’avais su que cette anecdote pourrait été si utile, j’aurais moins râlée. Le japonais revint un bref instant sur leur problème initial de matériel. Je hochais la tête avec conviction. « Bonne idée ! ca serait un problème de moins ! » Plus on se concertait sur le bon déroulement du plan, plus on rencontrait certaines difficultés. C’était pour un mieux. Ainsi, on était certain d’arriver à notre but. Le prochain point que l’on aborda, fut celle du transport. Je rigolais un instant alors que je nous imaginais déjà rentre en bus, la mascotte et l’échelle sous le bras. De quoi aurions-nous l’air ? « Ouai, le bus, c’est mort. » m’exclamais-je riant encore à moitié. « On va en avoir pour des heures à pied avec le matériel. » Je gonflais les joues, contrariée d’être bloquée à si bon chemin. Puis, je pensais un instant à BomChan. Il était majeur et avait son permis. Sa voiture était peut être une poubelle à cause du peu d’argent qu’il gagnait, mais elle roulait. « J’ai peut être la solution ! » m’écriais-je soudainement, les yeux brillant de malice. Quelques élèves passant aux alentours se retournèrent, fronçant les sourcils. Je mis ma main sur ma bouche, comme gênée. « Oups » murmurais-je avant de reprendre plus bas. « J’ai un ami qui pourrait nous conduire. Je lui en parlerais ce soir. » J’étais certain qu’il accepterait. Il suffirait que je lui fasse les yeux doux et contre quelques faveurs de plus, il ne pourrait pas me le refuser. « Récapitulons. Kou s’occupe du matériel. Moi, du transport. Et toi, Jae ? Tu comptes faire le flemmard ? » Le taquinais-je en le poussant du bout de mon pied. Il ouvrit un œil pour m’attraper une cheville et m’attirer à lui, le gardant en otage. « YAH ! » Je le repris ma jambe brusquement, alors qu’il ricanait et refermait les yeux. Il pouvait parfois sembler bizarre, mais il n’était pas très méchant. Je souris avant de reporter mon attention vers Kou. « Vous comptez faire ca quand ? »

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