i'm colder than these bones

Ca faisait mal, mais si mal ! Je vous jure, les kinésithérapeutes, ça ne devait pas exister. Je savais bien que c'était bon pour les articulations, les muscles et j'en passe, mais bon sang, j'avais trop mal. Et ce n'était pas faute de demander au médecin d'appuyer moins fort. Je me tortillais sur la table d'auscultation, le souffle court et les muscles tous crispés. Je serrais les poings. Le médecin était concentré sur ma cuisse, à force de la masser et de me broyer la peau. Au bout d'une demi-heure de soins douloureux, il me laissa tranquille et je me redressai, me retenant de lui lancer un regard de tueur. Je me décalai sur le côté, mes jambes dans le vide, puis j'écoutai sagement le médecin me donner ses observations. Il était vrai que le caillot dans ma jambe m'avait causé pas mal de soucis, et c'était la raison pour laquelle je faisais de la rééducation ici. C'était difficile pour moi de marcher comme avant. Depuis mon réveil, j'alternais entre le fauteuil roulant et les béquilles. Ma jambe était un réel handicap. Le médecin faisait de son mieux pour me soulager, mais je claquais tout le temps des dents quand l'heure de la rééducation approchait. Sian en était témoin, je tirais littéralement la tronche quand elle venait me chercher dans ma chambre. Sian, cette amie interne de l'hôpital, je n'aurais jamais cru la fréquenter ici.

Le médecin, après avoir noté ses observations sur mon dossier médical, tendit ce dernier à Sian qui l'assistait en permanence, avant de lui demander de me raccompagner à ma chambre. Je n'attendis même pas qu'elle s'occupe de moi, je me déportai de moi-même sur mon fauteuil roulant en me traînant la carcasse plus qu'autre chose. J'étais ridicule, et je détestais être aussi faible. Heureusement qu'elle ne se moquait pas de moi... Je restai silencieux. Je saluai justement le médecin poliment, et je laissai Sian me ramener dans la chambre. Sur le chemin, je regardai devant moi, jouant nerveusement avec mes doigts. Je finis par tourner la tête vers la demoiselle. « Hé, ça va devenir notre rendez-vous quotidien, pas vrai ? »

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i'm colder than these bones

Ce n’est jamais évident. Peu importe ce que les gens peuvent dire, ce n’est pas facile. J’ai toujours adoré les études que je fais, les problèmes que ça peut poser. Je suis friande de savoir et jamais je ne me laisserai abattre face à une situation plus complexe, voir même rare. Des cas complexes, ça arrive plus souvent que ce que l’on croit. Et c’est pourquoi je me dois de suivre le médecin principal de l’hôpital. Pour apprendre. Lire les manuels, ça aide, mais apprendre sur le terrain, c’est encore mieux. Ça fait différent des cas fictifs, et puis, je peux montrer aux patients que je sais ce que je fais. Et même si, comme ça, ça à l’air bien simple, ce n’est pas toujours le cas. Lorsqu’une personne que vous connaissez entre à l’hôpital, ce n’est jamais facile. Lorsque Jihoon est entré à l’hôpital, j’ai cru que mon monde s’était effondré.

Je clignai doucement des yeux lorsque le docteur posa le dossier du jeune homme entre mes doigts, revenant sur terre. Mes phalanges se crispèrent légèrement sur la tablette, esquissant un sourire forcé avant de m’incliner, regardant mon supérieur quitter la pièce. Le jeune homme se laissa choir dans son fauteuil roulant et je gonflai les joues, posant mes mains sur les poignées, poussant le fauteuil. Ma moue se transforma en un rictus amusé lorsqu’il tourna la tête dans ma direction. « Je ne peux pas promettre que je viendrai tous les jours, tu sais… » Je pointai mon index dans sa direction, pressant contre sa joue pour qu’il regarde en avant. J’en profitai d’ailleurs pour feuilleter le rapport, fronçant le bout de mon nez en voyant les notes du docteur. « As-tu envie de faire quelque chose avant que je ne doive te retourner dans ta chambre? On a deux heures avant que je doive quitter. » C’était bien beau la réadaptation, mais sortir des quatre murs de sa chambre lui ferait tout autant de bien, sinon plus.

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Il était vrai que Sian n'était pas à l'hôpital à temps plein. Elle était là quelques jours seulement, pour remplir ses heures de formation. Je la connaissais depuis longtemps maintenant, et je me souvenais très bien qu'elle avait toujours voulu travailler dans la médecine. Au lycée, on se fréquentait beaucoup, mais on s'était perdus de vue et j'avais beaucoup trop changé en entrant à l'université. Le bourgeon que j'étais avait fleuri, et j'étais devenu une plante venimeuse. Un mec détestable. Et je comprenais pourquoi les retrouvailles avec Sian furent difficiles au début. Dans tous les cas, la coïncidence fut des plus étonnantes lorsque Sian, avec sa jolie blouse blanche, était entrée pour la première fois dans ma chambre d'hôpital. J'étais content de la savoir avec moi, elle suivait toute mon hospitalisation et je me sentais moins seul. Les visites, c'était une chose, mais le corps médical m'intimidait parfois. Avec Sian auprès de moi, je m'épanouissais mieux ici.

En parfaite petite interne, Sian poussait mon fauteuil roulant dans lequel je me reposais. Je n'étais pas encore capable de me déplacer seul malheureusement. J'enfonçai mon dos dans le siège, amusé par la réponse de Sian. J'avais le droit de sortir, vraiment ? Ca faisait longtemps que je n'avais pas revu le soleil, ou même la verdure, à défaut de regarder la télévision. Deux heures de temps libre, et je n'avais rien de prévu d'autre que ma chambre alors... « Ok, on peut faire un tour dans la cour intérieure ? S'il ne fait pas trop froid. » J'avais tendance à oublier qu'un mois s'était écoulé depuis mon accident, et que j'étais resté dans le coma assez longtemps. Je n'avais même pas vu le mois de Décembre passer. Janvier était arrivé, avec l'année 2016, et j'avais encore pas mal de choses à rattraper...

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